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Hollande face à sa première épreuve sur le continent africain

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1 janvier 2013

Un hélicoptère français, à l'aéroport de Bangui, le 30 décembre. (Photo Luc Gnago. Reuters)

Analyse Le chef de l'Etat avait proclamé sa volonté de changer en profondeur les relations entre Paris et l’Afrique. Premier défi: le dilemme en Centrafrique.

Par THOMAS HOFNUNG

En quelques jours, les effectifs de l’armée française ont plus que doublé à Bangui, la capitale de la Centrafrique, actuellement sous la menace des rebelles du mouvement Séléka, qui campent à 160 km plus au nord.

Les 250 hommes déployés dans le cadre de l’opération Boéli ont reçu le soutien des parachutistes de la Légion étrangère (le 2ème REP) et des hommes du 2ème Régiment étranger d’infanterie (REI).

Regroupés sur l’aéroport de Bangui, leur mission est d’assurer la protection des ressortissants français (et européens), ainsi que la défense des intérêts hexagonaux en Centrafrique. Les uns et les autres sont peu nombreux : un petit millier de Français tout au plus (dont nombre de binationaux) sont recensés dans ce pays pauvre et enclavé. Et sur le plan économique, Areva - qui exploite une mine d’uranium à Bakouma (à 200 km au nord de Bangui) - a annoncé sa volonté de s’en délester, la jugeant pas assez rentable. Au grand dam, d’ailleurs, du président centrafricain, François Bozizé.

Paris envoie un message de fermeté

Au-delà de cette mission, ces renforts militaires - dépêchés depuis la base permanente dont dispose l’armée française à Libreville (Gabon) – ont été envoyés dans la capitale de Centrafrique pour faire face à toute éventualité, et notamment pour éviter qu’elle ne sombre dans le chaos. Par leur présence et leur nombre, les soldats français sont censés dissuader les rebelles de prendre d’assaut la ville. Car les forces locales et celles de la Fomac (Force multinationale d’Afrique centrale), déployées dans le cadre d’un mission de  «consolidation» de la paix en Centrafrique (la Micopax), n’ont cessé de reculer depuis le 10 décembre, date du début de l’offensive des rebelles. Mais Paris envoie aussi un message de fermeté à un régime aux abois qui, la semaine dernière, n’a pas hésité à envoyer ses partisans assiéger l’ambassade de France à Bangui.

Reste que, malgré la volonté affichée du président Bozizé de négocier et de mettre en place un gouvernement d’union nationale, les rebelles affirment ne pas avoir renoncé à marcher sur Bangui. S’ils mettent leur menace à exécution, que fera l’armée française ? Aura-t-elle pour instruction de laisser faire, au risque d’assister en spectatrice à un possible bain de sang dans la capitale ? Ou va-t-elle aider, discrètement, les troupes locales et africaines à les repousser, permettant de facto au chef de l’Etat centrafricain de sauver son pouvoir, quand bien même François Hollande a publiquement déclaré qu’à Bangui la France ne défendait pas un régime ? Rénové en 2010, l’accord de défense qui lie Paris à son ancienne colonie exclut théoriquement toute idée d’intervention en cas de troubles intérieurs.

L'épisode tchadien, en 2008

Ce dilemme centrafricain auquel fait face François Hollande n’est pas sans rappeler celui auquel fut confronté au Tchad, en février 2008, son prédécesseur, Nicolas Sarkozy. Alors que le président Idriss Déby était assiégé dans son palais, à N’djaména, par des rebelles soutenus par le Soudan, l’Elysée avait hésité sur l’attitude à adopter. Dans un premier temps, Paris avait proposé à Déby de l’exfiltrer pour le mettre en sécurité. Puis, devant sa volonté proclamée de se battre jusqu’au bout, l’armée française avait apporté un soutien aussi décisif que discret aux forces tchadiennes.

Les soldats de l’opération Epervier avaient notamment assuré de bout en bout le contrôle de l’aéroport, permettant aux troupes loyalistes tchadiennes de faire décoller des hélicoptères (pilotés par des mercenaires) qui portèrent des coups très rudes aux assaillants. De même, les forces de Déby furent alimentées par des munitions acheminées en urgence sur l’aéroport de N’djaména par le régime du colonel Kadhafi, sous l’oeil bienveillant de Paris. Résultat : Déby réussit in extremis à inverser le rapport de forces et à repousser les rebelles.

Mais son redressement spectaculaire fut accompagné de graves exactions dans la capitale contre les soutiens supposés, ou réels, aux insurgés. Ainsi, quatre ans plus tard, on est toujours sans nouvelle de l’opposant modéré Ibni Oumar Mahamat Saleh, un mathématicien de formation (qui avait fait ses études à Orléans). Malgré les pressions réitérées de parlementaires français, Idriss Déby refuse obstinément de faire la lumière sur son sort. Lequel ne fait guère de doute.

Première épreuve sur le continent pour Hollande

A Bangui, François Hollande fait face, toutes choses égales par ailleurs, au même risque. Les forces loyalistes sont accusées par les rebelles de procéder à des arrestations arbitraires dans certains quartiers de la capitale, évoquées également à mots couverts par le Quai d’Orsay. Mardi, Laurent Fabius a ainsi appelé «les autorités centrafricaines à s’abstenir, dans la capitale, de toute action contraire à l’esprit de dialogue et de paix qu’elles ont manifesté.» En ce début d’année, François Hollande - qui a proclamé sa volonté de changer en profondeur les relations entre Paris et l’Afrique - se retrouve donc confronté à sa première véritable épreuve sur le continent. En octobre, il s’était rendu à contrecoeur au sommet de la Francophonie à Kinshasa, en République démocratique du Congo, dirigée par le peu recommandable Joseph Kabila.

Cette fois, le défi à relever est bien plus redoutable, car la voie est très étroite pour échapper au piège centrafricain. En renforçant ses effectifs militaires à Bangui, Paris veut pousser les responsables du mouvement Séléka à ouvrir, bon gré mal gré, des discussions avec François Bozizé, sous l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). Si celles-ci devaient déboucher sur la fin des combats en échange du départ du président centrafricain, il n’est pas sûr que ce dernier soit regretté à Paris.


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