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Légionnaire toujours...

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PAR LE SANG VERSÉ...

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 732

"Qui sait si l'inconnu qui dort sous l'arche immense
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé
N'est pas cet étranger devenu fils de France
Non par le sang reçu mais par le sang versé." *

... Par le sang versé : dans notre histoire légionnaire, cette formule claque comme la fière affirmation de notre spécificité, comme l'expression d'un idéal revendiqué, d'un défi crânement relevé. Elle témoigne d'une détermination que chacun de nos hommes porte au fond de lui-même : magnifier la portée de son engagement à la Légion étrangère qui va jusqu'à l'acceptation de la mort au combat pour la défense d'une communauté nationale qui n'est pas la sienne. Elle permet de transcender cet engagement militaire en un véritable choix de vie. Elle impose la reconnaissance de la nation en échange des services rendus par le légionnaire à sa patrie d'adoption. Elle scelle le pacte de service et de fidélité qui unit la Légion à la France.

Ce sang versé, c'est celui de tous ces étrangers qui depuis cent quatre-vingt ans ont choisi de combattre pour notre pays et de défendre les idéaux dont il est porteur : humanisme, tolérance, justice, fraternité... pour affirmer la place qui est celle de la France dans le concert des nations, une place où la générosité n'est jamais absente. C'est le sang des morts et des blessés de tous les conflits où la Légion a été engagée. C'est le sang de ceux de la Grande Guerre qui ont opté pour le camp de la liberté et de la démocratie. C'est le sang de ces étrangers qui se sont levés en 1940 pour rejoindre les régiments de marche de volontaires étrangers et s'opposer à la barbarie nazie. C'est le sang des "soldats de la paix" des années 90 qui sont venus s'interposer en ex-Yougoslavie pour rétablir la concorde entre des communautés déchirées. C'est le sang de ceux d'aujourd'hui qui en Afghanistan veulent lutter contre le fanatisme et le terrorisme.

La formule "par le sang versé" a été retenue plus récemment comme appellation d'un texte de loi permettant de conférer par une procédure exceptionnelle la nationalité française à tout légionnaire blessé en opérations qui en exprime le souhait. Après une longue "bataille" législative à laquelle la FSALE a pris une part très active, lors de son vote, cette loi a fait l'objet d'un consensus unanime de la représentation nationale. Ce texte matérialise de manière simple et évidente une réalité très concrète : peut-on mieux prouver son attachement à la France qu'en acceptant de lui donner sa jeunesse, sa santé, sa vitalité ? La République peut-elle mieux témoigner sa reconnaissance qu'en offrant à ces combattants étrangers touchés dans leur chair de devenir Français à part entière ?

Le sang versé, c'est aussi celui des jeunes hommes qui ont été blessés au combat dans les opérations extérieures récentes et à qui la Légion souhaite en ce 30 avril rendre un vibrant hommage pour leur courage, leurs souffrances et leur dévouement. Il faut associer à cet hommage celui qui est dû à tous ceux qui les soignent, les accompagnent, les rééduquent, les recueillent : médecins et infirmiers du service de santé des armées, cellule d'accompagnement des blessés de l'armée de terre, association Terre Fraternité, association des gueules cassées... mais aussi tous ces bénévoles anonymes et toutes ces associations d'anciens qui entourent et aident nos camarades blessés.

Commémorer le sang versé par les légionnaires, c'est finalement mettre en exergue une solidarité vivante et forte, dont notre foyer d'entraide est la plus belle expression. Une solidarité qui doit continuer à faire en sorte qu'aucun de ces volontaires étrangers qui ont fait le choix en toute liberté de consacrer une partie de leur existence à la défense de notre pays ne soit laissé pour compte.

Joyeux Camerone à tous.

Général de division Alain BOUQUIN


Dossier de presse Camerone 2011

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L'HERITAGE DU GENERAL ROLLET

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 731

Le 16 avril 1941, à Paris, le général Rollet rendait son dernier soupir. Le 15 avril prochain, à Puyloubier, sur sa tombe, puis à Aubagne, nous rendrons hommage à sa mémoire soixante-dix ans après sa disparition. Mais davantage que de passé et de souvenir, c'est d'actualité et d'avenir dont il faut parler quand on évoque le personnage.

En effet, quand on porte un regard attentif sur le travail effectué par le général Rollet, on comprend mieux pourquoi il reste considéré comme le "père de la Légion". Sa pensée et la manière dont il l'a traduite en actions concrètes sont d'une étonnante modernité. On peut dire qu'il a créé la Légion moderne cent ans après sa création officielle. Et il reste un modèle de chef pour tous les cadres ayant à exercer des responsabilités au sein de notre institution. Ceci explique en grande partie le prestige très particulier dont il jouit au sein de notre communauté.

Il est le premier à s'être saisi de sujets qui sont devenus au fi l du temps les responsabilités de l'officier général en charge des destinées de la Légion, quel que soit le titre qu'on lui ait donné (commandant ou inspecteur). Ces sujets constituent aujourd'hui l'essentiel des attributions du général COM.LE.

En matière de gestion du personnel, il met d'abord en place les règles et les structures (création du "dépôt commun" de la Légion étrangère) nécessaires à la coordination du recrutement et de la formation des légionnaires, avec l'objectif clairement affiché de construire la cohésion légionnaire autour d'un référentiel commun de valeurs, de savoir-être et de savoir-faire. Puis, au moment où est étudiée la création de l'Inspection de la Légion étrangère, ce sont les questions d'effectifs et d'encadrement qu'il met au premier rang de ses prérogatives futures. Il va ainsi réaliser la centralisation et l'optimisation de ces fonctions essentielles.

En matière d'action sociale, il est le premier à porter une attention soutenue au domaine de la condition du personnel. Dans un premier temps, il se consacre à une série d'actions ciblées ayant trait aux équipements, au logement, aux foyers, aux primes, à la reconversion… C'est ensuite une véritable politique sociale et de solidarité qu'il est conduit à formaliser et à développer, ayant compris que les besoins du légionnaire sont particuliers et qu'ils nécessitent, pour être correctement satisfaits, des solutions elles aussi particulières. C'est enfin aux anciens qu'il consacre une bonne part de ses efforts. On lui doit diverses initiatives novatrices qui ont survécu aux aléas de l'histoire : création du centre d'hébergement à Marseille, initiation des premières associations d'anciens, dont il va très vite identifier le besoin d'une mise en cohérence, création de la maison d'Auriol, mise en chantier d'une "œuvre d'entraide" dont notre FELE est l'héritier direct. Dans le domaine de la solidarité, le général Rollet a tout inventé : il a mis en place les structures qui continuent, sous d'autres appellations, à agir au profit des légionnaires et des anciens.

En matière de communication, il a également été un esprit novateur. Il avait instinctivement compris la richesse humaine de notre recrutement et l'intérêt médiatique qu'il pouvait susciter. Il a ainsi su transformer l'image du légionnaire, trop souvent perçu comme un voyou en rupture de ban, pour mettre en valeur sa personnalité attachante et ses qualités de dévouement inégalées. Il a eu lui aussi à répondre à des détracteurs dans un environnement (celui de l'entre-deux-guerres) parfois hostile. Ses deux grandes initiatives en matière de communication ont été l'honorariat et la célébration de Camerone dont il a imaginé le rituel devenu immuable, en lui conférant le faste, le panache et l'émotion qui continuent à présider à nos célébrations annuelles.

En matière de patrimoine et de traditions, il a constamment œuvré au renforcement de la cohésion légionnaire autour de ses valeurs propres, en donnant une réalité matérielle visible à notre mémoire. On lui doit, bien sûr la "boule", ce monument aux morts dont il a décidé la construction et dont il a arrêté lui-même les plans ; elle reste aujourd'hui le symbole par excellence de la "Maison-mère". Son autre grande création est le musée de la Légion : à l'origine c'est une simple salle d'honneur à laquelle il a voulu donner de l'ampleur et du cachet, mais aussi avec l'idée que le musée ne devait pas être simplement un site d'exposition destiné au public, mais avant tout un lieu de "sens" pour notre communauté. On lui doit enfin la rédaction du livre d'or de la Légion étrangère, ouvrage de référence de notre histoire, de notre richesse humaine et de nos traditions.

La transformation de la Légion, voulue par le général Rollet dans les années trente, reste quatre-vingt ans après d'une surprenante actualité. Ce sont l'esprit, les règles et les structures qu'il a mis en place qui continuent à ordonner la vie de la Légion du vingt-et-unième siècle et à donner du souffle à notre institution. Le général Rollet a littéralement "réinventé" la Légion et lui a donné les fondations qui lui ont permis de traverser l'histoire sans jamais perdre son âme. La pensée et l'action du général Rollet doivent continuer à nous inspirer quotidiennement. Il nous a transmis un héritage solide qui a l'immense mérite de demeurer parfaitement pertinent et adapté à l'ère de la mondialisation, de l'informatique et de la communication.

Bonne lecture à tous

Général de division Alain BOUQUIN


Le cahier d'ordres

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 730.

Le cahier d'ordres est un vieil outil de commandement à la Légion, bien connu dans nos unités élémentaires. Il est en général bien utilisé. C'est un instrument simple et efficace qui a fait ses preuves. Il peut paraître curieux d'évoquer ce sujet dans un éditorial de Képi blanc, là où une directive de rappel semblerait mieux appropriée... C'est que, dans mon esprit, le cahier d'ordre s'inscrit dans un ensemble cohérent et complémentaire d'outils qui fondent le style de commandement à la Légion et qui ont pour objectif commun l'efficacité et la cohésion de l'unité ; il constitue de ce point de vue "un autre lien entre les hommes".

Je souhaiterais donc en rappeler quelques principes de bon sens et préciser diverses règles pratiques qui me paraissent devoir être appliquées.

Principes

Le cahier d'ordre est fait avant tout, comme son nom l'indique, pour donner des ordres ; pas pour délivrer des informations. Mais il n'est pas le seul outil pour ordonner les activités et les missions. C'est en fait un dispositif à trois "étages" qui doit fonctionner dans une compagnie ou une section :

  • l'emploi du temps (aussi appelé "progression") hebdomadaire permet d'orienter le calendrier des activités ; il découle des plannings mensuels et de la programmation régimentaire annuelle qui doivent être connus de tous ;
  • les notes de service sont destinées à organiser des missions plus complexes ou plus longues (sorties terrain, missions hors garnison...) nécessitant des mesures de coordination et des dispositions matérielles ;
  • le cahier d'ordres sert au quotidien à donner des ordres complémentaires ou à commander des missions particulières ; il est en quelque sorte le prolongement et la concrétisation des ordres donnés oralement au fi l de l'eau en cours de journée dans le but de préparer l'action suivante.

La précision et la clarté sont primordiales : les subordonnés doivent savoir exactement ce qu'ils auront à faire : lieu, horaire, tenue, tâche à conduire, moyens alloués. Le triptyque classique "un chef – une mission – des hommes" conserve sa pleine actualité.

La simplicité est de mise, en se rappelant que nombre de nos cadres sont non francophones et qu'ils ne saisiront pas nécessairement toutes les subtilités de la langue : il faut éviter les phrases à tiroir ou les mots compliqués.

La faisabilité est impérative : on n'ordonne que ce qui est faisable ! Et c'est bien sûr avant de donner des ordres que l'on s'assure que leur exécution est possible.

Le cahier d'ordres sert aussi à donner de la lisibilité aux subordonnés : ils savent ce qu'ils ont à faire, ils savent également ce que les autres ont à faire.

Il faut enfin se souvenir que le cahier d'ordres est un document officiel, un outil de traçabilité, qui fera référence en cas de litige ou d'accident, et dès lors que des responsabilités seront à établir. C'est à ce titre que le cahier d'ordres doit être émargé, ce qui permet de contrôler que chacun en a bien pris connaissance.

Quelques mesures pratiques

Le cahier d'ordres doit être rédigé en temps "utile". Idéalement, c'est en fi n de matinée que le commandant d'unité doit s'y atteler de manière à permettre à ses chefs de section d'anticiper et de préparer leur travail. Avec un corollaire : chacun d'eux doit passer en fi n de journée vérifier qu'il n'y a pas d'ordres de dernière minute, ce qui permet accessoirement un ultime contact avec le chef avant le "romper".

Les chefs de section rédigent eux-mêmes un cahier d'ordres qui doit traduire en termes "adaptés" les ordres reçus ; ces termes doivent être à la portée de leurs cadres sous-officiers et de leurs légionnaires. Ces cahiers d'ordres (d'unité et de section) doivent être mis en "lecture pour tous", dans un endroit connu de tous, accessible à tous.

Le cahier d'ordres ne doit en aucun cas devenir un document déshumanisé ordonnant mécaniquement une série de missions ; il doit au contraire tenir compte du style propre de l'unité et des caractères des cadres et légionnaires qui la composent. Le cahier d'ordres doit être beau et propre car il est souvent le reflet de la qualité du commandement : des ratures trahissent des doutes ou des hésitations ; mal tenu, il dénote un certain laisser-aller. Sa forme claire et aérée doit témoigner de la clarté de la pensée du chef.

Le cahier d'ordre doit enfin, et avant toute chose, traduire l'intention du chef ; il doit laisser la part à la subsidiarité, et ne pas devenir un "corset" trop étroit qui briderait l'initiative ou le dialogue.

Ces rappels sont (fort heureusement !) inutiles dans la majorité de nos unités. Mais il me paraissait important de formuler ces quelques réflexions sur l'emploi d'un outil qui est d'une certaine manière une illustration de notre style de commandement et de notre discipline.

Bonne lecture à tous

Général de brigade Alain BOUQUIN

 


La Phalange magnifique poursuit sa route...

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 729

La décision est prise : la 13e DBLE rejoindra les Émirats Arabes Unis à l’été 2011 pour une nouvelle mission. Cette décision n’a pas été simple à prendre car les termes du choix étaient nombreux et pouvaient parfois paraître contradictoires. Le COM.LE a bien sûr été consulté. Nous pouvons finalement nous féliciter de cette option : la 13e DBLE va demeurer. Et la solution retenue a le mérite de lui préserver sa double identité, celle d’une formation de la Légion étrangère au plein sens du terme et celle d’une unité combattante de mêlée. Elle va ainsi pouvoir conserver son style propre, son patrimoine et sa vocation.

L’histoire de la 13e DBLE est celle d’une unité atypique et itinérante : création de circonstance, première formation de la France libre, engagée dans tous les conflits de 1940 à 1962, elle a attendu vingt ans avant de disposer d’une garnison... Elle a survécu à toutes les épreuves et su se remettre en cause : en 1940 quand elle a fait le choix de rejoindre le général de Gaulle ou au début des années 60 lorsque la Légion a dû quitter sa terre natale…

Si elle a eu des états d’âmes, ce qui est tout à son honneur, elle a toujours compris que ce même honneur lui commandait de savoir les dépasser ! Au-delà des interrogations que son départ de Djibouti a pu soulever, je voudrais donc vous redire avec vigueur que les regrets ne font partie ni de l’histoire de la 13e DBLE ni de la culture de la Légion, et que notre fidélité consiste à aller résolument et loyalement de l’avant. La nouvelle 13 va évoluer. Forcément. Elle va changer de format, "s’interarmiser", découvrir de nouveaux espaces, tisser des relations avec un nouvel environnement, conduire de nouvelles missions d’entraînement, servir des matériels les plus modernes, trouver un nouvel équilibre…

Réussir cette transformation dans un contexte radicalement différent et devenir le premier régiment de l’armée de Terre à prendre pied dans la Péninsule arabique constitue un challenge passionnant. Un challenge qui n’est pas seulement celui de la Légion, mais de la Défense toute entière. Je sais par avance que tous, officiers, sous-officiers et légionnaires, vous saurez vous montrer à la hauteur de ce défi.

Nos autorités se sont efforcées de mettre en œuvre une solution qui non seulement préserve l’existence de cette prestigieuse unité mais encore lui offre un cadre, une organisation et des missions à sa mesure. Sa culture outre-mer a été prise en compte ; son savoir-faire dans le domaine de l’aguerrissement trouvera matière à s’exprimer dans les sables du désert arabe ; sa polyvalence lui permettra de réussir.

La Légion a donc désormais un nouveau devoir : celui de faire de ce transfert un succès. Cela nécessitera de notre part imagination, réactivité, adaptation et souplesse. Qualités dont nous ne manquons pas. Derrière la 13, il y a les hommes : ils ne sont pas négligés. Nous ferons tout pour éviter les déceptions au sein de ceux qui quittent "le soleil brûlant d’Afrique" et pour permettre à chacun de retrouver un poste conforme à ses aspirations. Personne ne sera laissé pour compte.

De Bir-Hakeim à Djibouti, la 13e DBLE s’est forgée la réputation d’une unité des grands espaces et des déserts surchauffés : elle quittera la Corne de l’Afrique avec un brin de nostalgie, mais sans aigreur, car elle trouvera aux EAU un terrain de choix pour poursuivre sa belle aventure.


Noël, mère de toutes les fêtes, fête pour tous les hommes

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 728

Fête de tradition à la Légion étrangère

Moments précieux de camaraderie dont nos anciens ont très tôt dans notre histoire identifié le besoin. C’est l’instant de l’année où nos hommes déracinés, expatriés, ressentent avec le plus d’acuité et de nostalgie l’extrême exigence de leur état de légionnaire : ils pensent à leur passé, à leur enfance, à leurs proches, à cette vie qu’ils ont laissé derrière eux... La tradition a compris qu’il fallait canaliser cette émotion, l’accompagner, la faire vivre. Elle a su imaginer les manifestations cultuelles et culturelles à mettre en place pour laisser s’exprimer le trop-plein de sentiments que nos légionnaires savent d’ordinaire si bien contenir. Les crèches, symbole de la famille parfois bien éloignée et la participation à l’office religieux pour ceux qui croient au Christ en sont les éléments les plus visibles.

Fête de la famille légionnaire

Occasion unique de resserrer les liens de notre communauté. On cesse l’espace de quelques jours de parler d’institution ou de force combattante pour se concentrer sur la notion de famille,
pour privilégier la solidarité, la fraternité, l’accueil, l’intégration...
Ce sont les moments où les différences de grades s’estompent, où les origines, la race, la nationalité ne comptent plus. On établit des contacts moins formels, on recueille quelques confi dences, on évoque ses joies et ses peines, ses aspirations et ses regrets. On échange des cadeaux. On se frotte les uns aux autres sur les terrains de sport. On visite les unités voisines et on rencontre des camarades inconnus au cours de la nuit... Chacun comprend mieux la richesse de notre famille, sa capacité à créer de la cohésion et de l’harmonie. Chacun se sent un peu plus le membre unique et considéré d’une communauté vivante.

Fête tout court

Opportunité offerte de créer de la joie et de partager du plaisir. En s’amusant lors de la veillée, en échangeant quelques verres, en plaisantant autour de la table dressée, en assistant aux sketches, en riant ensemble de nos mésaventures, en se moquant avec tact des travers des uns et des autres, en reprenant en chœur nos chants de traditions, c’est un climat de joie simple qui se crée. Cette décontraction, cette sérénité retrouvée, cette ambiance festive permettent de donner du liant à notre vie de communauté et d’oublier les tracasseries du service.

Fête d’humanité et d’espérance

Moment de recueillement qui donne du sens à notre engagement. C’est une atmosphère apaisée dont il faut savoir profiter pour laisser notre cœur s’exprimer ; ce sont des instants de répit dans vie trépidante. C’est un temps pour évacuer la fureur guerrière de nos opérations et la rudesse de notre entraînement, pour réfl échir à notre vocation profonde de soldats : celle de bâtisseurs de paix dont le rôle fondamental est de contribuer, par la force si nécessaire, à l’établissement d’un monde meilleur. C’est l’espoir tout simple que notre action s’inscrit de manière positive dans la construction d’une humanité plus belle, moins violente, plus digne, plus libre, plus respectueuse de l’homme. C’est la certitude que nos morts ne sont pas tombés pour rien au champ d’honneur. C’est croire à l’amour dont l’Enfant Jésus est pour une bonne partie d’entre nous le vivant symbole.

Je vous souhaite de joyeuses fêtes de Noël à tous.


Légion étrangère 2011

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La part du mystère

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 727

Dans un monde qui a érigé la transparence en vertu, la Légion étrangère est trop souvent présentée
comme une institution repliée sur elle-même au sein de laquelle on cultiverait le mystère, le mythe,
la légende, le secret... Il n’en n'est rien et la pratique est tout autre.
La réalité actuelle est celle d'une communauté ouverte et transparente. Que ce soit vers les autorités hiérarchiques, les media, le grand public, les élus ou les autres administrations, la Légion n'a rien à cacher de son organisation, de son fonctionnement, ou de sa vie courante. Elle n’a d’ailleurs aucun intérêt à le faire car elle n’est ni une secte, ni une sorte de milice privée, ni un "État dans l’État". Comme toute institution républicaine, elle a des comptes à rendre. Et comme tout organe vivant dans notre société, elle doit se soumettre aux règles de la communication. Ce qu'elle fait d'ailleurs bien volontiers : la revue Képi Blanc et le site internet de l’Institution sont des vecteurs d’information reconnus bénéficiant d’une large diffusion.
Elle reste bien sûr un "monde à part", parce qu’elle recrute des étrangers et des "hommes sans nom" et que cette disposition est exceptionnelle. Mais la Légion n’est pas un "monde en marge".

Nos légionnaires le savent bien ; en rejoignant nos rangs, ils ont tous le sentiment de faire un saut dans l’inconnu. Mais ils découvrent très vite les réalités d’une collectivité à leur mesure dont ils apprennent très vite à adopter les règles. La légende qui voudrait qu’ils pénètrent dans une sorte de société secrète, hermétique, aux pratiques occultes, ne repose sur aucun fondement. D'où vient alors la réputation tenace d’une communauté mystérieuse ? Elle repose sur un constat fort simple : le secret, c'est uniquement celui que chacun de nos hommes souhaite entretenir. Le mystère, c'est celui que chaque légionnaire porte en lui.
C’est la pudeur avec laquelle il évoque rarement son parcours, son destin personnel. C'est la manière dont il préfère taire ses motivations profondes, ses aspirations, ses émotions : qu'est-il venu chercher vraiment dans nos rangs ? C'est son souhait (au moins initial) de fondre son caractère, sa personnalité, ses fragilités, ses aptitudes dans une réalité collective qui le dépasse. C’est ce choix d’une identité d’emprunt qu’il peut être amené à faire pour oublier son passé et tenter de refaire sa vie. C’est aussi, sur un plan collectif, cette étonnante manière de réaliser la cohésion d’un ensemble disparate d’hommes de toutes provenances, nationalités, races, religions... Une cohésion qui nécessite de fusionner les personnalités dans un moule commun. Cette retenue, ce "jardin secret" que le légionnaire veut préserver, cette volonté de rupture parfois, le légionnaire les manifeste dans la rigueur formelle et impersonnelle de sa présentation qui constitue pour lui une espèce de cuirasse destinée à se protéger.
Cette pudeur naturelle du légionnaire s’exprime aussi parfois par une certaine timidité collective qui a pu renforcer l’impression de mystère que dégage l'Institution...
Ce mystère-là, celui de l'homme, personne ne doit chercher à le percer.
Une des valeurs que nous cultivons en priorité est celle du respect de l'homme.

"On parle beaucoup de respecter la dignité humaine.
Eh bien, je regrette d'avoir à dire que c’est à la Légion étrangère
que j'ai rencontré le plus grand respect pour la dignité humaine."

Il faut que chacun de nos hommes puisse faire sienne cette citation d’Antoine Sylvère tirée du livre "Le légionnaire Flutsch" : nos légionnaires doivent savoir que nul ne cherchera à violer leur secret ou leur intimité. Leur passé ne nous regarde pas ; seuls comptent leur parcours dans nos rangs et leur avenir. C’est une des règles fondamentales que tous doivent connaître et mettre en pratique pour que cette "seconde chance" qu’offre la légion étrangère à ses membres soit une réalité vivante.

À elle seule, cette règle fonde une grande part de notre mythe : elle peut attirer, fasciner, ou au contraire rebuter et irriter; elle peut aussi nourrir des rêves et susciter des vocations... Elle s’est imposée au fi l du temps comme une nécessité existentielle car elle est parfaitement adaptée à notre besoin fondamental : fonder une troupe combattante cohérente à partir d’un recrutement hétéroclite et étranger. C’est bien elle qui est à la base de notre savoir-être, de notre esprit de corps, de notre aura collective et, d’une certaine manière, de notre mystère.

La part du mystère est donc tout simplement celle du légionnaire. Ce qui ne devrait finalement pas surprendre : chaque fois que l’on cherche à savoir ce qui peut bien être spécifique à la Légion étrangère, c’est invariablement à l’homme que l’on aboutit...

Bonne lecture à tous,


La part du rêve

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 726

Les motivations des candidats à l’engagement que nous accueillons chaque semaine sont nombreuses et très variées : nécessité économique, refuge politique, fuite face à des situations familiales compliquées ou des échecs professionnels et scolaires, démêlés avec la justice... Mais il serait réducteur de considérer que ces motivations touchent toutes de près ou de loin à ce qu’on assimile un peu vite à la "gamelle". Car je constate qu’il y a toujours une part de rêve et d’idéal cachés au plus profond des âmes de ceux qui décident de rejoindre nos rangs. Emile Henriot, dans son livre "vers l’oasis", écrivait déjà en 1935 :
"La fidélité militaire tient lieu de patrie aux durs Heimatlos venus ici de tous les mondes chercher dans le service de la France un havre à leurs misères et donner une activité à leur fougue, du pain à leur faim,
des aventures à leurs rêves".

De quoi est fait ce rêve ?
Il concentre diverses aspirations que la pudeur empêche en général d’exprimer, mais qui ne manquent pas d’une certaine noblesse. On y trouve pêle-mêle le goût de l’aventure et des grands espaces, la recherche de l’exotisme, et parfois, une envie de gloire militaire et des ambitions d’héroïsme que peuvent avoir nourris la légende.
Ce rêve est aussi sous-tendu par la quête d’une vie meilleure, à la manière des colons du nouveau monde, parfois teintée d’un espoir de rédemption : nos légionnaires ne raisonnent jamais la seconde chance comme étant uniquement une solution sociale à leurs problèmes du moment.
Il y a aussi le souhait de l’excellence, celui qui consiste à vouloir appartenir à une élite, à une communauté aux fortes valeurs ; c’est le choix de la fi erté collective. On y trouve enfi n une part de défi personnel, de challenge : le légionnaire rêve de s’accomplir, de se prouver à lui-même qu'il est capable de grandes choses et d’efforts démesurés ; c’est le choix de la fi erté personnelle.

Faut-il entretenir ce rêve ?
Il est primordial pour le commandement de ne pas décevoir ces aspirations : il faut préserver pour chacun de nos légionnaires cette part d’idéal sans laquelle rien de vraiment grand ne peut se construire ensemble. Car la cohésion et l’esprit de corps se nourrissent de la somme des rêves et des idéaux de chacun d’entre eux. Il faut aussi se persuader que l’image que nous renvoyons de notre institution sera belle chaque fois qu’elle sera conforme à cet absolu que chacun porte au fond de lui. Il y a donc des attentes fortes à satisfaire ; elles créent une exigence pour le commandement. Elles tirent vers le haut le travail quotidien : désir de perfection, culte de la mission, recherche de la diffi culté… Nous nous tromperions lourdement
si nous pensions que les seuls désirs à contenter touchent aux conditions de vie, à la promotion sociale ou au confort. Il y a enfi n une formidable plus-value apportée par ces rêves : celle de la motivation, de l’envie et de la détermination qui poussent à se surpasser.

Il faut par ailleurs toujours penser à notre avenir : la Légion doit continuer à faire rêver, dans le monde entier, dans la perspective de son recrutement, afi n d’attirer à nous de jeunes hommes aux fortes aspirations.

Mais il nous faut en même temps être conscients que le fait de vouloir nourrir à tout prix le rêve de nos hommes peut comporter deux risques majeurs :

- celui d’une dérive "mythomane", d’une idéalisation totale qui conduirait à construire un monde irréel qui finirait par être déconnecté des contraintes quotidiennes et des réalités pratiques ;

- celui au contraire d’une déception devant la routine et la banalité d’une vie courante qui ne serait pas à la mesure des espoirs que nos légionnaires portent en eux. C’est donc un exercice tout en équilibre auquel il faut se livrer avec mesure pour préserver la part du rêve tout en accomplissant les tâches les plus élémentaires d’une vie de garnison où le drill, le service courant et les règlements peuvent rapidement prendre une part prépondérante.

Comment entretenir ce rêve ?
Il faut en premier lieu entretenir une part de secret et de mystère : la Légion est entourée d’une aura particulière liée principalement au profil des hommes qui la composent, mais aussi à son fonctionnement et à ses règles. Légende plus que réalité, cette conviction collective d’un "monde à part" est fortement
ancrée dans notre communauté. Il faut aussi continuer à offrir à nos hommes une vie hors
norme, plus exigeante, plus rude. Proposer des défis individuels et collectifs, ne jamais laisser la routine s'installer, rechercher la performance, s’entraîner avec rigueur constituent des impératifs qui ne sont pas simplement destinés à améliorer notre niveau opérationnel.

Il nous faut bien sûr pouvoir périodiquement être engagés dans des opérations difficiles dans lesquelles chacun trouvera la réalisation de ses ambitions de soldat et de sa vocation de combattant. Il est primordial pour cela de rester dignes de mériter ces engagements opérationnels les plus ardus et les plus valorisants grâce à notre préparation collective. Il faut également apporter à tous la considération qui fait que
chacun se sent dépositaire d’une part du patrimoine légionnaire. Il faut par-dessus tout continuer à savoir "créer de l'émotion" : faire vivre nos traditions, célébrer avec faste nos fêtes légionnaires, conserver notre goût pour les belles prises d’armes, témoigner notre reconnaissance à nos hommes en n'hésitant pas à leur parler de valeurs et de grandeur...
Il nous appartient à chacun de faire vivre la part de rêve qui apporte à notre communauté le supplément d’âme qui a fait sa réputation, qui soutient notre travail de chaque jour et qui sera le moteur de nos succès futurs.

Bonne lecture à tous,

Général de brigade Alain BOUQUIN


Le Conseil de la Légion étrangère

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 725
Les exigences de notre engagement d’étrangers au service de la France trouvent leur traduction concrète dans le code d’honneur du légionnaire et dans notre style de commandement. Elles fondent un esprit de corps unanimement reconnu dont nous pouvons être fiers.

Ce savoir-être légionnaire que nous entretenons avec soin repose sur quelques principes simples au premier rang desquels figure celui qui consiste à toujours considérer que l'homme, le légionnaire, est la réalité qui précède toute les autres dans notre communauté. Tout a donc toujours été mis en œuvre pour s’assurer de sa valeur militaire et de son aptitude à remplir les missions confiées, mais aussi de son moral et de son bien-être. Sans qu’il existe d’instances de concertation officielles comparables à celles mises en place dans le reste des armées, la Légion a toujours veillé à entretenir un dialogue étroit entre la hiérarchie et les hommes ; elle a su créer à sa manière des "espaces de concertation" adaptés aux besoins de l’institution et des individus qui la composent : le rapport, bien sûr, mais aussi la revue d’effectifs, la revue de la garde, les commissions participatives, ou, de manière moins formelle, les tables rondes, les clubs des unités élémentaires...

Il est souvent étonnant de constater que ces modes éprouvés de concertation interne font plutôt bon ménage avec notre discipline réputée hermétique à la discussion : ces deux piliers de notre fonctionnement ne sont donc pas aussi incompatibles qu’on pourrait le penser au premier abord... Ma longue expérience m’a d’ailleurs permis de constater que nos personnels de tous grades,
lorsqu’on leur donne l’occasion de s’exprimer, savent parfaitement trouver leur juste place et formuler avec mesure des idées souvent excellentes car toujours inspirées par le souci du bien commun.

Il reste que les militaires servant à titre étranger n’ont pas accès aux instances de concertation des armées, Conseil de la fonction militaire / terre et Conseil supérieur de la fonction militaire, la désignation des membres étant subordonnée à la condition de servir à titre français. Ils n’avaient donc pas jusqu’ici la possibilité de faire valoir leurs préoccupations, leurs envies ou leurs suggestions dans une structure de dialogue de niveau supérieur. C’est pourquoi, reprenant une idée ancienne, mais jugée trop en avance sur son temps, il est apparu nécessaire et judicieux de créer un Conseil de la Légion Étrangère. Le CLE a vu le jour le 5 juillet dernier, et ce nouvel acronyme fait désormais partie de notre vocabulaire.

C’est une instance consultative chargée à la fois de fournir aux autorités des éléments d’appréciation sur la situation de la Légion et de leur donner un avis sur les décisions en préparation dès lors qu’elles ont un impact sur les conditions particulières du service à titre étranger.

Le domaine d’attribution privilégié du CLE est bien sûr celui des règles de vie communes à la Légion étrangère ; il inclut tous les sujets ayant des répercussions directes sur les conditions de vie des cadres et légionnaires : recrutement, gestion, formation, service courant, protection et sécurité, solidarité, moral, traditions, patrimoine... C’est pourquoi toutes les catégories de personnels y sont représentées : officiers (chefs de corps de formations de la Légion), sous-officiers (représentés par leurs présidents) et militaires du rang (représentés par des présidents de caporaux chefs).

Le CLE a vocation à être à la fois un outil de cohésion pour la Légion et un outil de "cohérence de la Légion au sein des armées". Il doit nous permettre ensemble d’harmoniser nos pratiques, de simplifier nos procédures, d’examiner périodiquement la réalité et l’utilité de nos règles de vie. La présence du CEMAT est garante d’un regard extérieur à notre communauté, de la bonne adaptation des spécificités légionnaires aux besoins des armées et d’une parfaite contribution de la Légion aux objectifs de l’armée
de terre, dans la logique d’une saine intégration.

Le CLE doit donc pouvoir s’appuyer sur une participation active des personnels qui seront appelés à y siéger. On doit pouvoir y discuter librement de tous les sujets de vie courante. Il sera important de lui conserver son caractère consultatif, gage de la liberté d’expression : les propositions qui y seront débattues auront ensuite naturellement vocation à faire l’objet de décisions qui resteront
de la responsabilité du commandement.

Je souhaite que le CLE devienne une véritable force de proposition et que son action soit à même de nourrir notre réflexion collective sur l’avenir de notre institution. J’en attends beaucoup et je suis résolument optimiste : son rôle nous permettra ensemble de rendre encore plus efficace, encore plus humaine et encore plus solidaire notre communauté, dans le souci constant de sa contribution à la défense de notre pays.

Bonne lecture à tous

Général de brigade Alain BOUQUIN


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