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Légionnaire toujours...

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“ Tu as le souci constant de ta forme physique !” ...

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 785

En 1980, le général d’armée Lagarde, chef d’état-major de l’armée de Terre, introduisait la brochure sur l’exercice du commandement de l’armée de Terre en ces termes : “… Ayez confiance en vous, mais rassemblez votre courage : le soldat, finalement, pardonne mal à ceux de ses chefs qui ne le conduisent pas, en temps opportun, à se dépasser.” Aujourd’hui encore, cette “brochure verte”, préfacée par Jean Guitton, rééditée en 1986, reste une référence incontournable, par sa concision, sa clarté, sa justesse, son absence de verbiage et le bon sens qui en découle. Pour ces raisons, elle n’a jamais réellement été détrônée.

Il y a donc un réel besoin, chez le soldat, de se dépasser, et par conséquent, pour son chef, de l’amener à se dépasser. Ce dépassement de soi s’applique aux principales qualités que l’on attribue habituellement aux militaires : le courage, l’endurance, la connaissance du métier, et la force de caractère. Mais naturellement, on lie davantage la notion de
dépassement de soi à l’endurance, acquise par un engagement physique intense et régulier, en vue de la préparation au combat. C’est tout le sens du sport militaire. D’ailleurs, dans notre Code d’honneur, l’article 5 lie le souci constant de la forme physique à la rigueur de l’entrainement, et l’entretien de l’armement : “Soldat d’élite, tu t’entraînes avec rigueur,
tu entretiens ton arme comme ton bien le plus précieux, tu as le souci constant de ta forme physique !”

Dans l’histoire militaire, l’entrainement physique a toujours été mené dans le but de préparer le soldat aux actions de combat. Longtemps, la marche a été la base de tout. Au-delà de l’endurance physique qu’elle apportait, elle forgeait le caractère du soldat et donnait à tous de belles leçons d’humilité. Ces cinquante dernières années, elle s’est effacée
progressivement (hélas ?) au profit d’activités physiques plus diversifiées.
Le légionnaire de Marius, au 1er siècle avant Jésus-Christ, portait une charge entre 35 et 45 kilogrammes. Pour y arriver, il avait un entrainement mêlant adresse, endurance et résistance.

César diminua par deux la charge portée par le légionnaire de Marius, appelé d’ailleurs “mulet de Marius”, afi n de gagner en célérité, pour pouvoir choisir les terrains d’affrontement. La marche sur longue distance était la base : une marche test de 30 kms avec équipements tous les dix jours ; deux fois par jour, maniement de l’arme (épée et bouclier) ; pratique régulière de sports athlétiques (course, natation, lancer de javelot ou de pierre, saut, lutte, équitation). En campagne, le légionnaire marchait par étapes de 25 à 40 kms. Au bivouac, il construisait le camp de nuit. Il était aussi un bâtisseur (construction de routes, de ponts, voire de villes), et le maniement de la pierre fortifiait son corps. Cela représentait, en moyenne, une dépense de 5000 à 6000 Kcal par jour !

Les troupes françaises, à l’époque napoléonienne, impressionnaient par leur aptitude aux longues marches : après la campagne d’Italie, l’Empereur déclara “qu’il avait gagné la victoire à coups de jambes plutôt qu’à coups de fusil”. L’opération d’Ulm fut remportée grâce aux marches remarquablement organisées et accomplies. En 1806, les Prussiens furent vaincus,
puis pourchassés et anéantis, grâce aux manœuvres rapides françaises : un corps d’armée parcourait 20 à 30 kms par jour, voire régulièrement jusqu’à 45 kms.

Le légionnaire d’Algérie et du Maroc du XIXe et du début du XXe siècle ressemblait beaucoup au légionnaire romain : un soldat durement entrainé par les “colonnes” dans le désert, aguerri par des combats ponctuels mais difficiles, et un solide bâtisseur : le tunnel de Foum Zabel, et la ville de Sidi Bel Abbès nous le rappellent.
Les compagnies montées furent créées en 1881, à partir de volontaires sélectionnés physiquement, dans le but de mener des opérations éprouvantes dans le Sud Oranais. Le colonel de Négrier, chef de corps du 1er Étranger, écrivait à ce sujet : “les coups de fusil sont rares ici. Nous nous battons à coup de kilomètres. Il s’agit de marcher.”

Le 4e Étranger reprit la tradition des vélites du IIIe siècle avant Jésus-Christ. Dans la Légion romaine, le vélite dont la signification est vélocité, légèreté et rapidité, était un soldat de l’infanterie légère. Sous Napoléon, les vélites étaient des jeunes soldats sélectionnés dans la Garde pour former les futurs gradés. En 1942, le colonel Gentis, commandant la 4e Demi-Brigade de Légion étrangère au Sénégal, créa la distinction des vélites, alors attribuée à tous les officiers, gradés et légionnaires ayant satisfait à un barème fixé pour une série d’épreuves du genre décathlon. Un insigne spécial numéroté avait été créé à cette occasion. Interrompue en 1943 en raison des combats, cette tradition fut reprise en 1963, puis de nouveau abandonnée. En 1994, le chef de corps du 4e Étranger recréa cette distinction. Aujourd’hui, l’attribution de l’insigne “vélite” s’effectue soit après une épreuve complète et très sélective exigeant d’excellentes qualités tant dans le domaine physique que dans celui du tir, soit à titre exceptionnel.
Le général Gaultier écrivait que les REP ont apporté, entre autre, à la Légion, “en sus d’un style de vie et de l’esprit choc, une modification de la silhouette avec l’équipement spécial aux troupes aéroportées, le béret vert, les survêtements bariolés et amples, les bottes de saut, le tout martial, sportif…”. Après la guerre d’Algérie, où la Légion avait perdu 2 000 des siens, il fallut “relancer la machine” : le sport militaire joua un grand rôle pour redonner à tous de la flamme, avec notamment les épreuves de pentathlon militaire, dans lesquelles le 2e REP brilla tout particulièrement, (champion de France en 1964, et vice-champion en 1965 et 1966). Cela démontre bien que l’intérêt du sport militaire dépasse un maintien “narcissique” de la forme physique individuelle. Il s’agit bien d’une action collective visant à la préparation au combat.

Aujourd’hui, l’équipement du légionnaire est lourd, sans doute même trop lourd. La motorisation des unités n’exclut pas les longues phases de combat débarqué dans des conditions éprouvantes, que ce soit en Guyane ou au Mali, dans les Ifoghas. Le succès des légionnaires dans ces opérations tient à la rigueur et à la diversification de leur entraînement quotidien.

Il ne faut donc jamais oublier que pour un militaire, l’adage “mens sana in corpore sano” est indissociable de “la sueur épargne le sang”. Ne jamais oublier, non plus, qu’il existe à la Légion une tradition à perpétuer quotidiennement, et non seulement occasionnellement, car elle décuple les bienfaits du sport militaire : le chant, au pas cadencé, qui donne aux sections, pelotons, compagnies, escadrons qui rentrent au quartier après le sport ou après une marche, l’allure martiale d’une troupe bien dans sa peau, bien commandée, fi ère d’elle, et que tout soldat souhaite rejoindre pour aller au baroud le cœur léger.


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