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Les fortifications de la Baie de Diego Suarez (1/5) - XIXème siècle : Madagascar dans le « Grand Jeu »

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Mercredi, 05 Septembre 2012

 

Encore mal connue des Européens, Madagascar au XIXe s'ouvre peu à peu au reste du monde. Mais le développement rapide des échanges commerciaux mondiaux va lui donner une importance dans le « Grand Jeu » de géostratégie auquel s'adonnent les nations commerçantes qui va lui valoir bientôt de perdre son indépendance.

Le XIXe siècle en Europe est celui de la Révolution Industrielle. En quelque décennies, l'utilisation de la vapeur dans l'industrie, l'agriculture et les transports va radicalement changer la nature des échanges commerciaux et décupler leur volume, donnant une importance toute nouvelle aux anciens comptoirs de commerces qui vont devenir un enjeu crucial pour les nations commerçantes.

La colonisation européenne

La colonisation européenne est une manifestation des rivalités entre les grandes puissances. Les États colonisateurs se sont d'abord concurrencés et combattus (corsaires français et britanniques contre les Espagnols aux Antilles, les Néerlandais contre les Portugais aux Indes et en Indonésie, les Français contre Britanniques aux Indes et au Canada).
Les missionnaires ont joué un rôle important dans l'expansion coloniale : un prêtre était présent dans la première expédition de Christophe Colomb, et les Jésuites ont acquis une grande influence aux Indes, en Chine et au Japon. Les missionnaires protestants (britanniques, norvégiens ou américains) ont joué un rôle important à Madagascar, en Chine ou à Hawaii. Ces actions participent d'initiatives privées et d'une volonté de répandre la parole du Christ, mais l'État, à travers son armée, est souvent présent pour les protéger (en Cochinchine et en Afrique noire notamment). Les explorateurs, comme le Britannique Mungo Park en Afrique occidentale, ou David Livingstone en Afrique centrale, jouèrent un rôle d'avant-garde dans l'expansion coloniale.

La colonisation française n'a pas fait oublier la perte de l'Alsace-Lorraine en 1871, mais elle a pu compenser ou tenter de compenser la défaite française. De même, l'Angleterre fait de son empire économique la base de sa puissance politique ; le contrôle d'un territoire allant de l'Égypte à l'Afrique du Sud en passant par le Soudan visait à sécuriser la route des Indes qui passait par Le Cap. L'Allemagne, dont l'unité date de 1871, cherche à s'affirmer comme grande puissance mondiale.
La colonisation conduit d'ailleurs à des crises annonciatrices de la Première Guerre mondiale (Fachoda entre la France et la Grande-Bretagne, les deux crises marocaines d'Agadir et de Tanger entre la France et l'Allemagne).
Suite à ces conflits, ils choisissent de s'entendre :
- Pour le partage des territoires à coloniser (conférences de Bruxelles et de Berlin (organisée par le chancelier Bismarck) au XIXe siècle). La conférence de Berlin regroupe plus de 14 nations et a pour but de définir les règles de la colonisation : pour qu'il y ait colonie, il faut l'occupation effective du territoire (c'est en d'autres termes légitimer le partage de l'Afrique).
- Pour l'administration en commun de certaines colonies (condominiums britanno-égyptien du Soudan et britanno-français des Nouvelles-Hébrides).

La conférence de Berlin
(15 novembre 1884 - 26 février 1885)
Dessin montrant les participants à la conférence de Berlin en 1885

La conférence de Berlin marqua l'organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l'Afrique. Cette conférence commença le 15 novembre 1884 à Berlin et finit le 26 février 1885. À l'initiative du Portugal et organisée par Bismarck, l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l'empire ottoman, l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège ainsi que les États-Unis y participèrent. Une conférence antérieure fit débuter le débat sur la conquête des Congos et amorça ainsi le début des luttes coloniales. La conférence de Berlin aboutit donc à édicter les règles officielles de colonisation. L'impact direct sur les colonies fut une vague européenne de signature de traités.
Pendant de longues années, l'intérieur du continent africain, souvent difficile d'accès, n'a pas intéressé les puissances européennes qui se contentaient d'y établir des escales ou des comptoirs de commerce. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'appétit des blancs est stimulé par la découverte de richesses insoupçonnées, à l'image des mines de diamants du Transvaal découvertes en 1867. Durant les années 1880, les visées colonisatrices européennes en Afrique s'intensifient jusqu'à créer des tensions entre les différentes puissances.
Bismarck se pose en médiateur de la crise, profitant de l'occasion pour affirmer un peu plus le rôle central de l'Allemagne dans le concert des nations. Quatorze puissances participent aux débats : Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Empire ottoman, Espagne,États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Russie, Suède. Les peuples et les rois africains sont tenus à l'écart de toutes les discussions. La conférence présente un ordre du jour plus important que la simple question congolaise. On y parle principalement de la liberté de navigation et de commerce ainsi que des modalités d'installation sur les côtes.
Deux conceptions s'opposent. D'un côté, Bismarck entend garantir la liberté de navigation et de commerce dans toute la zone. De l'autre, le Portugal, soutenu par le président du conseil français Jules Ferry, conçoit les colonies comme un monopole commercial détenu par la métropole. Au final, la conférence établit une liberté de commerce étendue dans les bassins du Congo et du Niger, mis à part dans le domaine du transport d'armes.

L'« Acte » de Berlin

Le 23 février 1885, les membres de la conférence s'entendent sur un « acte » qui établit les points suivants :
- Toute puissance européenne installée sur la côte peut étendre sa domination vers l'intérieur jusqu'à rencontrer une « sphère d'influence » voisine. Mais le traité exclut le principe de l'hinterland qui permet l'annexion automatique de l'arrière-pays par un État maîtrisant son littoral.
- Il ne peut y avoir annexion que par l'occupation effective du terrain et les traités conclus avec les populations indigènes doivent être notifiés aux autres nations colonisatrices.
- Liberté de navigation sur les fleuves Niger et Congo et liberté de commerce dans le bassin du Congo.
- Interdiction de l'esclavage.
- La Conférence a, enfin, pris acte de l'existence de l'État indépendant du Congo en tant que puissance souveraine, territoire appartenant en propre au roi Léopold II de Belgique (et qui deviendra une colonie belge en 1908). La France obtient la reconnaissance de son autorité sur la rive droite du Congo et de l'Oubangui.
La Conférence de Berlin rappelle l'interdiction de la traite et invite les signataires à contribuer à son extinction.
La notion de « sphère d'influence » apparaît pour la première fois dans un traité international à cette occasion.
Découpages bilatéraux
Des négociations particulière se déroulent en parralelle, elles aboutissent à des accords billatéraux. Entre la France et le Royaume-Uni, une ligne courant depuis Say au Niger jusqu'à Baroua, sur la côte nord-est du lac Tchad, détermine la zone dévolue à chacun des deux pays. La France se voit doter du territoire situé au nord de cette ligne et le Royaume-Uni la zone au sud de la limite. Le bassin du Nil reste la propriété des Britanniques. De plus, entre le onzième et le quinzième degré de longitude, la frontière passera entre le royaume du Ouaddaï, qui sera français, et le Darfour au Soudan, qui sera britannique. En réalité, une zone tampon de 200 kilomètres est mise en place entre le vingt-et-unième et le vingt-troisième parallèle. Le contentieux sera levé en 1898 à l'issue de la crise de Fachoda.

L'« Acte » de Berlin attribue à la France l'île de Madagascar, qui devient sa seule position stratégique face aux Anglais dans l'océan Indien. La France signe alors un traité avec le Royaume de Madagascar qui repose sur l'ambiguïté de la langue malgache et qui ne donne théoriquement aucun droit à la République française sur le Royaume de Madagascar. Ce traité permet à la France de commencer à faire des installation dans la Baie de Diego Suarez, qui prendrait toute son importance en cas de fermeture du Canal de Suez par lequel transite une grande part du trafic mondial.
Mais, au fil des incidents diplomatiques qui entraîneront les guerres de 1885 et 1895 à Diego Suarez, la France mène une politique de plus en plus agressive, puis entreprend la conquête de l'île qui est achevée en 1896.

Traduction

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