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LES MÉMOIRES D'UN DÉSERTEUR DE LA LÉGION ÉTRANGERE

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Le Petit Parisien. 06/02/1928

 

L'Américain Doty a gardé du corps où il a servi une forte et plutôt favorable impression, nettement opposée à celle que reflètent les récits de son compagnon d'évasion, l'Anglais Harvey

 

Londres, 5 février (d. Pet. Parisien.')

Depuis qu'ils ont été graciés par le gouvernement français, les déserteurs de la légion Harvey et Doty, le premier Anglais, le second Américain, ont été promus au rang des vedettes dans quelques journaux d'Europe et d'outre-Atlantique.

Harvey, qu'un tribunal de Londres vient de condamner à trois mois de prison pour avoir abandonné sa femme et ses enfants, tombés sans ressources à la charge de l'Assistance publique, s'est prêté ici, dans la presse et sur l'écran, à une vilaine campagne de propagande contre la légion.

Son ex-camarade américain, Bennett Doty, me semble d'une autre classe. Il a, lui aussi, certes, failli à sa parole librement donnée, et de cette faute contre l'honneur, son nom demeure marqué. Mais on lui doit de reconnaître, en toute justice, que le récit qu'il a fait de son passage à la légion, et qui s'étend sur vingt articles, témoigne d'un effort d'impartialité qu'on chercherait en vain dans celui d'Harvey.

Ce récit, dont la N. A. N. A. s'est assuré le copyright, est en quelque sorte dominé par le conseil que le colonel Rollet, commandant du 1er régiment étranger, donna à Doty au moment de son départ, le 1er décembre dernier.

Je sais que vous allez écrire au sujet de la légion, me dit-il. Fort bien

Ecrivez. Mais dites la vérité. Nous sommes durs ici, nous le sommes terriblement. Il le faut. Mais nous essayons d'être justes. N'oubliez jamais cela. Appliquez-vous à être impartial. Bon voyage et bonne chance

Les paroles du colonel étaient vraies. La vie A la légion, je l'ai trouvée très dure, mais on s'y montre juste.

Doty a vingt-sept. ans. Il est né au milieu des plantations d'Alabama.

Quand l'Amérique entra en guerre, il s'enrôla dans le premier régiment d'infanterie de l'Etat de Tenessee, lequel devint plus tard le 115e d'artillerie de campagne, 30e division.

C'est en juin qu'il s'engagea dans la légion. Pourquoi ? Il avoue qu'il a surtout cédé à son goût de l’aventure.

Le voici à Bordeaux, où il débarque le l1 juin. L'officier qui dirige le bureau le reçoit courtoisement et lui demande son nom et sa nationalité.

Je répondis que j'étais Américain et que je m’appelais Gilbert Clare. J'avais appris que les Clare, originaires de Normandie, étaient allés s'établir en Irlande au temps de Guillaume le Conquérant et que leur famille avait compté de hardis soldats. C'est probablement ce détail qui, charmant ma fantaisie, me fit adopter ce pseudonyme.

Le lendemain, visite médicale. Acceptation. Doty est légionnaire et quitte Bordeaux pour Port-Vendres, où il s'embarque quelques jours plus tard avec deux autres recrues, deux Espagnols, à bord du Mustapha-II, pour Oran. Au débarquement, un jeune caporal légionnaire, un Russe, qui à une extrême propreté joignait un grand air de commandement, les conduit au petit dépôt de la légion, où ils sont reçus par « un petit sergent français aux moustaches férocement retroussées ».

Mais Oran n'est qu'un lieu de passage. Le quartier général est à Sidi-bel-Abbès. En compagnie d'une soixantaine de recrues. Doty arrive quelques jours plus tard. Installation dans la chambrée des «bleus», façon de faire le lit, confection du paquetage, soins de propreté individuelle, tout cela est conté avec bonne humeur. Mais voici la visite médicale à l'arrivée.

C'est un examen très sévère. Nous ne portions que nos habits de dessous et nous étions un peu nerveux. Si l'un de nous élevait la voix, un caporal nous rappelait à l'ordre et nous menaçait de la botte Nous apprîmes ainsi qu'un « cabo » est un personnage à redouter.

Dès que j'entendis le nom de Gilbert Clare, je me précipitai en avant. Le médecin m'examina de la façon la plus minutieuse. J'étais en proie aux plus vives appréhensions.

Vous êtes Américain

Oui, mon capitaine.

J'ai servi dans un secteur occupé par les Américains, pendant la guerre, et je connais plusieurs officiers de votre jeune et splendide armée. Vous êtes en excellente condition. Efforcez-vous de vous y maintenir. Méfiez vous du pinard.. Bonne chance !

Si dans le « cabo » Doty vit un être redoutable, le sergent lui apparut comme la cheville ouvrière du régiment.

A la légion, écrit-il, les sergents ont une autorité et un prestige qu'ils ne connaissent pas ailleurs. Mais cette puissance, ils la méritent par leurs services.

C'est sur eux que retombe toute la responsabilité de l'instruction et de l'ordre et ils s'en acquittent avec un zèle digne de tous éloges et une grande fierté.

Voici le texte de l'allocution que fit, aux jeunes recrues du groupe Doty, le sergent commis à leur instruction

Votre carrière à la légion commence aujourd'hui. Avant d'être admis au service actif, vous devrez subir une instruction de quatre mois. Peut-être faudra-t-il la prolonger. Cela dépendra de vos progrès. Vous allez connaitre une dure période. Les rudesses de langage des instructeurs vous blesseront il faudra les supporter. Quand vous sentirez le sang vous monter au visage, rappelez vous ceci moi, votre chef instructeur, les caporaux, les sergents, les adjudants, les adjudants chefs, nous avons tous passé par là. Vous aurez votre part de gloire et votre part d'épreuves. De notre devise « Valeur et Discipline », je vous engage à vous bien pénétrer. Rompez !

Après ce discours les nouveaux légionnaires reçurent chacun un uniforme complet, absolument neuf, et furent passés en revue par le colonel Rollet que Dotv appelle le « great old man » de ta légion et dont il trace un portrait empreint d’une profonde admiration.

(A suivre)

Jean Massip


Traduction

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