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Mali : dans le massif de Tigharghar, les militaires français ratissent les caches d'Aqmi

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publié le : mardi 26 mars 2013 Par Guillaume Thibault

 

Au Mali, après un mois d’offensive et de fouilles, les militaires français estiment que le massif du Tigharghar, le fief d’Aqmi au sud de Tessalit, est quasiment fouillé dans sa totalité. Ces derniers jours, les recherches se sont concentrées sur des zones précises. Si l’ennemi reste invisible depuis la chute de la vallée d’Amettetaï, les découvertes d’armes et de munitions se multiplient. Dans la vallée du Tigharghar, reportage de notre envoyé spécial, qui a passé une semaine aux côtés des soldats français. « Ils ont les mêmes méthodes que nous, c’est une armée préparée », raconte un légionnaire.

«  Nous avons cassé les reins d’Aqmi ». Déclaration lundi du général Barrera, le commandant de l’opération Serval, alors qu’il visitait ses troupes.

La grande offensive dans le massif du Tigharghar, qui a duré un mois, touche désormais à sa fin. Le fief d’Aqmi, c’est une chaîne de montagnes, une succession de quatre grandes vallées encaissées, une zone de 60 kilomètres sur 30 environ.

Contreforts du massif du Tigharghar. Collines de pierres et oueds sableux s’enchaînent à perte de vue. RFI / Guillaume Thibault
Le général Barrera et ses hommes du régiment des « Bisons de Tulle » sur les hauteurs du cirque de Tigharghar. Photo RFI / Guillaume Thibault
Hélicoptère Puma en opération dans le massif du Tigharghar. En vol de combat, l’hélicoptère file à 250 km/heure et rase les crêtes à moins de 5 mètres pour tromper l’ennemi. RFI/Guillaume Thibault
Hélicoptère de l'armée française en mission dans le désert de Tirgharghar. RFI/Guillaume Thibault
Au sud de la vallée de Terz, dans le massif du Tigharghar. PC opérationnel du régiment « Des bisons de Tulle ». C’est au niveau du PC que sont centralisées les informations de terrain et la conduite des opérations. RFI / Guillaume Thibault
Soldats français en opération dans le désert de Tirgharghar. RFI / GuillaumeThibault
Contrefort du massif du Tigharghar. Au fond, les entrées ouest des vallées fouillées par les forces françaises. RFI / Guillaume Thibault
Un oued dans le massif du Tigharghar. C'est dans ces zones que les jihadistes installaient leurs campements et que d’importantes caches d’armes ont été trouvées. RFI / Guillaume Thibault

L’opération s’est déroulée du nord vers le sud, en plusieurs phases, vallée après vallée. Il y a eu la grande bataille de l’Amettetaï, il y a plus de deux semaines. Dix jours de combats intenses, parfois à moins de dix mètres. Une opération complexe, face à un ennemi très bien organisé. « Ils ont les mêmes méthodes que nous, c’est une armée préparée », nous a raconté un légionnaire. 

Autre analyse, celle d’un parachutiste : « Ce sont de très bons combattants au sol. A l’arme automatique, de très bons tireurs. L’ennemi avait en plus la maîtrise du terrain ». Un adversaire également fanatisé, prêt à aller jusqu'au bout. « Sur leurs radios, pour parler des Français, ils disaient : " les chiens sont là, il faut les attaquer " », explique un spécialiste des écoutes.

Un adversaire parfois drogué. Témoignage d’un soldat : « Certains ont pris des balles et pourtant, c’est comme s’ils ne sentaient rien, ils continuaient à combattre ». Les forces d’Aqmi n’avaient, en revanche, pas la maîtrise des armes lourdes, notamment des missiles sol-air pour viser les hélicoptères.

Au final, d’après le général Barrera, plus de 200 jihadistes ont été tués lors des combats. Depuis, les forces françaises et tchadiennes ont fouillé, « nettoyé » les autres secteurs, notamment la grande vallée de Terz ou nous étions. Lors de ces opérations, l’ennemi n’a jamais été vu, n’a jamais tenté de prendre à partie les forces françaises.

Un dispositif impressionnant et des conditions extrêmes

Le massif de Tigharghar, c’est le bout du monde, un isolement complet, un endroit invivable si l’on n’a pas accès aux points d’eau. « C’est en prenant les puits que nous avons gagné la bataille », explique un capitaine.

La première journée, les 130 légionnaires qui étaient avec nous ont parcouru 15 kilomètres entre 6 h du matin et 18 h. Une longue marche, difficile, à un rythme soutenu, avec la crainte systématique d'être repérés : « Ne traînez pas, nous ne devons jamais être à découvert », ordonnait à ses hommes un chef de section.

Une succession de collines de rocaille noire qui s’étend à perte de vue et qu'il faut franchir ; celles-ci sont entrecoupées d’oueds où l’on s’enfonce dans le sable. Partout, des pierres tranchantes, bouillantes. Les chaussures rangers attachées avec de la ficelle, un soldat raconte : « C’est pourtant solide. Nos chaussures résistaient en Afghanistan mais ici…ça ne tient pas. On a jamais vu ça ».

Les phases d’attente, lorsque le dispositif se met en place, sont également interminables. Soixante degrés au plus fort de la journée et des « sorcières », ces vents de sable tourbillonnants qui brûlent la peau. Malgré ces conditions, les soldats doivent avancer car toutes les capacités militaires sont en action en même temps. Il faut imaginer près de 2 000 soldats qui progressent en simultané : dans les airs, avions de chasse, drones et hélicoptères de combats, prêts à frapper ; au sol, des centaines de tanks, de blindés, des camions radios. Des mortiers prêts à faire feu. L’avancée se fait ensuite au sol, mètre par mètre, avec des soldats sur toutes les lignes de crêtes qui sécurisent ceux qui avancent au fond des oueds, notamment les hommes du génie chargés de trouver les mines et les caches.

Quantité de matériel et de munitions découverts

Dans l’oued où nous étions, les soldats du génie ont mis la main sur des ceintures de kamikazes, des obus de mortier, 100 kilos de nitrate, un engrais utilisé dans la confection de bombes artisanales.

« Nous avons trouvé un véritable arsenal. Tous types de munitions, de tous les calibres, des tonnes d’obus », explique le général Barrera. « On ne s’attendait pas à de telles quantités de matériel et autant d’astuces pour cacher tout ça », analyse l’un des chefs démineurs. « On regardait les collines, on ne voyait rien. Il faut être à un mètre pour voir la cache ». Ces munitions ont été soit détruites, car trop dangereuses à transporter, soit remises à l’armée malienne.

Les fouilles ont aussi été très précieuses pour les services de renseignements. Des documents, des passeports par dizaines, des listes de combattants, des disques durs et des ordinateurs ont été découverts et immédiatement analysés.

A Tessalit, c'est le soulagement

Pour les populations, l’arrivée des Français a été un grand soulagement. « Merci de nous rendre notre liberté, on a tellement souffert pendant un an », racontait un marchand croisé en brousse.

La fuite des jihadistes a permis aux habitants de réintégrer petit à petit Tessalit. Mais l’activité économique est extrêmement réduite car dans cette zone, toutes les denrées viennent d’Algérie, la fermeture de la frontière a cassé le commerce. Second problème : Tessalit n’est pas sécurisée. Les Français et les Tchadiens n’y vont pas et attendent que l’armée malienne reprenne possession de la ville. C’est aussi un souhait des habitants que nous avons vus. « Il est temps que Bamako se mette au travail, nous sommes coupés du monde ici. Quand est-ce que notre armée va venir ici ? », a demandé un doyen.

Difficile de répondre, de donner un calendrier. Pour le moment, le village de Tessalit est, selon nos informations, contrôlé par une vingtaine d’hommes du MNLA (le Mouvement national de libération de l'Azawad) qui ont installé des check-points au cœur du village.


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