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Le directeur du musée de l'Armée : l'exposition Algérie 1830-1962 est « un travail historique »

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Publié le 29/05/2012

Ce ne fut pas une mince affaire que de monter cette exposition, explique le général Christian Baptiste. Mais le succès est au rendez-vous.

Le musée de l'Armée présente l'exposition "Algérie, 1830-1962". © Musée de l'armée / Jacques Ferrandez

Le Point : Vous avez mis sur pied l'exposition Algérie 1830-1962, qui se tient jusqu'au 29 juillet au musée de l'Armée, que vous dirigez aux Invalides. Quels obstacles avez-vous rencontrés pour mettre ce projet sur pied ?

Christian Baptiste : La première réticence qu'il a fallu vaincre se trouve être la mienne. Quand, avec mon équipe, nous avons pris en février 2011 la décision de lancer cette exposition, nous étions parfaitement conscients de la difficulté. Aucune exposition de ce type, sur l'action de la France et de ses soldats en Algérie sur une longue période, n'avait encore été réalisée. Nous étions très conscients que les douleurs ne sont pas apaisées, que les mémoires divergentes perdurent et que de ce fait, l'entreprise serait difficile. Mais nous venions de réaliser une très belle exposition sur les 150 ans de l'unité italienne, et nous, musée d'histoire militaire, ne serions pas capables de parler de 130 ans de notre histoire sur ces terres, 50 ans après la fin de la présence française en Algérie ? On éviterait l'obstacle alors que ce sujet est structurant pour la société française d'aujourd'hui ? Il fallait y aller...

Le sujet demeure brûlant. Comment avez-vous vaincu les oppositions ?

J'attendais qu'elles viennent d'anciens militaires français, d'associations d'appelés ou d'anciens combattants algériens. J'imaginais que ces personnes pourraient craindre que la mémoire soit dévoyée, que le voile se déchire ou que se brise la chape de plomb. Pour cette raison, nous les avons informés en amont de notre démarche. Nous les avons reçus au musée, leur avons parlé des historiens qui nous ont accompagnés, et dans quel esprit : aucune occultation, ni aucun appesantissement pour ne pas blesser inutilement. Pas de prêt-à-penser, pas de message univoque... Mais des faits, des cartes, des films, des enchaînements historiques, pour que le visiteur se fasse son avis. Nous avons aussi proposé que des acteurs de la période 1954-1962, des deux côtés, s'entendent poser les mêmes questions, qu'ils aient le même temps pour témoigner. Tout cela a fait que nos interlocuteurs ont été rassurés. Tout en précisant dès le départ qu'ils ne pourraient pas intervenir sur notre travail historique, élaboré avec des historiens de renom dont Jean-Charles Jauffret, Jean Delmas et Maurice Vaïsse.

Les choses ont-elles été aussi sereines avec vos autorités de tutelle ?

Nous sommes sous la tutelle du ministère de la Défense, mais notre conseil d'administration et notre comité de conservation estiment que nous disposons d'une autonomie intellectuelle sur le choix de nos expositions. De ce fait, nous étions à même d'assumer un travail provoquant un impact émotionnel fort, y compris en évoquant cette période d'histoire commune sous le prisme de l'action militaire. J'ai averti très tôt la tutelle que nous engagions ce travail en toute responsabilité. Au directeur adjoint et conservateur général du patrimoine David Guillet ainsi qu'à moi-même, elle a confirmé sa confiance. À juste titre, car cette exposition n'est pas anodine, des personnes dans l'administration se sont émues. En substance, elles se sont demandé si une telle exposition, au musée de l'Armée, ne risquait pas d'introduire une nouvelle complexité dans les relations franco-algériennes, durant l'année du cinquantenaire de l'indépendance. Ce n'est pas une question anodine, elles avaient raison de se la poser. J'ai moins bien compris qu'elles n'aient pas pris la peine de s'enquérir de nos intentions, avant de prétendre que nous allions mettre le feu à la ville !

L'exposition s'est donc trouvée réellement menacée ?

Elle aurait pu l'être, si le ministère de la Défense dans son entier (secrétaire général pour l'administration, direction du patrimoine, cabinet du ministre Gérard Longuet, et ce dernier en personne) ne nous avait apporté son soutien plein et entier. Ils avaient compris l'importance de cette initiative, la seule de cette importance en cette année d'anniversaire, et cette frilosité a été vaincue. C'est logique : nous nous situons dans une démarche historique, qui ne porte pas de jugement politique, philosophique ou moral. Nous avons néanmoins estimé que, pour éviter toute polémique, il était judicieux de n'ouvrir l'exposition qu'après l'élection présidentielle.

Comment les choses se sont-elles déroulées avec la partie algérienne ?

Christophe Bertrand, Emmanuel Ranvoisy et Sébastien Denis, les commissaires de l'exposition, se sont adressés à des historiens algériens qui nous ont accompagnés dans la préparation, je pense en particulier à Dalila Aït el-Djoudi, et à d'anciens combattants du FLN qui ont accepté d'être interviewés. Nous nous sommes même déplacés en Algérie pour recueillir des témoignages présents dans l'exposition. Celle-ci est une première, avec suffisamment de difficultés à surmonter, nous avons estimé que tenter de la faire en partenariat avec des musées algériens était sûrement trop ambitieux, pour cette fois-ci.

Quelles sont les premières leçons que vous tirez de cette expérience ?

Ma conviction est faite qu'un musée d'histoire militaire tel que le musée de l'Armée est avant tout un creuset de lien social et de cohésion. Je fais mienne l'idée qu'une nation est le fruit d'un long parcours de ceux qui la composent et qu'au fil des générations, on devient progressivement capable de surmonter les drames qui nous ont divisés. Notre passé commun est le socle de notre destin futur, et si cette exposition permet d'en convaincre les visiteurs, notre mission sera accomplie.

Traduction

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