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Légionnaire toujours...

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Un choix unique

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 740

L’année 2012 a débuté avec le plan Hommage d’accueil des corps de nos deux légionnaires morts pour la France. Anciens, amis et parisiens étaient présents sur le pont Alexandre III, tandis que des délégations officielles accueillaient ces deux frères d’armes aux Invalides autour du chef d’état-major de l’armée de Terre. Le 3 janvier, quelques heures après les vœux du président de la République, le ministre de la Défense présidait la cérémonie militaire de levée des corps, au 2e REG, en présence de nombreuses autorités civiles et militaires, prononçant un éloge funèbre emprunt de fierté devant le courage des soldats engagés en Afghanistan.

Au nom de la Légion étrangère, j’adresse mes plus vifs remerciements à tous ceux qui sont venus les 2 et 3 janvier : amicales, groupes constitués, militaires de tous grades d’active ou de réserve, familles de militaires, civils de la défense, parisiens et provinciaux.

La presse s’est fait écho du sacrifice de nos deux sous-officiers. Et pourtant, "Personne n’en parle, on ne dit rien !" m’a déclaré avec émotion et regret le père de l’un d’entre eux. Ce légitime cri du cœur montre l’importance de notre présence et de notre soutien pour contribuer à soulager la douleur des familles éprouvées. Des efforts ont cependant été faits et les médias ont couvert les événements à travers des articles émouvants et des photos chargées d’émotion et de fierté.

Il est cependant de mon devoir de souligner quelques principes souvent méconnus qui ont parfois été omis dans les différents reportages.

Ces deux sous-officiers se sont engagés comme légionnaires, le corps des sous-officiers de Légion étant constitué à partir des meilleurs légionnaires. Tous deux se sont engagés à titre étranger. L’un d’entre eux, Français de naissance, avait fait ce choix offert par la loi, de servir la France sous le statut "à titre étranger". Le second, Marocain à l’engagement, avait demandé et acquis la nationalité française. Mais il conservait lui aussi ce statut particulier du service à titre étranger.

Les règles de gestion sont juridiquement et structurellement différentes de celles de toutes nos armées : le légionnaire ne peut être affecté ailleurs que dans une unité de la Légion étrangère, quelle que soit son ancienneté, il est lié au service par un contrat, il ne sert pas sa patrie, mais la Légion étrangère, sous commandement français.

Mais la plus grande différence, c’est qu’aujourd’hui, des étrangers font ce choix unique de s’engager au service de la France en sachant qu’il pourra leur être demandé de mourir pour elle.

Et s’ils font ce choix, c’est parce que la loi française les y autorise. Et s’il y a autant de raisons de s’engager qu’il y a de légionnaires, cette démarche est dynamisée par l’image de la France dans le monde, par son rayonnement qui fait qu’aujourd’hui, dans plus de cent cinquante pays, des jeunes rêvent de servir la France dans les rangs de la Légion étrangère, ce "modèle d’intégration dans les valeurs de la République française" comme l’a déclaré le Président de la République lors de ses vœux aux Armées.

Honneur au major El Gharaffi ,
Honneur au sergent-chef Zingarelli.
Honneur à l’adjudant Svilen Simeonov tué le 20 janvier en Afghanistan.

Ils sont tombés pour la France et pour la gloire de la Légion étrangère.
Montrons-nous dignes de leur engagement et de leur sacrifice au cours de cette année 2012.


Solidarité et fidélité

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 739

Alors que les armées françaises se penchent sur la condition du personnel au sein du dispositif des bases de défense, il me paraît nécessaire de réfléchir ensemble au sens de la solidarité au sein de notre institution.

À la Légion étrangère, le principe de solidarité repose sur le fait de faire contribuer chacun de ses membres, à l'assistance matérielle et morale de toute la communauté composée des légionnaires en service, des anciens et des familles. Dans ce cadre, la solidarité reste commune à toutes nos formations qui répondent, les unes pour les autres, à ce besoin de se porter mutuellement assistance. Cette approche globale à la Légion montre toute sa pertinence, dans le cadre de l'installation de la 13e DBLE aux Émirats Arabes Unis, comme dans le soutien apporté à nos anciens.

Le candidat s'engageant au titre de la Légion étrangère et non d'un régiment, la solidarité s'exprime naturellement au titre de l'ensemble de la communauté légionnaire. Et ce dispositif d'entraide et de solidarité s'inscrit en complément de celui des armées, sans s'y substituer. Il est indispensable car adapté aux besoins spécifiques de ces étrangers qui ont tout quitté pour venir servir la France.

Chacun se souvient du serment de fidélité qu'il a prononcé le jour où il a coiffé pour la première fois son képi blanc. En réponse à cet engagement, la légion étrangère lui promet de l'accompagner sans jamais l'abandonner.

Cette aide ne se limite pas à des mots. Elle s'exprime très concrètement et de multiples façons. Elle est visible dans les actions que nous menons à l'Institution des invalides de Puyloubier, à la Maison du légionnaire d'Auriol, au centre des permissionnaires de la légion étrangère de la Malmousque ou au centre d'hébergement et d'accueil de la Ciotat.

Ces infrastructures ont été construites ou nous ont été confiées pour répondre aux besoins spécifiques du légionnaire d'active ou à la retraite. Elles ont une légitimité incontestable et une efficacité reconnue, rendue possible, notamment grâce au soutien que la communauté des légionnaires d'active leur apporte.

À la Légion étrangère, la solidarité est donc une exigence qui va au delà de la condition du personnel. Elle renforce les liens entre les membres d'une même famille, qui va des jeunes légionnaires récemment engagés aux anciens dispersés sur tous les continents et leur apporte une aide irremplaçable.

Dans ces moments de crise et de recherche de rationalisation, les tentations sont grandes de dire "À quoi bon continuer à soutenir ces actions qui nous coûtent !". Soyons solides et déterminés : le légionnaire a toujours autant besoin d'une famille et notre engagement à lui venir en aide reste le même.

Ayons le courage de la fidélité. C'est un défi que la Légion étrangère doit savoir relever et qui est brodé en lettres d'or dans les plis de ses emblèmes. C'est à cela que les chefs de corps et moi-même nous engageons chaque année lors du conseil d'administration du Foyer d'entraide de la Légion étrangère. Et chacun d'entre nous doit conserver à l'esprit cette exigence qui se traduit inéluctablement par des efforts financiers car la solidarité a un coût (abonnement à KB, participation aux associations, dons, legs...), par notre disponibilité pour être présents et à l'écoute de ceux qui sont en difficulté, par notre détermination dans les travaux entrepris à Puyloubier, l'accompagnement de nos blessés dans les hôpitaux ou les actions de mémoire et de rayonnement comme la transformation de notre musée.

Conservons ce goût de l'effort propre au légionnaire, dans l'action comme dans la solidarité, c'est notre manière d'exprimer notre fi délité et notre respect à l'égard de nos anciens. Sachons les épauler et mettre en valeur le riche patrimoine humain et historique qu'ils nous ont légué. Et n'oublions jamais que dans le mot effort, il y a FORT et que solidarité rime avec fidélité.


Noël : une solidarité familiale

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 738

Alors que les devantures des magasins s'illuminent et rivalisent d'attractivité pour nous allécher et nous inviter à fêter Noël, la Légion étrangère s'y prépare elle aussi, à sa manière. Pause bien méritée après un trimestre ou une année intense, moment de retrouvailles, fête de famille ou fête religieuse, chacun trouve dans ce rendez-vous traditionnel les raisons de marquer l'événement. À la Légion étrangère, quelles que soient les circonstances, les unités s'organisent pour Noël, fête de la famille légionnaire.

Dans le plus grand secret, la section, le peloton ou la compagnie choisit le thème de sa crèche qui accueillera les cadres et légionnaires au cours de la nuit de Noël. La compétition a déjà commencé : ingéniosité, imagination et créativité rivalisent dans la préparation de celle qui sera reconnue, chacun l'espère, comme la plus belle crèche du régiment.

Cette période privilégiée permet également de se préparer pour le tournoi sportif de Noël, grand moment de compétition et de joie partagée. Chacun sait la fierté d'une unité qui remporte le tournoi sportif de Noël ou dont la crèche reçoit le premier prix. Les plus anciens pourraient-ils laisser les jeunes légionnaires entre eux dans nos casernes et quartiers et partir fêter l'événement à leur manière ? Où serait l'esprit de famille dont nous sommes si fiers ? Pourrait-on fêter dignement Noël en pensant que certains parmi nous sont délaissés ce soir là ?

Ne nous y trompons pas. Chacun témoigne de sa solidarité légionnaire en consacrant aux autres, notamment aux plus jeunes, ce qu'il y a de plus beau en cette fi n d'année : une soirée familiale, cette soirée là. C'est un sacrifice librement consenti, un vrai cadeau que nous faisons tous, quelles que soient notre ancienneté et nos charges de famille.

Et nous le faisons en pensant à notre premier Noël à la Légion, cette soirée au cours de laquelle nous avons reçu notre premier cadeau, nous sentant alors pleinement accueillis.

C'est bien de solidarité familiale dont il est question le soir de Noël.

Et cet effort contribue à la cohésion de nos unités, qui fait dire autour de nous que la Légion étrangère est une exception. Nous connaissons tous la richesse de cette nuit de Noël, faite de joie, de confiance, d'intimité… et de prouesses de l'officier d'ordinaire pour servir le 24 décembre au soir, autre chose qu'un repas froid en sachet !

À ceux qui vont connaître cette fête pour la première fois au sein de la famille légionnaire comme à ceux qui la vivent pour la trente cinquième fois, je souhaite un très joyeux Noël.

Tous mes vœux vont également aux unités qui passeront Noël en opération, avec une pensée particulière pour ceux qui ont vu tomber dans la vallée de Tagab, le caporal Goran Franjkovik auquel le ministre de la Défense, accompagné du chef d'état major de l'armée de Terre, a rendu hommage à Saint Christol.

Il y a quelques années, au Tchad, alors qu'un légionnaire était tombé peu de temps avant Noël, ses camarades réalisèrent une crèche dont le message était simple et fort : "il est mort, mais aujourd'hui c'est Noël, il est né !"


Honneur à nos morts !

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 737.

À l’occasion de la fête de Saint Michel au 2e REP, un mémorial à la gloire des 1 400 légionnaires parachutistes morts au combat depuis 1948 a été inauguré. Dans le même temps, le ministère de la Défense envisage d’édifier un monument dédié aux soldats morts pour la France au cours des récentes opérations extérieures. À l’approche du jour des morts qui voit fleurir les cimetières de tous les villages et des cérémonies commémoratives du 11 novembre, arrêtons-nous quelques instants pour parler d’un sujet qui nous concerne tous et peut donner du sens à notre vie, la mort.

Le souvenir des morts fait partie intégrante de la vie du soldat qui entretient une relation unique avec la mort. Son action au combat n’est pas toujours limitée à la légitime défense. Il peut être amené à détruire une résistance par une action de vive force. Et pour accomplir sa mission, il peut rencontrer la mort ou tuer son adversaire. Ainsi, la mort est-elle partie intégrante de ce que nous appelons le métier des armes. C’est une singularité de notre état de militaires ! Et tous ceux qui ont participé à des opérations de combat savent exactement de quoi je veux parler. En se souvenant de ses frères d’armes, le soldat se trouve renvoyé à ce qui est l’un des éléments essentiels de sa vocation.

Ayant fait le choix de servir un pays qui n’est pas le sien, le légionnaire est différent du soldat français, même devant la mort  !

La France n’est pas sa patrie d’origine, ses parents, ses grands-parents n’y sont pas enterrés, il ne meurt pas pour la tombe de ses ancêtres ou pour une terre qui n’est pas la sienne. Il ne tombe pas pour la sécurité ou l’héritage immatériel de son pays.
Mais alors, pour quoi meurt-il ?
Pour autre chose ! Il meurt pour honorer le serment qu’il a fait le jour où il a coiffé avec fierté son képi blanc : “Nous promettons de servir avec Honneur et Fidélité”. Ces paroles sont aussi simples que riches de sens. S’il doit mourir, ce sera par fidélité aux paroles qu’il a prononcées, à l’engagement qu’il a contracté et qui demeure une démarche aussi particulière que difficile.
Le légionnaire tombe aussi pour la Légion étrangère, pour s’inscrire dans la ligne de tous ces étrangers qui avant lui ont pris les mêmes engagements, et fait le même sacrifice pour un pays qui n’était pas le leur. Il meurt pour ses camarades légionnaires, pour ses chefs !
Ainsi, pour le légionnaire, se souvenir des morts, c’est honorer un engagement, celui d’accomplir la mission. C’est renouveler sa fidélité, ciment de la Légion étrangère et ressort moral de sa capacité opérationnelle.

Mais ne sombrons pas dans un idéalisme naïf et un héroïsme gratuit. Ce qui compte, ce n’est pas le sacrifice, c’est le succès de la mission. Notre ambition n’est pas de tomber au combat pour entrer dans les livres d’histoire. Notre ambition doit être de mener à bien les missions qui nous sont confiées, de l’emporter là où nous sommes engagés, d’être meilleurs que l’ennemi. Nous en connaissons le prix : entraînement, discipline, maitrise de soi, autorité, rigueur...Préparons nous sans jamais faiblir, sachons respecter nos morts et accompagner dans la durée nos blessés.

C’est pourquoi le 2 novembre, jour des morts, j’irai honorer la mémoire des légionnaires qui reposent au cimetière de la Légion étrangère à Orange, dans notre “caveau de famille”, où sont enterrés ceux d’entre nous morts en service. Je me rendrai aussi au cimetière de Puyloubier pour y honorer nos anciens. J’invite chaque cadre et légionnaire à prendre ce temps de recueillement, de réflexion, pour se souvenir de nos morts et redonner du sens à notre mission.

Enfin, le respect que nous témoignons à l’égard de nos morts contribuera, je l’espère, à développer dans le coeur de la population, l’attention et la reconnaissance à l’égard des soldats français ou étrangers qui servent la France, et sont prêts à mourir pour elle.


La Légion, beaucoup en parlent, peu la connaissent

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 736

Quelques semaines après avoir pris le commandement de la Légion étrangère, je souhaite réfléchir avec vous aux spécificités qui nous caractérisent.

Cela veut dire, pour l'essentiel, réfléchir à ce qui nous oblige, dans le sens ancien de ce terme : la confiance de la nation, qui a voulu, il y aura bientôt deux cents ans, faire porter ses armes par des étrangers ; la confiance de ces étrangers, prêts à se sacrifier pour un autre pays que le leur ; et la longue et honorable tradition de souffrance et de gloire qui en découle.

La singularité première de la Légion étrangère réside dans son statut. L'existence de cette troupe résulte de la loi, expression de la volonté nationale. Si historiquement, c'est une ordonnance du roi Louis Philippe qui a créé la légion étrangère en 1831, c'est aujourd'hui la loi du 24 mars 2005 portant statut général des militaires qui consacre la capacité de la Légion étrangère à accueillir, dès le temps de paix, des volontaires venus des cinq continents. Il s'agit d'un véritable choix politique émanant du vote du législateur. De cette décision fondatrice découle une réalité : la particularité du recrutement de la Légion étrangère car l'accueil d'étrangers est différent du recrutement de jeunes citoyens français.

Si cette singularité de notre recrutement est généralement connue, la Légion étrangère elle-même est souvent mal connue. J'ai été récemment frappé par cette phrase inscrite sur une affiche ancienne : "la Légion, beaucoup en parlent, peu la connaissent". Alors que les moyens d'information se sont considérablement développés, ces propos restent toujours d'actualité.

Je constate en effet que la Légion étrangère suscite aussi bien l'admiration que les critiques. Et derrière ces perceptions différentes se masque le plus souvent une méconnaissance de cette institution, liée à un paradoxe qui lui est inhérent.

D'un côté, les légionnaires appartiennent à des unités de l'armée de Terre. Celles-ci reçoivent les mêmes missions que les autres, sont engagées sur les mêmes théâtres d'opérations, dans le but de réaliser avec rigueur et modestie l'idéal partagé par les troupes françaises. En ce sens, rien ne doit distinguer les unités de la Légion des autres unités de l'armée de Terre.

De l'autre, les légionnaires sont des étrangers volontaires qui s'engagent jusqu'au sacrifice de leur vie, pour un pays qui n'est pas le leur, pour un pays qui n'est pas leur patrie. Étranger venu servir la France, le légionnaire n'est donc pas un soldat servant sa patrie mais un soldat servant la France avec honneur et fi délité. Et cela même est singulier et m'amène à insister sur ce point : commander à la Légion étrangère, du chef de groupe au général, c'est avoir à l'esprit ces deux faces de l'entité légionnaire.

Nous devons en tirer une juste fierté et le désir de nous montrer à la hauteur du pays qui nous confie le soin de défendre ses valeurs aux côtés de nos camarades de l'armée de Terre comme de ces hommes venus de tous les horizons pour accomplir chez nous un destin d'honneur et de fidélité.

J'attends de chaque cadre et légionnaire, la détermination à mener de front ces deux défis, avec enthousiasme, courage et simplicité.

À cette fin, je voudrais à la fois vous mettre en garde et vous dire ma confiance.

Vous mettre en garde, parce qu'il ne saurait, à la Légion encore moins qu'ailleurs, être question de se laisser aller à l'esprit de discussion, de controverse, ou de soupçon. Notre singularité doit au contraire nous inciter à nous montrer exemplaires.

Vous dire ma confiance, parce que je sais ce dont vous êtes capables, selon la tradition de nos anciens.

Je veillerai pour ma part à ce que la Légion étrangère continue de réaliser ce pour quoi elle a été créée et qui lui vaut l'estime du pays tout entier.

Bonne lecture à tous!


L'heure du bilan

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 735

À quelques semaines de quitter le commandement de la Légion étrangère, je suis tenté de regarder derrière moi, derrière nous. C’est pourquoi je souhaite vous faire part de quelques réflexions qui seront les dernières avant de laisser mon poste.

Je voudrais tout d’abord rendre hommage à nos morts des deux ans écoulés :

 

  • en premier lieu aux quatre héros qui ont donné leur vie pour la France en Afghanistan : le chef de bataillon Dupin, le sergent-chef Rygiel, le caporal-chef Chechulin et le caporal Hutnik ;
  • à ceux ensuite qui sont décédés des suites de maladie ou d’accident : le sergent-chef Sysel, les caporaux-chefs, Povilonis, Borodin et Platonenko, le caporal Tomiczek, les légionnaires de 1re classe Balogh et Heintz ;
  • à nos trois camarades enfin à qui la vie avait apporté trop de difficultés : le sergent Renaud, le caporal Svab et le légionnaire de 1re classe Butnaru.


Tous, ils avaient donné leur jeunesse à notre communauté, à la France. Tous, ils avaient servi avec honneur et fi délité sous le fanion vert et rouge de la Légion.

Nous avons vécu une période de restructurations importantes : montée en puissance des bases de défense, transfert de la 13e DBLE aux Émirats arabes unis, création d’une compagnie au 3e REI, dissolution de la CAC du 2e REI… Cette période restera marquée par une réduction significative de nos effectifs : la Légion a contribué sans rechigner à l’immense effort d’adaptation demandé à nos armées. Elle a su le faire sans états d’âme, elle a su montrer son aptitude au changement, elle a su puiser dans sa force collective pour trouver des solutions aux situations nouvelles, elle a su inscrire son action dans une dynamique de changement à laquelle elle a apporté sa contribution.

C’est à la souplesse et à la réactivité de chacun de vous qu’elle le doit. Nous avons également vécu une période difficile au cours de laquelle des affaires graves auraient pu ternir notre image de marque. Vous avez fait face avec cœur et cohésion à une exploitation médiatique qui nous a parfois peinés, sans jamais céder à l’amertume. Vous avez mis en œuvre les évolutions qui s’imposaient pour rectifier ce qui devait l’être. Vous avez mis en place des dispositions concrètes en matière de contrôle et de rigueur. Vous n’avez pas hésité à vous remettre en cause, individuellement et collectivement. Vous avez démontré que notre style de commandement conservait toute sa pertinence lorsqu’il est mis en œuvre avec compétence et avec cœur. Nos outils de rayonnement (la musique, Képi blanc, le musée, l’ATHLEG…) sont venus compléter ce travail de fond. L’apaisement de ces derniers mois est votre victoire à tous : vous avez su regagner la confiance de nos chefs et de nos concitoyens.

Ces deux années auront été marquées par une réflexion collective sur nos règles de vie et sur les évolutions à apporter à notre savoir être légionnaire. Le Conseil de la Légion étrangère, créé il y a un an, en est la concrétisation majeure. Ses travaux sur l’identité déclarée, sur les passeports, sur les titres de séjours, sur la naturalisation par le sang versé, sur le statut du foyer d’entraide, sur les permissions, sur la patrouille Légion étrangère, sur le suivi des blessés… en sont autant d’illustrations. Il faut remercier nos anciens qui nous ont conseillés et soutenus dans cette démarche proactive : ils exercent à notre profit un rôle de conscience et de mémoire irremplaçable, dans un esprit de famille auquel nous sommes attachés. J’ai le sentiment que, sans révolutionner le fonctionnement de notre communauté, nous avons ensemble fait en sorte qu’elle soit mieux armée pour affronter l’avenir dans le contexte d’une société moderne en pleine mutation : la Légion reste une institution “à part”, mais qui toujours su ne pas être “marginale”. Il faut qu’elle continue dans cette voie.

Enfin, et bien que cela ne soit pas dans mes attributions, je me réjouis des beaux succès que nos unités ont obtenu en opérations. Nous restons une “force combattante” fi able sur laquelle notre pays sait pouvoir compter. Et c’est après tout le principal, car l’engagement opérationnel est notre raison d’être. Aucune de nos réussites ne vaudrait si un jour nous devions cesser d’être cette troupe reconnue et admirée. C’est un défi de tous les instants : un défi pour le recrutement, un défi pour la formation, un défi pour la préparation opérationnelle, un défi en termes de cohésion, de cohérence et de fraternité d’armes. Notre “socle” a sa part dans ces succès : c’est parce qu’il est solide, efficace et dévoué que nos légionnaires peuvent ensuite être engagés avec la certitude qu’un “dépôt commun” assure de manière inébranlable les missions courantes.


Cet état des lieux trop rapide m’ancre dans plusieurs certitudes :

  • Le service à titre étranger, dont nous assurons la mise en œuvre au profit de notre pays, reste un formidable outil entre les mains du chef des armées sur la scène internationale. Il continue à faire la fierté de nos compatriotes parce qu’il est porteur des idées les plus généreuses de notre nation.
  • Nous sommes un système d’hommes performant qui sait évoluer sans jamais perdre son âme. Nous le devons à divers “ingrédients” : notre code d’honneur, notre sens de la fraternité d’armes, nos quelques spécificités humaines, notre culte de la mission, nos traditions, notre recrutement. Pour dire les choses plus simplement, notre référentiel de valeurs est une force sur laquelle nous pouvons continuer à nous appuyer ; il est un facteur de stabilité et de solidité, sans jamais constituer un frein au changement.
  • Plus largement, notre esprit de corps s’ancre dans ces valeurs partagées. Ce sont elles qui nous permettent de dépasser nos différences ethniques, culturelles, religieuses, nationales… Si notre tradition légionnaire est très forte et très riche, c’est parce qu’elle permet de servir de ciment à notre construction identitaire et à notre cohésion. Et c’est pour cette raison que c’est le mot famille qui traduit le mieux la réalité de notre institution…
  • - Nous sommes d’une certaine manière un modèle d’intégration. Nous démontrons depuis plus de 180 ans qu’on peut devenir Français “de cœur” : Français par le mérite, Français par l’effort, Français par la volonté de s’assimiler, Français “par le sang versé” si les circonstances l’exigent.
  • Notre dispositif de solidarité, dont le foyer d’entraide est le moteur, est une réussite exemplaire ; nous ne mesurons pas toujours suffisamment l’immense chance qu’il constitue pour notre institution. Au-delà des structures et des organisations, sa vocation est de s’assurer qu’un légionnaire, dès lors qu’il a effectué ses premiers pas dans notre collectivité, ne sera jamais abandonné.
  • Nous disposons d’une autre force dont on ne parle pas assez souvent : celle qui consiste à susciter de l’émotion, du rêve, de la fierté. Cette part d’envie collective, je l’ai ressentie dès mon arrivée dans notre communauté il y a trente ans. Elle est faite tout à la fois de gloire et d’ambition, d’abnégation et de dévouement ; elle est “servitude et grandeur” aurait dit plus sobrement Alfred de Vigny. Elle nous anime tous, du plus jeune légionnaire au général COMLE ; c’est elle qui nous fait faire ensemble de grandes choses.
  • La réalité sociale de notre communauté est belle car elle se fonde sur l’homme, ce légionnaire à la fois attachant, mystérieux et impressionnant. Il est notre seule vraie richesse ; il doit continuer à être au centre de nos attentions.


D’autres combats, d’autres challenges, d’autres évolutions, d’autres remises en question nous attendent ; je suis certain que vous serez à nouveau capables de les porter, de les gérer et de les mettre en œuvre. Votre volonté, votre enthousiasme, votre disponibilité, votre cohésion et votre détermination seront les garants des succès à venir. Vous inspirez la solidité et la confiance : c’est un capital précieux qu’il faut préserver.

Au général de Saint Chamas qui va prendre en main les destinées de notre institution, je voudrais dire de faire sienne cette confiance dans l’avenir qui vous anime. Il va à son tour exercer des responsabilités magnifiques : je lui souhaite de connaître avec vous toutes les joies que vous m’avez procurées pendant ces deux années passées à votre tête.

Je voudrais pour conclure vous dire l’émotion qui est la mienne au moment où nous allons nous séparer. Dans quelques semaines, j’aurai quitté définitivement la Légion d’active et je ne serai plus jamais qu’un ancien. Je resterai viscéralement membre de votre communauté. J’y ai trouvé mes plus belles satisfactions professionnelles. J’y ai reçu bien plus que je ne lui ai apporté, et je continue à me sentir redevable de la vie qu’elle m’a offerte. Ma belle carrière, je la dois à ces hommes, à ces légionnaires, qui ne m’ont jamais déçu et dont l’exemplarité m’a toujours forcé à me dépasser.

Bonne lecture à tous,


Prise d'arme de la Légion étrangère

Au Sénat le 13 juillet 2011

Comme chaque année, les jardins du Luxembourg sont, la veille du 14 juillet, le théâtre d'une prise d'armes particulièrement symbolique pour la Légion étrangère.

En effet, comme l'a rappelé le général de division Alain Bouquin commandant la Légion étrangère en s'adressant au Président du Sénat, « la relation étroite entre la Légion et la Haute Assemblée tient notamment au fait que c'est bien une loi, expression de la volonté nationale, qui consacre le véritable choix politique de la France de se doter, et ce dès le temps paix, d'une composante armée constituée d'étrangers. Mais, plus largement, ce sont les liens de cœur qui unissent les légionnaires à la nation française que cette relation symbolise. »

La prise d'armes a été l'occasion d'offrir au public parisien et aux touristes de passage une cérémonie militaire de haute tenue au cours de laquelle plusieurs décorations d'ordres nationaux ont été remises sur le front des troupes constituées du 1er Régiment étranger, du 4ème Régiment étranger et du GRLE. Fait unique en son genre, le drapeau du 1er Régiment étranger s'est vu remettre la « croix avec épée du mérite de l'Ordre de Malte » en témoignage de l'action menée par la Légion étrangère dans le domaine humanitaire.

Lors du cocktail qui a succédé à la cérémonie, Mme Guillemette de Sairigné, fille d'un célèbre chef de corps de la 13e DBLE tombé en Indochine, s'est vu remettre la distinction de 1ère classe d'honneur de la Légion étrangère en reconnaissance de son action en tant que « femme de lettre prête à mettre en valeur sa réalité humaine et, lorsque les circonstances l'ont nécessité, une femme d'action disposée à la soutenir » comme l'a souligné le Père Légion.

Enfin, un moment chargé d'émotion et de symbole eut lieu quand le sergent Pajer et le caporal chef Emeneya, récemment blessés en opération extérieure ont reçu leur décret de naturalisation dans le cadre de la loi dite « par le sang versé » des mains mêmes du Président Larcher faisant d'eux des citoyens français à part entière.

Ce moment a été l'occasion pour le général Bouquin de rappeler que « ni la France, leur nouvelle patrie, ni la Légion, n'abandonneront jamais ces deux hommes que le destin a réuni aujourd'hui dans le mérite que leur a valu leur courage au combat ».

Enfin, le président du Sénat a conclu en disant que « cette fête nationale que nous ouvrons ce matin, marque donc la reconnaissance de la Nation à ces hommes venus des quatre coins de l'horizon et qui portent haut les trois couleurs symbole de la France. Cette reconnaissance prend ce midi le visage du sergent Pajer et du caporal-chef Emeneya ».

Source : division communication Légion étrangère
Crédit photo :  Guennadi Guermanovitch © Légion étrangère


Légionnaire dans tous ses états

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 734

L'état d'une personne, nous dit le dictionnaire, c'est la situation dans laquelle elle se trouve au regard de la loi, de son pays, de son gouvernement, de son emploi, de sa famille ou de sa religion. L'état recouvre l'ensemble des qualificatifs sous lesquels on peut désigner cette personne ; il la raccroche aux différents groupes humains auxquels elle peut appartenir.

Si l'on retient cette définition, quels sont les différents "états" du légionnaire ?

  • Le légionnaire est d'abord, en référence à son engagement, un soldat au service de la France, un combattant qui a accepté de porter les armes de notre pays pour le défendre.
  • Il est aussi bien sûr, son appellation le dit clairement, un membre de l'institution "Légion étrangère", dont il a adopté les règles, la discipline et les traditions.
  • Le légionnaire reste en même temps un citoyen ; citoyen français pour ceux qui, par la naissance ou par voie de naturalisation, sont de nationalité française ; citoyen de leur pays d'origine pour ceux qui ont choisi de demeurer étrangers.
  • Il est aussi, comme tout homme, le membre d'une famille, avec plusieurs états possibles : fils dans tous les cas, frère souvent, et, pour les plus anciens, époux et père.
  • Le légionnaire peut enfin être, en accord avec sa conscience, un homme de Dieu, se réclamant d'une religion.

Sa situation particulière fait qu'il est, au moins initialement, contraint de "mettre entre parenthèses" certains de ces états. Tout d'abord parce que l'exigence que présente son engagement dans nos rangs est très exclusive : plus que le choix d'un métier, c'est souvent un choix de vie que fait le candidat au recrutement. Les règles liées au placement sous identité déclarée peuvent ensuite conduire le légionnaire à temporairement "renoncer" à certains de ses états, que sa position ne lui permet plus de pleinement exercer, pour se concentrer sur celui de soldat étranger au service de la France. Enfin n, celui qui vient chercher chez nous une seconde chance a souvent besoin de "couper les ponts" avec son passé, son pays ou sa famille, le temps pour lui de retrouver des conditions et un environnement lui permettant de faire face à l'ensemble de ses responsabilités d'homme.

Différents devoirs sont rattachés à chacun de ces états ; c'est ce que l'on appelle communément les "devoirs d'état" :

  • En tant que soldat, le légionnaire doit faire preuve de discipline, de disponibilité et de rigueur ; comme combattant, il doit avoir le souci permanent de remplir sa mission coûte que coûte en respectant le droit de la guerre.
  • Son appartenance à la communauté légionnaire l'oblige à la fi délité, à la solidarité, à la fraternité d'armes, selon des modalités fixées par notre code d'honneur.
  • En tant que citoyen, il se doit de respecter les lois de la France, pays au nom duquel il sert et sur le territoire duquel il vit, et d'adhérer à la communauté nationale ; il a aussi le devoir de participer à la vie de la cité.
  • Au sein de sa famille, ses devoirs se définissent en termes d'attention et d'affection portées : respect de ses ascendants, amour et fi délité conjugale, éducation des enfants, assistance mutuelle, fourniture des moyens de subsistance à ceux dont il a la charge.
  • Pour celui qui se reconnaît dans une religion, le légionnaire doit respecter et mettre en pratique un ensemble de croyances et de préceptes.

Toute la question pour lui est de trouver un juste équilibre entre ces différents devoirs, qui, sans être forcément contradictoires, ne sont jamais aisés à concilier. Cette équation est d'autant plus difficile à résoudre que sa vie de légionnaire est exigeante, contraignante, strictement encadrée et très prenante.

De manière générale, il n'est pas toujours simple pour un militaire de gérer ces diverses nécessités en termes de temps à y consacrer, de disponibilité ou de facilités offertes, du fait des impératifs liés au service des armes. L'extrême diversité de notre recrutement complique singulièrement la situation en introduisant une grande variété de conceptions du mot devoir, qui se rattachent aux cultures propres à chaque origine. Enfin, par-dessus tout, son métier de combattant place la notion de sacrifice au centre de l'engagement du légionnaire : cette exigence fondamentale de l'état de soldat est très prégnante*. Quand on sait la très haute idée que nos hommes se font de leur mission, on mesure le don de soi très exclusif qu'elle peut conduire à accepter.

Nul au sein de notre communauté ne peut faire l'économie d'une réflexion personnelle sur ses devoirs d'état. C'est une question intimement liée au sens donné à notre engagement de soldat. Et c'est, plus largement, un enjeu d'équilibre de vie. La réponse ne sera jamais la même en fonction des situations, des caractères et des individus. Il convient donc de savoir périodiquement prendre du recul pour regarder la manière dont nous pratiquons notre métier au regard de nos autres états : une réussite professionnelle ne vaut que lorsqu'elle peut s'inscrire dans l'accomplissement plus global d'un "projet de vie" ; les sacrifices consentis, auxquels nos proches sont parfois parties prenantes, doivent trouver une justification dans un cadre qui dépasse celui de notre travail.

Il faut également que notre communauté reste attentive à permettre à chacun d'assumer la charge de l'ensemble de ses responsabilités d'homme. Dans la vie courante et le service, chaque cadre, à son niveau, doit veiller à ce que ses subordonnés soient progressivement, après une phase initiale d'intégration, en mesure d'endosser le plus dignement possible les différents états qui sont les leurs : accorder le temps nécessaire à la vie de famille, autoriser une participation à la vie associative de son lieu de résidence, faciliter des démarches administratives ou permettre la pratique du culte de sa religion sont des gestes auxquels tout chef doit rester attentif. Tous ceux qui ont la chance d'exercer des responsabilités dans notre institution le savent bien : faire grandir le légionnaire, dans toutes les dimensions de son être, a constitué de tout temps leur défi , leur devoir et leur honneur. Et c'est bien ce commandement "à la française" qui vise à élever l'homme dans sa complexité, qui a fait que la Légion demeure une institution militaire reconnue.

L'objectif à atteindre est finalement très clair et conforme à ce que nous avons toujours fait : il s'agit de continuer à faire en sorte que chacun de nos légionnaires puisse répondre dans sa globalité à sa vocation d'homme, qui dépasse sa seule appartenance à notre institution. Cette exigence humaine fondamentale répond à un impératif de dignité ; elle doit permettre à chacun de se réaliser pleinement. Elle répond aussi à un impératif d'efficacité opérationnelle et de cohésion, car c'est grâce à elle que nous pourrons continuer à disposer de soldats solides, bien dans leur peau, équilibrés et sachant donner un sens propre à leur engagement dans nos rangs. Elle répond enfin à un impératif d'intégration, dimension à laquelle la Légion sait être attentive.

*Prégnante : qui s'impose à l'esprit, qui produit une forte impression.

Bonne lecture à tous,


Dossier de presse 14 juillet 2011

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Défendre ce qui en vaut la peine

Éditorial du COMLE du Képi blanc N° 733

J'entends souvent dire ici ou là dans nos rangs qu'il faut nous inscrire dans une attitude résolue de défense de nos spécificités légionnaires. Mais je sais aussi à quel point cette propension que nous avons à nous ériger en gardiens de particularismes peut avoir le don d'agacer...

Force est de constater que nous sommes à bien des égards différents. Cette différence, nous la revendiquons. Chacun de nos légionnaires en a une conscience très aigue. Elle fonde pour une bonne part notre esprit de corps. Elle se raisonne souvent en termes de respect, de considération et de reconnaissance fièrement affirmés. Elle mérite donc d'être préservée. Mais elle ne le mérite qu'à condition d'être bien appréhendée ! Les habitudes, les usages en vigueur ou les signes extérieurs ne sont pas des objectifs en tant que tels. Ils ne sont en effet tout au plus que les aspects visibles (plus ou moins susceptibles d'évolutions) d'une réalité beaucoup plus large.

Cette réalité c'est celle du service à titre étranger. C'est ce choix éminemment politique qu'a fait notre pays de se doter d'une formation militaire composée d'étrangers à laquelle est confiée une partie des armes de la France (mission régalienne par excellence) pour assurer la défense d'une patrie qui n'est pas la leur. C'est un choix qui est inscrit dans les lois de la République. Et c'est un choix dont le général COMLE a pour mission de se porter garant devant le chef des armées en termes de fidélité, de fiabilité, de cohésion et de qualité de l'outil de combat que nous formons.

Quand nous y réfléchissons bien, c'est uniquement ce choix qui doit être défendu. Les caractéristiques qui en découlent sont multiples, mais elles n'ont qu'une valeur relative. Elles sont des modalités qui ont vocation à être adaptées. La seule obligation d'ordre général est celle d'un dispositif singulier qui permet de justifier la pertinence du choix politique.

Au premier rang de nos préoccupations identitaires, il y a bien sûr l'homme, le légionnaire. Il n'est pas français et en général ne parle pas notre langue. Il est ensuite le plus souvent à la recherche d'une seconde chance dans la vie et la Légion lui en offre l'opportunité en lui permettant de rompre avec son passé. Ces deux traits saillants de notre recrutement fondent à eux seuls notre style propre, nos règles de vie et notre identité. Ce qu'il faut défendre avec vigueur, c'est uniquement cette spécificité humaine car elle est notre seule vraie richesse.

Les textes fixent avec précision les domaines qui nécessitent un traitement particulier ; ils sont devenus au fil du temps les attributions du COMLE : ces domaines touchent à la gestion au sens large des ressources humaines, que complète un volet codifié ayant trait au moral, aux traditions et au patrimoine. Ce "socle" de fonctions dédiées a lui-même déterminé la mise en place d'un "socle organisationnel", d'un "dépôt commun", articulé autour de nos trois régiments de base que sont les 1er et 4e Étranger et le Groupement de recrutement. C'est à ces unités que revient la tâche de forger notre unité et notre cohérence d'ensemble. Plus qu'un enjeu de pouvoir, c'est une puissante réalité de nature sociologique qu'il faut faire vivre.

Il faut en revanche à tout prix éviter de nous engager dans de faux-combats qui concerneraient des particularismes sans fondements : emploi des forces, discipline, soutien, matériels, infrastructure, finances... C'est ainsi, par exemple, que nous devons résolument nous investir dans le dispositif des bases de défense auquel nous sommes en mesure d'apporter une contribution significative. Cette bonne intégration dans le dispositif général de nos armées constitue d'ailleurs l'autre volet de la garantie de fidélité dévolue au COMLE.

Nous ne devons en aucune manière nous considérer comme une "citadelle assiégée" dont quelques adversaires mal intentionnés chercheraient à gommer les différences. Nous sommes au contraire une communauté chargée de porter et de mettre en oeuvre une idée française originale, universelle et généreuse. Une idée qui fonctionne ! Notre combat doit consister à faire en sorte que cette idée puisse traverser le temps et les épreuves, au service de notre pays.

Bonne lecture à tous,

Général de division Alain BOUQUIN


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Traduction

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