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Cultiver la solidarité

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À Puyloubier, dans les Bouches-du-Rhône, l’Institution des invalides de la Légion étrangère accueille et aide à se réinsérer près d’une centaine de pensionnaires. Tous participent à la vie du lieu qui connaît un moment important aux vendanges, lorsque de jeunes légionnaires viennent prêter main-forte à leurs aînés.

Le soleil se lève sur la montagne Sainte-Victoire. Une douce lumière inonde le domaine Capitaine Danjou, à Puyloubier, dans les Bouches-du-Rhône. Rassemblés dans les vignes, 90 légionnaires d’active se munissent de sécateurs et de seaux. Comme chaque année, ils participent à une mission bien particulière : vendanger les parcelles de vignes de l’Institution des invalides de la Légion étrangère (Iile). Un geste de solidarité envers les anciens qui habitent ce lieu si particulier. Structure unique en France, l’Iile a pour mission d’accueillir, d’héberger, d’administrer, de soigner et de réinsérer d’anciens képis blancs.

le château, bâtiment principal du domaine Capitaine Danjou, abrite les bureaux de la direction et le musée de l’uniforme.

1954. La guerre d’Indochine touche à sa fn : elle a fait de nombreux invalides. La Légion décide alors d’ouvrir un lieu pour prendre en charge ces militaires rendus à la vie civile après avoir été réformés. Ils sont ainsi près de 180 à intégrer l’Iile lors de son ouverture, en 1955. Depuis, l’Institution n’a jamais fermé ses portes et continue à accueillir des légionnaires blessés physiquement ou « blessés de la vie », qui n’arrivent pas à trouver leur place dans le monde civil.
Aucun grade, aucun critère d’ancienneté de service et aucun revenu particulier ne sont exigés. Le seul sésame est le certifcat de bonne conduite attribué en fn de service. « Aujourd’hui l’Iile offre l’hospitalité à 87 hommes, âgés de 30 à 92 ans. Nous comptons quatorze nationalités différentes et deux apatrides », explique le lieutenant- colonel Daniel Bouchez, directeur de l’Institution. Le temps des séjours varie en fonction des pensionnaires. Le doyen actuel est arrivé en 1968 et n’a plus jamais quitté les lieux. « Dernièrement, l’un d’entre eux a retrouvé un travail et un logement dans le civil. C’est un exemple de réinsertion réussi. Son séjour à Puyloubier lui a permis de reprendre confance en lui », se félicite le lieutenant- colonel Daniel Bouchez. Pour l’épauler, le directeur de l’Iile peut compter sur une quinzaine de légionnaires d’active et du personnel civil, souvent d’anciens légionnaires reconvertis.
Ensemble, ils veillent au bien-être des pensionnaires. Ceux-ci vivent à « l’hémicycle », un grand bâtiment de style colonial qui domine le domaine. Chacun dispose d’une chambre individuelle. « Ils doivent respecter le règlement intérieur et sont libres de circuler ou de partir “en permission”, explique l’adjudant-chef Laurent Fransquin, chef de l’hémicycle. Je veille à ce qu’ils soient bien logés et qu’ils ne manquent de rien ! Je leur trouve des occupations, car il est important pour eux de savoir qu’ils servent à quelque chose. » Les pensionnaires participent ainsi à la vie du lieu en fonction de leur condition physique. « Ici, depuis l’origine, la réinsertion passe par le travail, souligne le directeur. Nous proposons des ateliers fonctionnels au sein desquels les hommes s’attachent à entretenir les abords du domaine, des ateliers occupationnels offrant de réaliser de la reliure et de la céramique, ainsi qu’un atelier production avec l’olivier et la vigne. L’activité viticole est très importante. » En effet, la vente du produit de la vigne subvient quasi exclusivement aux besoins financiers de l’Institution, qui ne reçoit aucune subvention de la part de l’État. Elle bénéficie aussi du soutien du foyer d’entraide et de solidarité de la Légion étrangère qui collecte des legs et des dons au profit de la Légion.

des hommes du commandement de la Légion étrangère, du 1er régiment étranger et du 1er régiment étranger de cavalerie aident les pensionnaires à vendanger les 40 hectares de vigne du domaine.

Vendanger dans la fraternité

L’adjudant-chef Laurent Fransquin veille également au respect de la discipline. « Les pensionnaires ont besoin de cette rigueur militaire. Durant toute leur vie, ils ont été commandés, ils ont respecté des règles. » « Ici, j’apprécie particulièrement l’encadrement militaire. Tout est carré : la discipline règne. Ce n’est pas comme dans le civil, témoigne Berthold Vossler, l’un des doyens de l’Institution. Cela fait plus de dix ans que je suis à l’Iile. Vous savez : légionnaire un jour, légionnaire toujours ! Avant je vivais seul, j’avais ma maison. Mais je m’ennuyais. J’ai ni ascendants, ni descendance. Ici, je suis entouré de mes frères d’armes. »

 

Un pensionnaire à l’ouvrage dans l’atelier de reliure.

 

Les vendanges représentent un moment important. Jeunes légionnaires et anciens travaillent ensemble. Il n’y a plus aucune nationalité, ancienneté, grade, âge… tous exercent la même activité dans un esprit de solidarité. « Cette fraternité dans la Légion existe tous les jours. Nous possédons un code d’honneur qui dit qu’au combat comme dans la vie, on n’abandonne jamais les siens », souligne le lieutenantcolonel Daniel Bouchez.

L’Institution des invalides de la Légion étrangère compte 220 hectares dont 40 sont dédiés à la culture de la vigne. Les pensionnaires produisent du vin rouge, blanc et rosé d’appellation d’origine contrôlée Côtes de Provence. Cette production représente environ 220 000 bouteilles par an, commercialisée au profit de l’Iile. Ces vins, dont la qualité est aujourd’hui unanimement reconnue, s’exportent partout dans le monde. Si vous souhaitez faire un don ou déguster une bouteille de l’Iile rendez-vous sur : www.legion-boutique.com/info_vin.php

La matinée touche à sa fin. Dans un rang de vigne, l’ancien légionnaire Clement Addante explique à ses collègues d’un jour comment s’organiser pour cueillir les grappes de raisin rapidement. « Il s’agit de mes cinquièmes vendanges à l’Iile. C’est agréable d’être avec ces jeunes. Il y a quarante ans, j’étais à leur place, à Puyloubier, à aider mes aînés. Ça fait partie de la solidarité. Il est primordial de ne pas oublier les anciens et les légionnaires en détresse. » À côté de lui, le maréchal des logis Fabien S., du 1er régiment étranger de cavalerie, écoute en souriant ses recommandations, puis témoigne : « C’est une chance pour nous de pouvoir donner un coup de main aux anciens. Tout le monde y met du sien. Tout un esprit légion prend alors forme à travers la cohésion.
Car sans solidarité, un corps de troupe ne peut pas avancer correctement. » Une fraternité, une solidarité et un esprit de corps qui contribuent à rendre l’Iile si exceptionnelle.

Carine Bobbera 


Traduction

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