AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size


L’honorariat à la Légion étrangère

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 777

L’honorariat est la dignité d’une personne honoraire, c’est-à-dire de celle qui porte un titre sans fonction. Il s’agit ainsi d’une marque de gratitude et de considération envers une personne qui a rendu des services éminents à l’institution qui l’honore.

Les origines de l’honorariat

Dans le milieu militaire, l’attribution d’un grade honorifique trouve son origine dans la nomination du général Bonaparte au grade de caporal en mai 1796, suite à la prise du pont de Lodi, à laquelle il avait participé physiquement aux côtés de ses hommes. À l’époque, le grade de caporal n’était attribué qu’au prix d’un acte de bravoure exceptionnel. L’honorariat au titre d’une arme apparut plus d’un siècle plus tard, après la 1re Guerre mondiale, sans aucune règle fixe.

À la Légion, c’est le général Rollet qui lança cette tradition, en restant d’ailleurs très mesuré dans l’attribution de cette mesure de gratitude. Véritable fondateur de la Légion “moderne”, visionnaire, le général Rollet, nous a montré la route à suivre en nommant à l’honorariat, avec parcimonie, des personnalités très diverses :
messieurs Jean Brunon et Pierre Benigni, respectivement rédacteur en chef et illustrateur du livre d’or édité pour le centenaire de la Légion étrangère en 1931. Monsieur Brunon gravira par la suite dans l’honorariat les grades de caporal puis de caporal-chef ; des chefs de guerre, officiers ou sous-officiers, ayant vaillamment combattu au sein ou aux côtés des unités de Légion étrangère, notamment au Maroc lors de la guerre du Rif. Citons parmi eux le capitaine Léopold Davout d’Auerstaedt, pilote de chasse, nommé légionnaire de 1re classe d’honneur, et le chef de bataillon Albert du 2e Régiment de tirailleurs marocains, nommé sergent d’honneur. Notons que ce grade ne sera donné qu’une autre fois, en 1941, au commandant Brignaudy, le pacha du Sontay, “le bateau de la Légion” qui transportait les légionnaires en Extrême-Orient ; des médecins militaires ; maître Danjou, notaire à Chalabre, le petit-neveu du capitaine Danjou, et qui fit don au musée de la tunique et des médailles ayant appartenu à son grand-oncle ; une femme, madame Léone Lapidus, correspondante d’André Gide à Marrakech.

Comme dans beaucoup d’autres domaines, le général Rollet avait fixé le cap : l’honorariat à la Légion doit concerner des militaires et des civils, des hommes et des femmes qui, soit ont coopéré ou combattu en opérations de manière exemplaire avec des unités de Légion, soit, hors contexte opérationnel, ont rendu des services exceptionnels à la Légion étrangère. Géré comme une coutume, laissé longtemps à la discrétion des chefs de corps, voire occasionnellement à celle d’associations d’anciens, l’honorariat est, depuis 2004 et pour toutes les armes, encadré par une directive du chef d’État-major de l’armée de Terre.

Qui sont ces légionnaires d’honneur ?

Aujourd’hui, la Légion étrangère recense un peu plus de 1 200 personnes qui ont reçu cette distinction. Il faudrait un livre pour toutes les citer, et souligner les liens profonds qu’elles ont eus ou ont encore avec la Légion. La liste de ces légionnaires honoraires est longue : 7 légionnaires, près de 1 100 légionnaires de 1re classe, une petite centaine de caporaux ou brigadiers, une douzaine de caporaux-chefs ou brigadiers-chefs, deux sergents, et un seul sergent-chef, le prince Louis II de Monaco, “le prince soldat” qui voulut qu’à ses obsèques, sur le parvis de la cathédrale de la Principauté, ne soient joués que l’hymne monégasque et Le Boudin.

La majorité de ces légionnaires d’honneur ont été nommés en période de guerre : Seconde Guerre mondiale (350) Guerre d’Indochine (500), Guerre d’Algérie (115). Dans les années 1930, ils étaient seulement une cinquantaine à être nommés. Après la Guerre d’Algérie et jusqu’en 1971, une vingtaine. Puis vinrent des années “vides” jusqu’à la fin des années 1970. Ils furent ensuite 80 jusqu’en 2004, et depuis, une soixantaine. Parmi eux, citons les quatre maréchaux de France de la Seconde Guerre mondiale, des chefs d’État-major des armées ou d’armée, de nombreux officiers généraux français ou étrangers, de nombreux officiers, beaucoup d’infirmières ou assistantes sociales pendant les périodes de guerre, un couple présidentiel, un ancien président de la République, des anciens ministres, un roi, des princes, des princesses, un marquis, des académiciens, des préfets, des ambassadeurs, des consuls, des écrivains, des historiens, des journalistes, des maires, des œnologues, des secrétaires d’associations, des artistes, des juristes, des bâtonniers, des avocats, des évêques, des aumôniers catholiques ou protestants, des missionnaires, des peintres, des photographes, des “pachas”, des pilotes, le champion de boxe Marcel Cerdan, des cantinières, des comptables, un explorateur, des artisans, des commerçants, des architectes, et bien d’autres personnes regroupées sous le terme générique de bienfaiteur ou bienfaitrice de la Légion étrangère.

Le sens de l’honorariat aujourd’hui

Aujourd’hui, l’honorariat est toujours attribué en témoignage de gratitude “pour services éminent” rendus à la Légion étrangère. La procédure est centralisée depuis 2004, et les critères de proposition ont toujours les deux volets majeurs choisis par le général Rollet : le comportement exemplaire au combat ou en campagne, avec ou aux côtés des unités de Légion étrangère ; hors du contexte opérationnel, la participation de façon exceptionnelle à la défense de la Légion et à son rayonnement, ou la réalisation à son profit d’un travail tout-à-fait remarquable. Seuls le grade de caporal et la distinction de 1re classe ont été conservés de nos jours. Par délégation du général chef d’état-major de l’armée de Terre, la décision d’attribution de la distinction de légionnaire de 1re classe d’honneur est prise par le général commandant la Légion étrangère, sauf lorsque les propositions concernent des hautes personnalités étrangères.

Le grade de caporal d’honneur est en principe réservé aux officiers généraux, français ou étrangers, et soumis pour décision auprès du cabinet du ministre. L’honorariat n’est ni une récompense, ni un dû, ni une flatterie, ni un hochet. Il est d’abord un signe du cœur. Le réseau d’amis qu’il crée ne se raisonne pas en termes de services rendus, d’obligations à rendre, ou de calculs. Sa logique est autre. Il s’agit d’abord de se reconnaître autour d’une identité commune, celle de Monsieur Légionnaire, pour qu’animés par elle, le commandement de la Légion étrangère et l’impétrant témoignent de leur attachement commun à la famille qui les unit. Car l’honorariat, pour la Légion étrangère, c’est d’abord la manière simple de rendre hommage, de manière gratuite et désintéressée, aux amis de la Légion étrangère qui rentrent dans la famille parce qu’ils se sont distingués par leur abnégation, leur dévouement, et leur attachement à tous ces étrangers devenus fils de France, non par le sang reçu mais par le sang versé. Dans notre société du paraître, où le “bonjour, s’il vous plait, merci” n’existe quasiment plus, même pour aller chercher son pain à la boulangerie, l’honorariat est aussi un signe d’espérance, dont la flamme est entretenue par la certitude que l’âme de Monsieur légionnaire peut faire de grandes choses. Ce mois-ci, deux officiers généraux en activité, sont mis à l’honneur : bienvenue à eux dans la famille légionnaire !

“Elle n’avait que de bons soldats !”

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 776

La 3e du 1er est morte, mon colonel, mais elle en a assez fait pour que, en parlant d’elle, on puisse dire : elle n’avait que de bons soldats !” Cette magnifique phrase a été écrite par le caporal Berg, qui fut désigné par les autres survivants du combat de Camerone pour adresser le 1er mai un compte-rendu de la bataille au colonel Jeanningros. Elle nous amène d’emblée à réfléchir sur ce que et sur qui sont ces bons soldats de Camerone.

Qu’est-ce qu’un bon soldat ?
Ardant du Picq, mort pendant la guerre de 1870 des suites de ses blessures, voulut “étudier l’homme dans le combat, car c’est lui qui fait le réel” : “Ce qui constitue surtout le soldat, le combattant capable d’obéissance et de direction dans l’action, c’est le sentiment qu’il a de la discipline, c’est son respect des chefs, sa confiance en eux, sa confiance dans les camarades, sa crainte qu’ils puissent reprocher de les avoir abandonnés dans le danger, son émulation d’aller où vont les autres, sans plus trembler qu’un autre, son esprit de corps en un mot”.
Cette définition, qui est le fruit de l’expérience d’un grand chef militaire, est très juste, mais elle reste cependant descriptive de l’état du bon soldat. Il est nécessaire à mon sens d’y ajouter la dimension, du “pourquoi” du passage à l’acte héroïque des bons soldats.

Ce “pourquoi”, c’est d’abord pour le légionnaire l’identification personnelle à une famille, dans laquelle il se reconnait progressivement et avec effort, à laquelle il donne tout, et pour laquelle il ne lâche jamais rien. Cette famille lui donne comme vertus essentielles l’honneur et la fidélité. Dans le Testament de Camerone, le général Olié aborde cette question de l’honneur légionnaire. L’honneur dicte durement les limites du bien et du mal, et détermine le devoir du légionnaire : agir par devoir, c’est-à-dire en faisant violence à sa propre nature. “C’est à ce degré élevé que se réalise la mue de l’homme en soldat, quand, libéré par son adhésion, il ne ressent plus sous le képi blanc les contraintes de la discipline mais perçoit en revanche la fierté de son appartenance à la Légion, fierté faite de l’estime de soi et de celle de ses pairs, et qui implique l’acceptation totale du devoir et la détermination d’être toujours digne du patrimoine de gloire que ses anciens ont légué”.

Ce “pourquoi”, c’est aussi la fidélité, comme le souligne à nouveau le général Olié, car “elle aide l’homme à rester sur la route choisie malgré les obstacles du chemin. Fidélité envers ce que l’on veut devenir et être, fidélité envers ses camarades, fidélité envers ses chefs… Plus accessible que d’autres qualités, elle caractérise le bon légionnaire “honnête et fidèle” chanté par le 1er Étranger de Cavalerie”.

Ce “pourquoi” ne s’inculque pas en un jour. Nos anciens l’avaient compris, quand en 1937 ils éditèrent le mémento du soldat de la Légion étrangère, afin “de lui donner tout ce dont il a besoin pour tenir sa parole de soldat”. Aujourd’hui, son successeur, le Code d’honneur du légionnaire, lui dicte les limites du bien et du mal, et lui détermine son devoir.

Qui étaient ces bons soldats ?
Ils avaient d’abord un grand chef : le capitaine Danjou, désigné pour la mission, mais dont le caporal Maine dira : “Je le reverrai toujours, avec sa belle tête intelligente, où l’énergie se tempérait si bien par la douceur…Il nous appelait par nos noms.” Pour le caporal Berg, “le capitaine Danjou était splendide par son ardeur et son sangfroid. Il allait d’un côté à un autre et sûrement, si l’un d’entre nous n’avait pas eu le courage, il l’aurait acquis rien qu’en le regardant”.

Les chefs de section étaient solides et courageux : élève indiscipliné du Prytanée militaire de la Flèche, engagé à la Légion étrangère en 1854, combattant à Alma, Sébastopol et Magenta, le sous-lieutenant Vilain a été tué d’une balle en plein front, en traversant la cour de l’hacienda après avoir encouragé les légionnaires de la brèche sud-est à tenir leur position. Le sous-lieutenant Maudet était “un de ces vieux braves comme on en choisissait alors pour porte drapeau” (général Zédé). Le caporal Berg écrira de lui : “C’était magnifique de voir le sous-lieutenant Maudet, seul à la tête de quelques hommes, tirer au fusil comme un soldat quelconque. Il ne voulait pas se rendre, et au moment de tomber, il venait de faire feu”.

Parmi les sous-officiers, le sergent-major Tonel et le sergent Germeys ont fait la guerre de Crimée et la Campagne d’Italie. Les sergents Morzycki et Schaffner sont anciens d’Italie. Seul le sergent Palmaert, 21 ans, va connaître le baptême du feu à Camerone.

Les légionnaires ont à peine plus de 25 ans en moyenne. Deux d’entre eux n’ont pas 18 ans. Les plus anciens, plus de quarante. Un tiers de la compagnie a entre 3 et 9 mois de service. Le deuxième tiers a entre un et 4 ans de service, avec pour certains, une expérience du combat. Le 3e tiers, le plus homogène est constitué de vieux soldats de la guerre de Crimée ou de la Campagne d’Italie. L’amalgame entre jeunes et anciens est une vraie richesse pour la compagnie. Maintenu jusqu’à nos jours, il est un gage de succès à la Légion étrangère, car non seulement il permet le transfert des savoir-faire de l’ancien au jeune au quotidien, mais surtout, c’est lui qui donne au plus jeune le supplément d’âme de la famille légionnaire.

Parmi ces bons soldats, certains ont connu la deuxième chance offerte par la Légion : le caporal Berg, ancien bigor qui a accédé à l’épaulette en Crimée au 1er Zouaves, a participé à l’expédition de Syrie, puis a été traduit devant un conseil d’enquête suite à des écarts. Il a démissionné et s’est engagé à la Légion étrangère.

L’héroïsme au combat touche également des légionnaires lourdement sanctionnés pour leurs méfaits en service : Daglinks condamné à un an de prison pour refus d’obéissance en 1861 ; Constantin, condamné une première fois, en décembre 1855, à 7 ans de travaux publics pour désertion. Gracié en 1859, il a été condamné à 2 ans de prison, en février 1860, pour “vente de petit équipement et disparition d’effet d’habillement, de grand et de petit équipement et de campement”. Il rechutera, après sa libération par les Mexicains. Catenhusen, huit ans de service dont quatre passés sous les barreaux, pour “outrage à supérieur par la parole et le geste et menaces”.

On peut donc faire des miracles au combat, avec des serviteurs qui chutent : il faut avant tout qu’ils aient eux-mêmes la volonté et la conviction de s’identifier comme de vrais légionnaires.

Que nous ont légué ces bons soldats ?
Ils ont donné Camerone, à la Légion étrangère et aux armées françaises : le nom de la célèbre hacienda est devenu symbole des plus hautes vertus militaires, dont la première, la fidélité à la parole donnée. Les hommes du capitaine Danjou ont eu confiance dans la mission reçue. Bien qu’isolés, leur détermination a été inébranlable. Ils n’ont pas cédé, ils ne se sont pas laissé impressionner par l’écrasante supériorité du nombre. Ils ont eu le courage de donner leur vie pour la réussite de la mission. Mais leur plus grande victoire est le respect qu’ils ont inspiré à l’ennemi : “On ne refuse rien à des hommes comme vous !”. Ce testament qu’ils nous ont légué, c’est le triomphe du “malgré”, comme le dit clairement le général Olié : “Rien de grand ne s’accomplit que “malgré”, malgré les obstacles dont le plus sévère est l’égoïste instinct de conservation. Tout le courage du soldat est fondé sur le triomphe de ce “malgré. Ce testament s’est concrétisé maintes fois lors des combats ultérieurs dans lesquels les légionnaires ont voulu se montrer dignes de leurs Anciens. Il reste d’actualité et doit nous animer, comme notre tradition vivante.


Joyeux Camerone !


Dossier de presse Camerone 2015


“Tradition et traditions”

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 775

En 1990, dans sa directive sur les traditions à la Légion étrangère, le général Le Corre, qui nous a quittés l’an dernier, écrivait : “La tradition peut se définir comme la manière d’agir ou de penser, transmise de génération en génération. Pour nous, légionnaires, elle est l’expression, léguée par nos anciens, de notre identité et de notre spécificité physique et morale. C’est-à-dire que les traditions ne se limitent pas à la célébration de nos fêtes, à notre uniforme, à nos chants et aux usages et coutumes qui nous distinguent des autres armes : ce ne sont là que les manifestations extérieures de traditions beaucoup plus profondes. Leur domaine est très vaste et nous les retrouvons dans beaucoup d’aspects de la vie de tous les jours, car elles sont le fondement de cet esprit de corps qui fait notre force. Elles sont les références de ce que j’appellerai la “société légionnaire”. Quelles que soient leur origine et leur ancienneté, les hommes qui composent la Légion étrangère ressentent plus ou moins distinctement leur appartenance à cette société, à cette famille. Nous constatons que la qualité des liens qui les attachent à la Légion est conditionnée par la connaissance et le respect de nos traditions”.

Les traditions de la Légion étrangère font donc partie intégrante de son patrimoine et de sa culture ; elles ont été forgées au fil des ans, elles sont aujourd’hui garantes de son identité et de son unité et elles restent un facteur essentiel d’intégration et de cohésion. Certaines sont très anciennes et trouvent leurs origines dans des coutumes antérieures à sa création. D’autres sont plus récentes ; leur adoption prouve la capacité de la Légion étrangère à s’adapter à son temps, et démontre que ces traditions ne sont pas figées, mais appelées à évoluer.

Ces traditions, léguées par nos anciens sont :
- au premier rang d’entre elles, le caractère sacré de la mission, mis en exergue par la commémoration du combat de Camerone, érigée en rite annuel ;
- la rigueur dans l’exécution, qui conditionne le succès de la mission ;
- la solidarité, qui est le ciment entre les légionnaires de toutes origines ;
- le culte du souvenir, qui est le trait d’union entre la Légion d’active, celle des anciens, et nos morts.
Quant au Code d’honneur, il est l’expression écrite de ces
valeurs.

Dans son remarquable ouvrage “Monsieur légionnaire”, le général Hallo, fait, au feu, chevalier de la Légion d’honneur par le général de Lattre de Tassigny à Colmar en 1945, puis officier du même ordre par le général Zeller en 1952, écrivait : “Le culte des traditions est pour la Légion étrangère à la fois le garant de son identité et le ferment indispensable à son éthique. Ses traditions sont nées d’un siècle et demi d’incessantes campagnes et du folklore des armées de l’Europe entière, de gestes d’héroïsme mille fois répétés, et de l’orgueil d’un corps qui tient lieu de Patrie. Ses traditions imprègnent maintenant sa vie, rythment son pas, président à ses fêtes, et engagent à jamais ceux qui servent dans ses rangs”.

C’est cet engagement à jamais du légionnaire, qui est en fait La tradition. Le recueil des traditions de la Légion étrangère, édité par le général commandant la Légion étrangère en 2005, le précise d’ailleurs clairement : “à l’instar de toute l’armée française, nous n’avons qu’une et une seule Tradition, c’est de “Servir”. Celle-ci est immuable. La finalité de ce recueil est d’en fixer les modalités d’application qui sont les traditions. Elles ne sont donc pas intangibles et il nous appartient de les faire vivre”.

Pour les faire vivre, attachons-nous d’abord à bien les connaître, puis à les transmettre avec foi aux plus jeunes. Nous sommes en effet tous responsables de l’héritage que nous transmettons à nos successeurs. Innovons, mais sélectionnons ce qui en vaut la peine, sans nous laisser influencer par les modes, ni permettre les déviations de coutume qui n’apportent rien à la Légion.

More majorum !


“La discipline et la camaraderie sont ta force…”

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 774

Le service des armes, l’entraînement au combat, les nécessités de la sécurité et la disponibilité des forces exigent le respect par les militaires d’un ensemble de règles qui constituent la discipline militaire, fondée sur le principe d’obéissance aux ordres. Le militaire adhère à la discipline militaire, qui respecte sa dignité et ses droits. La discipline militaire répond à la fois aux exigences du combat et aux nécessités de la vie en communauté. Elle est plus formelle dans le service qu’en dehors du service, où elle a pour objet d’assurer la vie harmonieuse de la collectivité.

C’est ainsi qu’est définie aujourd’hui la discipline militaire dans le Code de la défense. Si au fil de l’histoire militaire, les formulations pour la décrire ont pu changer, force est de constater que l’essentiel demeure : le principe d’obéissance aux ordres est la clé du bon fonctionnement de nos armées. Vertu de bien commun, l’obéissance est fondée sur l’autorité, et ses limites viennent toujours de celles de l’autorité. Car l’obéissance exige qu’il y ait reconnaissance de cette autorité. Se soumettre à quelqu’un parce qu’on subit son ascendant, ce n’est pas obéir. Se conforter aux directives reçues uniquement parce qu’on en reconnait la sagesse, ce n’est pas non plus encore de l’obéissance, c’est du bon sens et de la prudence : il y manque le précepte, fondé sur une autorité légitime. Là seulement se trouve le vrai motif de l’obéissance. Cette légitimité vient de la liberté individuelle de chaque militaire, quel que soit son grade, d’avoir choisi en s’engageant, de consentir à la discipline, dans le seul bien du service.

Déjà en 1937, le mémento du soldat de la Légion étrangère rappelait cette vérité : “la force de la Légion réside avant tout dans la confiance absolue et réciproque qui lie les légionnaires et leurs chefs... Ces chefs sont tes compagnons de souffrance et de danger… Bien souvent, il ne te sera pas donné de pouvoir discerner immédiatement la cause profonde d’un ordre. Dans ces circonstances, l’intérêt de tous le tien propre, exige que tu sois persuadé que le chef qui te le donne ne le fait que dans l’intérêt général du service. C’est cette discipline stricte mais librement consentie qui fait la force de notre Vieille Légion”.

Cette confiance absolue qui lie les légionnaires et leurs chefs trouve sa force dans la vie quotidienne et le style de commandement : “C’est une chose d’importance, la discipline à la Légion, l’amour du chef, l’obéissance, sont de plus pure tradition”. Ces versets du chant de la Phalange magnifique sont là pour nous rappeler à tous nos devoirs réciproques. Le mémento de 1937 mentionnait d’ailleurs : “C’est au combat que tu comprendras l’amour qui doit lier le chef à ses légionnaires, dont les cœurs battent à l’unisson pour porter toujours plus haut et plus loin la gloire immortelle de la Légion étrangère.

Les devoirs envers les subordonnés mentionnés dans ce mémento sont toujours d’actualité :
Tu devras calquer en tous points ta conduite sur celle de tes chefs. Conscient de tes responsabilités, tu exigeras de tous l’obéissance immédiate et entière. Dans l’application des sanctions, tu seras, avant toute chose, juste et ferme. Cette fermeté n’exclura d’ailleurs nullement la bienveillance et les punitions que tu infligeras aux fautifs devront avoir obligatoirement pour contrepartie les récompenses que tu décerneras à ceux qui se distinguent par leur activité et leur
dévouement. En aucun cas, tu ne devras chercher à retirer un profit quelconque du pouvoir qui t’a été conféré pour le seul bien du service. Sacrifiant résolument les intérêts particuliers de chacun aussi dignes d’intérêt qu’ils puissent être, à l’intérêt général, tu ne prendras aucun repos tant que le bien-être matériel et moral de tes hommes n’aura été
pleinement satisfait… Tu donneras l’exemple en tout, aussi bien dans ta vie privée que dans ta manière de servir. Ta dignité, ta conscience professionnelle et tes connaissances militaires sont seules susceptibles de te conférer le respect de tous.

Il en est de même pour les devoirs du légionnaire envers ses camarades : “La discipline de la Légion repose sur deux principes essentiels : l’autorité des chefs et l’égalité devant les règlements. Tous les légionnaires sont donc égaux. La Légion, qui est désormais ta seconde patrie, ne distingue ni nationalités, ni races, ni religions. Soldat de métier, venu volontaire pour servir dans un corps d’élite, tu domineras les partis et leurs luttes politiques par le culte de notre drapeau et l’amour du métier des armes, le plus beau de tous. Aucune question d’ordre politique ou confessionnel ne doit intervenir dans tes relations avec tes camarades, dont tu dois scrupuleusement respecter les croyances et les traditions. Tu ne devras jamais demeurer sourd au cri “à moi la Légion” d’un camarade en détresse, mais au contraire voler résolument à son secours. Il est bien entendu que tu n’auras recours à cet appel sacré que dans un danger pressant. Vivant résolument à l’écart du monde, tu ne manqueras jamais de manifester à l’égard de chacun de tes camarades la solidarité étroite qui doit unir les membres d’une même famille. Les traditions de camaraderie et d’entraide à la Légion sont universellement reconnues et admirées. Il t’appartient de les perpétuer. Respectueux de tes anciens dont l’expérience te sera précieuse en maintes circonstances, tu guideras de tes conseils désintéressés les jeunes engagés, afin de leur épargner un apprentissage et une acclimatation parfois délicats”.

Ce mémento de 1937, référence de nos Anciens, respire le bon sens et la pertinence, tout comme notre Code d’honneur qu’il a largement inspiré. Cela prouve la pérennité de vérités simples : “la discipline et la camaraderie sont ta force”. Alors, du caporal au général, en respectant cet article du code d’honneur, nous pourrons dire comme Saint-Exupéry dans le Petit Prince : “J’ai le droit d’exiger l’obéissance, parce que mes ordres sont raisonnables.


1915, 1945, 2015 : histoire et continuité

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 773

2015 sera une année riche en mémoire pour la Légion étrangère, puisque nous commémorerons le 100e anniversaire de la création du Régiment de marche de la Légion étrangère (dont le 3e REI est l’héritier), et le 70e anniversaire de la Libération de la France pour laquelle les légionnaires de la 13e DBLE, du RMLE et du 1er REC ont combattu héroïquement.

Pourquoi commémorer ?
Pour un soldat, commémorer, c’est conforter le présent, en témoignant de la pérennité des valeurs qui ont guidé en leur temps les acteurs des faits d’armes. Plus que la célébration du passé, il s’agit, collectivement, de donner du sens au présent pour se préparer au combat à venir.
Lorsque le général Rollet, en 1931, voulut marquer durablement le centenaire de la création de la Légion étrangère, il décida l’édification d’un monument aux morts, il commanda un livre d’or pour rappeler les faits d’armes de la Légion, et donna à la commémoration épisodique de la bataille de Camerone un caractère pérenne. En 1947, le colonel Gaultier souligna le caractère intemporel de cette commémoration en instituant le rite immuable du port de la main en bois du capitaine Danjou. Le général Olié, qui fut chef de corps du RMLE lors de la libération de l’Alsace, écrivait : « Il (le testament de Camerone) se solde par la longue et sanglante litanie des innombrables faits d’armes accomplis au cours de plus de cent années de combats, la longue et glorieuse litanie de victoires qui chargent les drapeaux et les étendards de la Légion étrangère et dont les noms s’inscrivent sous celui de Camerone, comme pour donner aux héros de Danjou le témoignage de la pérennité du serment qu’ils ont écrit de leur sang à Camerone. Dans un monde et une époque de petite foi, ce legs donne la certitude grave, exaltante, durable, d’agir et de servir un idéal d’honneur et de fidélité qui nous dépasse ».

Ainsi, commémorer, c’est se souvenir pour se préparer, au présent, à mener les combats quotidiens pour un idéal d’honneur et de fidélité qui nous dépasse.

Que commémorer ?
Créé le 11 novembre 1915, le Régiment de marche de la Légion étrangère est le premier régiment de l’Armée française à avoir reçu la fourragère aux couleurs de la médaille Militaire. Il est l’héritier des quatre régiments de marche constitués au début de la Grande Guerre, entre août 1914 et avril 2015, par l’afflux de 32 000 volontaires étrangers, de 51 nationalités différentes, venus défendre la France. Ces quatre régiments, présents sur le front de fin 1914 à fin 1915, s’illustrent en Argonne, dans la Somme, en Artois et en Champagne. Après de lourdes pertes, deux régiments rescapés, le 2e de marche du 1er Étranger et le 2e de marche du 2e Étranger fusionnent le 11 novembre 1915, pour devenir, par le sang versé, le Régiment de marche de la Légion étrangère. Il sera commandé à compter de 1917 par le lieutenant-colonel Rollet, le futur « Père Légion ». Au cours de ce conflit, près de 43 000 engagés volontaires pour la durée de la guerre ont combattu dans les rangs de la Légion, et plus de 35 000 d’entre eux furent tués, blessés ou disparus.

Les trois régiments de Légion étrangère qui libèrent l’Alsace début 1945, sont engagés depuis novembre 1944 dans la bataille des Vosges, au sein du 2e Corps d’armée (général de Monsabert) de la 1re Armée française du général de Lattre de Tassigny. Leur rôle dans la réduction de la poche de Colmar du 20 janvier au 2 février 1945 est décisif. Déjà très éprouvée dans les Vosges, la 13e DBLE combat au sein de la 1re Division motorisée d’infanterie (DMI) ; le 1er REC et le RMLE au sein de la 5e Division blindée. La bataille de Colmar se déroule dans des conditions extrêmement difficiles liées à l’hiver, particulièrement rigoureux cette année là, et au terrain qui n’offre pratiquement aucune couverture naturelle aux assaillants alliés. La 1re Armée y perd plus de 2 000 hommes. Le général de Lattre envoie après la libération de Colmar le communiqué suivant : « Au 21e jour d’une âpre bataille au cours de laquelle les troupes américaines et françaises ont rivalisé d’ardeur, de ténacité et de sens manoeuvrier, l’ennemi a été chassé de la plaine d’Alsace et a dû repasser le Rhin ». Pour marquer ce sacrifice, il choisit le blason vert et rouge de la ville de Colmar pour en faire l’insigne de la 1re Armée. Le RMLE, quant à lui, fait sienne la devise de la 5e DB « France d’abord ».

Un atout pour 2015
Qu’il me soit permis, pour cette année 2015, de rendre un hommage particulier à celui qui commanda la 1re Armée française il y a 70 ans, dans laquelle combattirent trois glorieux régiments de la Légion étrangère. Des historiens peuvent lui reprocher d’avoir trop demandé à telle ou telle formation. Je retiens « du Roi Jean », qui plus tard dira aux survivants de la RC4 « Bravo la Légion ! », d’avoir emporté la victoire en créant et commandant au feu la 1re Armée française faite certes de troupes aguerries, mais aussi de volontaires de la dernière heure. Sa devise « Ne pas subir » doit nous guider dans les combats quotidiens. Nous y arriverons si nous appliquons ses recommandations : « Ayez le culte de l’effort, le goût du travail bien fait, la fierté de l’oeuvre accomplie, le sens de la discipline et l’esprit de générosité ».


Plaquette Légion étrangère 2015


Joyeux Noël !

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 772

Et voici Noël, grande fête légionnaire par-delà toutes les croyances, et fête familiale par excellence. C’est bien en famille, au sein de la grande famille Légion, que nous allons à nouveau célébrer Noël dans les régiments, ensemble, cadres et légionnaires de tous grades et de toutes anciennetés. Mais pour quelles raisons ? L’individualisme actuel ne nous pousserait-il pas à ne réunir dans la nuit de Noël que le personnel pris par les obligations du service ? Et bien, non. Car aussi vrai que Camerone est commémorée avec solennité le 30 avril quel que soit l’endroit, pour célébrer le culte sacré de la mission et de la parole donnée, Noël est fêtée avec ferveur par toute la communauté légionnaire lors de la veillée du 24 au 25 décembre, quelles que soient les circonstances, pour qu’au cours de cette nuit, plus que jamais, la Légion tienne de famille au légionnaire. Pour que ce Noël soit pour tous un bon Noël légionnaire, je souhaite vous délivrer trois messages.

Tout d’abord, il s’agit de prendre conscience de la richesse de l’héritage construit et légué par nos anciens. Noël a de tous temps été fêté à la Légion étrangère. Les écrits nous disent que dès la fin de la guerre de 1870, les Alsaciens et les Lorrains ont donné le ton. Puis, le témoignage verbal le plus ancien est celui d’un habitant de Fez en 1912 : “au 3e Bataillon du 2e Étranger, la veillée se passait autour d’une crèche vivante, comme c’était alors la tradition. Les draps, les chèches, les ceintures bleues constituaient l’essentiel des déguisements de la Sainte-Famille et des bergers ; une poupée représentait l’enfant Jésus, et parfois, un bourricot emprunté à un Arabe ajoutait au réalisme du tableau ; une année même, une moukère avait tenu le rôle de la Sainte Vierge, et l’avait même fort bien tenu. À minuit, les officiers venaient dans les chambres et la veillée commençait alors autour de la crèche avec ses chants, ses chœurs allemands, russes et espagnols…Les Allemands priaient plus que les Français…”.

Le réveillon de l’époque se limitait à un quart de vin chaud. Pendant l’entre-deux guerres, les veillées s’étoffèrent, et comportaient de véritables spectacles, avec presque toujours des mangeurs de verre ou de rasoirs, des illusionnistes, des cracheurs de feu, des ventriloques, des danseurs… Cette tradition a d’ailleurs perduré dans les postes isolés de Djibouti dans les années 1970. Depuis les années 1950, les crèches ont souvent été confectionnées au niveau des compagnies. Toujours plus nombreuses au fil des années, ces crèches sont visitées par le colonel qui remet un prix à la plus belle : pas moins de 33 crèches lors du dernier Noël à Sidi bel Abbès en 1961. Plus près de nous, même en opération, en bivouac sur le terrain, l’esprit de Noël demeure : témoin cet extrait du Journal de marche et d’opérations de la 3e compagnie du 2e REP en Somalie, le 24 décembre 1992 : “Déplacement de Baïdoa à Haddour, arrêt à 17h30 à 30 kms au sud-ouest de la ville, préparation du bivouac pour Noël. Messe à 20h30, remise des cadeaux, pot, sketches et dîner. La compagnie est rassemblée autour d’une petite crèche et d’un sapin de fortune… Humilité et chaleur d’un Noël sur la piste ! Coucher tardif”. Ainsi, la Légion s’est donc toujours ingéniée à créer pour Noël une ambiance permettant aux légionnaires de retrouver autour de la crèche la chaleur de leur nouvelle famille qui tente de faire oublier le poids d’une solitude ou le vide de certaines absences.

Deuxièmement, Noël est l’occasion de former des voeux d’espérance. En décembre 1947, le colonel Gaultier, commandant le dépôt commun des régiments étrangers, utilisa le jeune journal Képi Blanc créé à Camerone de la même année, pour souhaiter un joyeux Noël aux légionnaires en opération ou en mission aux quatre coins du monde : “… Voici venir la fête qui égale celle de Camerone. Qu’elle soit pour vous aussi douce que possible. … Noël, Noël, gloire à la Légion sur la terre et paix au plus profond de nos cœurs unis les uns aux autres par la pensée…”. Dans ce même numéro de KB, le père Jean Hirlemann, compagnon de la Libération, aumônier de la Légion étrangère, écrivait : “Noël à la Légion est une fête de famille. Képi blanc vous le rappelle. C’est aussi, chez nous, la fête de l’espérance. En vous disant cela, je ne veux pas tomber dans le genre “sermon”, je tiens simplement à rappeler une vérité : on vient à la Légion parce qu’on espère : aussi, dans la monotonie des jours qui passent, Noël a sa place, sa grande place… Courage, Noël donne un sens à notre vie de légionnaire”. Ainsi, depuis 1947, grâce au journal Képi blanc, le colonel commandant le dépôt commun des régiments étrangers (aujourd’hui le général commandant la Légion étrangère), et les aumôniers catholique et protestant adressent leur message aux légionnaires comme aux anciens légionnaires. Je poursuis donc cette tradition : “Chers anciens, rappelez-vous les Noëls à la Légion. Je vous souhaite de conserver toujours en vous la fierté d’avoir servi sous le fanion vert et rouge, de guider avec attachement les jeunes légionnaires que vous êtes ou serez amenés à rencontrer, et d’être partout les témoins vivants et fidèles de la pérennité légionnaire. Légionnaires d’active, je vous souhaite de puiser dans la fraternité de la nuit de Noël les véritables signes de l’espérance que vous attendez : laissez parler votre coeur. Et si vous avez une famille personnelle, dites-lui que la discrétion avec laquelle elle s’efface la nuit de Noël pour vous laisser avec vos frères d’armes, est tout à son honneur”.

Enfin, pour que Noël soit vécu par tous comme un vrai signe d’espérance, voici quelques conseils : prenez le temps de casser la routine pour préparer avec soin les crèches, les sapins, la décoration des chambres, la veillée et ses sketches. Participez activement au tournoi sportif de Noël. Après le repas de veillée, dans les sections, éteignez les radios et télévisions ; chantez et pas seulement les chants habituels, mais les chants de votre pays d’origine ou de votre jeunesse ; partagez les avec vos camarades ; portez une attention particulière aux légionnaires qui fêtent leur premier Noël à la Légion en les écoutant, en les épaulant, et en vivant pleinement cette fraternité d’armes : la nuit de Noël, cette fraternité nait de la rusticité de la crèche qui, par la chaleur et la paix qu’elle apporte, comble les hommes de bonne volonté que sont les bergers.

Alors, ce Noël légionnaire, qu’il soit le premier ou le 40e (Joyeux Noël, major “154 658” !), marqué par l’espérance, sera un vrai Noël.


« Au drapeau ! » « À l’étendard ! »

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 771

À l’heure où des jeunes désœuvrés, en mal être, renient notre pays et ses valeurs pour fuir vers des chimères destructrices, il me paraît utile de rappeler le rôle fédérateur que jouent les drapeaux de nos régiments, en particulier pour tous ces étrangers, Français par le sang versé.

Mens sana in corpore sano”, écrivaient les Romains. Une âme saine dans un corps sain. Si l’on applique cette devise au régiment, le corps, c’est la troupe. N’emploie-t-on d’ailleurs pas l’expression “corps de troupe” ? Plus elle est entrainée, physiquement et pour le combat, meilleure elle est. Mais l’entraînement, meilleur soit-il, ne suffi t pas à faire d’une troupe une unité soudée. Il lui faut une âme : c’est le drapeau du régiment.

« Au drapeau ! » « À l’étendard ! »
Tel est le commandement donné par le chef de corps en début de prise d’armes au régiment rassemblé pour rendre les honneurs à l’emblème unissant la troupe en armes. Le pouvoir du drapeau n’est pas seulement dans les couleurs nationales : chaque jour, celles-ci sont hissées à l’aube, descendues au couchant du soleil, au centre du régiment, dans un rituel immuable mené avec une rigueur simple mais solennelle par le sergent, chef de poste qui veillera la nuit sur le régiment. Le drapeau du régiment, outre les couleurs nationales qui donnent sa légitimité à la troupe en armes, c’est son identité, inscrite en lettres d’or sur la soie tricolore :
- l’inscription “République Française” ;
- un numéro, le nom du régiment, la devise “Honneur et Fidélité”;
- la liste des batailles dont la prima inter pares “Camerone 1863”
- sur la cravate, en fonction de l’historique, les insignes de
décoration et fourragères.

Chaque drapeau de régiment est une pierre de la “voûte de gloire”. Cette expression est tirée du premier chapitre du premier livre d’or de la Légion étrangère, voulu par le général Rollet pour marquer, en 1931, le centième anniversaire de la création de la Légion étrangère. Le général Rollet voulut d’abord honorer la mémoire des morts de la Légion : il fi t élever le monument aux morts de la caserne Viénot à Sidi Bel Abbès. En même temps, il demanda un Livre d’or, destiné lui aussi à glorifier ceux qui avaient vaillamment combattu sous le signe de la grenade à sept branches.

Très récemment, lors d’une rencontre fortuite à Puyloubier, un descendant d’une famille ayant longtemps vécu à Sidi Bel Abbès, me remit en don pour le musée un exemplaire de ce premier livre d’or de la Légion étrangère, édité en 1931. Très touché par ce geste, je l’en remercie publiquement par le biais de cet éditorial.

Pour la préface de ce premier livre d’or, fut choisi le discours prononcé par le maréchal de France Franchet d’Esperey pour l’inauguration du monument aux morts de Sidi Bel Abbès. En voici quelques extraits significatifs :
“Cent ans de gloire, sous les plis du drapeau tricolore, ont prouvé que le fondateur de la Légion avait eu une claire vision de la psychologie de ces errants. À l’ombre de ce drapeau a grandi une société, un ordre militaire laïc, unique dans le monde entier. Toutes les races s’y mélangent, tous les espoirs s’y confondent…”. “Troupe étrangère sous le drapeau français, son âme est devenue française”.

Comment aujourd’hui perpétuer la pertinence et la beauté de ce discours du Maréchal de France Franchet d’Esperey, écrit il y a 83 ans mais ô combien d’actualité ?
Bien sûr, en recherchant quotidiennement l’excellence. Mais d’abord, dans l’exécution des petites choses. Ensuite et surtout, en consacrant toute notre énergie pour aider le tout jeune légionnaire à s’intégrer dans la famille Légion qui l’accueille, au nom de notre pays, la France. Et cela, pas seulement à Castelnaudary, mais dans chaque régiment. Faisons tout pour que le légionnaire, particulièrement le plus jeune qui ne maîtrise pas encore notre langue, fasse sienne cette réponse d’un grenadier à l’empereur Napoléon qui l’interrogeait sur son lieu de naissance :
Sire, quand je contemple l’étendard de mon régiment, je vois le clocher de mon village”.


Chef d’État-major de l’AT

Éditorial du général d’armée Jean-Pierre BOSSER, chef d’État-major de l’armée de Terre

C’est avec une immense fierté que je m’adresse aujourd’hui à l’ensemble de la Légion étrangère.

Mes premières pensées vont vers ceux d’entre vous qui sont en ce moment déployés aux quatre coins du globe pour remplir les missions que le chef d’état-major des armées et moi-même leur avons confiées. Avec leurs frères d’armes des autres régiments de l’armée de Terre, je sais qu’ensemble, ils s’engagent dans des opérations exigeantes, souvent au cœur de situations extrêmes et parfois au péril de leur vie, que ce soit dans la bande sahélo-saharienne ou en République de Centrafrique. Je tiens à les assurer de toute ma confiance.

Le mois de novembre est l’occasion d’honorer nos morts. Je sais combien cette tradition vous est chère. Je souhaite donc rendre hommage à vos côtés à tous ceux qui sont tombés au combat, qui ont perdu la vie à l’entraînement ou à l’instruction ainsi qu’aux Anciens qui nous ont quittés.

Comme depuis toujours, fidèle à sa renommée, la Légion étrangère fait la fierté de l’armée de Terre. Troupe combattante d’exception, son excellence opérationnelle, encore illustrée récemment pas son comportement au feu, a d’ailleurs été récompensée à juste titre par la citation attribuée cette année au 2e Régiment étranger de parachutistes.

Partout où elle est engagée, la Légion étrangère imprime traditionnellement sa marque et signe son passage de son empreinte si singulière. Sa réputation et la fascination qu’elle exerce donnent à tout événement qui la concerne un retentissement particulier. Les chefs d’état-major des armées de Terre européennes ont pu en juger à l’occasion de la commémoration de Camerone. Une fois encore, sur les Champs-Élysées, la Nation a quant à elle manifesté le 14 juillet, par ses acclamations, son attachement aux légionnaires et son admiration envers ces étrangers venus du monde entier pour servir la France avec honneur et fidélité.

Comme le reste de l’armée de Terre, la Légion étrangère a participé et participera encore aux restructurations et aux réductions imposées par les économies budgétaires. Je mesure les effets que ces diminutions produisent sur votre capacité opérationnelle. Mais je sais aussi pouvoir compter sur votre esprit pionnier pour rebâtir et pour réédifier ce qui aura été momentanément ébranlé par les mesures d’ajustement capacitaire prises dans l’infanterie, la cavalerie et le génie.

Sous l’impulsion de chefs énergiques, dont je salue ici le primus inter pares en la personne du général de division Jean Maurin, la Légion a toujours su vivre avec son époque et suivre la marche rapide d’un monde en évolution constante. Au rythme imperturbable qui est le sien, elle a su adapter son outil de combat pour le tailler avec pragmatisme aux besoins opérationnels. Le temps est à nouveau venu où, une fois encore, elle va devoir évoluer pour faire face à la pression croissante d’une menace terroriste transnationale, puissante hors de nos frontières et qui manifeste sa volonté de nuire à l’intérieur de notre pays. Pour être mieux préparés à nos engagements futurs et pour être capables de frapper l’ennemi plus efficacement, nous devons adapter nos capacités de combats. Leur organisation doit donc être repensée pour occuper avec la place qui leur revient l’espace des opérations spéciales, l’espace des opérations aéroterrestres et l’espace des opérations sur le territoire national.







Biographie du général Jean-Pierre Bosser, CEMAT

Le général d’armée Jean-Pierre Bosser est né le 14 novembre 1959 à Versailles. Son parcours militaire commence en 1970 au collège militaire de Saint-Cyr l’École où il effectue l’intégralité de sa scolarité. Saint-cyrien de la promotion “Général Lasalle” (1979-1981), il choisit l’infanterie de marine et poursuit sa formation à l’École d’application de l’infanterie à Montpellier. Il sert au 8e Régiment de parachutistes d’infanterie de marine à Castres à trois reprises, comme chef de section de 1982 à 1985, officier adjoint puis commandant de compagnie entre 1986 et 1990, et enfin, après avoir été nommé colonel le 1er octobre 2000, en qualité de chef de corps de 2001 à 2003.

Entre 1982 et 1992, il est projeté au Liban au sein de la force multinationale de sécurité à Beyrouth à sa création en septembre 1982, au Tchad pour le déclenchement de l’opération Manta en 1983 puis dans le cadre de l’opération Épervier en 1989, en République de Centrafrique en 1984 et en 1986, enfin au Gabon en 1990 pour l’évacuation des ressortissants de Port-Gentil. Il effectue également une mission d’assistance militaire technique d’un an comme conseiller du bataillon para-commando de la République islamique de Mauritanie en 1985. De 1990 à 1992, il occupe le poste de chef du centre opérationnel de l’État-major interarmées du commandement supérieur des forces armées en Nouvelle-Calédonie. Enfin, il est engagé à la tête de son régiment au Kosovo dans le cadre de l’opération Trident en 2002, puis en République de Centrafrique pour ouvrir l’opération Boali en 2003. Breveté de l’École de guerre en 1996, il sert durant cinq ans au bureau études générales de la direction du personnel militaire de l’armée de Terre (DPMAT) avant de prendre le commandement du 8e RPIMa. Il est ensuite nommé directeur des formations d’élèves des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan de 2003 à 2005, avant de retrouver la DPMAT en qualité de chef du bureau mêlée, puis chef du bureau études générales. Nommé général de brigade le 1er août 2007, il devient adjoint au sous-chef d’état-major ressources humaine à l’État-major de l’armée de Terre à Paris. Le 1er août 2008, le général Bosser prend pour deux ans la tête de la 11e Brigade parachutiste à Toulouse. Le 1er août 2010, promu général de division, il retrouve l’État-major de l’armée de Terre où il se voit confier les fonctions de sous-chef d’état-major performance synthèse. Élevé au rang et appellation de général de corps d’armée le 29 novembre 2012, il occupe à cette date le poste de directeur de la protection et de la sécurité de la Défense à Paris. Le 15 juillet 2014, en conseil des ministres, le général de corps d’armée Bosser est élevé au rang et appellation de général d’armée et nommé chef d’État-major de l’armée de Terre à compter du 1er septembre 2014. Titulaire d’une citation, le général d’armée Jean-Pierre Bosser est commandeur de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite et chevalier du mérite national Mauritanien. Marié, il est père de deux grands enfants.


Page 13 sur 21

Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui8405
mod_vvisit_counterHier7899
mod_vvisit_counterCette semaine24506
mod_vvisit_counterSemaine dernière40850
mod_vvisit_counterCe mois101470
mod_vvisit_counterMois dernier119907
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919960806

Qui est en ligne ?

Nous avons 2503 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42830715
You are here LEGION ETRANGERE COMLE Comle