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Piquemal ? « Stupide et contre-productif » juge le général Bachelet

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Secret Défense

Rien de ce qui est kaki, bleu marine ou bleu ciel ne nous sera étranger

Nous publions ci-dessous un texte d’une grande profondeur du général (2S) Jean-René Bachelet, sur l’affaire Piquemal. Le propos est vif, traduisant sans doute de vieilles querelles militaires, mais il mérite d’être lu avec beaucoup d’attention.  Je me dois de préciser aux lecteurs de ce blog que j’ai bien connu et toujours apprécié le général Bachelet, même si je ne partage pas toutes ses opinions, comme son attachement à l’armée de conscription et ses réserves face aux troupes professionnelles.

Il ne m’a pas demandé de publier cet article, qui circule depuis aujourd’hui dans la communauté militaire, mais je crois de mon devoir de le porter à la connaissance de mes lecteurs. Le général d’armée Bachelet a longuement réflechi à l’éthique militaire et il est l’auteur du code du soldat de l’armée de terre. Issu des chasseurs alpins, il préside aujourd’hui l’Association des Glières. 

« Une fois de plus, « l’affaire Piquemal » illustre qu’en matière éthique, un comportement, avant d’être moralement condamnable, est stupide et contre-productif. 

Un rassemblement d’ampleur modeste, des objectifs  flous, la présence annoncée de néo-nazis allemands, qu’allait faire un général de corps d’armée en deuxième section, de surcroît paré du titre d’ancien « père de la légion », dans cette galère ?

Ce que, de prime abord et avant d’aller plus loin, on peut qualifier de défaut de jugement n’étonnera que ceux qui pourraient imaginer que c’est pourtant là le fait de quelqu’un que l’on pourrait qualifier  d’ancien « grand chef » de l’armée française, et même, pour reprendre une expression journalistique lue et entendue ici et là, de « grand soldat ».

La réalité est plus modeste.

De la promotion « Vercors » (60-62), donc post Algérie, le général Piquemal a, de fait, connu une honnête carrière « d’apparatchik » militaire de cette génération, sans plus.

Un positionnement, comme colonel, en adjoint « terre » du chef de cabinet militaire des premiers ministres Cresson puis Beregovoy, le place sur une trajectoire haute.

Ceux qui l’ont connu à l’époque n’ont alors identifié, ni un sens politique affirmé, ni quelque sensibilité que ce soit en ce domaine. Ils ont même pu s’étonner d’un tel positionnement, que certains n’ont pas hésité à expliquer comme la mise sur trajectoire d’un poulain de la Légion, à toutes fins utiles, de la part d’éminents représentants, alors, de cette subdivision d’arme dans les postes clés de la gestion des personnels.

La « vitesse initiale » ainsi acquise en fera quasi « mécaniquement » un général et, pour finir, un 4 étoiles. Remarquons toutefois que cette étape ultime est atteinte dans son dernier poste de Commandant de la Légion Etrangère (COMLE), qui n’est en rien « stratégique »…

Voilà pour les réalités au-delà des apparences.

Ce n’est qu’en deuxième section, en tous cas dans la dernière période, que le général Piquemal fait entendre sa voix – pour le moins discrète lorsqu’il était en activité- pour faire part de ses inquiétudes quant à l’avenir de la France, son identité, sa cohésion, les périls qui menacent celles-ci.

Sur les réalités complexes que nous vivons, il projette alors, comme d’autres, quelques idées simples qui viennent conforter tous ceux qui considèrent qu’il n’est pas de tâche plus urgente que de relever « une France éternelle » à restaurer de toute nécessité. Il en résulte une certaine popularité dans ce microcosme, via des textes qui circulent sur le web.

On peut penser que c’est ce qui le conduit à Calais.

Tout cela  serait resté insignifiant si, à la faveur de cet épisode, des esprits non moins simples ne croyaient pouvoir identifier la présence au sein du monde militaire, d’active et de réserve, d’un « fascisme » latent et la possibilité d’occurrence de quelque nouveau « putsch des généraux ».

Or, la  réalité est bien connue et ce, depuis des décennies.

Sur fond d’inculture politique, voire d’inculture tout court, c’est la permanence, au sein de ces armées, d’une famille d’esprit bien typée : l’armée, considérée résolument étrangère à un monde politique jugé sulfureux, y est vécue comme le conservatoire des valeurs nationales qui seraient oubliées, voire trahies, dans la société civile, monde politique, éducation, médias, conjuguant pour cela leur œuvre de sape, sur fond d’immigration massive incontrôlée.

Ce n’est pas le fascisme qui est à l’œuvre, c’est la rémanence de l’état d’esprit de « l’armée d’armistice » des années noires. C’est l’armée de Weygand et de Giraud.

Derrière se cache « une certaine idée de la France ».

On proclame alors hautement que l’on « sert la France ». On ajoute rarement « pas la République », mais on le pense. D’ailleurs, en ce temps-là, il n’y a plus de République.

Ce thème – quelle France sert-on ?- est plus que jamais actuel et la  formation donnée en la matière au sein des armées reste une ardente obligation, sur la base des fondamentaux  rappelés à l’aube de la professionnalisation.

Dans ce paysage, l’orchestration de l’arrestation du général Piquemal est fantasmagorique.

Fantasmagorique de la part de tous ceux qui voient là une occasion de nourrir la défiance vis-à-vis des armées et qui pensent ainsi être confortés dans leur volonté de réduire le « pouvoir militaire » à la portion congrue.

Fantasmagorique au sein des armées, notamment de la part de jeunes officiers – et de moins jeunes- qui croient devoir prendre fait et cause pour leur ancien érigé en figure de proue…

Les uns et les autres prennent ainsi le risque de faire de cet incident dérisoire l’aliment d’un malaise délétère pour les armées et leur place dans l’appareil D’État. »


Traduction

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