28/03/2011
Initialement assorti d'un reportage diffusé sur Canal+ (intitulé "La face caché de la légion"), le livre "La légion étrangère, les oubliés de la République" est surprenant à plus d'un titre.
On y entre d'abord méfiant. La légion étrangère est un corps militaire à part, et, à moins d’être patriote ou passionné de l'univers martial, on n'est pas bien sûr de trouver un intérêt à cette lecture. Mais ce n'est qu'une impression, car le livre, telle une enquête dans le monde secret de la légion, ne se lâche plus.
Fondée au XIXème siècle, d'abord pour éviter des pertes françaises draconiennes, la légion apparaît encore comme un îlot dans le panorama militaire national. Connus pour être les plus populaires au défilé du 14 juillet (avec les pompiers de Paris), qui sont ces soldats que l'on envoie sur tous les fronts dangereux de la planète?
Récemment entachée par de nombreux scandales, la légion ne semble plus toujours adhérer à sa légende de mercenaires venus de loin pour se refaire une virginité morale.
De nombreux drames d'abord.
Des photos qui fuient dans la presse montrent des jeunes recrues subissant des séances d'humiliation. Menés au bâton et presque nus, les jeunes soldats semblent victimes de véritables tortures morales. Des témoignages aussi, d'hommes rossés, mutilés, puis menacés par leurs supérieurs en cas de délation.
En 2009, un légionnaire de 27 ans, d'origine brésilienne, en mission au Tchad, est victime de ce que la légion appelle une "soudanite" -une crise de folie- et tue trois de ses collègues et un paysan tchadien dans sa fuite. Il se disait persécuté depuis le début de son engagement.
Un engagement complet et exigeant à bien des niveaux. Pendant au moins toute une année, les engagés doivent renoncer à leur identité au profit d'une "identité déclarée", un faux nom et une fausse nationalité, ne leur donnant pas pour autant les droits de vrais papiers d'identités. Ainsi pendant les cinq premières années de leur engagement, les légionnaires ne peuvent ni conduire, ni être propriétaire de quoi que ce soit. Même sortir sans uniforme devient un litige passible de punition.
Les punitions: depuis 2005, l'enfermement, le "trou", est interdit. Mais les témoignages vont à l'encontre de cette législation. Et de fait, c'est bien des agissements de la légion qui semblent finalement "hors la loi".
Parmi les figures politiques, peu sont celles qui ont osé dénoncer un tel système, alors que c'est toute l'institution qui demande à être réformée.
Certes, il ne faut pas tomber dans un excès inverse, qui consisterait à voir dans la légion un rouage défectueux, après des années à l'avoir perçue comme le bras fort et intransigeant de l'armée.
Néanmoins, la légion semble être la première victime du carcan de son image dont elle peine à s'extraire pour s'adapter à son époque.
Les engagés ne sont plus des repris de justice, des hommes violents à la recherche d'un cadre fort et rigide, des hommes qu'il fallait précisément protéger des dérives de leurs libertés, mais plus fréquemment des hommes issus de pays en développement, qui, pris dans la globalisation actuelle, recherchent un moyen pour gagner de l'argent et survivre à un rythme économique difficile.
On y entre d'abord méfiant. La légion étrangère est un corps militaire à part, et, à moins d’être patriote ou passionné de l'univers martial, on n'est pas bien sûr de trouver un intérêt à cette lecture. Mais ce n'est qu'une impression, car le livre, telle une enquête dans le monde secret de la légion, ne se lâche plus.
Fondée au XIXème siècle, d'abord pour éviter des pertes françaises draconiennes, la légion apparaît encore comme un îlot dans le panorama militaire national. Connus pour être les plus populaires au défilé du 14 juillet (avec les pompiers de Paris), qui sont ces soldats que l'on envoie sur tous les fronts dangereux de la planète?
Récemment entachée par de nombreux scandales, la légion ne semble plus toujours adhérer à sa légende de mercenaires venus de loin pour se refaire une virginité morale.
De nombreux drames d'abord.
Des photos qui fuient dans la presse montrent des jeunes recrues subissant des séances d'humiliation. Menés au bâton et presque nus, les jeunes soldats semblent victimes de véritables tortures morales. Des témoignages aussi, d'hommes rossés, mutilés, puis menacés par leurs supérieurs en cas de délation.
En 2009, un légionnaire de 27 ans, d'origine brésilienne, en mission au Tchad, est victime de ce que la légion appelle une "soudanite" -une crise de folie- et tue trois de ses collègues et un paysan tchadien dans sa fuite. Il se disait persécuté depuis le début de son engagement.
Un engagement complet et exigeant à bien des niveaux. Pendant au moins toute une année, les engagés doivent renoncer à leur identité au profit d'une "identité déclarée", un faux nom et une fausse nationalité, ne leur donnant pas pour autant les droits de vrais papiers d'identités. Ainsi pendant les cinq premières années de leur engagement, les légionnaires ne peuvent ni conduire, ni être propriétaire de quoi que ce soit. Même sortir sans uniforme devient un litige passible de punition.
Les punitions: depuis 2005, l'enfermement, le "trou", est interdit. Mais les témoignages vont à l'encontre de cette législation. Et de fait, c'est bien des agissements de la légion qui semblent finalement "hors la loi".
Parmi les figures politiques, peu sont celles qui ont osé dénoncer un tel système, alors que c'est toute l'institution qui demande à être réformée.
Certes, il ne faut pas tomber dans un excès inverse, qui consisterait à voir dans la légion un rouage défectueux, après des années à l'avoir perçue comme le bras fort et intransigeant de l'armée.
Néanmoins, la légion semble être la première victime du carcan de son image dont elle peine à s'extraire pour s'adapter à son époque.
Les engagés ne sont plus des repris de justice, des hommes violents à la recherche d'un cadre fort et rigide, des hommes qu'il fallait précisément protéger des dérives de leurs libertés, mais plus fréquemment des hommes issus de pays en développement, qui, pris dans la globalisation actuelle, recherchent un moyen pour gagner de l'argent et survivre à un rythme économique difficile.
Un livre intéressant en somme, qui ouvre les portes d'un monde dans l'ombre, et qui ne laisse personne indifférent.
EB