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Bir Hakeim Victoire contre le destin

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Publié le 08/06/2012

C'était il y a soixante-dix ans. La victoire des Français libres contre les troupes de Rommel, dans le désert de Libye, marquait un tournant. Stratégique, mais aussi psychologique.

Je remercie le messager, le congédie, ferme la porte. Je suis seul. Oh! coeur battant d'émotion, sanglots d'orgueil, larmes de joie.» Voilà en quels termes le général de Gaulle décrira, dans les Mémoires de guerre, sa réaction à la visite d'un officier de liaison britannique venu l'informer qu'après quinze jours d'un siège infructueux, mené par les forces dix fois plus nombreuses du général Rommel, la 1re brigade française libre du général Pierre Koenig était parvenue à évacuer, par surprise, la position fortifiée de Bir Hakeim. Quinze jours de combat sans merci entre la matinée du 27 mai et la nuit du 10 au 11 juin 1942. Et donc, il y a soixante-dix ans, une victoire arrachée de haute lutte qui allait résonner, au-delà de ses conséquences militaires, comme le symbole d'une résurrection. Jusqu'à cette terrible bataille en plein désert libyen, à 65 kilomètres de la Méditerranée et à 85 au sud-ouest de la forteresse de Tobrouk, prise aux Italiens par les Anglais en janvier 1941, beaucoup croyaient, en effet, la France engloutie à jamais dans les tourmentes de la Seconde Guerre mondiale ; or, voilà qu'elle ressurgissait au travers d'un fait d'armes particulièrement glorieux.Hitler lui-même ne devait d'ailleurs pas s'y tromper, qui déclarait aussitôt à son entourage: «Il nous faudra absolument, après la guerre, nouer une alliance capable de contenir un pays capable des prouesses militaires qui étonnent le monde comme à Bir Hakeim.»Bir Hakeim: un plateau de calcaire plat, des ondulations, quelques cuvettes peu profondes. Pas d'eau, même si s'y trouvaient encore les restes desséchés d'une vieille citerne probablement romaine (bir signifie puits ou citerne souterraine). Mais un emplacement stratégique à l'extrême sud du dispositif de la VIIIe armée britannique - les fameux Rats du désert - pour protéger Tobrouk et barrer à Rommel la route du canal de Suez, artère vitale de l'Empire britannique.

Koenig contre Rommel: deux généraux face à face

Erwin Rommel, un stratège encore contesté aujourd'hui, mais un tacticien hors pair, entraîneur d'hommes sans pareil. Et en face de lui, Pierre Koenig, né en Normandie, le 10 octobre 1898, fils d'un facteur d'orgues alsacien. Koenig, dont le biographe Dominique Lormier, membre de l'Institut Jean-Moulin (1), rappelle qu'élevé dans le culte des valeurs patriotiques il s'était engagé, en avril 1917, dans le 36e régiment d'infanterie et que, de simple soldat, ce volontaire sorti du rang allait atteindre le grade de sous-lieutenant, quelques jours avant ses 20 ans. Autant dire que, ancien de la Grande Guerre, le chef des défenseurs de Bir Hakeim comprenait la nécessité d'un système fortifié efficace. Ce système qu'un officier du génie injustement oublié, le capitaine André Gravier, allait bâtir à base de points d'appui judicieusement répartis, de champs de mines et de consignes données aux hommes: creuser, creuser encore, creuser toujours le calcaire dur, gris ou jaunâtre... La rage et le courage des soldats, leur volonté d'affronter l'Allemand pour la première fois depuis 1940, l'énergie des chefs et l'inévitable sens français de la débrouillardise (ces vénérables pièces de 75 arrimées derrière les bâches de camions transformés en canons automoteurs!) allaient faire le reste.Les combattants? Le futur Premier ministre Pierre Messmer, qui fut des leurs à la tête d'une compagnie de la Légion, les décrira ainsi dans ses Mémoires: «Français et étrangers au service de la France, tirailleurs de l'Oubangui et d'Afrique du Nord, marsouins de Tahiti et de Nouvelle-Calédonie, artilleurs, tringlots libanais, syriens, malgaches.»

Des soldats qui refusaient de baisser la tête

Pourquoi se battent-ils? Parce que la France n'est pas morte, qu'elle ne demande qu'à revivre. Parce qu'ils refusent de baisser la tête, comme l'exige le gouvernement de Vichy. «Pour la liberté», résumera sobrement le légionnaire croate Mamuric, avant d'aller mourir pour elle aux côtés de son copain républicain espagnol, Dominguez. Voilà comment 3 700 soldats français, aidés par 100 de leurs camarades britanniques (sans oublier les aviateurs de la RAF et les servants des convois de ravitaillement), vont tenir tête, dans des conditions dignes de la bataille de Verdun, à un corps d'armée composé des meilleures troupes allemandes, mais aussi italiennes. Trois mille sept cents combattants, dont 2 800 seulement parviendraient à regagner les lignes anglaises, à l'issue d'une charge nocturne héroïque et désordonnée. Et une moisson d'exploits, mais aussi de traits d'humour - restons Français! -, dont François Broche rend compte dans son récit minutieux de la bataille (2). Un texte étonnamment précis et dépassionné, quand on sait que le propre père de l'auteur, le lieutenant-colonel Félix Broche, commandant du bataillon du Pacifique, y trouva une mort glorieuse.Ces hommes ne s'étaient pas battus pour rien. Conjugué à l'entêtement plus politique que militaire de Rommel d'en finir avec ces «diables de Français», leur sacrifice allait donner aux Britanniques le temps nécessaire pour rameuter des troupes fraîches. Et malgré leur effondrement des 20 et 21 juin à Tobrouk (33 000 prisonniers anglais en quelques heures!), les Rats du désert allaient arrêter, une fois pour toutes, les forces de l'Axe à el-Alamein. Consacrant de manière éclatante la renaissance française, Bir Hakeim imposait aussi, après les combats contre les Italiens menés par Leclerc ou ses camarades d'Erythrée, une armée en voie de reconstitution aux côtés des Alliés. De Gaulle le savait qui, dès le 12 juillet 1942, transformait les Forces françaises libres en France combattante. Sur le chemin encore long de la Libération, une page se tournait. - (1) Koenig, l'homme de Bir Hakeim, de Dominique Lormier, Editions du Toucan, 358 p., 22 ü. (2) Bir Hakeim, de François Broche, Perrin, «Tempus», 230 p., 8,50 ü.


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