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Légionnaire toujours...

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Recueil des traditions et des spécificités de la Légion étrangère.


Les louvoiements de la solde sont-ils légion ?

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 763

S’il est une posture connue dans notre armée, c’est bien celle de la gestion des crises. Nous avons tous choisi le métier militaire en espérant l’aventure, la prise de risques, les efforts et le surpassement. Mais la condition première de cet engagement est que nous soyons des soldats. Or, le mot de soldat vient de solde. Le contrat du soldat stipule qu’il est rémunéré pour pouvoir être engagé en tout temps et en tous lieux, là où le service l’impose.

Mais voilà que nous devons tous faire face à une crise peu courante, dans laquelle l’ennemi peut s’attaquer en aveugle à tous ceux qui perçoivent une solde, donc à tout le monde, sans distinction de grade, d’affectation ou d’ancienneté. Le chef d’État-major de l’armée de Terre vient de faire le point devant les généraux de l’armée de Terre. Et, à défaut d’être réglée, la situation est connue. Si le logiciel CONCERTO est devenu un acteur fiable et primordial pour la gestion de nos données individuelles, le calculateur de la solde LOUVOIS marche mal, très mal, et commet des erreurs aléatoires. Que faire alors ?
La décision a été prise par le ministre de la Défense : un nouveau calculateur va être conçu. Rome ne s’est pas faite en un jour ; il faudra plusieurs années avant qu’un outil fi able puisse verser à chacun d’entre nous, son dû. Entre aujourd’hui et ce jour dont nous rêvons tous, nous devons rester vigilants.

Comme dans toutes les crises, il faut cerner la menace et les moyens dont on dispose avant de s’attaquer à l’ennemi avec un seul objectif, la victoire. L’idée de manœuvre est désormais arrêtée. Il s’agit de se battre sur plusieurs fronts :
- en devançant si possible l’impact des pannes et anomalies sur la solde ;
- en traitant à partir de 2014 les erreurs de soldes identifiées le mois courant, dès le mois suivant ;
- tout en menant le difficile combat sur les arriérés, qui peuvent être des trop-perçus ou des trop- versés, notamment en OPEX.
Cette situation est anormale, nous le pensons, le savons et le disons tous. Mais cela ne suffit pas à redresser la situation qui est peut-être moins douloureuse que celle qu’ont vécue nos ancêtres, soldats de 1914.
Les mesures prises sont impressionnantes. La mobilisation est générale. L’organisme en charge des soldes de l’armée de Terre, le CERHS, Centre d’expertise des ressources humaines et de la solde a mis sur pied un véritable centre opérationnel et a reçu des renforts importants. Des experts y travaillent avec détermination pour aider chacun d’entre nous à toucher une solde conforme à ses droits.

Mais en quoi la Légion étrangère est-elle concernée ? Comme vous l’avez compris, les erreurs aléatoires ne font pas de différence statutaire et tout le monde est une victime potentielle.
Pour participer à ce combat d’envergure mené par l’administration centrale, la Légion étrangère a le devoir de s’investir en agissant à deux niveaux :
- chaque légionnaire doit vérifier sa solde et alerter en cas de surprise. Il faut que les cadres de contact aident les plus jeunes à comprendre cet aspect essentiel : la solde perçue est-elle normale ? Le point clé est d’alerter au plus vite les chaînes techniques en cas de doute ;
- s’agissant de la manœuvre sur les arriérés, elle doit être menée avec détermination. Les équipes d’experts sont en place pour traiter un à un ces dossiers. Chacun doit pouvoir récupérer la solde qui lui revient, et l’État, les sommes versées par erreur, même si c’est moins agréable.

La consigne est donc simple : vigilance et précision à tous les niveaux, civisme et réactivité face aux trop-versés, sans manœuvre de freinage, pourvu que la situation soit claire. Et nous savons que l’action quotidienne auprès de chaque légionnaire sera nécessaire.

Petite précision finale : de même que le légionnaire est soldé comme tous les soldats français, il est assujetti à l’impôt sur le revenu, même s’il n’est pas Français.
Et n’oublions pas que nos anciens tombés à Camerone ont permis de sauver un gros convoi qui était en route pour Puebla, avec trois millions en numéraire. C’était la solde du corps expéditionnaire.


La cohésion : à quoi çà sert ?

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 762

L’année 2014 est maintenant bien lancée. Le moment privilégié de Noël fêté au sein de chacun de nos régiments paraît déjà loin. Les permissions de fin d’année ont permis aux unités qui le pouvaient de souffler un peu avant de reprendre les activités d’instruction et d’entraînement.
Cependant, dès les premiers jours de janvier, deux rites immuables ont été partagés une nouvelle fois dans les régiments.

Le premier est la cérémonie des vœux, rendez-vous que l’on retrouve un peu partout dans les Armées comme dans la société française. Au cours de ce cérémonial, organisé en tout début d’année à la Légion étrangère (ce fut pendant de nombreuses années le 1er janvier au matin), ce n’est pas le chef qui adresse des vœux, mais le second qui lui adresse les siens et ceux de tous ses subordonnés. Débuter l’année par une cérémonie conviviale est une coutume précieuse. Elle crée un contexte privilégié d’attention aux autres et de bienveillance à l’égard du chef. L’amour du chef, l’obéissance, sont de plus pure tradition, dit la chanson.

Le second rite est propre à la Légion étrangère. Coutume très ancienne, la fête des Rois est marquée avec une grande constance dans nos unités. De quoi s’agit-il ?

À travers des activités ludiques suivies de rencontres chaleureuses, cet événement regroupe les officiers et les sous-officiers dans un contexte très particulier, source d’une cohésion très forte. Ce jour là, les cadres se retrouvent pour des rencontres sportives marquées par l’imagination et la bonne humeur. Un rassemblement organisé par les sous-officiers autour de galettes, permet ensuite d’accueillir la cour de celui qui a été choisi pour être le Roi.

Conçue par les lieutenants, cette cour regroupe des cadres représentatifs de l’ensemble de la communauté légionnaire. Un déjeuner achève les festivités et permet aux officiers d’accueillir les sous-officiers. Que d’heures perdues me diront les experts des tableaux de bord et les chronométreurs, tout ce temps consacré à une activité non productive. Et pourtant, malgré les tâches toujours plus nombreuses, le temps s’arrête pour une demi-journée indispensable au bien être de la collectivité.
Alors pourquoi prendre ce temps ? Regardons de plus près. Qui participe à ces festivités ? Les officiers de Légion et les sous-officiers. C’est une des rares occasions de mener une activité entre cadres d’un même régiment. Moment privilégié, de détente, de sport, d’humour et de fête.

Cela ne rapporte rien me dira-t-on. L’apparence est pourtant bien trompeuse. À l’heure où tout le monde doit faire mieux avec moins, ce rendez-vous annuel est une occasion unique et privilégiée pour souder l’équipe de commandement d’un régiment. La joie ne rapporte pas, en apparence pensent certains. C’est néanmoins sous-estimer son efficacité pour créer le supplément invisible, ce surcroit de forces morales, qui aide chacun à se sentir pleinement à sa place pour faire de son mieux et plus que le nécessaire, s’il le faut, pour sa section, sa compagnie, son régiment. Les quelques heures consommées sont vite rattrapées. Les sous-officiers sont fiers d’avoir accueilli leurs officiers, qui à leur tour ont rendu l’invitation. La modernisation va bon train mais nos anciens savaient que seules ces occasions permettent de fédérer. Derrière chaque habitude, chaque rite, se cache une raison de fond, ici, l’entretien de l’esprit de corps.

Alors que dire ? Continuons à serrer les rangs, à entretenir ces relations privilégiées entre cadres et légionnaires. C’est bien cette fraternité d’arme qui permet d’aborder l’avenir sereinement et avec une ardeur renouvelée. Consacrer du temps à la relation humaine au sein d’une équipe de cadres est un investissement dont la seule faiblesse est de ne pouvoir être directement quantifié. Si l’on dit souvent que le bien ne fait pas de bruit, le bien n’est pas non plus toujours immédiatement visible.


Obsèques du Général de division (2S) Raymond Le Corre

Le Général de division (2S) Raymond LE CORRE est décédé le jeudi 23 janvier à son domicile.

Chef de corps du 1er Régiment étranger de cavalerie de 1977 à 1979, il a commandé la Légion étrangère de 1988 à 1992.

Il sera enterré le lundi 27 janvier 2014 à Orange dans les conditions suivantes :

Cérémonie religieuse en l’église Saint Florent à 14h30 Honneurs militaires rendus sur le parvis de l’église, Inhumation au cimetière de la Légion étrangère du Coudoulet.


2013 : une année pleine !

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 761

 

Vous avez dit année pleine ? C’est sans aucun doute ce que l’on retiendra de cette année 2013 pour la Légion étrangère. Lors de ma visite de Noël dans les régiments l’année dernière, j’avais rencontré de nombreux légionnaires désireux de vivre une année d’engagement opérationnel. Ils regrettaient de ne pas avoir de perspectives immédiates de départ en opérations. En effet, l’an dernier à cette période, peu d’engagements s’annonçaient pour les régiments. C’était oublier que la situation internationale demeure instable et que les crises se règlent rarement sans intervention au sol, pour neutraliser l’action de rebelles, redonner la confiance aux populations, épauler une armée fragilisée. Et les faits sont têtus.

L’année a pourtant bien débuté, avec le départ sur alerte du 2e REP, un saut opérationnel sur Tombouctou, avant des combats particulièrement intenses et exigeants. Et lors de sa visite au 4e RE, fi n octobre le ministre de la Défense a souligné avec conviction que sa rencontre avec les légionnaires du 2e REP au nord du Mali, restait un des moments les plus forts depuis sa prise de fonctions !

Le 2e REI a également été engagé, renforcé d’unités du 1er REC et de sapeurs du 1er REG. Et dans le même temps, le 1er REC formait l’ossature de la force Licorne en Côte d’Ivoire. Quant au 2e REG, il se prépare pour des départs en 2014. Toutes ces projections ont été facilitées par les structures de la Maison mère qui ont contribué à l’engagement des unités dans de bonnes conditions, avec un esprit de service toujours renouvelé.

Comme on pouvait s’en douter, l’entraînement exigeant que s’imposent nos régiments porte ses fruits. Les légionnaires ont affronté la chaleur, la fatigue, l’altitude, le poids de leurs équipements, la tension du combat de rencontre, avec une maîtrise du feu et une capacité de manœuvre dont l’armée de Terre et les Français sont particulièrement fiers.

Cet engagement opérationnel a précédé ou suivi notre rendez-vous des 150 ans du combat de Camerone. Tous les emblèmes ont été rassemblés au quartier Viénot pour la traditionnelle cérémonie sur la Voie sacrée. Les manifestations ont été nombreuses pour marquer l’événement : ouvrages, reportages, objets souvenirs, disque d’or… Et le 14 Juillet a eu un éclat tout particulier avec le défi lé de sept emblèmes sur les Champs- Élysées. Parmi eux, le 2e REP, le 1er REC et le 2e REG portaient une croix de la Valeur militaire avec palme reçue récemment pour leur engagement dans les opérations passées.

Et, au moment où la Légion se préparait à honorer ses morts, comme chaque année au début du mois de novembre, le ministre de la Défense s’associait à notre démarche de façon bien singulière. C’est à Camerone de Teredas au Mexique, devant le mémorial rendant hommage au courage des combattants du 30 avril 1863, qu’il a témoigné son attachement à la Légion étrangère.

Tous ces événements ne peuvent occulter les mesures organiques annoncées pour 2014. La Légion étrangère y contribuera lourdement. Après l’annonce de la restructuration du 1er Régiment étranger de cavalerie qui perdra un escadron avant de quitter la garnison d’Orange qu’elle aime tant, le 2e Régiment étranger d’infanterie devra à son tour rouler le fanion d’une compagnie. Il sera aligné sur le même format que les autres régiments d’infanterie, lorsque ses effectifs auront diminué de plus de 160 légionnaires.

L’année s’achèvera après un rendez-vous essentiel : dans quelques jours, la Légion étrangère va se retrouver, quelles que soient les missions, opérations ou alertes, pour marquer Noël, cette fête de famille irremplaçable. Tournois sportifs, concours de crèches et camaraderie seront au rendez-vous pour renforcer la cohésion.

Celle-ci se construit jour après jour. Elle est le fruit d’un mode de vie qui incite chacun d’entre nous à se surpasser dans les épreuves, avec fierté, pour la Légion étrangère.

Comme chaque année, cadres et légionnaires partageront cette soirée de cohésion festive. Ils accueilleront les plus jeunes, aussi bien qu’ils l’ont été lors de leur premier Noël. C’est une étape nécessaire et incontournable dans le processus d’accueil et d’intégration des plus jeunes.

Le 24 décembre au soir, je partagerai cette soirée avec les légionnaires du 1er RE. Et j’aurai une pensée particulière pour tous ceux qui sont de service, en mission, en opération ou sur un lit d’hôpital. J’espère que ce soir-là, aucun légionnaire n’aura été oublié.

Bonne fête de Noël 2013 !

Le général de division Christophe de Saint Chamas
Commandant la Légion étrangère


11 Novembre, ne perdons pas la mémoire

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 760.

Nous venons de raviver la flamme pour la 90e fois sur la tombe du soldat inconnu, lors d'une cérémonie toute particulière. Ce jour férié permet à tous les Français de rendre hommage aux soldats français, aux citoyens tombés par devoir au cours de la "Grande guerre". Cette commémoration évite à ces combattants de tomber une seconde fois, plus gravement encore, dans l'oubli. C'est un devoir national de leur rendre hommage. Il est donc tout naturel que le chef de l'État, le gouvernement, les élus, les militaires et anciens combattants soient ce jour-là en première ligne, à l'honneur. Mais cela est-il suffisant ?

Trop peu d'hommes et de femmes choisissent de venir exprimer leur reconnaissance à ces "poilus" et aux soldats qui depuis un siècle, ont partagé le même destin. Trop peu de militaires, non désignés "de service" se mettent en tenue pour la circonstance et vivent cette journée de devoir comme un simple jour de permission !

On parle souvent du devoir de mémoire. Y aurait-il perte de mémoire ? C'est le moment de tirer les enseignements, non pas sur ce que devraient faire les autres, mais sur ce que chacun d'entre nous peut faire. Alors battons-nous contre nous-mêmes, en décidant d'être l'an prochain, à la même date, en tenue pour les légionnaires d'active, accompagnés des amis que nous aurons invités et qui ne savent peut-être pas où est érigé le monument aux morts de leur commune ! Soyons les ambassadeurs de ceux qui nous ont précédés. Exemplarité, pédagogie et devoir sont les leçons à retenir.

Voilà des notions qui ont fait leurs preuves et sont gravées dans le code d'honneur, lequel aide le légionnaire à grandir, à se structurer et à devenir un citoyen français s'il le souhaite.

La mission est sacrée, tu l'exécutes jusqu'au bout... nous rappelle le sens du devoir !

Respectueux des traditions, ... ces mots nous appellent au devoir de mémoire.

Alors retenons ceci : le 14 Juillet, nous clôturons avec une immense fierté le défilé à pieds de la fête nationale lorsque les Français sont nombreux sur les Champs-Élysées ou devant leur poste de télévision pour applaudir leurs soldats. De même, le 11 novembre, ayons la même fierté et sachons remercier tous ces soldats, citoyens mobilisés pour la plupart, qui ont donné leur vie pour la France, sans avoir eu la fierté de descendre les Champs-Élysées pour recueillir les applaudissements qu'ils auraient mérités.

Le 11 novembre est au citoyen français, ce que Camerone est au légionnaire, un anniversaire structurant ! Alors vivre ce cérémonial fait partie du parcours d'intégration de chacun d'entre nous dans la société française, dans le plus grand respect du courage de nos anciens !

Et la Légion étrangère a davantage de raisons que les autres de se recueillir ce jour-là, car elle ne peut oublier ce magnifique poème de Pascal Bonetti, écrit en 1920 et qui s'achève ainsi :

"Qui sait si l'inconnu qui dort sous l'arche immense,
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé,
N'est pas cet étranger, devenu fi ls de France,
Non par le sang reçu, mais par le sang versé !"

Général Christophe de Saint Chamas,
commandant la Légion étrangère

Source : Képi Blanc magazine
Crédit : Légion étrangère


Honneur aux anciens

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 759.

 

Comme cela a été annoncé, le ministère de la Défense conduit des réformes d'envergure qui doivent se traduire par des gains d'effectifs particulièrement significatifs au sein de l'armée de Terre. Et la Légion étrangère n'échappe pas à la règle. Dans ce contexte, nos unités seront concernées dès l'année 2014.

Parmi les mesures déjà connues, la restructuration du 1er Régiment étranger de cavalerie et son déménagement constituent deux nouvelles étapes dans son histoire. Mais ce n'est pas la première fois, depuis sa création en 1921. Comme tous les régiments, il a connu des évolutions, imposées par ses missions, équipements et garnisons. En Indochine, il compta jusqu'à dix-huit escadrons. Aujourd'hui, le régiment sait qu'il va devoir se réarticuler avant l'été en dissolvant un escadron. Ce sont quatre escadrons blindés et non cinq, qui déménageront.

Mais on ne quitte pas une garnison dans l'indifférence après 47 années. Arrivé d'Algérie en 1967, le régiment a été accueilli et adopté d'emblée par la ville d'Orange. Il s'est rapidement installé dans cette région particulièrement appréciée et la population a pris l'habitude de voir les légionnaires se promener en tenue dans les rues ! Les plus anciens se sont retirés sur place et constituent désormais une importante communauté parmi les Orangeois et dans tout le département. Ils forment l'ossature de l'amicale des anciens légionnaires du Vaucluse dont le dynamisme est connu de tous. Pour ces fidèles parmi les fidèles qui ont pour beaucoup vécu de nombreuses années dans ce régiment avant de le soutenir de l'extérieur, ce départ est chargé d'émotion. Je pense notamment au général Raymond Lorho, ancien chef de corps du 1er REC (1973-1975), porteur de la main du capitaine Danjou le 30 avril 2011, et dont le nom a déjà été donné à une rue de la ville d'Orange.

Et pourtant, la réaction de ces anciens mérite d'être soulignée par sa dignité, sa discrétion et son soutien, malgré la surprise. Ayant souhaité les rencontrer lorsque je suis venu au régiment après les annonces, je voudrais témoigner de leur exemplarité, de leur sens du bien commun, malgré un déchirement intérieur aussi profond que légitime. En effet, si le 1er REC doit déménager à l'été, laissant derrière lui des années de liens tissés, témoins d'un lien "Armée-Nation" en tous points remarquables, se pose la question de l'avenir du cimetière du Coudoulet, nécropole officielle où peuvent être enterrés les légionnaires d'active. Créé en 1984, plus de cent cadres et légionnaires y reposent aujourd'hui. Et il continuera à accueillir ceux d'entre nous qui tomberont, comme il le fait depuis 30 ans. Les anciens n'ont pas hésité une seconde, faisant immédiatement acte de volontariat pour assurer l'entretien de ce site plein de souvenirs et de fierté. Ils n'ont pas oublié les valeurs que nous partageons. "...Tu n'abandonnes jamais ni tes morts ni tes blessés..." nous rappelle l'article 7 du code d'honneur du légionnaire. Dans le plus pur esprit de fidélité, malgré ce départ de la garnison d'Orange, la Légion étrangère continuera à veiller sur ceux qui reposent dans ce cimetière.

Comme chaque année, je présiderai au début du mois de novembre la cérémonie d'hommage à nos morts au cimetière du Coudoulet et serai accompagné par des délégations du 1er REC et des régiments qui pourront s'y associer. Toujours aussi fidèles, les anciens seront également présents. Et cette cérémonie annuelle perdurera !

S'agissant du déménagement, c'est désormais une mission. Et nous pouvons compter sur le 1er Régiment étranger de cavalerie pour franchir cet obstacle avec détermination. Les légionnaires au caractère bâtisseur sauront relever ce défi avec talent. Ils surmonteront les difficultés afin que leur régiment tire le meilleur parti des infrastructures qu'ils trouveront dès l'été prochain sur le camp de Carpiagne.

Général Christophe de Saint Chamas,
commandant la Légion étrangère

Source : Képi Blanc magazine
Crédit : Légion étrangère


L'honneur d'un commandant

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 758.

L'été qui vient de s'achever a été marqué, comme souvent, par son intensité pour la communauté militaire en général et la Légion étrangère en particulier. Les engagements opérationnels ont été soutenus, quelques mois après le retour du 2e REP.

Le 2e REI et le 1er REC aux ordres de leurs chefs de corps respectifs, ainsi que des unités du 1er REG, ont rempli des missions passionnantes, au Mali et en République de Côte d'Ivoire, dans des conditions particulièrement exigeantes.

Assurant la continuité et la pérennité de la Légion étrangère, les unités du socle ont accueilli et sélectionné sans interruption des candidats, instruit et ventilé des engagés volontaires tout en continuant à qualifier des stagiaires de tous types au sein du 4e RE, creuset de la formation.

Simultanément, dans nos garnisons, les régiments ont vu partir les mutés avant d'accueillir les nouveaux affectés aux têtes souvent déjà bien connues. L'expérience acquise et solidement maîtrisée par les uns cède la place à l'ardeur renouvelée des autres, prêts à mettre toute leur énergie au service des responsabilités qui les attendent.

Tout récemment, lors de la disparition d'un officier de Légion au destin hors du commun, le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, historiens, écrivains, journalistes, amis et anciens ont exprimé avec talent et conviction ce qu'il représentait pour eux. La Légion étrangère souhaite à son tour rendre hommage à ce grand soldat, à ce chef charismatique au destin unique, à cet officier qui a servi tant d'années dans les rangs de la Légion étrangère, en Indochine puis en Algérie.

Dignitaire de la Légion d'honneur, les honneurs militaires lui ont été rendus par la Légion étrangère, légitimement désignée pour la cérémonie.

Derrière le général d'armée Ract-Madoux, chef d'État-major de l'armée de Terre, représentant le gouvernement, une foule très nombreuse est venue assister à cet hommage. À la délégation officielle s'est ajoutée celle des anciens combattants parmi lesquels une splendide cohorte d'anciens légionnaires.

De nombreux frères d'armes qui avaient sauté ou crapahuté avec lui, servi à ses côtés ou sous ses ordres, le plus souvent au combat, sont venus le saluer une dernière fois. Ils voulaient honorer le résistant, le légionnaire parachutiste, le grand soldat, mais aussi, le chef qui avait connu des situations tragiques dans l'exercice du commandement, et qui l'avaient amené à faire un choix lourdement condamné dont il avait accepté les conséquences, pour sa carrière, sa famille et sa vie toute entière.

N'étant pas contemporain de ses frères d'armes mais de ceux qui ont trouvé dans ses récits et témoignages, l'envie de servir la France, j'ai pu mesurer, comme beaucoup d'autres, son désintéressement et son extrême honnêteté. Et les cas de conscience qu'il a vécus ont permis aux générations suivantes de réfléchir sur le rôle du combattant, du sous-officier, de l'officier. Jamais, il n'a présenté ses décisions comme exemplaires, expliquant avec sagesse et profondeur qu'il avait été amené à faire le choix de son honneur au détriment de la discipline. Jamais il n'a porté de jugement de valeur sur les sanctions qui lui ont été infligées ou sur le choix que d'autres ont fait dans ces situations particulièrement complexes.

À de nombreuses reprises, des légionnaires, des anciens, se sont demandé pourquoi cet officier au destin exceptionnel n'avait pas été mis à l'honneur un 30 avril pour porter la main du capitaine Danjou lors de la cérémonie commémorative du combat de Camerone. La question fut pourtant abordée avec lui. De même qu'il avait défendu ses subordonnés en expliquant qu'on ne pouvait reprocher à un légionnaire d'avoir obéi à son chef, il jugea opportun pour la Légion étrangère, de ne pas mettre en avant un officier qui avait un jour manqué à la discipline. Il pensait avec raison que la Légion étrangère ne pouvait laisser croire qu'elle cautionnait un geste d'indiscipline, quelles qu'en soient les raisons. Il nous rappelait que la discipline était une valeur qu'il fallait cultiver et entretenir à chaque instant dans nos rangs.

Avec tous les légionnaires et anciens, je dis simplement : "Mes respects Mon commandant, vous qui avez porté pendant tant d'années ce grade qui résume à lui seul votre carrière marquée par un choix de commandement, réfléchi et assumé".

Général Christophe de Saint Chamas,
commandant la Légion étrangère

Source : Képi Blanc magazine
Crédit : Légion étrangère


AGENDA DE LA LEGION ETRANGERE 2013


La Légion étrangère, dans le coeur des Français

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 757.

Au début de la période estivale, des événements très différents ont ponctué la vie de la Légion étrangère et le cent-cinquantième anniversaire du combat de Camerone, permettant à la presse de s'en emparer généreusement.

Le sport a réuni la Légion étrangère sous l'impulsion du 4e Régiment étranger pour la Solidaire François Faber. Près de cent cyclistes ont parcouru la Provence jusqu'à Puyloubier où ils sont arrivés pour assister à une remise de képis blancs. Cette activité de solidarité a permis de collecter des fonds pour nos anciens tout en mettant à l'honneur François Faber, gagnant du tour de France en 1909 avant de s'engager dans les rangs de la Légion étrangère. Tombé en 1915, il est à ce jour, le seul héros du Tour mort pour la France !

La littérature et le cinéma ont accompagné cette année historique, grâce à la publication de nombreux ouvrages dont un dictionnaire historique et à des films remarquables, notamment le film "Esprit de Corps" que tous les nouveaux affectés doivent méditer dès leur arrivée.

La musique a fortement marqué cette année. Le 28 juin, ce sont près de cinq cent choristes bénévoles qui ont interprété un oratorio, "Camerone", composé pour fêter cette année exceptionnelle. La ville d'Amiens a accueilli ce spectacle grandiose, fruit d'une année de composition et de répétitions avant la rencontre finale avec la Musique de la Légion, la veille du spectacle.

Et comme chacun sait, notre Musique de la Légion étrangère a enregistré un disque en partenariat avec Universal Musique. Intitulé Héros, à la demande du producteur (car ce titre est compréhensible dans toutes les langues), il a rencontré un immense succès. Unique en son genre, il laisse des étrangers interpréter en choeur, avec leurs accents, le patrimoine culturel français. Remarquable leçon d'intégration par la musique, ce disque montre que les légionnaires ont su gagner un combat très particulier : la conquête du coeur des Français. La récompense ne s'est pas fait attendre et un disque d'or a été décerné à nos musiciens, en direct sur des chaînes nationales. Ce titre, convoité par les artistes tout au long de leur carrière, a été obtenu en trois mois. C'est cela la magie de la Légion ! Gageons que l'aventure va continuer car la distribution à l'étranger vient de commencer, portant l'image de la Légion et de l'armée française bien au-delà des frontières.

Les honneurs ont également marqué ces dernières semaines. Trois régiments ont été récompensés : le 1er Régiment étranger de cavalerie a reçu la croix de la Valeur militaire pour son action au Tchad en 1978. Le 2e Régiment étranger de parachutistes et le 2e Régiment étranger de Génie ont reçu la croix de la Valeur militaire pour leurs actions en Afghanistan. Décorés pour la seconde fois sur ce théâtre, ils ont tous les deux reçu la fourragère rouge et blanche aux couleurs de la croix de la Valeur militaire. Toute la Légion étrangère partage cette fierté car ces faits d'armes sont possibles grâce à l'action quotidienne des régiments et du socle, pour continuer à accueillir des candidats de qualité et en faire des légionnaires prêts à se surpasser au service de la France.

La rigueur s'est imposée lors de la fête nationale sur les Champs Élysées avec une présence aussi particulière que remarquée. Ce sont sept emblèmes qui ont descendu ensemble la plus belle avenue du monde, suivis de légionnaires parachutistes, cavaliers et sapeurs de montagne ! Colonne imposante, de fière allure, la Légion a marqué les Français, par son unité, sa rigueur escortée d'un nuage de fierté, au fur et à mesure que se déchaînaient les applaudissements des Parisiens venus fêter, voir et complimenter l'armée française ! Et chaque légionnaire sentait une fois encore dans cet engouement du public, combien son parcours, unique au monde est bel et bien une fierté nationale.

Alors comment expliquer l'intensité de ces temps forts ? Certes, l'image de la Légion brille de façon insoupçonnée dans de très nombreux pays, témoignant de sa contribution au rayonnement de la France et de ses soldats. Mais le secret de ces moments exceptionnels se cache dans les exigences au quotidien, le souci du détail, l'exécution parfaite, les règles de vie connues et acceptées dès l'engagement, l'adhésion aux valeurs de la Légion, la fierté d'être légionnaires, la cohésion et l'esprit de corps. Et cela est résumé dans l'article 6 du code d'honneur : La mission est sacrée, tu l'exécutes jusqu'au bout... Il s'agit bien d'exigence vécue au quotidien.

Général Christophe de Saint Chamas,
commandant la Légion étrangère

Source : Képi Blanc magazine
Crédit : Légion étrangère


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