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Légionnaire toujours...

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Honneur et respect au courage malheureux !

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 781

C’est en ces termes, et en levant son chapeau, que l’Empereur Napoléon 1er salua des blessés autrichiens qu’il vit passer devant lui. Cette scène, immortalisée par le peintre Debret, marquait la compassion de l’Empereur pour les blessés, quels qu’ils furent : “Il n’y a plus d’ennemis après la victoire, mais seulement des hommes”. Cette citation de l’Empereur, le chirurgien en chef de la Grande armée Larrey la fit sienne comme il en témoigne dans ses mémoires : après la bataille de Smolensk “les Russes étaient traités pêle-mêle avec les nôtres, et ils eurent de notre part les mêmes soins et les mêmes secours”. Larrey, qui a laissé dans l’esprit de Napoléon “l’idée d’un véritable homme de bien”, organisa avec succès le service d’urgence des blessés sur le champ de bataille. Mais à l’arrière, le traitement des blessés fut l’objet de vives colères de Napoléon : “Les Cosaques valent mieux que nous envers leurs blessés” dit-il à Varsovie en 1806. “L’après champ de bataille”, dans l’histoire militaire, fut une réelle et constante préoccupation. Louis XIV créa en 1670 l’Hôtel des Invalides, pour que “ceux qui ont exposé leur vie et prodigué leur sang pour la défense de la monarchie (…) passent le reste de leurs jours dans la tranquillité”. Les progrès réels de la médecine permirent de sauver des centaines de milliers de blessés au cours de la 1re Guerre mondiale : n’oublions pas que sur les 3,5 millions de blessés français au cours de cette guerre, la moitié fut blessée deux fois, et 100 000 plus de trois fois. Les blessés avaient désormais un réel espoir de survie, et la Nation en prit conscience. Sur une idée de Maurice Barrès, et s’inspirant de la médaille décernée aux gardes nationaux et aux citoyens blessés lors de la Révolution de 1848, le gouvernement voulut rendre hommage aux soldats atteints d’une blessure de guerre et créa en 1916 une simple barrette de ruban, portant au centre une étoile rouge. Cette barrette devint par la suite la médaille des blessés. Depuis la fin du premier conflit mondial, la solidarité envers les blessés est une cause nationale, puisque le “droit à réparation” fut reconnu par la loi du 31 mars 1919 aux militaires de cette guerre, aux veuves, orphelins et ascendants des 1,4 millions de morts du conflit, ainsi qu’à l’ensemble des militaires atteints d’infirmités contractées en service et de leurs ayants cause.

Il faut replacer les termes de “courage malheureux” dans le contexte de l’Empire : “la concentration des forces, l’énergie et la ferme résolution de mourir avec la gloire, voilà les trois grands principes de l’art de la guerre” disait l’Empereur. Dans Les récits de Sébastopol, Tolstoï rapporte l’histoire de cet aide de camp de Napoléon, qui ayant porté un ordre, revint à bride abattue et la tête ensanglantée auprès de son maître. “Vous êtes blessé ?” lui dit l’Empereur. “Je vous demande pardon, Sire, je suis tué”, et l’officier tomba de cheval, mort sur place. Que représentait la blessure pour cet offi cier pour qu’il demandât pardon ? Une impression d’inachevé, un manque de chance, le sort du destin, un signe de malédiction, un besoin de pudeur, la volonté d’échapper au calvaire, à la lente agonie ou à la déchéance ? Seul un blessé pourrait répondre à cette question, mais il ne s’agissait en tout cas ni d’un manquement à la mission ni d’un manque de courage ! L’enjeu est bien d’aider le blessé à transformer le courage malheureux en courage d’espérance.

À peine née, la Légion créa en 1833 à Mahon et en 1834 à Alger des centres de repos pour accueillir les nombreux malades et blessés. D’autres centres suivirent : Daya (1900), Oran (1905), Arzew (1928), la maison des Invalides de Crémieu (1946) puis de La Balme, et tant d’autres… Emu par l’errance d’anciens légionnaires médaillés, cités, blessés, lorsqu’il débarqua un jour à Marseille, le général Rollet créa la Maison du légionnaire d’Auriol en 1934. Par manque de financement, beaucoup de centres fermèrent et le relais fut pris par d’anciens légionnaires qui aidèrent leurs camarades après leur réforme. Créée en 1954, l’Institution des invalides de la Légion étrangère accueillit à Puyloubier de nombreux blessés d’Indochine, puis d’Algérie, et continue son œuvre aujourd’hui.

Le dossier de ce Képi blanc est consacré à “l’après” des blessés, dont le parcours Légion s’inscrit pleinement dans celui de l’armée de Terre créé en étroite liaison avec le Service de santé des armées et les autres organismes compétents. Que ce numéro de KB soit dédié aux légionnaires qui ont été meurtris dans leur chair, pour le service de la France, afin de leur donner un courage d’espérance.

Cette espérance, dans l’histoire militaire, a souvent été féminine. L’œuvre de Florence Nightingale, pendant la Guerre de Crimée, ou celle côté russe de Dasha Mikhaïlova influencèrent Henry Dunant pour créer la Croix Rouge après le siège de Sébastopol. La Légion n’échappe pas à la règle.

Qu’il me soit permis de rendre aujourd’hui un hommage appuyé à “Marraine”, Gali Hagondokoff, comtesse du Luart. Infirmière à 17 ans sur les trains militaires russes, elle décida de vouer sa vie aux blessés et aux malades. Le général de Galbert prononça son éloge funèbre dans la cour des Invalides : “Madame, vous êtes la fille généreuse et ardente des seigneurs du Caucase, le secours des blessés de tous nos combats et la grande dame de la Légion étrangère”.

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