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Thomas Misrachi ("Embarqué") : "J'ai perdu la sensibilité de mes deux gros orteils"

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publié par Mardi 21 Novembre 2017

puremedias.com a rencontré le journaliste de BFMTV à l'occasion de la diffusion ce soir de son docu-réalité sur RMC Découverte.

Des plateaux télé à l'enfer de la forêt équatoriale. Ce soir, à 20h50, Thomas Misrachi sera au coeur d'un nouveau numéro de son docu-réalité "Embarqué" sur RMC Découverte, baptisé "Guyane, le stage de l'enfer". Sous les ordres du troisième régiment étranger d'infanterie, le régiment le plus décoré de la Légion étrangère, le journaliste de "7 Jours BFM" a dû apprendre à résister aux conditions climatiques harassantes et renoncer à toute notion de confort.

Lâché en pleine forêt amazonienne avec des stagiaires de l'école Saint-Cyr, fatigué, désorienté, sans eau ni nourriture, il a dû survivre en autonomie totale pendant quatre jours. A l'occasion de la diffusion de ce numéro d'"Embarqué", puremedias.com a interviewé le présentateur du groupe NextRadioTV.

puremedias.com : Pourquoi avoir choisi ce stage que vous qualifiez vous-même d'enfer ?
Thomas Misrachi :
La Guyane correspondait au format de l'émission pour plein de raisons. Il y avait un groupe. Il y avait une histoire du début jusqu'à la fin. Il y avait un lieu très dur. Puis, il y avait ce challenge incroyable de réussir ce stage dans les mêmes conditions que les soldats. Toutes les conditions étaient réunies, on a décidé de partir en Guyane.

Que voulez-vous montrer aux téléspectateurs à travers cet "Embarqué" ?
Ce qu'on veut montrer, c'est que le métier de militaire, c'est un métier d'aventure hors du commun. Le fait d'avoir un civil comme moi qui n'a aucune aptitude physique - je suis un peu un naze et un pied-nickelé dans l'aventure -, ça montre le degré de difficulté de ce genre de métier.

Vous vous en êtes bien sorti tout de même.
Ouais, mais j'ai eu beaucoup de chance. Je m'en sors bien aussi parce qu'il y a la force du collectif. Ce sont des choses qui sont impossibles pour moi si je n'étais pas entouré de ces gars et de cette fille. Tout ce qu'ils arrivent à faire, c'est faisable seulement parce qu'il y a cet esprit de groupe.

Ils ont dit
"Quand vous voyez les obstacles, il n'y a pas un seul moment où vous vous dîtes que vous allez y arriver."
Thomas Misrachi

Dans le reportage, vous êtes avec des stagiaires qui jouent leur carrière au sein de l'armée. N'aviez-vous pas la pression ?
Cela faisait partie des pressions que j'avais. Sur l'un des parcours du combattant en groupe, j'étais crevé. Et cette pression m'a aidé à me mobiliser, car je me disais que je ne voulais pas les pénaliser comme ça. Si je passe à côté de mon obstacle, eux, ça n'affectera pas leur note. Mais comme on est dans une dynamique de groupe, s'ils voient un mec qui est naze, qui a 46 ans, qui n'est pas sportif et qui arrive à passer le truc, c'est un élément de motivation pour eux. Si le vieux y arrive, eux aussi.

Vous êtes-vous surpris dans certaines épreuves ?
On se surprend constamment dans des épreuves comme ça. Je n'avais jamais fait de parcours du combattant comme ça avant. C'est dans la boue. Il fait chaud. Vous êtes crevés. Vous bouffez mal. Vous ne dormez pas. Quand vous voyez les obstacles, il n'y a pas un seul moment où vous vous dîtes que vous allez y arriver.

Ils ont dit
"Un moment, je me suis dit : 'Je m'en fous de la télé, je veux juste rentrer. J'en ai marre. Qu'est-ce que je fous là ?'"
Thomas Misrachi

Quelle a été votre plus grosse difficulté ?
Pour moi, ça a été la phase de survie pendant trois jours. On est restés isolés dans un bout de jungle. On ne savait pas où on était. Il faut survivre. On part sans rien. On nous enlève nos lacets et nos ceintures, pour qu'on ne fasse pas de pièges pour les animaux. Il faut pêcher, se prémunir contre les dangers de la jungle. Il faut monter des abris. Mais on n'a pas eu de bol, on a pêché cinq poissons pendant trois jours et on était 25. On a bu de l'eau salée, bouffé des coeurs de palmier. C'était horrible. Il pleuvait la nuit, on avait froid, nos abris n'étaient pas étanches. On dormait sur des rondins de bois. Pour moi, la survie, ça a été l'enfer.

Vous répétez souvent dans l'émission que vous êtes au bout du rouleau. Avez-vous envisagé d'abandonner l'aventure et de retourner à Paris ?
Oui, plusieurs fois. Durant la survie, au bout de deux jours, je n'en pouvais plus. Dès que je me levais, j'avais la tête qui tournait. Puis, vous savez que vous tournez une émission de télé, mais il y a la réalité qui vous rattrape. Un moment, je me suis dit : "Je m'en fous de la télé, je veux juste rentrer. J'en ai marre. Qu'est-ce que je fous là ?".

Ils ont dit
"Ca les emmerdait d'avoir une télé présente, ils n'étaient pas curieux de ce qu'on faisait..."
Thomas Misrachi

Durant votre aventure, vous avez aussi dû faire face à l'instructeur Horatiu, qui n'a pas été très tendre avec vous.
Ca l'emmerdait. J'étais un problème supplémentaire à gérer. Avoir un journaliste au milieu, qui ne va pas savoir faire les trucs, forcément, il n'était pas très content quand je suis arrivé. Mais dans chaque "Embarqué", il y a une rencontre. Et là, l'instructeur Horatiu, c'était un type génial. Il est d'origine roumaine, un légionnaire. Il avait mon âge, on se comprend. Mais c'est probablement une personne avec qui je n'aurais jamais parlé si je l'avais rencontré ailleurs. En dix jours, on a appris à se connaître, à échanger, il a fait un pas vers moi, j'ai fait un pas vers lui. C'est une rencontre extraordinaire et c'est un type avec qui je suis resté en contact depuis. C'est ça la magie de ces émissions.

Avec les stagiaires, c'était aussi compliqué au début.
Très dur jusqu'à la fin. Eux, ils avaient une notation. Cette note vaut pour les affectations et pour les métiers qu'ils vont faire après. Donc, ils voient arriver un vieux mec, avec deux réalisateurs, ça les fait chier et ça les perturbe. On les met en danger quelque part. C'était un challenge supplémentaire pour eux de m'avoir au milieu. Ca les emmerdait d'avoir une télé présente, ils n'étaient pas curieux de ce qu'on faisait...

Ils n'étaient non plus habitués à être face à une caméra.
Oui. Nous, on filme toujours des situations réelles. Il n'y a rien de scripté ou de scénarisé. Moi, je me suis lavé avec les soldats, j'ai mangé avec les soldats. Quand on va aux toilettes, on va aux toilettes ensemble ! Ces mecs qui sont dans la pire condition possible, d'un coup, on leur fout une caméra dans la gueule, sans leur demander ce qu'ils en pensent. Ils n'ont pas le choix. Forcément, je ne suis pas le bienvenu.

Ils ont dit
"J'ai perdu la sensibilité de mes deux gros orteils de pied. Je ne l'ai toujours pas récupérée."
Thomas Misrachi

Comment s'est déroulé votre retour en France ?
Le retour en France a été très dur pour moi. J'ai perdu six kilos pendant le stage. Pendant trois semaines, j'étais épuisé. Après, ce qui est génial, c'est que ces émissions, ça me donne une pêche incroyable. Le simple fait de prendre une douche chaude, c'est génial. Dormir dans un lit, c'est génial ! Ca me redonne un optimisme de la vie, des gens. Tout est super. Vous vous rendez compte de ce que vous pouvez faire à votre corps.

Vous êtes revenu avec des blessures ?
J'ai des blessures à chaque "Embarqué". Là, ce que j'ai ramené, j'ai perdu la sensibilité de mes deux gros orteils. Je ne l'ai toujours pas récupérée. Mes pieds ont moisi. Ca arrive souvent il paraît. Sauf qu'on m'avait dit qu'au bout de trois semaines, ça reviendrait. Après, c'est peut-être l'âge. Du coup, je peux me mettre un coup de couteau dans l'orteil. (rires) Au Mali, je m'étais arraché un ligament de la colonne vertébrale. A Djibouti, je m'étais pété une côte et déboîté un genou. Il se passe toujours un truc.

Ils ont dit
"La deuxième partie de l'année sera forcément plus dure pour '7 Jours BFM'."
Thomas Misrachi

Comment arrivez-vous à allier cette émission d'aventure avec le programme de plateau "7 Jours BFM" ?
Les deux sont complémentaires pour moi. Ce que j'adore à BFMTV, c'est que j'ai une belle équipe. Quand on a lancé "Embarqué", on s'est dit que je ne manquerai pas plus de quatre émissions par an. Je respecte ce contrat-là avec BFMTV. C'est le meilleur des deux mondes. Je suis présentateur télé à Paris, sur une émission qui est géniale et qui cartonne. D'un autre côté, je suis dans des situations où je ne pourrais jamais être. Je fais du vrai reportage, dans des conditions et dans des endroits incroyables à travers le monde. Si je sais que j'ai deux ou trois émissions par an un peu toniques, ça me permet de rester tranquillement dans mon petit fauteuil de présentateur le reste de l'année.

Dans ce fauteuil de présentateur, comment jugez-vous votre rentrée sur BFMTV ?
Pour l'instant, très bonne. On fait beaucoup mieux, au moins 10% de plus concernant l'audience chaque semaine par rapport à l'année dernière. La deuxième partie de l'année sera forcément plus dure, parce qu'on avait l'élection présidentielle l'an dernier. On avait cartonné. Je ne pense pas qu'on fera les mêmes chiffres. J'ai un plaisir fou à faire cette émission, elle a encore vocation à évoluer. On a plein d'idées. Puis, le week-end, ça s'est renforcé avec Philippe Gaudin ("Priorité au décryptage") et Apolline de Malherbe ("Et en même temps"). On a une vraie offre de week-end.

Ils ont dit
"Il faut se rappeler que même si on se félicite de faire des audiences extraordinaires, elles restent fragiles."
Thomas Misrachi

Avec l'écart d'audience dont BFMTV dispose face à LCI, CNews et franceinfo, est-ce que vous les considérez encore comme de vrais concurrents ?
Ce sont de vrais concurrents. Qui aurait imaginé en 2000 que LCI passe à côté de la disparition ? LCI était alors la chaîne d'info en France. Qui aurait imaginé il y a deux ans que CNews soit proche de la disparition aujourd'hui ? Personne ! Je me souviens que juste avant le début de la présidentielle, France Télévisions arrivait comme nouvel acteur, LCI revenait sur le gratuit. Nous, on se disait qu'il y avait quatre chaînes d'info et qu'on allait tous perdre du terrain. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Nous, on a récupéré une partie des téléspectateurs de CNews. France Télé a eu un démarrage plus compliqué que prévu. LCI progresse. Mais finalement, on se retrouve avec deux acteurs, c'est-à-dire BFMTV et LCI en deuxième position. Personne n'aurait pu le savoir, ça aurait pu partir dans l'autre sens. Je crois qu'il faut rester humble. Il faut se rappeler que même si on se félicite de faire des audiences extraordinaires et d'être bons, nos audiences restent fragiles. Quand on a de nouveaux concurrents, souvent, ils arrivent avec de nouvelles idées ! Puis, en face, ils ont de très bons journalistes, certains qui sont partis d'ici. Je pense à Pascale de la Tour du Pin, mais ils ont aussi David Pujadas, Adrien Gindre et Fabien Namias. On serait fou de ne pas regarder ce qu'ils font et de penser qu'ils sont loin derrière.

Pour vous, LCI est plus dangereux que CNews ?
Je ne sais pas qui est le plus dangereux. Je regarde ce qu'ils font au quotidien. Chacun représente un traitement de l'information différent. Pour l'instant, les gens ont acquis un réflexe BFMTV. C'est vrai. Maintenant, ce réflexe peut changer. On doit faire en sorte que ça ne change pas. Mais il faut garder la tête froide et regarder les autres avec respect et humilité.

Ils ont dit
"Si on ne me laisse plus travailler comme avant, il y a d'autres rédactions, il y a d'autres chaînes, il y a d'autres radios."
Thomas Misrachi

Le 9 novembre dernier, Altice, qui détient BFMTV, a annoncé une réorganisation de sa direction. Patrick Drahi a notamment repris les commandes de sa société en se nommant président du groupe. Est-ce qu'il y a eu une crainte au sein de la rédaction ?
Je parle en mon nom. La seule crainte que je peux avoir, c'est qu'un jour, mon téléphone sonne pour me dire : "Thomas, cette info, tu n'en parles pas". C'est ma seule crainte. Ca fait douze ans que je travaille dans ce groupe, ça ne m'est jamais arrivé. Oui, il y a des débats sur la façon dont on traite une info. Quand on me laisse travailler comme je travaille, ce qu'il se passe dans les nuages ou chez Jupiter, moi, je m'en fous. J'espère juste qu'il gère ce groupe le mieux possible. Je leur fais confiance, mais je leur demande aussi de me faire confiance. Si on ne me laisse plus travailler comme avant, il y a d'autres rédactions, il y a d'autres chaînes, il y a d'autres radios. On retrouverait du travail ailleurs. Je ne suis pas inquiet pour ça.


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