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Légionnaire toujours...

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Avril 08, conte moderne 15052010

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mai 15, 2010

Variations de cinq personnages immergés dans notre monde contemporain.

Dans cette pièce écrite et mise en scène par le jeune metteur en scène Fabrice Dauby, avec sa compagnie Projet mots d’autres, le conte intervient en filigrane, créant une distance entre l’histoire des personnages et la réflexion qui peut s’en dégager.

Dans une vaste chambre aux parois et sol gris, trône un grand lit sur lequel de dos, une femme est semi-allongée. Tour à tour, les trois hommes de sa vie viennent lui confier ce qui les préoccupe. Son amant, après des déboires dans une ONG à caractère humanitaire, s’est engagé par dépit dans la Légion Etrangère pour combattre en Afghanistan, où il sera tué. Son compagnon, affairiste rongé par l’ambition et l’argent, ne lui parle que d’opérations boursières. Enfin son frère jumeau, fragilisé par des troubles du langage et anxieux, évoque de gais souvenirs d’enfance, mais aussi sa hantise d’être reconnu et « à la hauteur ». Il vient de quitter la société de communication paternelle.

Or c’est à une succession de monologues que nous assistons : la jeune femme, glaciale, ignore avec superbe leur présence, drapée majestueusement dans un déshabillé rouge – et ce durant la 1ère moitié de la pièce. Pourquoi ce mutisme ? Nous brûlons de savoir ce que cache cette figure féminine belle et éthérée,  au milieu de ces hommes en proie à des inquiétudes velléitaires. Nous le devinons plus tard, alors que son tout futur mari, l’oblige à « descendre sur terre » – pour notre soulagement ! Elle se réfugie dans la cave, et c’est là qu’apparaît le 5ème personnage, le « narrateur » du conte qui en détient la clé, explique l’auteur. Dans l’obscurité, debout au fond de la scène, une minuscule lumière à la main, il est le mystérieux veilleur – éveilleur – des consciences, « l’homme aux loups ». Il la poursuit a travers des panneaux noirs qui renforcent le sentiment de peur tant chez la jeune femme que chez le spectateur. Est-ce un rêve ? « Je suis celui que vous voulez que je sois. » murmure t-il. A partir de là, l’agitation s’installe : le mariage, avec deux témoins ivres, le mari‚ hagard, le téléphone portable à l’oreille ; puis les autres dans une gesticulation effrénée…Vers la fin cependant l’expression des visages devient grave ou inquiète, ils semblent vouloir porter un autre regard sur le réel.

« Se confronter à l’énigme de l’humain, en exprimer la puissance de vie… Accéder à une forme de méditation » F. Dauby

Cette puissance de vie ne se dilue-t-elle pas dans des illusions, aussi morales soient-elles – celles de l’amant ? dans des quêtes pitoyables – celle du « mari » ? Le jeu des acteurs est soutenu et rythmé, interrompu parfois par des « trous » que le metteur en scène a ménagé afin que le spectateur reçoive en retour, comme un boomerang, les angoisses des personnages, et les interprètent. Nathalie Philip, majestueuse, est très convaincante dans son rôle de révélateur de conscience grâce à son détachement hautain : elle refuse les systèmes illusoires des hommes. Nous regrettons toutefois une certaine impression de confusion qui se dégage parfois des dialogues, dans leur déroulement, et l’on ne saisit pas toujours les liens entre eux ; les trois hommes gravitent autour du lit central, chacun leur tour, de façon prévisible, mais ensuite le rythme devient alerte. Et que signifie la sorte de délire des corps de l’amant et du frère ? De même, la musique sacrée nous a paru trop « élevée » par rapport au contexte réaliste de la pièce. Mais l’essentiel des interrogations sur le bonheur humain que F. Dauby a essayé de faire partager est bien là, prêt à nous faire réfléchir. On sent que ce travail est prometteur, on reconnait, sous sa fougue et sa naïveté, un talent indéniable de dramaturge engagé : que cet engagement mûrisse et donne de beaux fruits que nous partagerons avec plaisir et attention !

Avril 08, conte moderne
Écriture et mise en scène : Fabrice Dauby
Avec : Lucas Anglarès, Jonathan Cohen, Nicolas Gonzales, Nathalie Philip, Bernard Vergne
Scénographie : Grégoire Faucheux
Lumières : Pascal Sautelet
Écriture sonore : Nicolas Maisse
Costumes : Anaïs Pinson
Maquillages : Isabelle Vernus

Du 7 mai au 6 juin 2010

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie, Route du Champ-de-Manoeuvre, 75 012 Paris
www.la-tempete.fr


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