Publié le mardi 10 janvier 2012
“Jean Juan, dans les années quatre-vingt, a été la cheville ouvrière du service des sports des Nouvelles de Tahiti. Cet officier de la Légion étrangère appartenait à la 13e demi-brigade, la plus prestigieuse unité de ce corps d’élite. Il avait servi la France en Algérie, à Djibouti avant d’être formateur à Aubagne et de commander les légionnaires chargés de la sécurité des tirs à Mururoa. Lorsque je parvins à le convaincre de reprendre en main le service sportif du journal, je le connaissais depuis plusieurs semaines. Nous prenions le café tous les jours, vers 8 heures, chez Hilaire, où il passait en revue les bourdes du service des sports. Un jour, je me décidai à faire un journaliste de ce censeur rigoureux. Jean fut un journaliste remarquable, présent sur toutes les compétitions et maniant aussi habilement la pointe Bic que son énorme appareil photographique. Nous sommes devenus amis. Même davantage. Aujourd’hui, confronté à un dilemme, je me demande ce que mon père et Jean auraient fait à ma place.
Ce Catalan généreux cultivait l’amitié avec une franchise rugueuse de rugbyman et une loyauté de héros cornélien. Quand je le revis à Limoux, dans les Corbières, près de Narbonne, il n’avait pas changé. Il était resté le connétable qui incarnait toutes les vertus de la fidélité et du dévouement. À Mayotte, un légionnaire m’avait confié son surnom : 'Don Diègue'. Dans notre dernière conversation, cet été, il m’a confié : 'Fais vite pour me voir, il me reste peu de temps...' Jean montrait la voie de la droiture. Ce qu'il y a de meilleur en nous meurt un peu avec ce juste.”
Lucien Maillard, ami de Jean et ancien directeur des Nouvelles de Tahiti