Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 101295
A la suite d'une bagarre dans laquelle des légionnaires demeurés inconnus ont frappé un homme et deux femmes, M. le Colonel du 1er Étranger à adressé aux troupes sous son commandement l'ordre du régiment suivant, digne en tous points de la haute intelligence et du grand cœur du soldat duquel il émane.
L'arme, que tout soldat a l'honneur de porter au côté, est, à la fois, un emblème de force et de confiance : force mise au service de la Patrie, confiance accordée par elle.
C'est donc, chez un militaire, une faute d'une gravité exceptionnelle de trahir cette confiance, d'abuser de celle force ; c'est, de plus une lâcheté lorsque, armé, il s'attaque à ce qui ne l'est pas.
Deux faits de celle nature, dont les auteurs n'ont pas été reconnus, mais qui mettent en cause le Régiment, viennent d'être révélés au Colonel : l'un, est l'agression sauvage d'un Spahis, qui est grièvement blessé ; l'autre n'a heureusement pas eu les mêmes tristes conséquences, mais s'est produit contre deux femmes, ce qui le rend particulièrement odieux.
Ces faits, qui ne peuvent être attribués qu'à l'ivresse furieuse, déconsidèrent le Régiment. Le colonel n'entend pas-que de pareils actes de sauvagerie, si rares soient-ils, viennent porter atteinte à sa réputation. En celte occasion, il fait appel à l'esprit de corps, si vibrant parmi les. légionnaires, pour que ceux-ci, quelques risques qu'ils puissent couvrir, désarment immédiatement tout camarade mettant sabre au clair et ne l'abandonnent jamais avant de l'avoir fait rentrer au quartier, dés que l'ivresse a commencé à le rendre dangereux.
C'est une question d'honneur pour tous, et le chef de corps qui s'adresse à l'honneur des siens a toujours pleine certitude d'être compris.
Le Colonel, DE VILLEBOIS-MÂREUIL