Pour que l’oublie ne se creuse au long
des tombes closes, pour qu’ils ne soient
pas morts, pour une chose morte.
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 15/11/1898
ORDRE GÉNÉRAL 257
Pendant que la pacification faisait, du mois d'avril au mois d'octobre, de très grands progrès dans l'Ouest, où les rebelles du Ménabé et du Foujia étaient obligés de se soumettre, des opérations conduites avec beaucoup d'énergie et de suite l'étendaient dans les cercles de Fort-Dauphin, de Tuiléar et des Baras.
Dans le cercle de Fort-Dauphin, grâce à l'habile direction donnée par le capitaine Brulard, les tribus des Romelokos, des Tranobés, des Ampatakas, des Amberos et des Antatsimas, qui étaient demeurées hostiles, sont aujourd'hui complètement sous notre domination.
Dans le cercle de Tullear, les rebelles- du Bas-Mangoka qui détenaient le delta de ce fleuve et empêchaient les communications par eau ont été pourchassés par les capitaines de Thuy et Génin et ont du faire leur soumission, malgré leur résistance énergique.
La tribu des Antedétonas, sur la limite du cercle des Baras et de la province de Farafangana, qui se souleva au mois de septembre, fut rapidement cernée parles troupes et parla milice de ces territoires et, après une lutte désespérée, fut réduite en quelques jours.
Ces opérations, conduites dans des régions présentant de grands obstacles et dans des conditions particulièrement difficiles, ont eu pour résultat d'établir notre domination sur des populations non encore soumises et de ramener le calme et la tranquillité chez les tribus révoltées. Le Général est heureux d'exprimer sa satisfaction à tous les militaires qui ont pris part à ces opérations et en particulier aux officiers qui les ont dirigées.
Il cite à l'ordre du Corps d'occupation :
L'adjudant Kropfinger, N° Mle 21852, de la 3e compagnie du bataillon de la légion étrangère :
« S'est fait remarquer par l'entrain et l'énergie avec lesquels il a conduit l'avant-garde de la colonne qui a enlevé, le 18 juillet, la position fortifiée d'Ankiliabo».
Le caporal Vandenabeele, N° Mle 20733, de la 4e compagnie du bataillon de la légion étrangère :
« Et tombé mortellement frappé le 24 juillet 1898, en poursuivant avec ardeur et courage les rebelles Antatsimas qui venaient d'être défaits ».
Le caporal Lorentz, N° Mle 16201, de la 4e compagnie du bataillon de la légion étrangère :
« Pendant les opérations contre les Antatsimas, en août 1898, a montré beaucoup d'activité et d'énergie et a fait preuve, le 11 août, au passage d'un cours d'eau, du plus grand sang-froid et d'un courage remarquable en soutenant d'abord la première attaque des rebelles et en conduisant ensuite un mouvement tournant qui les mit en déroute ».
Le soldat de 1re, classe Friedrich, N° Mle 15191 de la 3e compagnie du bataillon de la légion étrangère :
« Blessé le 23 juillet 1898 dans la marche sur Ankiliabo, pendant les opérations contre les rebelles du Bas-Mangoka, est demeuré à sa place et ne s'est fait panser qu'en arrivant au poste».
Le Général adresse en outre ses félicitations :
Au sergent-major Trétrop, N° Mle 18058, et au sergent-fourrier Bichler, N° Mle 13234, de la 3e compagnie du bataillon de la légion étrangère :
« Pour le zèle dont ils ont fait preuve en assurant avec de faibles moyens, dans des circonstances difficiles, le ravitaillement des troupes en opérations dans le Bas-Mangoka ».
Au sergent Kummer, N° Mle 9516, de la 4e compagnie du bataillon de la légion étrangère :
« Pour le sang-froid, l'énergie et l'activité dont il a fait preuve en débarrassant, après avoir pris le commandement du poste d'Audetra, toute cette région des nombreuses bandes qui l'infestaient et en ramenant sous notre autorité les habitants de plusieurs villages ».
Aux caporaux Vanstraelen, N° Mle 17126, et Redonnet. N° Mle 22019, de la 4e compagnie du bataillon de la légion étrangère:
« Pour la vigueur et l'intelligence avec lesquels ils ont dirigé, en juillet 1898, une reconnaissance contre les villages rebelles de Betiassy et d'isera ».
Au caporal Colette, N° Mle 19326, au soldat de 1re classe Bauer, N° Mle 22050, et au soldat de 2e classe Schreiner, N° Mle 16602, de la 3e compagnie du bataillon de la légion étrangère:
« Pour leur courage et leur audace, le 18 jullet, à la prise d'Ankiliabo, pendant les opérations dans le Bas-Mangoka ».
Au canonnier Cuquemelle, N° Mle B 1065, de la 4e batterie du 2e régiment d'artillerie de marine (Groupe d'Afrique et des Anlilles), et au soldat de 2e classe Wirtz, N° Mle 23025, de la 4e compagnie du bataillon de la légion étrangère :
« Pour l'entrain et le sang-froid dont ils ont fait preuve pendant les opérations qui, en juillet 1898, dans le cercle de Fort-Dauphin, ont eu pour résultat la pacification de la région de Manantenina ».
Aux soldats de 2e classe Schreiber, N° Mle 23018, Caers N° Mle 21133, Ragot, N° Mle 20496, Favalelli, N° Mle 22983, Huart, N° Mle 23031, Roediger, N° Mle 23019, et Dulex, N° Mle 22541, de la 4e compagnie du bataillon de la légion étrangère :
« Pour l'endurance et l'entrain dont ils ont fait preuve, du 8 au 31 août, pendant les opérations contre les rebelles Antatsimas et pour leur sang-froid et leur courage pendant le combat du 11 août ».
Le Général décide, en outre, pour perpétuer à Madagascar le nom des militaires morts pour le service de la patrie qu'à compter de ce jour le poste d'Iampasika portera le nom de poste Désarmônien; le poste créé dans la plaine de Bevongo s'appellera poste Vandenaboele ; les postes d'Imandalavaet de Tanandava s'appelleront poste Eckert et poste Fasili-Abdallah. Un exemplaire du présent ordre sera remis à chacun des officiers et des hommes de troupe qui y sont dénommés ou envoyé à leur famille.
Fait à Tananarive, le 10 Novembre 1898. Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances, GALLIENI.
ORDRE GÉNÉRAL 243
Le mois qui vient de s'écouler a été particulièrement pénible pour les troupes stationnes dans le cercle-annexe de Fort-Dauphin.
« Pour l'énergie et la vigueur qu'ils n'ont cessé de montrer pendant toutes les opérations de mars et pour l'entrain avec lequel « ils ont enlevé la barricade et le repaire d'Ambodirosy ».
ORDRE GÉNÉRAL 241
Afin de perpétuer dans la Colonie la mémoire des officiers, sous-officiers et soldats du Corps d'occupation de Madagascar morts glorieusement au cours des opérations qui ont eu lieu depuis le mois d'août 1897, dans les terriitoires de l'ouest et du sud de l'île, le Général
en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendancesdécide que leurs noms seront donnés aux postes dont la désignation suit :
Port Ambiky.
Le Général rappelle, en outre, qu'en vertu des prescriptions de l'ordre général 239 :
Le poste d'Ankazoabo a pris le nom de : Poste Flayelle. — Capitaine au bataillon de légion, tué le 12 mars 1898 à l'attaque du repaire de Vohinghezo.
DÉCISION 541 transférant à Majunga la portion centrale du bataillon étranger.
Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances, Considérant que toutes les unités du bataillon étranger sont stationnées dans le sud ou sur la zone côtière de l'ouest;
Considérant, par suite, qu'il y aurait intérêt, au point de vue des facilités du service et du commandement, à transférer à Majunga la portion centrale de ce bataillon;
Vu l'avis du chef des services administratifs;
Sous réserve de l'approbation des Ministres de la Guerre et des Colonies,
Décide:
ART.I. — La portion centrale du bataillon étranger sera transférée de Tananarive à Majunga à compter du 26 avril 1898.
ART.II. — Le commandant du bataillon et les officiers comptables se logeront et installeront leurs bureaux à leurs frais, à Majunga.
ART.III. — Les effets ou objets et les bagages destinés à Majunga seront transportes à Tamatave par les bourjanes de l'administration et embarqués sur l'un des paquebots de la compagnie des Messageries Maritimes. Le commandant du bataillon et le lieutenant-trésorier chargé de l'expédition des affaires prendront les dispositions de détail nécessaires, de concert avec le chef des services administratifs.
ART.IV. — Les dépenses que pourraient entrainer l'installation des magasins et atelier à Majunga seront supportées par le fonds commun de la masse de baraquement du bataillon étranger.
ART. V. — Le colonel commandant le 3e territoire et la place de Tananarive, le chef services administratifs, le commandant d'armes de Tamatave, le commandant du bataillon étranger sont chargés, chacun en ce qui les concerne, de l'exécution de la présente décision.
Fait à Tananarive, le 23 Avril 1898. GALLIENI.
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 26/04/1898
Le dépôt du bataillon de légion étrangère en service à Madagascar est transféré, à la date du 25 avril, de Tananarive à Majunga.
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 19/04/1898
NOMINATIONS
dans l'ordre de l'Etoile i'Aujouan
Le Ministre des Colonies informe, par lettre du 4 mars 1898, le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances qu'il a favorablement accueilli ses propositions pour l'ordre de l’Étoile d'Anjouan faites à l'occasion du 1er janvier 1898 et que, par décision du 27 février dernier, M. le Président de la République a ratifié cette décision.
En conséquence, sont nommés:
Au grade d'officier :
Cussac Pierre-François, chef de bataillon commandant la légion étrangère.
Flayelle Louis-Charles-Marie, capitaine à la légion étrangère.
Au gracie de Chevalier :
Prévot Jean, lieutenant à la légion étrangère.
Rose Léon-Hyacinthe, lieutenant à la légion étrangère.
Sautier Victor-Jean-Baptiste, caporal à la légion étrangère.
Thomas Adrien-Auguste, adjudant à la légion étrangère.
Broussouloux Gilbert-Henri, sergent-major à légion étrangère.
Delerue Abel-Jean-Baptiste, sergent à la légion étrangère.
Stevens Henri-Joseph-Marie, soldat de 1re classe à la légion étrangère.
Muller Pierre, caporal à la légion étrangère.
Neulat Amans, sergent-télégraphiste à la légion étrangère.
Fait à Tananarive,le 13 Avril 1898. Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances, GALLIENI
NÉCROLOGIE
Né le 23 septembre 1858 à Saint-Nabord (Vosges), M.le capitaine Flayelle était entré à Saint-Cyr le 29 octobre 1878; il était affecté, à sa sortie de l'école, au 91e de ligne. Nommé lieutenant le 29 juillet 1885, il était classé au 21e régiment de la même arme.
Né le 31juillet 1869 a la Ravoire (Haute-Savoie), M. le lieutenant Montagnole entrait à Saint- Maixent le 1er mars 1891. Affecté, à sa sortie de l'école, au 1er régiment de légion étrangère, il faisait campagne au Soudan, du 23 février 1894 au 27 janvier 1895, et y faisait preuve de solides qualités militaires. Il était promu lieutenant le 1er avril 1895.
M. le lieutenant Philip, de la 4e compagnie du bataillon étranger, est placé hors cadre et nommé adjoint à M. le capitaine commandant le cercle-annexe de Fort-Dauphin, à la date du 1er avril 1898.
Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 12/04/1898
ORDRE GÉNÉRAL 239
Notre extension méthodique dans la province de Tulléar et dans l'ouest du cercle des Baras ayant été, à diverses reprises, entravée par les incursions à main armée d'une bande réfugié dans le massif boisé du Yohinghezo, sis à l'est du confluent du Mangoka et du Malio. M. le capitaine Flayelle, commandant les troupes de la province de Tulléar, fut chargé de chasser cette bande de son repaire.
Il disposait, pour l'opération projetée :
D'un détachement de la 1re compagnie de légion, sous les ordres de M. le lieutenant Montagnole.
D'une pièce de la 6e batterie de montagne (Lieutenant Defer).
D'un détachement de la 8e compagnie du 2e malgache (sous-lieutenant Garenne).
Ce groupe quitta le poste de Soaserana le 11 mars dans l'après-midi, passa le Malio et, après un repos de quelques heures, se remit en route à 11 heures du soir. Il se heurta, à 4h.45 du matin, à des escarpements boisés occupé par les rebelles, qui accueillirent la tête de colonne par un feu très nourri.
M. le lieutenant Defer prenait alors le commandement et donnait ses ordres pour l'enlèvement de la position, qui fut aussitôt effectué, grâce à un mouvement tournant vigoureusement conduit par M. le sous-lieutenant Garenne et malgré les énormes difficultés du terrain et la résistance déployée par les rebelles abrités derrière les retranchements qu'ils avaient organisés et derrière lesquels ils laissèrent de nombreux cadavres.
Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances cite à l'ordre du Corps d'occupation :
« A été mortellement blessé, le 12 mars au matin, dans la forêt du Vohingheso, en marchant, avec sa bravoure habituelle, à la tête d'avant-garde ».
« A fait preuve de beaucoup de bravoure, le 12 mars 1898, dans le commandement de la pointe d'avant-garde, jusqu'au moment où il est tombé mortellement blessé ».
« A montré la plus grande bravoure à l’assaut des retranchements où s'étaient embusqués les rebelles, assaut au cours duquel il a été mortellement blessé ».
« Se trouvant en dehors de la ligne de feu, est allé sous les balles ramasser le corps de son capitaine mortellement frappé, est revenu ensuite chercher le corps du lieutenant Montagnole, puis est retourné au feu ».
« A fait preuve d'une grande bravoure dans l'assaut des retranchements du Vohinghezo, assaut au cours duquel il a été blessé à l’aine »,
« S'est élancé avec impétuosité à l'assaut des retranchements du Vohinghezo et y est arrivé en même temps que l'officier qui commandait l'attaque ».
« Étant blessé au coude, est resté à sa place de combat jusqu'à la fin de l'action ».
« Étant à la pointe d'avant-garde et se trouvant immédiatement derrière le lieutenant Montagnole, qui venait d'être blessé, a continué à tirer et a eu son fusil brisé par une balle ».
« S'est conduit brillamment pendant l'attaque du Vohinghezo, au cours de laquelle il a été légèrement blessé ».
« Pour avoir, bien que blessé au mollet, aidé à transporter, sous les balles, en arrière de la ligne de feu son capitaine mortellement blessé ».
Un exemplaire du présent ordre sera. remis à chacun des officiers et hommes de troupe qui y sont dénommés ou envoyé à leur famille.
Tananarive,le 10 Avril 1898. Le Général commandanten chef du Corps d'occupation et GouverneurGénéral de Madagascar et Dépendances, GALLIENI.
TERRITOIRES MILITAIRES
2e TERRITOIRE MILITAIRE
ORDRE GÉNÉRAL 237
Malgré les conditions défavorables provenant du climat et du terrain, les garnisons de nos postes n'ont cessé de montrer une activité remarquable qui a compensé leur faiblesse numérique.
Les reconnaissances effectuées pendant cette période ont en pour résultat la soumission et le désarmement d'un certain nombre de tribus restées jusqu'ici rebelles.
En tous points où nos troupes se sont trouvées en contact avec les populations révoltées, elles ont su, dans des engagements journaliers, affirmer leur valeur et faire preuve, en toutes circonstances, de grandes qualités de bravoure, d'endurance et d'énergie.
A l'occasion des différentes actions de guerre dont les régions du Betsiriry, du Mangbky, d'Ihosy, d'Ivohibé, de Tamotamo et de Fort-Dauphin-ont été le théâtre, le Général exprime sa satisfaction aux militaires européens et indigènes qui y ont pris part.
« A parfaitement dirigé, du 30 janvier au 9 février 1898, une reconnaissance dans la région très difficile d'Ampikazo ; a infligé, par une série d'embuscades, dès pertes sensibles aux rebelles, pris un certain nombre d'armes et une grande partie de leurs approvisionnements ».
« Pour l'infatigable activité avec laquelle il a procédé à l'organisation du cercle-annexe de Fort-Daupnin et les résultats obtenus dans la progression de notre occupation chez les tribus hostiles du pays antandroy ».
« Pour la poursuite vigoureuse donnée aux rebelles le 16 janvier 1898, lors de l'attaque du poste de Behera, et dans laquelle neuf fusils et des munitions furent pris ».
« Pour leur brillante conduite dans les divers engagements auxquels ils ont pris part contre les tribus rebelles du pays Antandroy».
TERRITOIRES MILITAIRES
2e TERRITOIRE MILITAIRE
Mouvements de troupes.
Le 4 janvier, arrivée à Makarainga du détachement de M. le sous-lieutenant Arbogast, chargé de l'occupation d'Ankilahila, au nord de Makarainga.