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Légionnaire toujours...

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Le général vous félicite, le caporal vous remercie…

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 790

 

Il y a quelques jours, la Légion étrangère clôturait, au son du Boudin, le défi lé à pied sur les ChampsÉlysées. “Hâte-toi lentement” disait l’empereur Auguste. C’est précisément l’image que dégagèrent ce matin-là les pionniers, la musique et la 13e Demi-brigade de Légion étrangère en descendant la plus belle avenue du monde de leur pas lent et martial, donnant l’impression d’un bloc que rien ne pouvait ni stopper ni disloquer. Me vinrent à l’esprit, quand je vous aperçus, ces vers du capitaine de Borelli parlant de sa Légion :

“Jamais Garde de Roi, d’Empereur, d’Autocrate, de Pape ou de Sultan : jamais nul régiment chamarré d’or, drapé d’azur ou d’écarlate, n’alla d’un air plus mâle et plus superbement.”

Le défilé du 14 juillet 2016 est venu clore une année particulièrement riche pour vous, du rapatriement de la Phalange magnifi que à la création de cinq unités élémentaires supplémentaires dans les autres régiments de Légion. Au total, cette manoeuvre, qui sera totalement achevée en 2018, aura vu vos rangs gonfl er de plus de 2 000 hommes, soit un cinquième du renforcement de la force opérationnelle terrestre. Ce test grandeur nature de la réactivité et de l’adaptabilité de votre institution a permis au chef que je suis de mesurer à quel point l’impression de puissance collective qui se dégage de vous dans les défilés est également de mise dans l’accomplissement de votre devoir. La tâche était aride mais le défi fut relevé. Vous avez été au rendez-vous, un rendez-vous avec l’Histoire.

Votre fidélité à la mission vous a permis de mettre sur pied, dans des délais extrêmement courts, ces cinq compagnies supplémentaires et de les engager ensuite dans des missions opérationnelles, en particulier sur le territoire national. Votre esprit pionnier et votre rusticité ont rendu possibles la montée en puissance et l’installation de la 13 au Larzac dans des délais extrêmement contraints. Rien n’aurait été réalisé sans un engagement plein et entier de chacun d’entre vous, derrière vos offi ciers. Avec une sérénité de tous les instants mais au prix d’un travail que je sais acharné, vous avez démontré qu’on pouvait tout vous demander. Paraphrasant le maréchal de Mac Mahon à Magenta, je peux affirmer que lorsque la Légion est en marche, “l’affaire est dans le sac”.

Pour tout cela, le général vous félicite !

Lorsque, le 29 juin dernier, le général de division Jean Maurin, commandant la Légion étrangère, me remettait, au camp du Larzac, les galons de caporal d’honneur de la Légion étrangère, je mesurais l’honneur qui m’était fait d’appartenir désormais à votre grande et belle institution.

Honneur, fidélité ... C’est au général Rollet que la Légion doit cette devise inscrite en lettres d’or dans les plis de vos drapeaux et étendards. C’est au même Père Légion que l’on doit l’honorariat dont je suis aujourd’hui le fi er bénéfi ciaire.

Honneur, fi délité … En retour de l’honneur que vous me faites en m’accueillant comme l’un des vôtres, recevez ma fidélité ; fi délité à la Légion étrangère, à ses membres, à ses anciens, à ses blessés et à ses morts. Lamarana, Simi, Palade, Khapangi, Halili, Hetenyi(1), vos noms font aussi partie de l’histoire récente de la Légion à qui vous avez tout donné. Ce galon est imprégné de votre souvenir. Caporal comme vous, je me sens désormais de votre famille. J’en ressens une grande fierté, mais j’en mesure aussi la lourde responsabilité.

Je reçois également en héritage votre Code d’honneur que je fais désormais mien. J’y relève les mots d’Honneur et de Fidélité, mais également ceux de Solidarité, de Discipline, de Camaraderie, de Respect, de Loyauté … Des mots dont notre pays a tant soif, des valeurs que je partage pleinement. Je fais enfi n mien ce commandement que vous avez reçu du maréchal Canrobert à Sébastopol, commandement qui m’oblige comme il vous oblige tous : “À la bonne heure, braves légionnaires, servez d’exemple aux autres”.

Pour tout cela, le caporal vous remercie !

Général d’armée Jean-Pierre Bosser, chef d’État major de l’armée de Terre


Dossier de Presse 14 juillet 2016


“Formés et prêts”

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 789

À ce titre de la couverture de ce Képi blanc, qui n’est pourtant pas une devise mais pourrait très bien l’être, je rajouterais volontiers : pour que chaque cadre et légionnaire engagé un jour au combat ne dise jamais “pas prêt, trop tard !”

La qualité de la formation des légionnaires est soulignée dans ce numéro de KB dans deux domaines : les spécialités enseignées au 4e Étranger, et l’appropriation du véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI) au 2e REI.

L’arrivée des VBCI au 2e REI est une nouvelle page de l’histoire militaire de ce régiment innovateur. Elle s’inscrit dans la volonté permanente d’allier à l’amélioration de la puissance de feu des troupes la recherche d’une meilleure mobilité. Les Perses, les Carthaginois puis les Romains se servirent avec succès de l’éléphant en lui faisant porter une tour dans laquelle s’abritaient les frondeurs. Mais les soldats n’en descendaient pas pour se battre, et on peut pour cela les considérer comme les précurseurs des tankistes.

Bonaparte organisa en Égypte un corps d’infanterie montée qui n’utilisait les dromadaires que pour poursuivre l’ennemi, pour le combattre ensuite à pied.

Dans l’armée française, en juillet 1843, le mulet fut choisi pour la 1re fois comme monture, à Boghar : 1200 mulets équipèrent deux bataillons d’infanterie. Pour cette fois, la Légion ne fût pas de la partie. Mais 23 ans plus tard, au Mexique, un détachement du Régiment étranger fit en 13 heures 23 lieues à dos de mulet pour surprendre avec succès une bande rebelle.

D’aucuns font remonter la première utilisation des animaux pour le transport de la Légion à 1853, lorsque le colonel Desvaux monta 200 légionnaires sur chameaux à l’occasion de la colonne en direction de Ouargla.

La reconnaissance par le baptême du feu de la première compagnie montée de la Légion étrangère remonte à mars 1881 dans le sud Oranais pour contrer l’insurrection du marabout Bou Amama qui razzie les tribus, massacre les Européens à Kralfallah, remonte à Géryville et retourne tranquillement au Maroc avec son butin. Les cinq colonnes (essentiellement d’infanterie, par défection de cavaliers locaux) qui sont à ses trousses, trop lourdes, courent inutilement derrière un ennemi à la mobilité étonnante. On se souvient alors qu’un mulet mange moins d’orge qu’un cheval et qu’il peut transporter deux ou trois hommes au lieu d’un. Soixante légionnaires, choisis parmi les meilleurs, créent la 1re unité montée. Sous les ordres du colonel de Négrier, ils parcourent 150 kilomètres en deux jours, tombent sur l’arrière garde des rebelles et récupèrent une partie du butin.

Ce premier succès n’empêche pas chez les légionnaires la quête permanente de l’innovation. Au début, chaque homme a son mulet ; puis la pénurie d’animaux et la quantité de fourrage à emporter font réduire les mulets à un pour trois hommes, ce qui n’est pas satisfaisant. La formule définitive sera d’un mulet pour deux hommes.

En 1892, une des unités du 2e Étranger s’organise en compagnie montée, avec des mulets, pour mieux poursuivre les troupes de Samory qui se dérobent sans cesse dans la steppe et les marigots du Soudan (Mali), puis traverse le désert sur 1 000 kilomètres pour rejoindre Sidi-Bel-Abbès : la monture est définitivement domptée par le légionnaire.

Depuis sa jeunesse, la Légion étrangère est innovatrice. L’histoire des compagnies montées le prouve : le pari de faire “une infanterie dont on attend des services d’infanterie” (instruction du général de Dumon du 12 juillet 1888), et non une “cavalerie d’un genre bâtard, comme l’Infanterie anglaise montée de la même époque”, est gagné. Comme en 1888, le défi du 2e Étranger, avec l’arrivée du VBCI est donc bien de rester “un régiment d’infanterie dont on attend des services d’infanterie”.

Cet esprit d’innovation se poursuit dans les années 1920-1930 avec la création des pionniers, des transmetteurs et des radiographistes pour les postes isolés. L’arrivée ultérieure des cavaliers, puis des parachutistes et des sapeurs, s’inscrit dans cette dynamique.

À la Légion, ce souci de l’innovation est toujours enrichi par un savoir faire particulier : celui de la quête du meilleur, né de l’amalgame des nationalités, et suscité par le génie français qui sait mettre en avant les qualités de chacun en refusant tout communautarisme.

Les Allemands et les Russes sont nombreux dans les rangs du jeune 1er REC. Ils sont indispensables pour apprendre aux légionnaires le combat à cheval. Cet apport de savoir-faire se développe dans le “moule Légion” : un témoin de l’époque relate que les jeunes légionnaires cavaliers n’avaient ni les qualités des Uhlans allemands, ni celles des Cosaques russes, mais qu’ils avaient puisé chez eux leurs meilleurs atouts, pour les intégrer aux qualités légionnaires.

Le creuset de la formation légionnaire, c’est aujourd’hui d’abord le 4e Étranger : des jeunes engagés volontaires, le 4 en fait des légionnaires. Il forme les gradés et les sous-officiers. Grâce à l’expérience de ses cadres acquise dans les régiments des forces, d’outre-mer, en opérations ou à l’entraînement, il forme les auxiliaires sanitaires, les transmetteurs, les conducteurs, les secrétaires, les moniteurs de sport, les mécaniciens, les cuisiniers, qui sont et qui restent des légionnaires, c’est-à-dire, d’abord des combattants unis par le même fanion vert et rouge et la même volonté d’en découdre. Cet engagement quotidien sans cesse renouvelé pour la quête du “meilleur”, et ce souci constant de l’innovation doivent rester les atouts majeurs de la formation à la Légion étrangère.

Qu’elle soit individuelle ou collective, de base ou spécialiste, la formation est notre défi constant. Elle doit être sans cesse encouragée et renouvelée, combien de fois l’a-t-on parcourue cette petite piste ! Car c’est elle qui permet au légionnaire, qui a martelé bien des routes…, tête haute sans tourner les yeux, l’âme légère et le coeur joyeux, de suivre sa route sans peur de tomber, avec honneur et fidélité.
Formons, et soyons prêts !


Dossier de Presse Passation de Commandement le mercredi 29 juin 2016.


La voûte de gloire.

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 788

La voûte de gloire.

Ainsi est qualifiée l’histoire des drapeaux de la Légion étrangère dans le livre d’or de 1931.
En ce Camerone 2016, deux de nos drapeaux ont été honorés : la cravate du drapeau du 1er REG a reçu la croix de guerre des TOE avec une barrette gravée “6e REG”. L’olive aux couleurs de la médaille militaire a été remise à la fourragère aux couleurs de la valeur militaire ornant le drapeau du 2e REP.

Que signifient ces gestes rituels honorant tout un régiment ? Derrière le changement de numéro, le 6e REG et le 1er REG ne font qu’un : le même quartier, la même mission, les mêmes hommes, la même histoire, la même communauté de destin, issue de Camerone inscrite sur les plis du drapeau, baptisée au feu lors de la Guerre du Golfe et qui continue More majorum à servir “par le sang versé” comme en témoigne la mort pour la France du major Nikolic au Mali en juillet 2014. La prochaine étape de cette reconnaissance est l’obtention de l’inscription “Koweit 1990-1991” sur le drapeau du 1er REG.

La modification du décret sur la fourragère aux couleurs de la valeur militaire lève l’impératif d’unicité du théâtre d’opération pour le décompte du nombre de citations ouvrant droit à la progression dans la reconnaissance des mérites. Avec ses 4 palmes gagnées à Loyada-Kolwezi, en Afghanistan à deux reprises, au Mali, le drapeau du 2e REP est le 1er drapeau à recevoir l’olive de la médaille militaire sur la fourragère aux couleurs de la valeur militaire.

La signification profonde de ces récompenses collectives est à chercher dans l’histoire militaire en général, et à la Légion étrangère en particulier.
Il est aisé de comprendre que récompense et mérite sont liés. Dans l’histoire, la récompense est d’abord individuelle. La faute est à la peine ce que le mérite est à la récompense. D’ailleurs, dans le Code de la défense, les récompenses sont abordées au chapitre discipline : “Il appartient au chef de récompenser les subordonnés qui le méritent”. Les chefs politiques ou militaires ont toujours voulu rendre plus juste le système des récompenses : l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, créé par Louis XIV, fut pendant 137 ans l’un des ordres militaires les plus prestigieux d’Europe et le plus populaire en France, parce que pour la 1re fois il n’était pas nécessaire d’être noble pour y être admis. La notoriété de cet ordre fut telle que Bonaparte, Premier consul, en garda la couleur rouge du ruban lorsqu’il institua la Légion d’honneur. Après la Guerre de 7 ans, Choiseul créa le médaillon des Deux-Epées pour les sous-officiers et les soldats, parce qu’ils étaient exclus du dispositif des récompenses : ce médaillon survécut à la suppression des décorations en 1793, et fut attribué aux officiers de la Convention. Louis XV créa l’institution du mérite militaire, destinée aux nombreux officiers protestants de la vingtaine de régiments étrangers, parce qu’ils n’avaient pas droit à l’ordre de Saint-Louis. Louis Napoléon Bonaparte, en 1852, créa la médaille militaire et déclara lors de la 1re remise : “… Soldats, combien de fois ai-je regretté de voir des soldats et des sous-officiers rentrer dans leurs foyers sans récompense, quoique par la durée de leurs services, par des blessures, par des actions dignes d’éloges, ils eussent mérité un témoignage de satisfaction de la patrie ! … C’est pour le leur accorder que j’ai institué cette médaille… Elle assurera 100 francs de rente viagère ; c’est peu, certainement ; mais ce qui est beaucoup, c’est le ruban que vous porterez sur la poitrine et qui dira à vos camarades, à vos familles, à vos concitoyens que celui qui la porte est un brave”.

En 1915, le député Driant proposa de créer “un ordre récompensant la valeur militaire, mais en lui donnant un nom bref qui sonne clairement et qui, à lui seul, exclut la faveur de l’ancienneté. On l’appellera la Croix de guerre”. Les aigles, emblèmes ou drapeaux furent les premières récompenses militaires collectives. En France, il faudra attendre le 1er Empire pour que, s’appuyant sur l’usage antique, la pratique consistant à symboliser la reconnaissance sur les emblèmes refasse son apparition. Sur ce thème, les Russes devancèrent Napoléon, puisqu’en 1800 eurent lieu les premières attributions de drapeaux à des régiments en récompense d’actions militaires : ce furent les prototypes des bannières de Saint-Georges, attribuées en 1806.

Le 2e Étranger, après sa création, attendit trois ans son drapeau qui lui fut remis en 1844 “en récompense de la belle conduite des compagnies d’élite à Biskra et dans l’Aurès”.
Napoléon III arrêta en 1859 “que le régiment qui prendrait un drapeau à l’ennemi porterait la croix de la Légion d’honneur”.
Créée en 1916, la fourragère aux couleurs de la croix de Guerre fut valorisée par la mise en place d’un système progressif d’attribution d’autres fourragères (médaille militaire, Légion d’honneur, fourragère tricolore devenue double fourragère…) en rapport avec le nombre de citations obtenues. Il s’agissait là d’une proposition du général Pétain, commandant en chef, faite à Clémenceau après les mutineries de 1917, pour dynamiser l’esprit de corps. Le journal La liberté du 2 août 1918 rapporte : “Depuis hier, on rencontre sur le boulevard de beaux soldats, habillés de kaki, la poitrine constellée de décorations et ornée de la fourragère tricolore. Ce sont des légionnaires, dont les hauts faits ne se comptent plus. Ils viennent pour la 3e fois d’être cités à l’ordre de l’Armée et comme ils avaient été les premiers de tous nos régiments à obtenir d’abord la fourragère jaune et verte, puis la fourragère rouge, ils viennent de gagner la fourragère tricolore”.

En ce Camerone 2016, où deux de nos drapeaux ont été honorés, rappelons-nous l’origine de la commémoration du combat de Camerone. Ce n’est que le 30 avril 1906, soit 43 ans plus tard, que fut célébré pour la 1re fois l’anniversaire du combat de Camerone, au poste de Ta-Lung (Tonkin) tenu par 120 légionnaires commandés par le lieutenant François. Ayant appris que le drapeau du 1er Étranger avait reçu la croix de la Légion d’honneur, quatre jours avant à Sidi-Bel-Abbès, il fit pavoiser le poste et décorer de feuillages le casernement et organisa une prise d’armes. Il passa lentement en revue le détachement pour marquer la solennité de ce jour extraordinaire. Connaissant l’histoire de son régiment, il parla à ses légionnaires avec des mots simples compris de tous pour exalter devant eux la signification de la décoration du drapeau. Ayant auparavant écouté avec attention les témoignages des anciens légionnaires ayant combattu au Mexique, de mémoire, il fit à son détachement le récit du combat de Camerone. Puis il demanda à ses légionnaires de ne jamais oublier l’exemple de leurs anciens de Camerone, et de savoir, comme eux, quand il le faudra, mourir pour l’honneur du drapeau. Quand il eut terminé, il tira son sabre et fit présenter les armes au drapeau chevalier de la Légion d’honneur, comme s’il avait été là devant eux.
Ce 30 avril 1906, le lieutenant François fit plus que lancer le rite de Camerone. Il comprit et fit comprendre à ses légionnaires ce que sont les récompenses collectives militaires.


Ordre du jour N° 17 du COM. LE - Camerone 2016


“On ne refuse rien à des hommes comme vous !”

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 787

C’est en ces termes, le soir de Camerone, que l’officier mexicain rendit les honneurs au caporal Maine et aux légionnaires Wensel et Constantin. Encore debout au milieu de leurs camarades morts ou blessés, nos trois légionnaires étaient encore prêts au combat sans espoir, et au sacrifice pour le respect de la parole donnée et la réussite de la mission confi ée. Ils furent “ce dernier reste avec quoi on gagne les batailles” comme le disait le maréchal Foch. La bataille de Camerone a bien été gagnée : le gros convoi emportant trois millions en numéraire ne fut pas attaqué par les Mexicains qui avaient subi trop de pertes pour relancer le combat ; mais surtout, la plus grande victoire des hommes du capitaine Danjou fut le respect qu’ils inspirèrent à l’ennemi.

Pourquoi ces 3 officiers ces 62 sous-officiers et légionnaires de la 3e compagnie ont-ils subjugué l’ennemi, jusqu’à ce qu’il leur rende ainsi les honneurs ? Dans l’éditorial du KB de Camerone de l’an dernier, reprenant la phrase célèbre du caporal Berg “Elle n’avait que de bons soldats”, j’avais souligné la qualité exceptionnelle de cette 3e compagnie. Le maréchal Forey l’avait écrit dans son ordre du jour du 30 août 1863 : “Il n’est pas besoin de dire ma conviction intime qu’en pareille circonstance il n’est pas une seule compagnie qui ne fi t comme la 3e compagnie du 1er Bataillon du Régiment étranger.” Cette compagnie avait d’abord un excellent chef, le capitaine Danjou.

Le caporal Maine écrivait de lui : “Sorti l’un des premiers de Saint-Cyr, jeune encore, estimé de ses chefs, adoré de ses soldats, le capitaine Danjou était ce qu’on appelle un officier d’avenir. Grièvement blessé en Crimée et resté manchot du bras gauche, il s’était fait faire une main articulée dont il se servait avec beaucoup d’adresse même pour monter à cheval.

Autant que son courage, ce qui le distinguait surtout, c’était cette sûreté, cette promptitude du coup d'œil qu’on ne trouvait jamais en défaut… Calme, intrépide au milieu du tumulte, il semblait se multiplier. Je le reverrai toujours avec sa belle tête intelligente où l’énergie se tempérait si bien par la douceur ; il allait d’un poste à l’autre, sans souci des balles qui se croisaient dans la cour, encourageant les hommes par son exemple, nous appelant par nos noms, disant à chacun de nobles paroles qui réchauffent le cœur et rendent le sacrifice de la vie moins pénible, et même agréable, au moment du danger. Avec de pareils chefs je ne sais rien d’impossible”.

Parfaitement commandée, cette compagnie était particulièrement soudée, malgré la diversité de ses membres, comme le souligne à nouveau le caporal Maine :

“Comment ces hommes, si différents d’origine, de mœurs et de langage se trouvaient-ils partager les mêmes périls à tant de lieues du pays natal ? Par quels besoins poussés, par quelle soif d’aventures, par quelles séries d’épreuves et de déceptions ? Nous ne nous le demandions même pas ; la vie en commun, le voisinage du danger avaient assoupli les caractères, effacé les distances, et l’on eut vraiment cherché entre des éléments aussi disparates une entente et une cohésion plus parfaites. Avec cela tous braves, tous anciens soldats, disciplinés, patients, dévoués à leur chef et à leur drapeau.”

Cette compagnie mourut, selon les termes mêmes du caporal Berg, blessé, qui rendit compte des faits au colonel Jeanningros : “La 3e du 1er est morte, mon colonel, mais elle en a assez fait pour que, en parlant d’elle, on puisse dire : elle n’avait que de bons soldats !”. Mais cette mort, dans le vacarme et le sang, donna naissance à LA tradition légionnaire et ses quatre piliers : le caractère sacré de la mission, la rigueur de l’exécution, la solidarité et le culte du souvenir.

Commémorons donc Camerone ! Car fêter Camerone, c’est d’abord se souvenir du 30 avril 1863, mais aussi des autres Camerone de la Légion : Tuyen-Quang au Tonkin, El Moungar dans le Sud Oranais, Aïn Mediouna au Maroc, Messifré et Rachaya en Syrie, Bir-Hakeim en Libye, Phu-Tong-Hoa, la RC4, et Dien-Bien-Phu en Indochine, Beni-Smir en Algérie, pour ne citer que les plus célèbres. Fêter Camerone, c’est aussi comprendre que tout légionnaire, quel que soit son grade, doit mettre son honneur à mériter confiance dans l’exécution rigoureuse des missions quelles qu’elles soient. Fêter Camerone, c’est surtout renouveler solennellement et individuellement chaque année le serment de servir honnête et fidèle, s’il le faut jusqu’au sacrifice ultime, more majorum.

L’année 2016 est marquée par le 40e anniversaire de Loyada, qui ouvrit un cycle quasi ininterrompu jusqu’à nos jours d’opérations au cours desquelles la Légion remplit avec brio toutes les missions confiées. Ce succès est d’abord dû à la génération d’Indochine et d’Algérie qui a transmis le flambeau aux plus jeunes générations en les formant avec rigueur. En désignant le général (2s) Grosjean comme porteur de la main 2016 -il fut commandant de compagnie à Beni-Smir-, j’ai donc souhaité mettre en exergue la continuité entre les guerres passées et les engagements actuels. Le capitaine (er) Milésie et le major (er) Jorand, qui l’accompagneront le 30 avril sur la voie sacrée, ont fait leur instruction de jeune légionnaire sous ses ordres à la fi n des années 1960.

Ils se sont illustrés à Loyada en 1976. Le sergent-chef Da Silva Braga, médaillé militaire et trois fois cité lors d’opérations récentes suivra le porteur. Par ce rite immuable de la remontée de la voie sacrée, ils rendront les honneurs au capitaine Danjou et à ses hommes que l’on ne remerciera jamais assez d’avoir donné à la Légion le nom de Camerone. Avec eux, où que nous soyons, rappelons-nous que les 40 000 légionnaires tombés pour la France nous obligent à mériter chaque jour la confiance des hommes de Camerone, auxquels on ne doit rien refuser.


Dossier de presse Camerone 2016.


“Légionnaire un jour, légionnaire toujours !”

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 786

C’est également ce que disait, à sa manière, George Manue, grand reporter et écrivain suisse, engagé trois fois à la Légion étrangère (en 1921 au 3e Étranger, en septembre 1939 au 11e REI, en mai 1944 au RMLE), blessé en 1940, évadé, et cinq fois cité : “On ne cesse pas d’être légionnaire au moment où on quitte l’uniforme. On le reste jusqu’à la mort et c’est bien jusquelà, jusqu’à la gauche, comme ils disent, que les légionnaires servent.”
Il est intéressant de constater que George Manue associe le verbe servir à la notion “d’état à vie” de légionnaire. Prenons cela aujourd’hui comme un défi à relever.

Comment expliquer “l’état à vie de légionnaire ?”
Dans le Livre d’or de la Légion étrangère de 1931, Élie Rambaud, ancien de la Coloniale, légionnaire de 1re classe d’honneur, qui œuvra beaucoup pour les anciens légionnaires en aidant notamment à la création de la Maison du légionnaire à Auriol, écrivait : “Grâce à l’esprit légionnaire, fait de la fierté des plus grands services rendus, se continue, indéfectible, après la libération, cette fraternité scellée sur tant de champs de bataille, à l’heure des conquêtes, aussi bien que dans les bleds lointains. La Légion prend les hommes corps et âme, et les marque de son empreinte ineffaçable."
Cette empreinte ineffaçable s’explique d’abord par l’amalgame des nationalités, en vigueur à la Légion depuis 1835, et qui est l’alpha de l’esprit de corps. La Légion n’a trouvé son identité qu’au fi l des ans : l’anonymat des hommes  sans nom consolida cet esprit de corps, en imposant à chacun, par la discrétion, le respect de l’autre via le respect de son passé. Et c’est bien au légionnaire anonyme que l’on doit tout, comme l’écrivait le général Gaultier : “C’est le légionnaire anonyme, le légionnaire de cœur pour l’éternité qui, entre les deux moments dramatiques de l’engagement et de la libération a tissé la trame de l’histoire de la Légion étrangère.” L’amalgame qui suscite l’émulation, et l’anonymat qui engendre le respect d’autrui, font naître la solidarité qui grandit au combat. Enfin, la discipline, ferme mais juste, crée le cadre nécessaire au bien commun dans le respect de chacun. Toutes ces raisons qui rendent l’empreinte Légion ineffaçable pourraient se résumer dans la phrase du Prince Aage de Danemark : “la Légion ne change pas les hommes, elle les révèle à eux-mêmes.” Chaque légionnaire en est parfaitement conscient, et c’est donc pour cela qu’il reste, à vie, un légionnaire.

Quelles manifestations de l’état à vie du légionnaire ?
Il suffi t de puiser dans la littérature légionnaire pour décrire ces liens indélébiles entre légionnaires de toutes générations. Dans “Toute une vie”, le chef de bataillon de Saint-Marc écrivait : “Le jeune engagé est porté par les ombres de ceux qui l’ont précédé. C’est dans cette invisible compagnie qu’il puise la force d’avancer la nuit (...) Nous nous reconnaissons. Les mots sont inutiles. Leurs gestes brusques, trahissant une émotion souterraine, racontent mieux que les discours cette époque où ils étaient sans attaches, sans passé, mais non sans liens humains et sans fraternité.”

Dans “Légionnaire”, Simon Murray conclut : “La Légion m’a réservé de durs moments et m’a pris les plus belles années de ma jeunesse. Mais quand je regarde en arrière, je n’éprouve aucun regret. C’était une expérience prodigieuse. Je n’ai jamais retrouvé un tel sens de la camaraderie, ni un tel sentiment de liberté (…) Si vous êtes de ceux qui hésitent à sauter le pas, je ne saurais trop vous conseiller de foncer et de gravir les sommets qui font rêver. Profitez de votre jeunesse, et à 60 ans vous serez un homme heureux”.

Quels devoirs à vie du légionnaire ?
D’abord, la fidélité, car comme le disait le général Olié, “la fidélité est à la communauté ce que la mémoire est à l’individu : la conscience de sa personnalité.” Nous avons vu que la Légion révélait le légionnaire à lui-même en  l’admettant dans une famille unique. Le devoir du légionnaire, à vie, est donc d’honorer cette famille. Ensuite, vient “la solidarité étroite qui doit unir les membres d’une même famille”. Cette solidarité s’applique tant entre légionnaires de tous grades et de toutes anciennetés, que vis-à-vis de l’extérieur. Elle naît de la confiance mutuelle acquise progressivement en activité. Il importe donc que le légionnaire, tout au long de sa vie, continue par son comportement à mériter cette confiance. Pour cela, le dernier article du code d’honneur de l’ancien légionnaire est tout à fait pertinent  : “Dans ma cité, je suis fier que mes relations disent de moi avec considération : “c’est un ancien légionnaire”.

Enfin, vient l’unité,“la forme de toute beauté” comme écrivait Saint-Augustin au 4e siècle. Cette unité, facile à comprendre, est bien sûr plus difficile à mettre en œuvre au sein d’une communauté humaine au caractère trempé.
Mais l’homme qui a rempli son contrat avec honneur et fidélité, reste toute sa vie, qu’il le veuille ou non, un légionnaire, tant l’empreinte est profonde et totale. Il doit donc rester uni à sa famille légionnaire. Cela nous permet de mieux comprendre ce qu’écrivait le chef de bataillon de Saint-Marc : “Aucun romancier ne pourra imaginer la démesure de ces messieurs déplumés, tassés par les ans, accompagnés de dames dignes. Chacun est un roman”. Je rajouterais : “c’est l’un des nôtres”. Ces trois principes ne sont rien s’ils ne se traduisent par l’essentiel, cité par G. Manue en début d’éditorial : c’est jusqu’à la mort que les légionnaires servent. Ce service, honnête et fidèle, est pour la communauté légionnaire un atout à faire vivre. Il est bien plus qu’une œuvre de solidarité. Il permet à chacun de se poser la question, que l’on soit en activité ou non : “tu sais ce que la Légion a fait de toi ou ce qu’elle t’a apporté. Que fais-tu pour elle aujourd’hui ?”. La servir, c’est aussi l’aimer, et donc ne pas la décevoir et accepter ses imperfections.

“ Tu as le souci constant de ta forme physique !” ...

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 785

En 1980, le général d’armée Lagarde, chef d’état-major de l’armée de Terre, introduisait la brochure sur l’exercice du commandement de l’armée de Terre en ces termes : “… Ayez confiance en vous, mais rassemblez votre courage : le soldat, finalement, pardonne mal à ceux de ses chefs qui ne le conduisent pas, en temps opportun, à se dépasser.” Aujourd’hui encore, cette “brochure verte”, préfacée par Jean Guitton, rééditée en 1986, reste une référence incontournable, par sa concision, sa clarté, sa justesse, son absence de verbiage et le bon sens qui en découle. Pour ces raisons, elle n’a jamais réellement été détrônée.

Il y a donc un réel besoin, chez le soldat, de se dépasser, et par conséquent, pour son chef, de l’amener à se dépasser. Ce dépassement de soi s’applique aux principales qualités que l’on attribue habituellement aux militaires : le courage, l’endurance, la connaissance du métier, et la force de caractère. Mais naturellement, on lie davantage la notion de
dépassement de soi à l’endurance, acquise par un engagement physique intense et régulier, en vue de la préparation au combat. C’est tout le sens du sport militaire. D’ailleurs, dans notre Code d’honneur, l’article 5 lie le souci constant de la forme physique à la rigueur de l’entrainement, et l’entretien de l’armement : “Soldat d’élite, tu t’entraînes avec rigueur,
tu entretiens ton arme comme ton bien le plus précieux, tu as le souci constant de ta forme physique !”

Dans l’histoire militaire, l’entrainement physique a toujours été mené dans le but de préparer le soldat aux actions de combat. Longtemps, la marche a été la base de tout. Au-delà de l’endurance physique qu’elle apportait, elle forgeait le caractère du soldat et donnait à tous de belles leçons d’humilité. Ces cinquante dernières années, elle s’est effacée
progressivement (hélas ?) au profit d’activités physiques plus diversifiées.
Le légionnaire de Marius, au 1er siècle avant Jésus-Christ, portait une charge entre 35 et 45 kilogrammes. Pour y arriver, il avait un entrainement mêlant adresse, endurance et résistance.

César diminua par deux la charge portée par le légionnaire de Marius, appelé d’ailleurs “mulet de Marius”, afi n de gagner en célérité, pour pouvoir choisir les terrains d’affrontement. La marche sur longue distance était la base : une marche test de 30 kms avec équipements tous les dix jours ; deux fois par jour, maniement de l’arme (épée et bouclier) ; pratique régulière de sports athlétiques (course, natation, lancer de javelot ou de pierre, saut, lutte, équitation). En campagne, le légionnaire marchait par étapes de 25 à 40 kms. Au bivouac, il construisait le camp de nuit. Il était aussi un bâtisseur (construction de routes, de ponts, voire de villes), et le maniement de la pierre fortifiait son corps. Cela représentait, en moyenne, une dépense de 5000 à 6000 Kcal par jour !

Les troupes françaises, à l’époque napoléonienne, impressionnaient par leur aptitude aux longues marches : après la campagne d’Italie, l’Empereur déclara “qu’il avait gagné la victoire à coups de jambes plutôt qu’à coups de fusil”. L’opération d’Ulm fut remportée grâce aux marches remarquablement organisées et accomplies. En 1806, les Prussiens furent vaincus,
puis pourchassés et anéantis, grâce aux manœuvres rapides françaises : un corps d’armée parcourait 20 à 30 kms par jour, voire régulièrement jusqu’à 45 kms.

Le légionnaire d’Algérie et du Maroc du XIXe et du début du XXe siècle ressemblait beaucoup au légionnaire romain : un soldat durement entrainé par les “colonnes” dans le désert, aguerri par des combats ponctuels mais difficiles, et un solide bâtisseur : le tunnel de Foum Zabel, et la ville de Sidi Bel Abbès nous le rappellent.
Les compagnies montées furent créées en 1881, à partir de volontaires sélectionnés physiquement, dans le but de mener des opérations éprouvantes dans le Sud Oranais. Le colonel de Négrier, chef de corps du 1er Étranger, écrivait à ce sujet : “les coups de fusil sont rares ici. Nous nous battons à coup de kilomètres. Il s’agit de marcher.”

Le 4e Étranger reprit la tradition des vélites du IIIe siècle avant Jésus-Christ. Dans la Légion romaine, le vélite dont la signification est vélocité, légèreté et rapidité, était un soldat de l’infanterie légère. Sous Napoléon, les vélites étaient des jeunes soldats sélectionnés dans la Garde pour former les futurs gradés. En 1942, le colonel Gentis, commandant la 4e Demi-Brigade de Légion étrangère au Sénégal, créa la distinction des vélites, alors attribuée à tous les officiers, gradés et légionnaires ayant satisfait à un barème fixé pour une série d’épreuves du genre décathlon. Un insigne spécial numéroté avait été créé à cette occasion. Interrompue en 1943 en raison des combats, cette tradition fut reprise en 1963, puis de nouveau abandonnée. En 1994, le chef de corps du 4e Étranger recréa cette distinction. Aujourd’hui, l’attribution de l’insigne “vélite” s’effectue soit après une épreuve complète et très sélective exigeant d’excellentes qualités tant dans le domaine physique que dans celui du tir, soit à titre exceptionnel.
Le général Gaultier écrivait que les REP ont apporté, entre autre, à la Légion, “en sus d’un style de vie et de l’esprit choc, une modification de la silhouette avec l’équipement spécial aux troupes aéroportées, le béret vert, les survêtements bariolés et amples, les bottes de saut, le tout martial, sportif…”. Après la guerre d’Algérie, où la Légion avait perdu 2 000 des siens, il fallut “relancer la machine” : le sport militaire joua un grand rôle pour redonner à tous de la flamme, avec notamment les épreuves de pentathlon militaire, dans lesquelles le 2e REP brilla tout particulièrement, (champion de France en 1964, et vice-champion en 1965 et 1966). Cela démontre bien que l’intérêt du sport militaire dépasse un maintien “narcissique” de la forme physique individuelle. Il s’agit bien d’une action collective visant à la préparation au combat.

Aujourd’hui, l’équipement du légionnaire est lourd, sans doute même trop lourd. La motorisation des unités n’exclut pas les longues phases de combat débarqué dans des conditions éprouvantes, que ce soit en Guyane ou au Mali, dans les Ifoghas. Le succès des légionnaires dans ces opérations tient à la rigueur et à la diversification de leur entraînement quotidien.

Il ne faut donc jamais oublier que pour un militaire, l’adage “mens sana in corpore sano” est indissociable de “la sueur épargne le sang”. Ne jamais oublier, non plus, qu’il existe à la Légion une tradition à perpétuer quotidiennement, et non seulement occasionnellement, car elle décuple les bienfaits du sport militaire : le chant, au pas cadencé, qui donne aux sections, pelotons, compagnies, escadrons qui rentrent au quartier après le sport ou après une marche, l’allure martiale d’une troupe bien dans sa peau, bien commandée, fi ère d’elle, et que tout soldat souhaite rejoindre pour aller au baroud le cœur léger.


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