Le Monde illustré du 15/10/1892
Nous poursuivons aujourd'hui, grâce aux envois de notre correspondant spécial, M. Abel Tinayre, l’intéressante série que nous avons entreprise sur la campagne du Dahomey.
L'un de nos dessins représente une pirogue naviguant sur l’Ouémé, tandis qu'une page est consacrée au combat de Godomé-Zobbo, qui a eu lieu à la date du 9 août.
L'avant-garde de la colonne Stephani partie de Kotonou après avoir brûlé le village dahoméen de Kotonou, a été attaqué sur la route de Godomé, au moment où elle allait s'engager dans la direction de Zobbo qu'elle avait mission d'incendier. Les Dahoméens, cachés dans des trous, étaient armés de winchesters.
Ils ont laissé passer la colonne, puis aussitôt après, l'ont attaquée sur toute sa longueur. Il y a lieu de signaler la belle conduite de l'avant et de l'arrière garde, en cette affaire ( lieutenants Passaga et Caillot ).
Nous avons eu deux sergents tués, et une quinzaine de blessés, tant indigènes qu'Européens.
Au cours des derniers engagements, on a remarqué, non sans émotion, qu'un très grand nombre d'officiers avaient été tués. Cela provient, d'une part, de l'habitude des indigènes qui visent les officiers et sous-officiers français. En outre, ainsi que le représente notre gravure, les Dahoméens se cachent dans des trous qu'ils ont creusés dans la brousse, et à l'abri de ces refuges, ils visent à loisir les officiers de la colonne, lorsqu'ils passent à portée de l'embuscade.