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La production audiovisuelle du ministère de la Défense attise les convoitises

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Le Point.fr - Publié le 01/01/2013 par

Le mandat de la directrice de l'Ecpad se termine dans trois mois. La tension monte et les coups bas pleuvent.


L'Ecpad est chargé de la production audiovisuelle du ministère de la Défense. © KROD/WPA/SIPA

 

Une crise sérieuse couve à l'Ecpad (Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense), qui produit et diffuse toute la production audiovisuelle du ministère de la Défense et conserve la plupart de ses archives images et sons.

L'Ecpad est une structure modeste (300 membres du personnel, dont la moitié de militaires, et 25 millions d'euros de chiffre d'affaires) qui coproduit de très nombreux films avec la plupart des producteurs français, auxquels il vend ses archives. L'établissement se trouve engagé avec nombre d'entre eux dans un événement culturel majeur de l'ère Hollande en préparation pour l'été 2014 : les célébrations concomitantes du centenaire du début de la Première Guerre mondiale et du soixante-dixième anniversaire du débarquement américain en Normandie. La directrice de l'Ecpad, Isabelle Gougenheim, est sur la sellette. D'aucuns pronostiquent le départ de cette haute fonctionnaire du ministère des Finances avant la fin de son détachement à l'Ecpad, qui doit intervenir en mars 2013 après deux mandats de trois ans.

Dysfonctionnements

En 2010, le contrôle général des armées lance un audit sur l'Ecpad. L'établissement connaît à l'époque des dysfonctionnements. On reproche notamment au responsable du pôle commercial, le lieutenant-colonel Jean-Luc Messager, de faire trop souvent travailler une même réalisatrice, Marcela Feraru, qui se trouve être son épouse. La critique est immédiatement suivie de la rupture de la relation entre l'établissement et la réalisatrice. Mais on fait observer à l'Ecpad que la mesure exigée était discutable : "Cette excellente réalisatrice travaillait dans la fourchette basse des tarifs constatés sur le marché et rendait ses films rapidement tout en abandonnant ses droits patrimoniaux." L'année suivante, c'est Jean-Luc Messager qui quitte l'établissement.

Ces mesures de correction n'étaient pas les seules demandées par le contrôle général des armées. Celles-ci ont toutes été mises en place, faisant l'objet de notes détaillées ainsi que de discussions entre la direction de l'Ecpad et celle des affaires juridiques du ministère de la Défense.

"Rien à cacher"

Dans l'entourage d'Isabelle Gougenheim, on est sûr de son fait : "Il n'y a rien à cacher ici. À la défense, l'Ecpad est la seule structure à disposer d'une comptabilité analytique. Sur le contrôle et la cartographie des risques, nous sommes exemplaires." À tel point que les documents comptables et financiers produits par l'Ecpad sont aujourd'hui utilisés par la direction générale des finances publiques et la direction du budget lors de différentes sessions d'information et de formation destinées aux agents comptables de l'État.

Mais en mars 2012, la direction de l'Ecpad reçoit deux mails, rédigés dans un français approximatif, annonçant deux nouvelles missions d'audit. Ils émanent d'un contrôleur général des armées qui s'est auto-saisi de ces enquêtes, Daniel Bonocori, lequel connaît parfaitement la directrice de l'Ecpad, depuis longtemps... Gougenheim (Sciences Po Paris, Ena promotion Solidarité 1981-1983) et Bonocori (Saint-Cyr, puis officier du service des essences avant de gérer les stocks d'hydrocarbures au ministère de l'Industrie puis de rejoindre le contrôle général des armées en 1998) ont passé une année à étudier ensemble à l'IHEDN à partir de septembre 2000 (53e session). En général, cette studieuse proximité crée des liens.

Bonocori candidat à la succession ?

En l'occurrence, c'est l'inverse qui s'est produit ! Un premier prérapport de Daniel Bonocori est transmis à la direction de l'Ecpad en novembre 2012, dont les réponses sont en cours de rédaction. Une source à l'Ecpad précise que, fort curieusement, "il semble qu'un deuxième prérapport ait été transmis pour examen contradictoire en octobre ou novembre 2012 à différentes autorités, mais pas à l'établissement lui-même ni à son autorité de tutelle, la Dicod, ou au président de son conseil d'administration".

Encore plus curieusement, le "rapport final" de Daniel Bonocori aurait été rendu au directeur de cabinet du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et des réunions auraient été tenues au cabinet sur ce sujet. Mais sur ces points, l'entourage du ministre se refuse à tout commentaire. Que cachent ces curiosités procédurales ? Il semblerait que Marcela Feraru soit encore au centre des obsessions du contrôleur, qui accuserait l'Ecpad d'avoir contracté avec des producteurs extérieurs ayant choisi d'employer cette réalisatrice. Mais l'Ecpad répond : "Comment pourrions-nous vérifier des accusations rapportées en sous-main, alors que nous n'avons jamais eu accès au rapport du contrôleur ?"

La DPSD sur le coup

Pour cet observateur averti et consterné, tout indique que "ce sont là les effets de la guerre de succession". "Depuis la réforme de 2011, les deux directeurs civils de l'Ecpad (NDLR : Yves d'Hérouville puis Isabelle Gougenheim) sont des professionnels passés par l'audiovisuel public. Cette fois, le ministère de la Défense veut un homme à lui." Et pourquoi pas Daniel Bonocori, dont d'attentifs connaisseurs du dossier affirment qu'il avance masqué ? Ce qui reste, bien sûr, à confirmer...

Pour corser le tout, la DPSD (direction de la protection et de la sécurité de la défense) aurait été saisie d'une enquête sur une série de fuites concernant les dossiers d'enquête de Daniel Bonocori. Par ailleurs, l'aspect éditorial de la production de l'Ecpad est parfois mis en cause, pour un défaut de suivi des productions. Nous avions évoqué ici les problèmes posés par un film récemment diffusé sur la Cinq faisant gravement fausse route sur la torture. Au cabinet de Le Drian, on s'est également offusqué de plusieurs autres films, que nous n'avons pas encore pu voir. Nous en reparlerons.


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