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Légionnaire toujours...

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Mot du rédac'chef KB


Mot du rédac'chef KB N° 736

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La vocation de notre revue Képi blanc est de retracer la vie de la Légion étrangère. Elle reflète la Légion d'aujourd'hui, aussi bien à travers le quotidien des régiments, l'entraînement et les engagements opérationnels que les activités de nos anciens et le rappel de la mémoire de notre histoire commune. Le premier rédacteur en chef, le capitaine Yves Gheysens définissait cette vocation comme étant "la lettre de famille" qu'attendent nos lecteurs, permettant à chacun, jeunes et anciens de rester en contact, afin d'entretenir ce lien, cette cohésion et cette force qui caractérisent l'esprit légionnaire.

C'est dans cette même dynamique que se poursuivra le travail de toute l'équipe de Képi blanc : assurer la continuité d'un magazine qui, mature tant sur le plan technique que rédactionnel, est devenu l'un des vecteurs de communication indispensable et reconnu qui assure le rayonnement sans pareil de notre communauté. Il représente également un outil de solidarité et de cohésion incontournable soutenant les actions du Foyer d'Entraide de la Légion étrangère (FELE) et plus particulièrement l'Institution des Invalides de la Légion étrangère (IILE) de Puyloubier.

KB est un magazine qui dépasse les frontières, puisque près de 15 % de nos abonnés résident à l'étranger. Abonnés sans qui nous n'existerions pas, d'où notre quête permanente de nouveaux lecteurs soutenant notre action.

Je remercie tout particulièrement mon prédécesseur, le chef de bataillon Bertrand Morel pour l'aide précieuse qu'il m'a apporté afin de prendre le relais dans les meilleures conditions. Nous continuerons à œuvrer avec cœur à l'amélioration de Képi blanc, "magnifique" magazine.

Cette rentrée inaugure des changements intervenus à l'été avec l'arrivée du nouveau "Père Légion", le général Christophe de Saint Chamas qui prend le relais du général de division Alain Bouquin. L'actualité des prises de commandement voit l'arrivée, après celles que nous avions relatées dans notre précédente livraison, de nouveaux chefs de corps au 4e RE, au 2e REG et au 3e REI, sans oublier les passations de commandement au sein des unités élémentaires.

Le major Ivan Roso succède au major Sergio Romagnoli dans la fonction de président des sous-officiers  de la Légion étrangère. Notre dossier du mois est d'ailleurs consacré aux sous-officiers de Légion, occasion pour nous de développer leur cursus de carrière en leur donnant la parole, eux qui demeurent le ciment de la Légion, d'hier et d'aujourd'hui.

L'actualité opérationnelle, plus présente que jamais, nous rappelle l'exigence de nos missions, plus particulièrement celle menée en Afghanistan. Nous rendons ici hommage à nos deux frères d'armes du 2e REP, le caporal-chef Kisan Bahadur Thapa et le caporal Gerhardus Jansen, morts au combat en Afghanistan le 7 août dernier. Nous pensons également à leurs camarades blessés ce jour-là. Ces décès portent à 7 le nombre des nôtres tombés dans ce pays que ses anciens voisins nommaient Yâghestân, le Royaume de l'Insolence, après ceux du sergent Rodolphe Penon, du caporal-chef Ihor Chechulin, du caporal Robert Hutnik, du sergent-chef Konrad Rygiel et du chef de bataillon Benoît Dupin. Leur professionnalisme, leur abnégation et leur courage sont des exemples pour nous. Ils ont fait le choix de servir la France, en s'engageant dans la Légion étrangère, pour défendre ses idéaux et ses valeurs, en acceptant la possibilité de donner leur vie et de rentrer dans la grande famille de ces "étrangers devenus Français, non par le sang reçu, mais par le sang versé".

Bonne lecture à tous...


Mot du rédac'chef KB N° 735

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Le Dépôt commun, appellation historique qui sied parfaitement aujourd’hui aux régiments du socle de la Légion étrangère, a battu le pavé des Champs-Élysées, privilège légitime mais peu courant pour ces trois unités d’appui au commandement de l’Institution. Pour autant, le badaud du 14 juillet et le spectateur devant son poste de télévision, eux, ne voient passer que des légionnaires, sans idée d’étiquette qualificative, sans rang labellisé dans l’organigramme des forces.

Ils guettent la dernière unité des troupes à pied parce que ces hommes-là sont différents même si les mouvements stricts et cadencés d’ordre serré sont identiques, parce qu’il s’en dégage autre chose. Et, inspirés, par la Fête nationale, les hommes du détachement leur évoquent un souffle curieux de liberté, une rare égalité, une belle fraternité.

Libres, ils le sont par le choix de finalement tout reprendre à zéro, en replaçant le curseur de leur destin au point initial, animé du sentiment de réécrire le scénario de leur vie d’homme “de ferme vouloir” sur une page blanche. Cette liberté est une grande force et n’appartient qu’à eux. Libres, aussi, de reformuler leur promesse de servir avec honneur et fi délité ; de se remettre en cause. Libres enfi n de disparaître comme ils sont venus ou de revenir, dix, vingt, quarante ans plus tard, frapper à la porte, épeler son matricule et demander un coup de main. Libres, comme personne…

Égaux, ils n’osaient pas y croire, tant les premiers jours vécus pendant la candidature leur semblaient être une étrange propulsion dans la Tour de Babel. Égaux, ils l’ont admis ou plutôt appris à l’être en ferme, quelque part dans le Lauragais, avec un binôme africain, un caporal chinois et un sergent péruvien. L’amalgame, l’adhésion aux références communes, la position “à armes égales” que confère l’état de képi blanc, loin de faire taire définitivement leurs différences, autorise l’affirmation de leur personnalité, au sein du groupe. Égaux, ils ne l’avaient jamais ressenti peut être, et là encore, comme personne…

Fraternels, Rudoyés, oubliés, peu considérés ou déçus par leur expérience passée, c’est dans une famille de fait mais choisie qu’ils plantent le décor pour repartir à la recherche de leur équilibre et de laisser leur nouvelle vie “en communauté” les révéler à eux-mêmes. L’apprentissage de la main tendue, celui de la solidarité active, de la nécessité d’être soudé, proche au combat mais également tous les jours savoir compter sur l’autre, le binôme, le chef, s’établit et se renforce dans l’action fraternelle.

Celle pour laquelle on garde sa place, celle pour laquelle on fait face. La fraternité sûre qui ne doute de rien. Des hommes qui sont frères, tant qu’il y aura des képis blancs, frères comme personne…

Bonne lecture à tous...

Mot du rédac'chef KB N° 734

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Mot du rédac'chef KB N° 733

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L'esprit du clan

Cadre idéal pour laisser s'exprimer une facette de la fraternité naturelle des soldats, le 53e pèlerinage militaire international de Lourdes (une affluence de douze mille militaires et plus de trente nationalités différentes), en a encore été une illustration exemplaire, à l'occasion du déplacement du caporal-chef Émeneya.

Pilier majeur de nos traditions, la fraternité repose sur l'effort d'instinct, sans calcul. Un effort de fait, rustique souvent, "bohème" parfois. Sa première application soude les hommes et établit ce qui prévaudra dans leur vie communautaire, durablement. L'expression de compagnonnage d'amitié touche ceux dont on ne soupçonne ni la capacité à le produire ni celle à le recevoir. Le légionnaire est un soldat et un être d'apparence trop simple, pour qu'on prenne garde la plupart du temps de ménager le cœur que cache son enveloppe, généralement dépeinte comme fruste. Pourtant, il donne invariablement de lui, de plein cœur. Hors toute préméditation, pour ne pas être pris en flagrant délit d'avarice, tant il se montre généreux de ces petites attentions dont il a le secret et qui le caractérisent, dans ses rapports humains. Il veut aussi être compris, entouré, sensible qu'il est aux gestes qui procèdent de la reconnaissance.

Dans ce même élan, six cadres et légionnaires du 1er REG ont entouré de leur présence fraternelle le caporal-chef Kevin Émeneya, grièvement blessé à la tête l'été dernier en Afghanistan. Rapatrié en urgence, ses chances de survie étaient chiches, celles de s'en remettre tout autant. Kevin aujourd'hui, cloué à son fauteuil, à force de volonté, d'espoir et de maintien familial voit, suit les conversations en y répondant, dodeline du chef, et régulièrement tape sur l'ordinateur offert par le Foyer d'entraide. Il vit, vraiment.

Et le lien avec ses camarades ne s'est jamais rompu. À Lourdes, il s'est même retendu davantage.

Pas forcément tous enclins à s'y rendre d'eux-mêmes, les six du REG ne se sont pas posé de question : si le déplacement spirituel était fort pour Kevin, c'est bien là-bas qu'il fallait être avec lui. On ne grandit qu'avec ce que l'on partage, en refusant d'abdiquer et laisser le malade à sa tristesse solitaire... Choyé et escorté comme personne, le blessé a participé à toutes les célébrations, sa cohorte veillant sur lui, se frayant un passage en un docile équipage jusqu'à la grotte où leur camarade a formulé son voeu. Chacun y a puisé la force dont il avait besoin : pour l'escorte celle d'admettre de voir leur frère d'armes tel qu'il est et d'apprendre à percevoir ses progrès ; pour le blessé, tirer de ses prières et ses efforts la volonté d'aller au bout de sa détermination, pour un jour remarcher. L'énergie des uns et de l'autre, la foi de l'un et l'amitié des autres se multipliant mutuellement pour renforcer ce qui les unit, Kevin ne sera donc jamais seul dans son combat contre la fatalité d'une blessure.

Ayant la générosité de cœur comme réflexe instinctif, le groupe qui s'est mis en marche dans le sillage du fauteuil du sapeur blessé n'a produit aucun effort particulier, il a simplement agit avec l'esprit d'un clan où on ne laisse personne derrière.

Bonne lecture à tous,


Mot du rédac'chef KB N° 732

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Les éprouvés

Une soixantaine d'hommes regroupés dans une hacienda, face à l'adversaire...

Qu'ont-ils de commun, au juste, les légionnaires de cette compagnie de marche ?

L'âge, d'abord. Ils sont jeunes, la plupart a juste trente ans, seuls Fritz, Constantin et Billod dépassent les quarante. Leurs origines sont diverses, leurs réussites chaotiques, le passé de chacun est de la même veine : déception, ennui dans un autre service des armes (pour le caporal Maine), incompréhension ou rejet (à l'exemple du caporal Berg), échec ou pauvreté. Ce sont tous des réprouvés, selon le terme qui prévaut pour des soldats qu'une opinion ne considère que peu, guerriers professionnels mais contractuels, aux limites du mercenariat pour les uns, aux mauvaises conditions de traitement pour les autres. Des gens particuliers, à qui le vocable de réprouvés conclut l'appréciation. Vraisemblablement, à l'exception du désir d'en découdre pour échapper au camp où sévit le vomito, ils n'ont à première vue que peu de points qui les rassemblent.

Pris au piège dans le corral mexicain, cette soixantaine d'hommes qui se débattent comme des diables a pourtant un élément en partage : l'épreuve.

Après les épreuves de vie qui ont blessé aussi souvent leur peau que leur âme, survient celle de la dernière révolte quasi animale pour survivre, celle instinctive du soldat qui s'apprête à tuer une ultime fois pour mieux mourir.

Dans cette infortune finale, acculés et rassemblés en meute, ils sont individuellement gagnés par ce que le naufragé dit-on, perçoit : un grand silence, un "vacarme assourdissant" qu'ils espèrent, avant qu'un réflexe suprême les tende comme des cordes jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus retenir la vie.

L'épreuve ce jour-là s'habille aussi d'une noblesse qui ne leur a jamais été prêtée, celle d'une décision collective, rejetant l'envie sourde de s'en sortir seul, quoiqu'il en coûte aux autres. Elle les resserre, les unit dans l'honneur d'être fidèle, sentiment plus rude que ceux dont certains se targuent d'être les dépositaires exclusifs...

L'épreuve de se sentir pour une fois grand, quand on a été longtemps un réprouvé.

Plutôt les hommes de Camerone ont été doublement des éprouvés ; la première fois en forçant leur destin à la Légion, la dernière en acceptant de lui sacrifier leur vie, pour lui redonner tout son sens.

Bon Camerone, bonne lecture à tous,


Mot du rédac'chef KB N° 731

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Répétez tout après...

L'ancien repose le magazine et se gratte la tête, perplexe. Trente ans de boutique, une vingtaine d'opérations et de séjours derrière lui, une "brochette" de décorations à faire pâlir un maréchal soviétique alourdit son blazer..., il pensait avoir tout vu, tout entendu. Mais là : ça ne passe pas.

Retour des lunettes sur le bout du nez. Il attaque de nouveau la lecture du paragraphe qui provoque son étonnement. Vraiment, on lui aura tout fait, dans cette sacrée Légion !

"A peine sorti des bastion walls de la FOB, le VAB TOP du SUB de Jaune 2 a subi un TIC à 211035Z en plein sur la MSR, à la hauteur des compounds entre COP 67 et le TOC de la TF. ASAP, il a fait un CR au GTIA avec son PR4G et a envoyé un PT SITU par SIR, restituant le drill des procédures apprises au CENTAC pendant la MCP ! Plus tard, atteignant Revellata pour la shura du malek, le VBL de tête a évité de justesse un IED posé sur un hot spot, grâce au DetFos et à la team EOD qui venaient d'intervenir en QRF par DIGH, appuyés par un HAP et couverts par le 10 RC de P1. Au retour, comme son GPS était HS, c'est le JTAC qui s'est occupé du CAS avec le DETALAT. Par chance, il n'y a pas eu d'EVASAN à l'issue du contact."

Répétez tout après... Pfff, j'ai pas fait mon instruction avec Champollion ! Soupire l'ancien en tournant la page. Il n'a pas tort, notre cher ancien... et les lexiques de bas de page seront bientôt plus longs que les articles eux-mêmes ! KB aurait-il définitivement cédé lâchement au diktat de "l'acronymat", au point d'en devenir pénible à la lecture ?

A mieux y regarder, plus personne n'ose le ridicule de dire qu'il emprunte le train à grande vitesse quand tout le monde voyage en TGV ; les grands-parents se sont aussi mis à la page et lorsqu'ils qui vont chercher leurs petits-enfants à l'école, ils savent désormais qu'IDD signifie "itinéraire de découverte" ; enfin, même les "généraux les plus calés" s'inquiètent de savoir si leur ancien fi dèle subordonné va toucher l'ONM. Nous nous sommes fait, bon gré mal gré, au quatre millions d'abréviations et autre sigles en vigueur, aussi vite qu'internet et sa « novlangue » ont envahi notre quotidien.

Le milieu militaire et son riche vocabulaire regorge de trigrammes et acronymes, n'échappant pas à la règle, chaque nouvelle mission alimentant un patrimoine fourni. Ça ne date pas d'hier, nos anciens y étaient déjà habitués avec une kyrielle de termes (CBC, EVDG, etc.) bien établis dans le langage courant et présents dans les manuels. Si aujourd'hui leur nombre croissant et l'accélération brutale de leur emploi a modifié notre conversation, il a en revanche complètement marqué nos écrits d'un "style compte rendu radio" regorgeant de sigles, français ou "Otanien", langue véhiculaire internationale militaire, qui ne concèdent que peu de compréhension au profane, aux non-initiés. L'instantanéité, la primeur de l'immédiat supposés être mieux servis par pléthore de références technico-tactiques, il faut bien en convenir, favorisent notre flemme, entretiennent nos faiblesses. CQFD !

Pour autant, la rédaction est bien consciente de l'effort à consentir, sans pour cela préjuger de ses forces... Alors, chaque grande fête autorisant de formuler des voeux particuliers pour l'occasion, prenons à partir de Camerone la résolution de veiller à ne pas transformer les colonnes en mosaïque d'abréviations, pour le plus grand plaisir de nos anciens !

BLAT..., oups ! ..., pardon : Bonne lecture à tous


Mot du rédac'chef KB N° 730

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Beau geste

Les gestes de civisme, les actes de courage et de dévouement qui ressortent de militaires alimentent régulièrement les brèves. Ils sont faits avec discrétion, modestie et leurs auteurs n'apprécient pas toujours qu'on étale leurs talents. Pourtant, une fois n'est pas coutume et nous n'allons pas bouder notre plaisir.

Le geste, le beau geste de Laurent Viateur, ancien caporal-chef aujourd'hui agent de sécurité, nous en donne l'occasion aujourd'hui.

"Prenez garde, vous faites un métier difficile et dangereux, et il ne vous permettra pas d'être médiocre". Lourde de sens, si cette phrase est applicable à de nombreuses professions où l'on recherche la perfection elle cadre parfaitement bien avec l'éducation légionnaire qui suppose un évident don de soi. Le tout, bien sûr, étant de savoir ce qu'il impose et ce qu'il convient de donner...

Viateur, comme beaucoup de ses pairs a traduit son don, sous l'uniforme, en déployant parfois avec bonheur et toujours avec énergie, un certain nombre d'activités. Dans l'action, dans l'expression du service, ce don se révélait pour lui complet. A force d'apprentissage et d'expérience, il s'est rendu compte qu'il faut être disposé à donner de soi-même le meilleur, qui est bien souvent le trésor que l'on ignore. Ce trésor, étrangement d'ailleurs, augmente naturellement à la seule condition d'être donné : c'est la générosité.

Dans cette générosité, il n'apparaît aucun calcul parce que le don de soi, tel qu'il l'a pratiqué rayonne toujours sur sa nouvelle vie et a rendu ce jour-là son action véritablement efficace pour cette petite fille en détresse. Le réflexe de Viateur découle de son éducation et de l'exigence toujours présente chez lui d'un grand souci de perfection : sa parfaite réaction, la maîtrise de ses gestes, la précision de son initiative, immédiates, l'ont prouvé.

Un geste d'une telle générosité méritait bien un coup de képi.

Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 729

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Avec noblesse

La comtesse du Luart a quitté ses filleuls il y a maintenant un quart de siècle.

Pourtant, son souvenir demeure au Royal étranger comme subsiste, dans les grandes familles, celui du parent dont la légende perdure, de génération en génération. Le lointain aïeul atypique, original, mystérieux qu’on évoque, même si on ne l’a jamais vu, dont on entretient l’histoire en conservant chaque détail, attachés que nous sommes à ce qui touche à l’intime de notre famille.

L’attachement du régiment à sa marraine aujourd’hui relève de l’héritage en partage, toujours vivant grâce aux anecdotes de ceux qui l’ont connue et qu’incarnent encore, encadrées finement d’une Marie-louise, quelques clichés aux couleurs pâlies. Ceux qui assurent le passage de relais, la poursuite de la transmission du souvenir de "la grande dame de Marmora" le font en hommage fidèle à la femme qui accepta d’être leur Marraine, au sens littéral du terme. Ce faisant, cela signifiait pour elle se donner... encore un peu plus. Prendre la décision de devenir marraine était un engagement véritable, acceptant la responsabilité d’être présente auprès de tous ceux qui auraient besoin d’elle.

En 2011, honorer la mémoire de la comtesse du Luart, c’est affirmer, outre la reconnaissance de sa générosité et son courage, qu’elle partageait avec "ses" filleuls la même communauté d’esprit, de valeurs. Des valeurs aux termes foncièrement légionnaires, cousus sur les drapeaux et l’étendard du REC.

L’honneur :
Femme d’une lignée de noblesse de sang, princesse circassienne, elle s’est montrée à la hauteur de son rang, comme le légionnaire sait se montrer à la hauteur de son choix d’homme libre, en servant une patrie qui n’est pas la sienne. À l’instar du volontaire étranger, Leïla Hagondokoff a dépassé en actes les exigences du strict devoir, s’investissant comme il est rare auprès des blessés de guerre, de ceux dont la condition étaient la plus misérable. Sa détermination, assortie d’un courage physique exempt de crainte, lui ont insufflé l’énergie pour monter, diriger et garantir l’efficacité de son antenne chirurgicale, engagée au plus près des combats de la Seconde guerre mondiale.

La fidélité :
Femme noble de cœur, la comtesse du Luart n’a jamais manqué à la constance de son affection, de ses sentiments et de la parole donnée au régiment dont elle avait accepté de partager la vie intime. Sa promesse de fi délité s’est manifestée avec un caractère inconditionnel, une espérance profonde dans l’intérêt porté aux légionnaires. Fidélité à l‘épreuve du temps, des circonstances, qui s’est consolidée durant quarante deux années de destin commun et vit encore, dans un souvenir immatériel.

Une femme exemplaire, parce que c’était elle, parce que c’étaient eux...

Bonne lecture à tous,


Mot du rédac'chef KB N° 728

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L'honneur d'un capitaine

Le capitaine Benoît Dupin, commandant la 3e compagnie de combat mécanisée du 2e Régiment étranger de génie a donné sa vie pour la France, vendredi 17 décembre dernier, dans la vallée d’Alasay alors qu’il menait une mission de reconnaissance, dans le cadre des opérations du Battle group Allobroges.


Situé au nord-ouest de Kaboul dans le cœur d’une région au relief tourmenté, le verrou de cette vallée est le théâtre d’accrochages réguliers, opiniâtres ou fugaces, souvent meurtriers ; les insurgés tentant de conserver dans cette zone une certaine autonomie de mouvement, à tout prix. Le capitaine Dupin, commandant la compagnie de Génie-Légion du groupement tactique interarmes Kapisa participait ce jour-là aux travaux préparatoires à l’établissement d’un futur poste de combat bâti au profit de l’armée afghane, accompagné dans cette mission par d’autres camarades de la force de coalition.

Jeune lieutenant de l’arme du Génie, Benoît Dupin a choisi en 2005 de servir la Légion étrangère, à l’instar de nombre d’officiers pour lesquels elle représente, par la singularité de son recrutement, par son identité originale, l’épanouissement professionnel absolu. Le milieu d’engagement par excellence du 2e REG - la montagne - le motivait tout particulièrement. Dès son affectation, il va se donner pleinement et avec enthousiasme à son métier de chef de section, au milieu des légionnaires qu’il s’attache inconditionnellement grâce à ses qualités de cœur. Il réussira avec autant de succès, à acquérir toutes les qualifications en montagne jusqu’à celle de chef de détachement.

Il réalise parfaitement sa vocation d’officier : idéal du commandement, de l’obéissance et de la discipline, idéal de l’excellence professionnelle, idéal de camaraderie. Sa trempe, son sens du contact, sa détermination le distinguent et, d’une certaine manière, le confortent dans la voie qu’il s’est tracée ; ces qualités font de lui un chef charismatique, généreux, volontaire, celui qui devient parmi ses pairs un chef qu’on suit, naturellement.

Son engagement personnel et le don de soi dont il fait preuve sont à l’image du degré de minutie avec lequel il a préparé sa compagnie à l’engagement en Afghanistan et de l’énergie qu’il lui a insufflée avant la projection, sachant conditionner ses légionnaires avec dynamisme, jusque sur les pentes du Mont Blanc. Spécialistes particulièrement exposés dans l’action, les légionnaires sapeurs n’improvisent jamais et apprécient de leur chef un commandement net : le capitaine Benoît Dupin, rompu à l’imprévu et expérimenté, a toujours placé son honneur de chef à leur ordonner des missions caractérisées par le sens de l’anticipation, l’application méthodique des procédures, la précision dans l’exécution.

Son attitude de chef en opération, sa présence "à la poignée de l’éventail", reflétaient également l’idée qu’il s’était faite de l’honneur de commander dans un tel contexte, combinant avec justesse l’appui à fournir aux soldats de l’Armée nationale et la sécurité et l’assistance à apporter à la population afghane, tout en veillant attentivement au sort de ses hommes engagés.

Dans cette mission, dès le premier jour, il a donné le meilleur de lui-même. Parce qu’elle était taillée à la dimension d’un capitaine…, un capitaine à la dimension qu’aucun n’oubliera.

Adieu mon capitaine,


Mot du rédac'chef KB N° 727

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L'esprit guerrier, toujours...

Il y a quinze ans, le général commandant la Légion étrangère réunissait les meilleurs légionnaires athlètes autour d’un noyau dur formé par l’équipe de cross du 2e Étranger. L’Athleg, contraction des termes légionnaire et athlète, était née et caractérisait alors le nouvel état d’un groupe de volontaires, crossmen de haut niveau.

Aujourd'hui encore, rien ne les différencie de leurs camarades, si ce n’est l'exécution d’une mission supplémentaire : l'excellence physique, sans cesse démontrée et sur un autre terrain.

Affectés à la CAPLE (compagnie administrative du personnel de la Légion étrangère, une des unités du 1er Régiment étranger, à Aubagne), ils vivent un itinéraire à la Légion identique à celui de tout légionnaire : instruction, entraînement, projection, services, examens et stages de qualification. Sélectionnés parmi les meilleurs, ils forment une équipe de dix-huit athlètes d’une demi-douzaine de nationalités différentes dont les domaines de prédilection sont les cross et courses sur route, les épreuves de dix kilomètres, le
semi-marathon et le marathon, et enfin l’Ekiden*.

Spécialistes d'une discipline exigeante, les légionnaires athlètes incarnent des valeurs qui, si elles sont naturellement celles que l'on prête volontiers aux sportifs de très haut niveau, n'en demeurent pas moins foncièrement et typiquement légionnaires : le culte du travail bien fait, de l'effort et du dépassement, la prédominance de l'esprit d’équipe, le respect de l’autre et de l’adversaire, la solidarité.

Caractéristique "maison" d’importance, la priorité accordée à l’effet de masse sur la réussite unique et personnelle transcende l’état d’esprit des coureurs de l’Athleg. Leur action "au combat" sur piste n’est pas l’acte d’un sportif isolé. Au sein de l’équipe, c’est la renommée d’abord, le résultat collectif qui prime sur la performance physique individuelle. La dynamique initiale est fondée sur une addition de personnalités aux grandes aptitudes sportives, où l’individu lui-même reste d’ailleurs plus important que son résultat, parce que c’est bien de la réussite commune obtenue qu’on veut voir émerger un champion. Sans l’équipe, pas d'athlète... Le coureur existe grâce, pour et par l’équipe, comme son homologue combattant vit pour son groupe, sa section, son unité. Dans les deux cas, sur les capacités de chacun repose l’accomplissement de la mission, de leur énergie particulière relève le "coup de rein" décisif, celui qui favorise ou assure la victoire. L’esprit guerrier de l’athlète, l’image d’une volonté tendue vers l’atteinte d’un objectif commun illustre, là encore, une autre facette de l’état d’esprit légionnaire.

Et de guerrier, il en est justement question à l’Athleg !

Sans esprit combattif, comment expliquer que Fouad Larhiouch termine 1er des Français à Birmingham (championnats du monde de semi-marathon en 2009) ? Comment caractériser ce qui anime Ruben Iidongo, légionnaire naturalisé Français d’origine namibienne, qui se classe 1er des Européens en Chine (Nanning, octobre 2010, dans la même discipline) si ça n'est l'esprit guerrier ? Comment se fait-il, enfin, que Rachid Ghanmouni accède au titre de champion de France de marathon (au rang de 4e international au Nice-Cannes, en novembre dernier) s'il n’a, chevillée au corps, la rage de vaincre, lui qui était, il y a encore peu, coiffeur régimentaire au quartier Viénot ?

Probablement parce que les légionnaires athlètes sont désormais indissociables du "label" dont ils représentent indirectement un vecteur de recrutement et, plus directement, un outil de communication exceptionnel. Réellement surtout parce que l’image qu’ils renvoient démontre que là où les mène leur engagement physique se trouve l’essentiel, bien plus important que la victoire sur les autres : le dépassement de soi comme seule victoire qui vaille sur les épreuves d’une vie d’homme.

Et ça, c'est aussi typiquement légionnaire...

Bonne lecture à tous,


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