AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

Au nom de la transparence 15042010

Envoyer

Jean-Claude Guillebaud 15/04/2010

Dans une lumière aussi crue, une société humaine peut-elle survivre ?

À se focaliser sur le pape Benoît XVI et les « complaisances » de l’Église, on s’interdit de comprendre tout ce qu’impliquent – aussi – ces sinistres affaires de pédophilie. Pas question, ici, de trouver la moindre excuse aux prêtres concernés. Pas question non plus de minimiser les silences, les embarras, voire les errements de la hiérarchie. Un acte de pédophilie commis par un prêtre est doublement, triplement condamnable. Gardons cela en tête. Mais n’oublions pas que dans ces affaires l’Église se trouve confrontée à un dilemme beaucoup plus général. Il concerne toutes les institutions et mérite une réflexion approfondie.

Ce dilemme s’énonce en peu de mots. La judiciarisation vertigineuse de nos sociétés, l’intrusion progressive du droit – pénal notamment – dans chaque secteur de la vie, interdit dorénavant aux diverses institutions de régler en interne les infractions dont se rendent coupables leurs membres. Ce qui est vrai pour l’Église l’est aussi pour l’armée, pour l’école, pour la médecine, pour la famille. Ce qui était la règle avant-hier n’est plus concevable aujour­d’hui. Au nom de la défense des victimes, on n’accepte plus que ces affaires soient examinées – et sanctionnées – dans l’intimité d’une institution, et dans le secret d’une « règle » privée.

Les tribunaux militaires ont été supprimés et les passe-droits traditionnellement accordés à certains criminels s’engageant dans la Légion étrangère sont mal tolérés ; le père de famille n’est plus, comme hier, tout-puissant sous son toit ; les enseignants doivent signaler à la justice toute agression sexuelle ; les médecins ne sont plus autorisés à évaluer par eux-mêmes la dangerosité d’un climat familial. C’en est globalement fini de ce qu’on pourrait appeler la « régulation pénale spécifique » qui fut, pendant des siècles, le privilège des institutions. Ce privilège participait du droit canon pour l’Église, des codes militaires pour l’armée, de la déontologie pour l’école ou la médecine, du droit à l’intimité pour la famille, etc. Dorénavant, un principe de transparence prévaut. La justice des hommes exige d’être sollicitée, y compris dans les périmètres qui échappaient jadis à son intrusion.

Autrement dit, plus personne n’accepterait
cette fameuse maxime qu’on doit au grand juriste le doyen Jean Carbonnier : « Là où la vie privée, intime, est en jeu, le vent dominant est au renoncement du droit. » Les institutions sont invitées à une mutation quasi anthropologique dont on ne peut minimiser la difficulté. Elles le font avec plus ou moins de bonne volonté, et presque toujours avec retard. Mais ni l’Église ni les au­­tres institutions ne peuvent, et ne doivent, s’affranchir de ce nouvel impératif de transparence.

Reste une question : dans une lumière aussi crue, une société humaine peut-elle durablement survivre ?


Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui3278
mod_vvisit_counterHier5984
mod_vvisit_counterCette semaine20284
mod_vvisit_counterSemaine dernière18442
mod_vvisit_counterCe mois56398
mod_vvisit_counterMois dernier119907
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919915734

Qui est en ligne ?

Nous avons 7347 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42712632
You are here PRESSE XXI° 2010 Au nom de la transparence 15042010