Le Monde illustré du 22/10/1892
D'après les derniers envois de notre correspondant M. Abel Tinayre, nous poursuivons l'historique de cette campagne qui sollicite au plus haut point l'intérêt de tous. Une de nos gravures représente un interrogatoire à Dangbo. Le commandant Stephani ( commandant le 2e groupe) préside, assisté du docteur Thomas, médecin du 2e groupe. Le prisonnier est accroupi et chargé de chaînes. A ses côtés, se tient debout un interprète indigène, et comme cadre à la scène, nous voyons le bivouac de Dangbo, où sous les tentes, les soldats se livrent au repos, tandis que des sentinelles montent la garde.
Une autre de nos illustrations est consacrée au combat de Takou, où ont été blessés les commandants Rioux et Lasserre. On se souvient qu'après avoir bombardé Takou, le colonel Dodds, qui depuis longtemps entretenait des relations suivies avec le Dahomey, y envoya immédiatement le 1er groupe (commandant Rioux).
Des guerriers auxiliaires, les Ibadans, pénétrèrent les premiers dans le village incendié. Le combat commença aussitôt. Les Ibadans eurent un tué et plusieurs blessés. I.e commandant Rioux installa sans tarder son groupe au milieu du village. C'est alors qu'eut lieu la seconde attaque. Le commandant fut blessé au bras, et le commandant Lasserre (chef du 3e groupe), arrivé au bruit de la fusillade, fut atteint à la jambe gauche. Il y eut encore plusieurs blessés, dont un mourut, quelques heures après.
Dans la nuit, trois alertes; se produisirent.
Le lendemain, le colonel, revenant de âakité avec le 2e groupe, fut attaqué à son entrée au camp. M. Bellamy reçut une balle dans l'épaule.
Deux sergents, dont un est le frère du peintre Clairin, furent blessés très grièvement. Les pertes de l'ennemi ont été insignifiantes.
La sinistre silhouette du supplicié qui figure parmi les dessins de notre envoyé spécial est celle d'un voleur que le roi Toffa fit empaler au début de la campagne, sur la route de Porto-Novo à Adjana. Ce voleur opérait d'une manière assez bizarre. Il jetait la panique dans les villages, en criant: « Voici les Dahoméens !. Les Dahoméens arrivent! » Chacun s'empressait de fuir, et pendant ce temps, le rusé larron, assisté de quelques confrères, dévalisait prestement les habitations.
Pour compléter cette intéressante série d'illustrations, nous montrons en outre à nos lecteurs le parc des approvisionnements de Késonnou, sur l'Ouémé, et les campements provisoires installés sur les bords de ce fleuve par les habitants des villages Décaméens, incendiés et pillés parles Dahoméens.