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Légionnaires

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Notes de route : Maroc-Algérie-Tunisie - Eberhardt Isabelle - 1908

 

Un jour d'adieux sur le quai encombré de la gare. Avec un regard mélancolique sur les légionnaires affairés qui passaient et repassaient devant nous, un vieil officier de la légion me disait : — Tas de repris de justice, d'évadés du bagne, de sans patrie... que sais-je, moi I voilà comment on juge généralement la légion. Certes, nous avons là pas mal d'épaves, de naufragés de la vie, quoi ! et c'est vrai que les légionnaires boivent sec et que leur ivresse est souvent terrible.

Mais, que diable I il n'y a pas que cela, et les hommes n'ont pas que des défauts. Ah ! si à côté de tout ça on connaissait leur dure vie, toujours dans des bleds où on manque de tout et où on meurt, et où il n'y a surtout pas de galerie pour vous encourager et vous admirer ! Voilà, tenez, nous remontons de Ben-Zireg, où nous avons bâti et défendu le poste et où, pendant des mois, nous n'avons pas été tranquilles un seul jour, où nous avons laissé du monde... Eh bien, savez-vous bien ,que c'était pour nous reposer qu'on nous y avait envoyés. Et maintenant, à peine relevés, nous allons au Tonkin... Voila !...

Et le vieil officier esquissa un geste vague, un geste arabe qui semblait dire : Mektoub !... Qu'il en soit ce qui est écrit...

... Quelques jours auparavant je les avais vus rentrer, ces légionnaires, du détachement de Ben-Zireg. C'était sur la dune basse, derrière Beni-Ounif, d'où on domine la route de l'Ouest, par une après-midi claire d'hiver saharien, dans une pâleur, une langueur attristée des choses.

D'abord, quelques chameaux disséminés, quelques bach-hamar, quelques spahis, surgirent de la vallée de pierre.

Puis les légionnaires vinrent, desséchés et tannés, l’œil cave, fiévreux, leurs capotes déteintes et usées, avec leurs vieux équipements fatigués, couverts de poussière.

Leurs officiers se penchaient sur les selles pour serrer la main aux camarades venus au-devant d'eux.

Et ils avaient, eux aussi, dans les yeux, la joie intense de revoir ce coin de Beni-Ounif, comme s'ils étaient rentrés dans une capitale de rêve, après des mois d'exil.

... Ils étaient beaux ainsi, avec leurs hardes de peine, dans la gloire du jour calme, les légionnaires devenus farouches au fond des hamada lugubres... Très peu semblables surtout aux soldats de parade caracolant ou évoluant inutilement sur le pavé des villes amies...

Dans la menace et la splendeur morne des horizons, sur cette terre berceuse et mortelle où leur vie est âpre et sans joie, les soldats prennent une autre allure.


Traduction

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