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Afghanistan : en Bulgarie on pleure, aussi, un enfant du pays

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24 janvier 2012

« Aujourd’hui, la France rend un dernier hommage à ses quatre soldats morts en Afghanistan, dont le Bulgare Svilen Simeonov ». Depuis ce matin, ce titre tourne en boucle sur la radio nationale avant qu’il ne soit repoussé par d’autres événements et, par la force des choses, oublié. Jusqu’à la prochaine fois. Mais à Rakovski, village d’un peu plus de 2 000 habitants du nord-est de la Bulgarie, le deuil ne fait commencer. Car ici, on pleure aussi un enfant du pays – un pays un peu austère, très pauvre et difficile d’accès enclavé entre le Danube et la chaine des Balkans, dont le chef lieux est la ville de Razgrad. Agé de 34 ans, le sergent-chef Simeonov servait depuis dix ans dans la Légion étrangère ; il s’y était engagé comme tant d’autres jeunes à recherche d’une vie meilleure à une époque qui paraît tellement lointaine, celle des visas pour la France et du « mur de Schengen » qui séparait les Balkans de l’Europe de l’Ouest.

Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts, mais Rakovski est resté englué dans le chômage et la pauvreté. « C’est le manque d’argent et de perspectives qui a fait partir Svilen. Sinon, il avait tout ici : une femme, un enfant, des parents et des proches qui l’aimaient », témoigne le maire du village Stefan Tsonev. Il ne le sait peut-être pas, mais comme tant d’autres, Svilen avait aussi trouvé dans la Légion une deuxième famille. « Il nous appelait souvent pour dire combien il était content ; il a rapidement gravi les échelons de leur hiérarchie, là-bas, dans l’armée française », se souvient son père Mehmet. Pour preuve, au bout des cinq années réglementaires pour obtenir la nationalité française, Svilen a renouvelé son contrat. De cette aventure restent aujourd’hui quelques photos jaunies dans l’album familial : à bord d’un hélico de combat, Svilen lève le pouce ; lunettes noires, il brandit une mitrailleuse lourde ; torse nu, quelque part en Afrique, il pose en compagnie de dépouilles sanglantes… de crocodiles. C’est ça la Légion, c’était sa vie. Et désolé pour les âmes sensibles. Une vie à laquelle s’ajoute Melvin, un garçon de trois ans né en France, et ce rêve de s’acheter après la quille une petite maison avec jardin, face à la mer, sur les hauteurs de Marseille. Comme à tant d’autres, il lui restait encore quelques jours à tirer avant qu'il ne "tombe au champ d'honneur", selon la formule officielle…

Hier, dans la journée sa famille s’est envolée depuis Sofia pour Paris, après avoir passée plus d’une demie journée sur les routes cabossées du nord de la Bulgarie. Un peu plus de 300 km séparent seulement la capitale bulgare de Rakovski, mais ce n’est pas le même monde. Sans parler du choc qui attend ses parents à Paris : aucun d’eux ne parle français et les honneurs de la Républiques peuvent être aussi très intimidants. Ensuite, ils rentreront avec le corps de leur fils qui sera porté en terre dans son village natal. « Ici, nous sommes sous le choc », poursuit encore l’édile de Rakovski qui stresse à l’idée de devoir accueillir toute une brochette de responsables dont, peut-être, l’Ambassadeur de France. « Notre seul défaut c’est d’être pauvres », dit encore M. Tsonev comme pour excuser la mère de Svilen qui a appris la mort de son fils en Turquie, où elle était employée comme travailleuse saisonnière.

Enfin, le paradoxe voudra que la famille de Svilen appartient, comme plus de 50 % de la population de la région, à la minorité musulmane bulgare. Son véritable nom est Taner Mehmedov Uzounov. Sont-ils des Turcs restés ici depuis les temps de l’Empire ottoman ou des Slaves islamisés, peu importe : ces musulmans bulgares ont toujours été là et sont connus pour leur ouverture d’esprit, leur tolérance et leur modestie. Un bel exemple d’islam à l’européenne, qui a payé sa différence au prix fort pendant le communisme lorsque ses représentants étaient obligés par les autorités, parfois sous la menace d’une arme à feu, de renier leurs origines et de changer d’état-civil. Mais aujourd’hui, c’est sous les balles d’un autre musulman qu’est tombé Svilen-Taner, loin de sa Bulgarie natale.


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