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Légionnaire toujours...

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2009

 


Tchad : le légionnaire tueur avait déjà «dérapé»

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Publié le 09/04/2009

Des soldats de l'Eufor au camp des Étoiles, à Abéché. Le forcené, membre du 2e régiment étranger d'infanterie, était stationné dans ce grand camp construit près de l'aéroport.

Des soldats de l'Eufor au camp des Étoiles, à Abéché. Le forcené, membre du 2e régiment étranger d'infanterie, était stationné dans ce grand camp construit près de l'aéroport. Crédits photo : AFP

À 27 ans, le jeune engagé avait un moral «fluctuant». La Légion avait cru devoir lui offrir «une seconde chance».

Le légionnaire qui a tué son sergent, un de ses camarades, un soldat tchadien et un paysan auquel il a dérobé son cheval, mardi à Abéché, est d'origine brésilienne et il a 27 ans. Il était toujours en fuite mercredi, sans doute caché, selon les forces françaises qui le traquent, dans les collines rocailleuses de l'est du pays. Ce soldat de deuxième classe n'avait que deux ans de service dans la Légion étrangère. Il était arrivé le mois dernier au Tchad, avec le 2e régiment étranger d'infanterie (REI), précise-t-on dans les états-majors.

Victime d'un «accès de folie», le jeune engagé, selon nos informations, avait déjà dérapé à Djibouti, en juin 2008. C'était sa première mission, il se plaignait de «coups de cafard», d'atteintes au moral et finit par fuguer en Éthiopie voisine. Arrêté au bout de trois jours, rapatrié en France et sanctionné pendant 30 jours, il obtint néanmoins «une seconde chance» après avoir été transféré dans une autre compagnie, explique le chef du Sirpa, le colonel Benoît Royal.

S'étant «refait une santé» pendant 8 mois, le soldat, dont le nom n'a pas été révélé par l'armée, se porte volontaire pour participer à la mission européenne au Tchad. Son chef de groupe - le sergent tué à Abéché - s'est porté garant pour lui. Et le médecin qui l'a examiné a donné un «avis d'aptitude», poursuit Benoît Royal. Le jour du drame, le légionnaire aurait été au cœur d'une violente dispute avec ses camarades, pendant le déjeuner. Convoqué par ses supérieurs, il est parti faire une sieste pour «se calmer», raconte un officier. À son réveil, il a récupéré son Famas (fusil d'assaut) et s'est mis à tirer.

La «soudanite»

Au temps des colonies, on appelait ça la «soudanite» ou encore le «coup de folie africaine». Plus d'un siècle après le passage de leur «colonne infernale», les archives militaires se souviennent encore des massacres, assassinats, viols et tortures commises en 1899 par deux officiers français, Voulet et Chanoine, partis à la conquête du Tchad avec leurs hommes. Victimes, selon les témoignages de l'époque, du soleil africain ou de la syphilis… Mais ce n'est ni l'un ni l'autre qui a fait basculer le légionnaire d'Abéché. Troupe d'élite de l'armée de terre créée sous Louis-Philippe pour réunir dans une même force les nombreux engagés étrangers, la Légion n'est pas un corps comme les autres. «Elle recrute des gens pouvant être violents et instables mais à qui on offre de repartir à zéro grâce à une nouvelle identité, un nom d'emprunt. Le légionnaire n'est pas un soldat lambda», explique un ancien légionnaire. Moyennant un encadrement strict et «viril» et des missions valorisantes appelant volontiers les exploits, les légionnaires finissent par s'intégrer et par adhérer à leur unité militaire. Des tests psychologiques effectués sur les candidats à l'embauche sont censés écarter les personnalités à risques. Mais les légionnaires n'oublient jamais leur patrie et restent des déracinés.

Rien de surprenant, donc, à ce que la Légion, depuis sa création, collectionne les incidents. Le dernier en date a conduit à la radiation de trois hommes du 2e régiment étranger de parachutistes (REP), après la mort d'un légionnaire slovaque frappé et privé d'eau pendant une marche à Djibouti, en mai 2008. La figure du légionnaire est décrite dans une chanson traditionnelle : «En France on ferait trop de pétard et le bourgeois a peur du cafard du légionnaire…»


La cavale du forcené de la Légion étrangère au Tchad est terminée

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Publié le 07.04.2009

Carte de localisation d’Abéché, au Tchad, où un légionnaire français a pris la fuite après avoir tué deux autres légionnaires et un Togolais, le 7 avril 2009.
Carte de localisation d’Abéché, au Tchad, où un légionnaire français a pris la fuite après avoir tué deux autres légionnaires et un Togolais, le 7 avril 2009. - Idé

 

La fuite du légionnaire tueur, d'origine sud-américaine, a pris fin. Il a été arrêté ce jeudi par la gendarmerie tchadienne.

Un important dispositif, associant la gendarmerie française, la police et les militaires tchadiens et étrangers, avait été déployé pour ratisser le secteur et arrêter le soldat. L'armée française avait également lancé des hélicoptères.

Vraisemblablement pris d'un coup de folie, selon les autorités militaires françaises, ce légionnaire de deuxième classe avait d'abord tué mardi deux de ses camarades légionnaires et un militaire togolais sur le Camp des étoiles, à Abéché, dans l'est du Tchad. Puis, quelques heures plus tard, il avait abattu un paysan pour s'emparer de son cheval au nord d'Abéché.

Parmi ses victimes, figurent son chef de groupe, un sergent de 30 ans, Français d'origine ghanéenne, marié et père d'un enfant, et un légionnaire de 1ère classe d'origine roumaine, célibataire.

«La plus grande partie de la population n'est pas informée de l'incident»

«La police d'Abéché surveille la ville mais le soldat est en brousse», a estimé le commissaire Idriss Mahamat. De source militaire, on estime que «le gars est dangereux parce qu'il a une arme et qu'il a un problème psychique»et qu'«il sera difficile à trouver». A Abéché, pourtant, «la vie continue normalement», selon un un fonctionnaire tchadien. Sans doute parce que «la plus grande partie de la population n'est pas informée de l'incident».

Le forcené et les deux autres légionnaires, tous trois membres du 2e régiment étranger d'infanterie de Nîmes (Gard), étaient stationnés au Camp des étoiles dans le cadre de l'opération européenne Eufor Tchad/RCA, a précisé le capitaine de vaisseau Christophe Prazuck, de l'état-major.

Quant au militaire togolais, il était membre de la Minurcat 2, l'opération de l'ONU qui a pris la succession de l'Eufor Tchad/RCA le 15 mars. «Le forcené, un homme du rang, a ouvert le feu, vraisemblablement avec son arme de service, vers 14 heures», a indiqué le commandant Prazuck. «Des coups de feu ont été entendus sur le camp puis les deux légionnaires tués ont été retrouvés avant que le corps du militaire togolais qui était en faction un peu plus loin soit découvert à son tour».

L'Eufor vient de passer le relai

Selon le commandant Prazuck, «la prévôté (des gendarmes français, NDLR), les autorités tchadiennes et les militaires de l'Eufor Tchad/RCA» participent aux recherches du fuyard.

Après avoir été déployée un an au Tchad et en Centrafrique, l'Eufor a passé à la mi-mars le flambeau à la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (Minurcat) qui doit compter jusqu'à 5.200 hommes. L'Eufor avait pour mandat principal de protéger les réfugiés du Darfour ainsi que les déplacés internes tchadiens et centrafricains, soit plus de 450.000 personnes.

La France avait déployé 1.650 militaires français sous les couleurs de l'Union européenne dont 850 doivent être prochainement désengagés et 800 sont passés sous casque bleu. Un sous-officier français avait trouvé la mort lors de l'opération Eufor Tchad/RCA, le 3 mars 2008, dans un accrochage en territoire soudanais où il s'était apparemment égaré avec une patrouille. La France compte par ailleurs 1.100 soldats stationnés au Tchad dans le cadre du dispositif Epervier, opération française lancée en 1986 au titre d'un accord bilatéral.


Caylus. Armée : «Le camp n'est pas menacé»

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Publié le 31/03/2009

 

Les militaires du 2e REI évacuent un des leurs blessés dans cette attaque. Hervé Morin arrive au camp. Les parlementaires du département avec François Fillon. Photos DDM, C. Longo. - DDM
Les militaires du 2e REI évacuent un des leurs blessés dans cette attaque. Hervé Morin arrive au camp. Les parlementaires du département avec François Fillon. Photos DDM, C. Longo. DDM

L'affirmation est nette, claire et précise. Elle émane d'Hervé Morin, ministre de la défense qui répondait aux questions d'une partie des journalistes se trouvant hier en fin de matinée dans l'enceinte du camp du Lieutenant-colonel Normand. Entretien impromptu du « patron » des armées qui faisait suite au discours de François Fillon premier ministre s'adressant lui aux hommes du 2e REI (régiment étranger d'infanterie de la Légion étrangère qui part en septembre en Afghanistan). Hervé Morin a bien insisté en redisant : « Le camp de Caylus n'a aucun souci à se faire. Le camp n'est pas menacé. Il s'agit avant tout de la réorganisation de son soutien. » On sait en effet que le camp sera rattaché administrativement au 17e RGP de Montauban à compter du 1er août 2 009. Reclassé en camp de niveau 1, il a pour l'instant un personnel de 126 hommes (militaires + civils) et devrait garder la plus grande partie de cet effectif. Sur cet ensemble de 5 500 hectares qui s'étend sur quatre cantons du Lot et du Tarn-et-Garonne, à l'heure actuelle pour quinze jours s'entraîne un régiment d'élite, le plus ancien des régiments d'infanterie de la Légion étrangère fondé en 1 841. Régiment fort de plus de 800 hommes, le 2e REI de Nîmes fera partie de la relève d'une partie du contingent Français autour de la capitale Afghane en septembre. Il se prépare à ce séjour de six mois autour de Kaboul et dans des secteurs risqués avec donc des exercices à grande échelle à Caylus avant de partir dans les Cévennes où l'on a trouvé des secteurs de montagne très proches des reliefs afghans et ensuite de finaliser cette préparation au camp de Mailly.

Le choix du camp de Caylus comme lieu de préparation a été fort bien perçu par les élus de Quercy et Limogne. Plus encore avec la venue sur place non seulement du premier ministre François Fillon et du ministre des armées, mais aussi du général Elrick Irastorza patron de l'armée de terre et de Guy Tessier député des Bouches-du-Rhône et président de la commission de la défense à l'assemblée nationale. Sans oublier tous les parlementaires de Tarn-et-Garonne, le conseiller général du canton de Caylus et le maire de cette localité.

L'ensemble des personnalités a pu voir en quatre séquences la réactivité de ce régiment fort de soldats issus de 83 nationalités différentes.

Sur des attaques de convoi avec des engins explosifs improvisés, ou l'évacuation de blessés en zone de combat.

Et apprécier toute une panoplie technologique pour numériser l'espace de bataille qui s'applique à tous les engins motorisés engagés et suivis dans tous leurs déplacements.

La Dépêche du Midi

Short Cuts

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26 March 2009


The Foreign Legion is in the doghouse again, as it is from time to time in France. The scandal turns on a 25-year-old Slovakian, Jozef Svarusko, who died of heart failure in Djibouti last year, within a few months of enlisting, when he found himself on the business end of the Legion’s ‘test-your-limits’ philosophy: forced march, bad knee, permission to rest denied, water also denied, blows to the head from a junior officer and so on. The case comes before a military court in the summer.

An ‘incident’ in the Legion throws the French in the way that snow confounds the English. Yet eight thousand foreign legionnaires – the rough total – live in a permanent trough of low pressure: a sullen microclimate at odds with the parched environments in which many of them serve. In-house mythology, beamed back to the rest of us, suggests they learn to love it. But only a dark, imprisoning kind of love wants to sort the men from the boys. The lyrical jailbird Genet, whose fiction celebrates this triage, enrolled in the Legion as a young man in the 1930s. (He did a guard-house stint in Damascus.)

Unlike extreme experience designed to entertain us, the endurance of soldiers, including elites such as the Legion, needs careful positioning by the news industry to win us round. The French media can only package the Jozef Svarusko story as a scandal. Had he fallen in combat in Afghanistan, where the Legion is serving, his death would have honoured the tribe. There was honour in abundance last summer, when ten French soldiers, most of them paras from the marine infantry, were killed in an ambush in Kabul province. Sarkozy spoke of their ‘supreme sacrifice’, his foreign minister, Bernard Kouchner, talked about ‘the memory of their courage’. This affair was scandalous too – there were worries about logistical support and intelligence, and above all France’s involvement in the war – but not in the same way as Svarusko’s death.

Francophone to the last, the Legion is praised for being monocultural despite the diversity of volunteers. But the core of the organisation is French: about half, according to Tony Geraghty’s rollicking history, March or Die (1986). That figure has remained more or less steady since the 1980s, despite the recent appeal of the Legion to Latin Americans and Eastern Europeans like Svarusko.

History taught the left in France to mistrust the Legion, but the French left is now in abeyance and history talks to itself about the scratch regiment assembled at Tours in 1871, how it failed heroically to change the course of the war with Prussia, and went on with great panache to help put down the Paris Commune. The pre-independence putsch of 1961 in Algiers is better remembered: it was the Legion’s First Parachute Regiment which overran the key strategic points of the city before the generals announced that the army had seized control; four days after the putschists threw in the towel, the regiment was dissolved.

A list of nationalities (and numbers) enrolled in the Legion between its formation in 1831 and the early 1960s puts Germans well ahead of any others, including French. They and the Swiss had been the stalwarts from the early years, and it was clearly tricky for Louis Napoleon to call out the Legion to fight the Prussians when more than half the force was German. Many were stood down and replaced, for the duration, by other foreign volunteers, though German NCOs were back for the suppression of the Commune, presiding over a small force consisting mostly of Bretons.

A second influx of Germans took place at the end of World War Two. Thousands went on to fight in the French colonies. A fleeting encounter in The Quiet American alerts us to this. After a few drinks together, Fowler has followed Pyle and the US economic attaché to the House of the Five Hundred Girls. At the entrance he asks a Foreign Legion corporal whether he’s seen the two Americans. ‘He stopped cleaning his revolver and jutted his thumb towards the doorway beyond, making a joke in German. I didn’t understand it.’ Only a passing glimpse into the inner workings of colonial war – the way it sucks in fugitives and losers – yet you feel you’ve inspected the whole of the digestive tract.

In The Last Valley (2004), Martin Windrow reckons that the Legion fielded nearly 20,000 men at peak strength in Indochina. ‘The belief,’ he writes, ‘that their ranks were largely filled with German ex-Wehrmacht and Waffen-SS veterans recruited straight from French prison camps with few questions asked lent them a sinister glamour in the eyes of journalists.’ That belief was largely justified, he feels, until around 1950. By the time of the fall of Dien Bien Phu in 1954 ‘it was only among senior NCOs that Wehrmacht veterans were found in any concentrated numbers.’ Strange that they should have to taste the bitterness of defeat a second time in less than ten years. Anxious power-projectionists in the US have urged the creation of an American Foreign Legion. The American version (Armed Forces Journal, March 2007) would gulp down volunteers and spit them out with automatic citizenship after a four-year tour of duty. The idea hasn’t caught on.

An exhibition about the Foreign Legion (‘Histoires d’hommes de la Légion Etrangère’) runs until 5 April at the Val-de-Grâce military hospital in Paris. It is a cautious, self-regarding show about lives led in the Legion and famous legionnaires. As you’d expect, grizzled ex-Nazis flushing out the Viet Minh along the Red River Delta are downplayed. The Legion’s stars include the poet Blaise Cendrars, who joined in 1914, and the British ambulance driver Susan Travers, who chauffeured for a Legion medical officer in North Africa in 1941 and then, dashingly, for General Koenig, as the Free French abandoned Bir Hakeim the following year. For her gritty skills at the wheel she got membership of the Legion as a warrant officer.

Cole Porter gets top billing. What he did as a full-fledged legionnaire is much debated, but his name is on the records and he’s a great asset for the archive. In 1918, he was seconded to a gunnery regiment and won a Croix de Guerre, apparently for laying down a barrage of morale-raising songs from the barrack-room piano. In the good old days there were no Lithuanians or Letts in the Legion, but things have moved on.


Quand Fréderic Rossif portait le képi blanc...

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21 mars 2009

21 mars 2009

(mise à jour : 28 janvier 2015)

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Frédéric Rossif, vous vous souvenez ? Le grand réalisateur de télévision auquel on doit aussi bien «la Vie des animaux» que «De Nuremberg à Nuremberg». Il était né au Monténégro en 1922 et s’engagea dans la Légion étrangère (13ème DBLE) pour participer à la libération de la France en 1944-45. Grade: légionnaire. matricule : 16 667. Identité Légion : Rossif.

 

Et le jazzmann américain Cole Porter, le dernier poilu Lazare Ponticelli, le premier ministre Pierre Messmer, les écrivains Ernst Jünger et Blaise Cendrars, le peintre Hans Hartung, l’infirmière britannique Susan Travers, l’as de la Luftwaffe Siegfried Freytag et celui de l’escadrille Lafayette Edwin Parsons, le joailler Fred, les princes Age de Danemark, Louis Napoléon et Amilakvari de Géorgie... on ne les citera pas tous. Ils sont au total vingt-huit, vingt-huit vies extraordinaires et romanesques d’hommes (et de femmes) qui ont, tous, servi dans la Légion étrangère.

Une exposition leur est actuellement consacrée à Paris : «Histoires d’hommes» au Musée du Service de santé du Val de Grâce.


Castelnaudary. Entraînements "musclés" à la Légion étrangère : les langues se délient

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Publié le 03/03/2009

Vice-président de l'Amicale des anciens de la Légion, B. Malleck témoigne sur son expérience militaire, au lendemain de l'affaire des photos choc prises durant l'instruction de jeunes recrues.

Castelnaudary. Légion étrangère : les langues se délient DDM 

Une simple voix. Aucun témoignage ne pourra, à lui seul, résumer la vie d'une institution qui compte, aujourd'hui, quelque 7 600 militaires. Brahim Malleck, à visage découvert, entend simplement, à la demande de notre titre, apporter sa pierre à l'édifice. Homme de parole, ancien maître d'hôtel au mess des officiers, 25 ans de carrière, il avait toute la confiance de ses chefs. Pour la Légion, il nourrit un amour et une fierté visibles, mêlés d'admiration et de respect. Aujourd'hui, c'est aussi un militant associatif reconnu. Une simple voix, mais une voix qui compte.

Les photos chocs. « Ces images m'ont choqué, commente Brahim Malleck. En vingt-cinq ans de Légion, j'ai connu des choses difficiles : des entraînements physiques jusqu'au bout de mes forces, des brimades, voire des humiliations. Mais jamais quelque chose comme ça être en slip et ramper dans la boue. Je partage toute l'analyse du général Pichot de Champfleury sur cette affaire. C'est l'erreur d'un jeune lieutenant qui donne une mauvaise image de toute la Légion ».

Couché dans sa propre tombe.

Moniteur des jeunes recrues, pendant plus de deux ans, lorsque le 4e RE était encore accueilli sur le site de l'ancienne caserne, Brahim Malleck a connu les rigueurs de l'instruction. « Un mauvais résultat au tir, et on faisait creuser sa propre tombe au fautif, qui passait la nuit dedans, se souvient-il. Une mauvaise marche ? La section mangeait dans les casques lourds : tout mélangé, de l'entrée au dessert, avec le vin en plus. Mais jamais je n'ai mangé dans une poubelle. Il y avait aussi la « p'lote ». Je me souviens d'un légionnaire qui tenait son arme à l'envers, au moment où on envoyait les couleurs (le drapeau) : on lui a mis une charge sur les épaules, et il enchaînait les exercices. Pompes, course, marche en canard, se jeter au sol. C'était épuisant. Ou bien, on s'échangeait les grades. L'engagé qui se trompait en saluant prenait une baffe »… Des humiliations ? « C'était une manière d'endurcir les recrues, de les forcer à donner le meilleur d'eux-mêmes. Nous avions une vie de militaires, mais en plus serré. En régiment de combat, tout ça s'arrêtait », précise Brahim Malleck.

Fraternité d'armes. D'un côté, une fraternité d'armes érigée en profession de foi. « Le premier au 8 kil TAP (1) posait son sac dès l'arrivée et repartait aider ceux qui étaient plus lents », se souvient Brahim Malleck. De l'autre, des insultes racistes. « Je me suis engagé au lendemain de la guerre d'Algérie, reprend-il. Pour certains petits gradés, c'était tout frais. J'étais le « bougnoul ». Je ne savais même pas ce que ça voulait dire. C'était encore plus dur pour les Pakistanais, qui ne comprenaient pas le français. Mais quand j'ai compris, ça s'est vite arrêté ».

Du changement.

« À l'époque où je me suis engagé, on était 40 à 50 par chambre. On avait à peine le temps de se doucher ou de manger. Il fallait être caporal-chef ou avoir dix ans de service pour se marier ou avoir une voiture. Les choses ont beaucoup changé. Le confort aussi. La Légion a évolué. Les mauvais traitements, comme les coups, sont interdits depuis 20 ans. Au quartier Danjou, ils sont à deux ou trois par chambre, avec douche et toilettes. Il y a même de la musique au réfectoire ».

Pourquoi témoigner ? Par « honnêteté », répond Brahim Malleck, qui entend dire les choses comme elles sont. Sans concession, mais sans envie de nuire.

(1) Une course de huit kilomètres, en treillis et rangers, avec sac à dos et armement, à parcourir en moins d'une heure. Une spécialité des troupes aéroportées.

 

Propos recueillis par Laurent Gauthey

Castelnaudary. Photos choc d'un entrainement très «spécial» à la Légion

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Publié le 27/02/2009

En août 2005, cet entraînement très spécial a été infligé à des jeunes recrues à l'instruction

Sur cette photo, prise en août 2005, à la ferme de Raissac, près de Castelnaudary, les jeunes recrues participaient à un « exercice sur les droits et devoirs des prisonniers », selon la Légion. - DDM
Sur cette photo, prise en août 2005, à la ferme de Raissac, près de Castelnaudary, les jeunes recrues participaient à un « exercice sur les droits et devoirs des prisonniers », selon la Légion. DDM

Une nuit très particulière, au mois d'août 2005, dans l'une des fermes d'instruction du 4e Régiment étranger (Castelnaudary), la ferme de Raissac, près de Plaigne. Dans ces fermes isolées en pleine campagne sont regroupées les nouvelles recrues de la Légion. Beaucoup d'exercices physiques, de maniements d'armes, quelques bases de français pour ces hommes venus de loin. Les futurs légionnaires y passent quelques semaines, durant lesquelles ils devront entrer dans le rang.

Au mois d'août 2005, donc, des photos sont prises, de très près, d'un entraînement très spécial. Les recrues de cette section sont déshabillées, en slip, t-shirts remontés sur la tête, face à un mur. Ou agenouillés, dans la même tenue. Ou encore rampant dans la boue.

Les photos chocs de cet exercice pour le moins spécial ont été remises par un « informateur » à l'association de défense des droits des militaires, qui a décidé de les mettre en ligne sur un site d'information, Rue89. Pour cette association, c'est très clair, il s'agit d'humiliations et de brimades subies par les jeunes recrues ».

« Ces photos parlent d'elles-mêmes, analyse Jacques Bassy, vice-président de l'association, signataire de l'article paru sur Rue 89. Ces gens sont en slip, à genoux… Il ne s'agit pas d'un exercice militaire réglementaire. L'homme qui se tient debout, une bière à la main, est sans doute un gradé. Nous recueillons des témoignages de recrues qui, après une soirée comme celle-là, décident de mettre un terme à leur engagement. Mais je ne dis pas que ces brimades présentent un caractère systématique ».

Un ancien sous-officier de la Légion, vingt-cinq ans de service, contacté hier, confirme ne « jamais avoir connu de brimades. Mais des exercices physiques un peu dur, oui ». Un second, 15 ans de service, donne une version inverse : « J'ai connu bien pire que ça. Des gens attachés par une chaîne, à une niche, pour monter la garde, par de petits gradés qui se croient tout permis. Mais c'était du cas par cas. Et, quand l'affaire était connue, les sanctions tombaient automatiquement ».

« Le chef de section sera sanctionné »

Une enquête express a été mise en œuvre au sein du 4e Régiment Étranger (Castelnaudary), dès que les photos de cet entraînement très particulier ont été mises en ligne, sous l'autorité de son chef de corps, le colonel Pau, et du général Pichot de Champfleury, commandant de la Légion Étrangère. La scène a été rapidement identifiée, comme la compagnie incriminée : la 3e compagnie, qui effectue son instruction à la ferme de Raissac, près de Castelnaudary. Les photos ont alors circulé entre de nombreuses mains, et l'homme en jaune a été rapidement identifié, comme le chef de section, un tout jeune lieutenant à l'époque, et son adjoint. Interrogé, l'officier, aujourd'hui capitaine et affecté dans un autre régiment, a expliqué avoir voulu réaliser un exercice sur les « droits et les devoirs du soldat », faisant jouer aux recrues de sa section le rôle de prisonniers de guerre. « Bien entendu, il n'aurait jamais dû faire cela, commente le colonel Pau, chef de corps du 4e Régiment Étranger. Mais ce n'est pas un sadique. Il a juste fait un excès de zèle, en sortant du manuel d'instruction. Il y aura donc certainement une sanction, même si les faits sont anciens ». Une sanction qui pourrait d'ailleurs être exemplaire, au regard de l'impact médiatique de ces photos.

Les photos, justement, auraient été prises, « sur ordre », afin de servir à un débriefing, à la fin de l'exercice, sur les leçons à en tirer, selon le colonel Pau. Leur diffusion, selon lui, ressemblerait fort à un acte de malveillance.

« Pour nous, les brimades sont parfaitement insupportables, reprend le chef de corps du 4e Régiment Étranger. Notre objectif n'est pas d'humilier les futurs légionnaires, mais de les former et de créer une fraternité d'armes. On ne peut pas retenir les gens contre leur gré ». Selon l'officier, le nombre de recrues ayant mis fin à leur engagement à la fin de l'instruction, lors de la période concernée, est conforme à la moyenne. « Il n'y a pas eu de scandale », conclut-il.

L.G.

Balma. La conscience intacte des Républicains espagnols

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Publié le 25/02/2009

Cinéma - Mémoire. Deux films de René Grando sur la Retirada seront présentés, jeudi soir, à l'auditorium.

Marie-Jeanne Munoz, présidente de l'Association Espagnole de Balma, René Grando, réalisateur et Alain Fillola ,le maire de Balma  autour du drapeau espagnol. - DDM
Marie-Jeanne Munoz, présidente de l'Association Espagnole de Balma, René Grando, réalisateur et Alain Fillola ,le maire de Balma autour du drapeau espagnol. DDM

Dans le bureau du maire de Balma est encadrée une reproduction du texte fondateur de la République espagnole de 1931. Alain Fillola, fils de Républicain, la montre à ses visiteurs avec fierté. Avec conscience aussi.

Cette année marque les 70 ans de la Retirada, cet exil forcé de près de 500 000 personnes dont la moitié de combattants, franchissant les postes frontières de Pyrénées-Orientales.

Réalisateur, écrivain, René Grando a sorti de l'ombre cette période trop longtemps occultée. Jeudi soir, à l'auditorium de Balma, à l'invitation de la Mairie et de l'association espagnole de Balma, il présentera deux films. L'un « Contes de l'exil ordinaire » signé en 1989 avec Marie-Louise Roubaud, le deuxième « Deux guerres pour la liberté » axé sur un étonnant personnage, Andrès Jimenez, ancien combattant de la République espagnole puis de l'Armée française sur les théâtres d'opérations d'Italie.

« Si on a beaucoup écrit sur la guerre d'Espagne, il y a eu peu de chose sur l'exil des Républicains » rappelle Alain Fillola, en notant comment la France a été, à l'époque, « incapable » d'accueillir soldats et civils ». Il relève aussi comment, après la guerre, ces Espagnols de l'exil n'ont rien revendiqué. Mais le maire de Balma confie qu'il porte avec fierté le vécu de ses parents. Dans son travail sur cette page d'histoire, René Grando ne fait pas œuvre d'archéologue mais décrit comment des hommes pétris de valeurs comme la liberté de pensée ont su transmettre sans bruit, un héritage. Le documentaire « Contes de l'exil ordinaire », présenté comme un classique de la Retirada relate les derniers jours de la Guerre Civile et l'enfer des camps d'Argelès, de Saint-Cyprien, à travers de nombreux témoignages.

Andrès Jimenez, 90 ans, Toulousain de Saint-Cyprien (étrange coïncidence de lieu) est le personnage central de « Deux guerres pour la liberté ». Syndicaliste à Barcelone, engagé contre l'armée franquiste et après son exil en France, engagé dans la Légion étrangère, Andrès a conquis sa Croix de Guerre à Monte Cassino avant de recevoir la Médaille militaire, il y a deux ans à peine.

Fidèle à ses convictions, il a mené avec sa famille à Toulouse, depuis 1945, un parcours exemplaire, forgé par la conscience politique. Jeudi soir, son témoignage aura une grande force émotionnelle.

H.B.

Jeudi 26 février à 20 h 30, à l'auditorium de la mairie. Après la projection des deux films de René Grando, débat avec le réalisateur, l'historien Progreso Marin et Andrès Jimenes. Librairie sur la guerre d'Espagne. Entrée libre.

La Dépêche du Midi

Légion étrangère: des comportements "inacceptables" estime l'armée de terre

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25 février 2009

L’association pour la défense des droits des militaires (Adefdromil) a publié lundi, sur Rue89, trois photos d’une séance d’activités décrites comme «des brimades subies par les légionnaires en instruction»(Photo: Adefdromil-Rue89)

Interrogé par nos soins, l’état-major de l’armée de terre vient de nous confirmer qu'«une telle activité avait bien eu lieu en aout 2005». Selon le colonel Benoit Royal, chef du Sirpa-terre, «ces faits n’étaient pas connus du commandement», faute de plainte de la part des jeunes légionnaires. Une enquête interne, conduite depuis lundi, a permis de retrouver «deux témoins oculaires» qui ont confirmé les faits. L’affaire concerne la 3ème compagnie du 4ème régiment étranger (4ème RE) de Castelnaudary, l’unité où sont formés tous les légionnaires après leur engagement.

Pour l’armée de terre, s’il ne s’agit pas «directement de brimades intentionnelles ou de sévices», «ce type d’initiative et de comportement sont inacceptables et contraires à la pédagogie par l’exemple». L’état-major envisage sérieusement la possibilité de sanctions : «la détermination précise des responsabilités est actuellement en cours avant que des sanctions ne soient arrêtées».

Jacques Bessy, vice-président de l’Adefdromil, décrit les photos, sur la base d’un témoignage recueilli par son association : «On y voit des légionnaires en slip et rangers rampant sur un sol boueux. On les voit également en slip et rangers, torses nus, le maillot de corps rabattu sur la tête, la face collée contre un mur, accroupis. Une dernière photo les montre dans la même tenue debout contre un murIl est difficile de croire qu’il s’agit d’un exercice réglementaire, d’abord parce que les intéressés ne sont pas en treillis ou tenue militaire et aussi parce que le gradé »d’encadrement«, en tenue dépareillée, se promène une bière à la main et un bâton dans l’autre. »Après de telles nuits, de nombreux jeunes légionnaires souhaitent quitter la Légion«, nous a dit notre informateur.»  [Le site Rue89 ne nous a pas autorisés à reproduire les photos en question.]

«Cette activité est le fruit d’une initiative malheureuse d’un chef de section arrivé depuis peu au 4ème RE» assure l’armée de terre. Ce chef de section serait un lieutenant. Cet officier et son sous-officier adjoint de l’époque ont reconnu avoir «conduit une séance d’instruction traitant des droits et devoirs du prisonnier» de guerre. Cette séance, qui fait partie de la formation des jeunes légionnaires, devait être «exclusivement théorique», sous la forme d’un cours. Toutefois, cette séance a fait «à l’initiative du chef de section, l’objet d’une mise en application pratique, non prévue par les directives d’instruction».


La Légion étrangère accusée de bafouer les droits de l'homme

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23.02.2009

Un rapport de l'Association de défense des droits des militaires (Adefdromil) accuse la Légion étrangère de bafouer les droits de l'homme. Pour appuyer ces accusations, le vice-président de l'association a publié, lundi 23 février, sur le site Rue 89, des photos de brimades subies par des légionnaires en formation.

Créée en 2001, l'Adefdromil regroupe des militaires en retraite, libérés de leur statut de soldat, un statut qui interdit d'adhérer à un groupement professionnel. Leur objectif est de défendre "la liberté d’association et [le] droit d’expression des militaires". Sur Rue 89, les dirigeants précisent qu'ils ne sont "ni antimilitaristes, ni anti-Légion, ni aigris".

En diffusant ces photos, l'Adefdromil réagit à une interview du commandant de la Légion étrangère, le général Louis Pichot de Champfleury, dans laquelle il affirmait que "le rapport [de l'Adefdromil] contient beaucoup d'affirmations approximatives, voire erronées". Il a également précisé que la Légion "n'est pas une zone de non-droit", et qu'elle est régie par les mêmes textes que le reste de l'armée.

DES LÉGIONNAIRES ENGAGÉS SOUS UNE FAUSSE IDENTITÉ

Le premier rapport, publié le 17 février, mettait l'accent sur l'engagement sous une fausse identité, particularité de la Légion étrangère. Les volontaires peuvent s'engager sous un faux nom, leur identité étant vérifiée par l'administration ultérieurement. Le général Pichot de Champfleury précise que cette règle donne le temps de contrôler les casiers judiciaires dans les pays d'origine.

Selon l'Adefdromil, cette pratique servirait principalement à "tenir les légionnaires". Le 18 février, dans une interview au Figaro.fr, le président de l'association déclarait que "la Légion fonctionne sur un système de pression. Les gars sont retenus par la force et la menace". Environ 95 % des légionnaires sont d'origine étrangère, mais ne disposent pas d'un titre de séjour ni d'un permis de travail. Seul leur acte d’engagement permet leur présence sur le territoire français. Selon le général Louis Pichot de Champfleury, 250 légionnaires désertent chaque année.


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