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Légionnaire toujours...

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1896

Lettre de Madagascar

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 050296

(Suite)

Devant tous les édifices, sur les places, devant les temples ou les églises se tiennent de nombreux groupes de Hovas de distinction, avec des lanibsas riches de toutes nuances, avec des pantalons et des bottines vernies ou autres ; tous sont coiffés de casquettes ou de chapeaux de toutes, sortes exempté de haute forme, c'est visible de voir certains mauricauds ou des gens couleur café au lait, étriqués dans des vêtements européens, marchant avec des grâces d’éléphants en goguette, très peu ont de l'élégance et après les cérémonies, ces gens doivent être heureux de se remettre en pouilleux.

Certaines femmes de notables sans doute, se drapent avec aisance et dignité dans leur vêtement éblouissant de blancheur ou nuancé et marchent non moins bien avec des bottines à talons pompadour.

Voici des congrégations : une nuée d'enfants très propres, surveillés par une institutrice anglaise en grande toilette et musquée à faire tomber un gendarme en pâmoison.

D'autres dames européennes passent rapidement, portées en Filanzane abritées par une ombrelle (ici c'est l'emblème de la grandeur ou de la richesse ; tout Hovas ou habitant qui se respecte, se surmonte d'un parapluie, même pendant le froid) laissant tout l'air empoisonné par des odeurs.

Aujourd'hui dimanche, pas ou presque pas de monde aux marchés ou de magasins ouverts, tous sont à une église d'un culte quelconque, on est religieux ici.

Un indien mercantil, seul, est étouffé par les soldats acheteurs, il parle assez bien le français pour perdre la tête au milieu de cette cohue assaillante, mais il ne peut vendre que ce qu'il a : du vermouth, des galettes, du riz et des sucreries ; tous les jours il répond et répondra aux mille demandes, de commandes de toutes sortes : « Demain, je pourrai vous vendre tout cela ». Avec Taihardah, je prends un vermouth sur le zinc, coût : 0,50 le verre.

De beaux écriteaux en malgache surmontent beaucoup de maisons hermétiquement fermées.

Voici la cathédrale où se célèbre l'office religieux en l'honneur de nos succès, je ne veux pas entrer dans des détails, il suffît de vous dire qu'extérieurement et intérieurement celle église peut rivaliser, comme beauté, comme richesse, comme installation, comme décor, avec beaucoup d'églises de villes de province et que celle de Bel-Abbès ne peut pas être mise en comparaison.

Un capitaine du 200e joue l'orgue et me demande un chanteur pour le Te Déum.; je suis désespéré, je n'en connais pas dans le voisinage, je me serais offert sans mon maudit rhume.

Mais il n'est pas embarrassé pour si peu, tout en tapant sur les touches, il chante d'une belle voix, accompagné par des gamins hovas, tous les passages pendant la messe.

D'ailleurs tout le monde chante d'ans cette église, c'est merveilleux d'entendre ces cantiques superbes chantés par tous les assistants indigènes, hommes et femmes ; avec une précision remarquable, les hovas doivent avoir l'oreille musicale.

Les trois généraux ainsi qu'une centaine d'officiers de tous grades, assistent à la cérémonie qui est vraiment belle et imposante ; un noir en habit est agenouillé à côté de M. le général de Torcy, c'est sans, doute un grand personnage du parti français.

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Mort pour la Patrie

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 050296

C'est avec le plus profond regret que nous avons appris la mort de M. le Capitaine Bérenguer, tué au Tonkin dans une rencontre avec les pirates, près de Bastac.

La mort de cet officier vient encore s'ajouter en martyrologe déjà si rempli des vaillants tombes là-bas pour le Drapeau et pour la Pairie !

Nous adressons à la grande famille militaire dont il faisait partie nos douloureuses condoléances.


L'Illustré algérien (Oran). 02/02/1896

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 010296

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Lettre de Madagascar

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 010296

(Suite)


Le type des hommes est beaucoup plus beau, les cheveux crépus, en général ils sont très robustes.

On en rencontre, qui ont le type juif, d'ailleurs beaucoup en ont la rapacité.

Ce qui frappe, c'est la quantité de volailles de tous genres, il-y en a à foison, aussi les pioupious ne mangent plus que de cela.

Partout, à tous les coins de rues, des proclamations au peuple, celle du général en chef et celle du gouvernement malgache, le tout imprimé en Hovas ou Malgache.

Beaucoup de marchés couverts avec des paillotes.

A mi-côte de la ville, vers l'est (notre côte d'attaque) il y a une formidable barricade formée d'un mur de 4 mètres d'épaisseur avec embrasure pour canons derrière, on' a trouvé une quantité énorme de défenseurs tués ou blessés par nos canons.

Sans artillerie nous aurions pu nous fouiller pour monter à l'assaut. A environ 600 mètres du palais,- commence une large rue pavée avec caniveaux.

Nous voilà arrivés à cette fameuse tour dont parlent les livres, un ancien temple sans doute, sans toiture (quelques vertiges seulement) tout en pierres de ll'Ile supporté par 16 ou 18 colonnes en pierres de 70 ou 80 centimètres de diamètre. L'ensemble, est triste, les pierres rongées par a. marche du temps.

Voilà, à droite le palais du premier ministre, un enchevêtrement de bâtiments en briques ou pierres avec, au milieu, le bâtiment, principal surmonté d'un dôme en verre, on ne peut pas entrer, il y a une nuée de serviteurs qui se bousculent et des premiers secrétaires, des princes, des hautes personnages sont assis sous une véranda, au-dessous du mur d'enceinte, fument et causent sans doute des événements récents et........ de la pluie et du beau temps, par ci, par là, une sentinelle française (infanterie de marine) se promène gravement.

Voilà une grande « huile », un monsieur vêtu à l'européenne, le lambda (vilement jeté ou enroulé autour du corps à la façon d'un burnous) riche, négligemment reposé sur les épaules, coiffé d'une casquette de 4 fr. 45 du bazar, passe dédaigneusement ayant à ses trousses une dizaine de marécageux, tout le monde se découvre sur son passage (les gens ordinaires se découvrent en saluant tous les militaires, principalement les officiers et gradés. IL est probable que ses politesses, cesseront peu à peu), je m'informe : un hovas.me répond en assez bon français que c'est le prince...... un tel. (Il faut éternuer pour dire le nom.)

En face, mais plus bas, un joli petit château style nouveau, habité sans doute par des personnages du sang royal, on aperçoit des stores de toutes nuances et d'une grande richesse.

Dans le bas, dans un grand quarlier de la ville, au milieu de belles habitations, domine une grande et belle bâtisse, comme un bel hôtel du faubourg St-Germain, surmonté du drapeaux français, c'est la résidence

J'aperçois beaucoup de femmes Hovas agenouillées sur un escalier monumental conduisant à une grande-maison je monte, je pénètre ; je suis dans un temple anglican, très bien tenu, très propre, avec de belles peintures parlant du Christ.

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Décorations.

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 010296

 

Nous lisons avec plaisir au Journal Officiel les propositions suivantes :

Pour le grade de Chevalier de la Légion d'Honneur, MM. les chefs de bataillon Oblingre, détaché au Tonkin et Alix -, M. le capitaine Dumoulin ; M. le lieutenant Met, détaché au Tonkin.

Pour la médaille militaire, Clerc, sergent ; Gurbillon, sergent ; Caspan, , sergent ; Priou, sergent ; Meyer, caporal ; Guyoïi, soldat ; Verdenberg, soldat.

Toutes nos sincères félicitations,


Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 290196

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Lettre de Madagascar

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 290196

(Suite)

Ambato-Mare, le 5 Octobre

Hier soir à 2 heures, nous sommes.venus ici, dans un village, situé à 3 kilomètres et demi à l'est de la ville.

Les hommes sont logés dans des chambres assez propres, avec, comme ornements, quelques bancs, voir même, quelques armoires, et des toiles d’araignées.

J'ai une chambre avec une armoire, un lit, une chaise, un banc, et des milliers de puces.

On remarque dans lu village, quelques beaux bâtiments en briques et une église, dans laquelle il y a des beaux prie-Dieu.

Mais en général l'intérieur ne répond pas à l'extérieur.

Il n'y a guère que les habitations des chefs (maires et notables sans doute) qui soient confortables ou bien entretenus à l'intérieur.

Les autres ont des escaliers en mauvais état, lès chambres sans portes (la mienne se ferme à clef) des meubles délabrés On est très étonné de trouver une pareille pauvreté quand l'extérieur promet des merveilles.

Cela prouverait que les Hovas aiment les trompe-l’œil.

Le colonel habite naturellement le plus beau bâtiment ; on y voit des belles peintures à l'eau sur les murailles, et les meubles sont de premier ordre, tous en bois de chêne ciré.

Les ventes de toutes sortes continuent, le lait frais commence à apparaître, ainsi que des étoffes, ce n'est pas trop tôt car je n'ai plus d'effets, les chemises en lambeaux, les pantalons de flanelle sans fond, les.serviettes en lanières ; ah ! si je pouvais avoir la malle que j'ai laissé à Majunga ainsi que celle qui est restée à Andriba.
,
Les « Fiilanzane » marchent grand train maintenant, à chaque instant on aperçoit un groupe blanc courant au petit trot, au milieu mi-bronzé de haute marque, qui se rait véhiculer de la sorte, abritant sous un parasol, sa précieuse personne des rayons solaires.

On peut aller à Tananârive avec une permission, les officiers se font, tous ramener en Filanzane ; demain j'irais également à la capitale à l'occasion du Té Déum qui sera chanté par l’aumônier pour célébrer notre victoire et en revenant j'essayerai ce genre de locomotion.

6 octobre.

Je reviens de la capitale. Mon impression n'est guère favorable aux habitants ou plutôt au gouvernement ; 1° c'est très fatiguant de visiter la vide à cause des montées et des descentes et surtout à cause du mauvais état des chemins, appelés pompeusement des rues ; 2° l'entretien de là ville, de l'ensemble, laisse absolument à désirer,soit que les hovas, depuis le début des hostilités, n'aient rien osé d'entreprendre ou réparer, soit que ce peuple ne songe qu'au présent, à lui, qu'il est très égoïste : toujours est-il que la ville, qui a l'honneur d'abriter une Reine et un 1er Ministre qui règne depuis une trentaine d'années, en Potentat, sur le pays, et dans un délabrement complet.

Voici d'ailleurs, par dégrès, au hasard mes notes qui se sont gravées dans ma tête.-

Les femmes en général laides, lés lèvres lippues ; pas de lignes harmonieuses dans l'ensemble du corps qui est assez grossièrement façonné, elles tressent leurs cheveux d'une façon qui sa rapproche beaucoup de l'Alsacienne.

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 250196

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Lettre de Madagascar

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 250196

(Suite)


Le palais de la reine se dresse orgueilleusement, au sommet de la ville : style château moyen âge avec tourelles, au milieu une statue ou plutôt un buste ailé ; on ne peut pas distinguer ce que c'est réellement, à droite la cathédrale, à côté un dôme de clochetons superbes, à gauche le clocher d'une autre église, par ci par là, de ce fouillis, dans cet enchevêtrement de maisons, émerge une construction plus jolie, plus élégante ; la résidence française, les bâtiments de la légation anglaise etc. etc.

Les hommes sont habillés d'un pagne, sur la tête un chapeau en paille entouré d'un ruban noir.

Les femmes, même vêtement de corps, pas de chapeaux, les cheveux en bandeaux, séparés par une raie au milieu de la tète.

Il y a de très beaux types parmi les hommes, les cheveux.noirs comme de l'ébène ; il y en a qui les portent en brosse.

Les marchands affluent toujours, des lapins, de choux, des oignons, de l'ail, ils commencent à apporter des boissons variées, du vermouth, du Pernod et du vin, de l'huile et du vinaigre.

C'est un pays de cocagne.

4 octobre.

Les négociations commencées hier, ont abouti le même jour à la signature du traité de paix, qui sera définitif lorsque la France l'aura ratifiée ; un peu plus tout était à recommencer

Le 2 courant, le 1er ministre et la reine voulaient fuir ; en cas de réussite, tous les habitants armés de la ville et qui sont rappelés à l'heure qu'il est, ainsi que ceux

Il faudrait être dans la ville pour apprécier les beautés.

Depuis hier, une quantité innombrable de marchands et de marchandes Hovâs viennent vendre tons tes produits du pays et à bon marché.

Un poulet, de 4 à 10 sous, une oie, une dinde de 15 à 20 sous, des ananas à 1 sou.

Il y a des œufs, des poules, canards, oies, dindes, des moulons, des cochons.

Des oranges, des ananas, de la salade, des épinards ; à ce qu'il paraît, on trouve de tout à Tananarive, comme en Europe.

A partir de demain un officier par bataillon ira tous les jours à la capitale pour faire les achats pour la troupe.

Nos blessés sont installés à l'hôpital anglais, il est très beau ; je l'ai visité ce malin, des femmes malgaches y font le service.

Tous les habitants mâles sans exception, s'enveloppent dans un pagne bien blanc, qu'ils drapent, avec aisance autour de leur corps, on dirait un burnous, les jambes nues pas de chaussures, du moins ici à la campagne.

de l'extérieur nous auraient harcelés sans cesse, auraient coupés nos convois et tout à refaire la "prochaine bonne saison (mois de mars 96). Aussi le 1er ministre est sous les verrous et la reine gardée à vue.

Cette après-midi, nous allons cantonner à Ambalomaro, village situé à 2 kilomètres d'ici ; à ce qu'il parait, on est dévoré par les puces dans les maisons des indigènes.

J'entends sonner les cloches dans la ville, ce son évoque bien des souvenirs : je me croirais en Europe ou Algérie.

Le général Metzinger étant nommé Gouverneur Militaire de Tananarive, le drapeau français flotte maintenant sur le palais de la reine.

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