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A MADAGASCAR - EXÉCUTION DE « PARTISANS » A TAMATAVE.

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Le Monde illustré du 19/09/1896

Le 4 août deux indigènes ont été fusillés à Tamatave.

Etaient-ce des criminels? étaient-ce des héros? la question est délicate à résoudre.

Voici les faits. Dès la guerre terminée, les populations malgaches de la côte qui ont à venger une oppression cruelle et sanguinaire, bientôt centenaire. crurent l'heure propice. Les Hovas étaient nos ennemis et si la guerre était officiellement close les Hovas la continuaient, en dirigeant contre nous des bandes fahavalos : « Sus aux Hovas » fut le cri de toutes les populations qui nous croyaient leurs libérateurs : trois chefs prirent la tête du mouvement : l'un était betsimisaraka, le second anjouannais, le troisième mayottais.

Ces trois chefs, des vaillants entre tous, avaient levé en deux jours une bande assez forte et ils s'étaient mis en marche sur Foulepointe. Ils tuèrent quelques Hovas chemin faisant, et arrivèrent devant la forteresse de Foulepointe en portant devant eux un drapeau tricolore: ils vont donner l'assaut d'un fort plus difficile à enlever que celui de Tamatave, qui nécessita cependant un si grand développement de forces; les Hovas prennent peur et s'enfuient : les Betsimisarakas entrent dans le fort, abattent le pavillon
de la Reine, et hissent le drapeau tricolore.

Ils n'en voulurent qu'aux Hovas, ils respectèrent les blancs et les indigènes.

Les Hovas protestèrent près de nous à Tananarive. Les chefs soulevés durent venir s'expliquer à Tamatave : le Betsimisarakafut, en tant qu'indigène, livré aux tribunaux hovas qui naturellement le condamnèrent à mort: il fut fusillé par un peloton d'infanterie de marine.

Quant aux autres ils étaient protégés français et ils eurent les honneurs du conseil de guerre français.

Que pouvait faire en de telles circonstances, un conseil de guerre? il ne pouvait absoudre, n'ayant pas à trancher la question politique : il condamna; mais le colonel Belin fit d'office un recours en grâce.

Huit mois se passèrent : des ordres arrivèrent de Paris : la Résidence générale de Tamatave décida : la date de l'exécution fut fixée. J'ai voulu en suivre toutes les phases.

L'Anjouannais fut extrait de la prison le mardi 4 août vers 4 heures du soir: encadré par vingt-six soldats d'infanterie de marine, il se dirigea vers les dunes, où l'exécution devait avoir lieu. Je marchai plus d'un quart d'heure près de lui pour l'examiner très attentivement. Il avait un air imposant dans sa longue robe blanche comorienne; la marche assurée, la tète haute sans forfanterie, les yeux comme rêveurs; on lui avait épargné les liens: ses jambes et ses bras étaient libres: il marchait à la mort avec une simplicité, un naturel extraordinaire.

Le Mayottais était à l'hôpital, très malade depuis quelques jours: il reçut l'ordre de se lever et de s'habiller : il obéit sans proférer une parole : par une étrange ironie du sort, il venait de gagner un lot à la loterie organisée le 14 juillet par les dames de Tamatave : lui aussi avait voulu fêter la fête de la nation française qu'il aimait. Trop faible pour marcher, il fut mené au poteau dans une charrette à bœufs.

Je suivais le cortège. Ignorants du lieu précis de l'exécution, nous nous égarons dans les dunes : le cortège s'arrête. Un gendarme à cheval qui nous a vus prendre une fausse direction vient à notre rencontre et nous remet dans la bonne voie. L'Anjouannais toujours calme, d'une impassibilité simple et naturelle reprend sa marche.

Enfin nous voici arrivés: toutes les troupes de la garnison sont sous les armes: le colonel Lecamus est là.

Le Mayottais est descendu de voiture : il se dirige d'un pas assuré vers le poteau: l'Anjouannais est attaché à un second poteau: on les a fait agenouiller. Un crépitement sourd retentit: ils sont morts la tête broyée.

Les troupes défilent sous la pluie qui tombe en déluge. On enlève les corps sur des brancards : je m'approche des poteaux.

Horreur: voici un morceau de cervelle large comme la main. Voici un quartier de crâne;voici un œil avec son orbite, gisant à terre.

Les indigènes de la côte savent maintenant qu'ils ne doivent pas tuer les Hovas, mais ils savent aussi que les Fahavalos hovas nous tuent impunément.

Henri Mager


Traduction

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