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Légionnaire toujours...

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2014




L'apprentissage du français à la Légion étrangère

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22. janv., 2014


Il y a quelques années, le chef de corps du 4° Régiment Etranger me fait visiter son régiment. Il me montre fièrement les cabines de langue et m’explique le « binômage » (mot qui n’existe dans aucun dictionnaire ; action qui consiste à associer un légionnaire non-francophone à un légionnaire francophone). Je me rappelle alors mon parcours linguistique ou comment un nul en langues peut décrocher au baccalauréat, en 1969 à Strasbourg, un 15/20 en philosophie et un 14/20 en français  puis, à l’examen de l’EMIA en 1970, un 16/20 en technique d’expression écrite, meilleure note de la promotion.

1955 Mayence (Allemagne) : Je quitte le lycée après une troisième qui ne restera pas dans les annales. Mon professeur de français estime « que certains n’apprennent jamais cette langue et d’autres encore plus tard ». Je suis dans cette dernière catégorie.

Septembre 1960 Strasbourg : Je m’engage à la Légion étrangère. Mon apprentissage de la langue de Voltaire commence immédiatement. Le gradé de semaine procède à l’appel nominatif. Les réponses du type « présent, hier, oui, ja » fusent, toutes sanctionnées par un coup d’accélérateur dans le derrière. Enfin, un ancien répond « présent caporal-chef » et échappe à la sanction. J’annone à mon tour « présent caporal-chef » et préserve mon derrière. J’ai tout compris !

Le lendemain, un autre gradé de semaine nous appelle en commençant par la fin ; « ZINK ». « Présent caporal-chef ». Coup d’accélérateur. Ce jour-là, le gradé de semaine était un sergent !

Octobre 1960 Saïda (Algérie) : Je suis l’instruction de base à la 4° compagnie du Centre d’Instruction N° 2 du 1° Régiment étranger. La langue véhiculaire est alors l’allemand. Dans sa grande sagesse, le commandement décide que nous devions parler français. Il édite un fascicule comportant, à côté d’un dessin, les mots essentiels, tels que képi ou boîte de bière. En même temps, une heure par jour sera consacrée à l’apprentissage du français. Les chefs de section étant à l’époque les seuls francophones, sont chargés des cours.

Or, mon chef de section est un adjudant italien. Voici un de ses cours en écriture phonétique : « Za z’ette oun pantaléone ! Qu’est que ze za ? ». « Z’ette oun pantaléone ». Arrive le tour de Gaston, notre seul francophone. « C’est un pantalon, mon adjudant ». « Connarrrrrrrrrrrd, yo te dis que z’ette oun pantaléone ». La séance se termine quand notre titi parisien imite parfaitement l’accent italien de l’adjudant.

Mars 1963 Bonifacio : C’est le dernier jour du peloton sous-officier. Je suis fier d’être sorti en tête. Tout s’écroule quand je tape sur la main d’un sous-officier trop entreprenant pour mon intégrité physique. Je me trouve aussitôt au trou. En guise d’explication, le commandant d’unité me dit : « Je n’aime pas des gens comme toi. Tu retournes en prison ».

Après 30 jours d’arrêts de rigueur,  alors que je n’avais écopé que de 15, on me radie du stage et on m’expédie en Algérie. J’atterris à la 4° compagnie portée du 2° Régiment étranger d’infanterie. Je suis toujours caporal et je ne sais toujours pas écrire la moindre phrase en français.

Mai 1963 Djenane ed Dar : Le capitaine Guignon, commandant de compagnie, intercepte au réveil un légionnaire qui porte le petit déjeuner au Sergent-major B, chef des services administratifs de l’unité. C’est le Capitaine qui s’en charge. Une heure plus tard B part pour COLOMB BECHAR aux arrêts.

 

Je suis alors propulsé au bureau de compagnie pour combler les effectifs. Avec un caporal hongrois et un légionnaire allemand, nous formons une fine équipe.

Je suis chargé de taper sur une machine à écrire antédiluvienne les rapports du capitaine Guignon, une des plus fines plumes de l’armée française. Je tape le jour et souvent la nuit jusqu’à ce que le document soit exempt de fautes de français et d’orthographe. A ce rythme j’apprends vite…

Août 1979 Djibouti (République de Djibouti) : J’obtiens le certificat militaire de langue allemande du 3° degré. Pour moi, c’est évidemment un certificat de langue française.

Osons une conclusion. Si nos sous-officiers non-francophones obtiennent de très bonnes notes dans les stages nationaux, il y a à cela essentiellement deux raisons :

D’abord, ils préfèrent le geste à la parole. Je me souviens d’avoir épaté mes chefs et mes camarades en 1967 à l’Ecole militaire de Strasbourg en appliquant intégralement, pour une séance d’ordre serré avec fusil, la méthode enseignée par le caporal Regas Val en 1961 à Aïn el Hadjar.

Ensuite, ils n’utilisent que le mot juste. On ne met pas une balle, mais une cartouche dans un chargeur.

Pour illustrer mes propos, je vous conte une dernière anecdote. En 1966 pour l’examen du Brevet d’armes N° 1 à Djibouti, la pédagogie étant alors la dernière trouvaille de l’armée française, il fallait éveiller l’intérêt des élèves à chaque séance d’instruction. Le Sergent T, espagnol ténébreux, râblé, velu comme un singe, avec des yeux noirs perçants, s’adresse ainsi à six appelés terrifiés : « L’embouscade est quelque chose de terrrrible ! ». Et joignant le geste à la parole : « D’abord, on égorge, ensuite, on toue ! »

Wolf Zinc


Fin des rêves militaires

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2013 aura été « très militaire ». Deux interventions majeures, Serval au Mali pour lancer l’année, Sangaris en République Centrafricaine pour l’achever, avec, à mi-parcours, une opération en Syrie restée sans nom pour avoir été bloquée au dernier instant. En miroir, deux textes fondateurs : le 29 avril, officialisation du Livre Blanc dont la traduction budgétaire - la Loi de Programmation Militaire -, est approuvée par les deux chambres au cours du dernier trimestre.

La puissante contradiction entre les faits – les interventions – et le discours – les deux textes – qui organisent parallèlement la dégradation progressive mais certaine de nos capacités militaires, ne peut que frapper les esprits. Interventionnisme, parfaitement légitime dans les trois cas, et incohérence… jusqu’à l’absurde. De cette « année stratégique » forgée de contradictions, plusieurs leçons peuvent être tirées.

Leçon n°1 : l’évidence des inadéquations. Inadéquation d’abord entre notre politique extérieure, qui s’appuie à juste titre sur nos capacités militaires, et notre politique militaire qui tend à réduire ces mêmes capacités selon des logiques parfaitement déconnectées de leurs raisons d’être. Inadéquation ensuite entre les modèles de forces vers lesquelles nous nous dirigeons inexorablement - des forces réduites de haute sophistication, de plus en plus aptes à remporter les batailles et de moins en moins capables de gagner les guerres, adaptées surtout aux conflits que nous ne voulons pas mener – et les guerres combattues qui exigent des formats et des moyens dont nous nous dépouillons allégrement.

Leçon n°2 : nous ne pouvons fuir nos responsabilités et nos intérêts, ils nous rattrapent. En particulier, nous ne pouvons pas échapper à l’Afrique. Cette politique, initiée dès les années 1990, n’a pas su se donner les moyens du succès. Le pire pour le monde, pour la France, serait une Afrique profondément déstabilisée, faible économiquement, qui aurait le plus grand mal à faire face à l’inexorable mais prochain - 20 ans - doublement de sa population. Des Etats baroques que nous lui avons laissés, nous n’avons pas su l’aider à faire des Nations. Dès lors, pour un moment, nous devons nous réengager fermement, militairement en particulier, pour construire des structures fiables de sécurité panafricaines et rebâtir des armées qui constituent souvent l’indispensable ossature de ces Etats fragiles.

Leçon n°3 : la fin du rêve européen. Plus que beaucoup d’autres, les Français ont été européens, en matière militaire en particulier. 2013 nous contraint au réalisme. Allons vers l’Europe, mais arrêtons de nous départir des moyens nécessaires à l’exercice de nos responsabilités et à la protection de nos intérêts ; l’Europe elle-même en a besoin pour que soient remplies les missions dont seules les armées françaises sont capables. Tant qu’il n’y aura pas de vision stratégique commune il n’y aura pas de défense commune, car le sentiment de solidarité n’est pas assez fort pour imposer le risque politique. Alors, pour longtemps encore, ne pourront être partagées que les capacités, aériennes et navales, dont l’engagement ne constitue justement pas un risque politique. L’intervention de troupes au sol est trop dangereuse pour dépasser les égoïsmes nationaux : préservons les nôtres si nous voulons maîtriser notre action extérieure.

Leçons n°4 : nous ne pouvons pas commander à la guerre. Le rêve du politique, c’est l’intervention puissante, rapide, ponctuelle, qui sidère. C’est le mythe cent fois invalidé du « hit and transfer », du choc militaire qui conduirait directement au résultat stratégique et, dans un monde parfait, au passage de relais à quelques armées vassales immédiatement aptes et désireuses d’assumer elles-mêmes les responsabilités. Las ! Les calendriers idéaux sont toujours infirmés par la « vie propre » de la guerre. De la première bataille à « la paix meilleure » qu’elle vise, il y a toujours un long chemin chaotique qui ne produit le succès que dans la durée, l’effort et la persévérance.

Leçon n°5 : le volontarisme ne remplace pas les moyens. Dès lors que, pour de multiples raisons, le « paradigme de destruction » ne peut plus être le paradigme central de la guerre, dès lors qu’il faut agir dans des contextes où le facteur multiplicateur de la technologie est très réduit, dès lors que la légitimité de la bataille ne peut se mesurer, ex-post, qu’à l’aulne du résultat politique, l’instantanéité et la « foudroyance » ne fonctionnent plus. La capacité à durer, les volumes déployables, les contrôles des espaces, redeviennent des données essentielles, ce qui remet d’autant en cause les évolutions de nos armées et ce terrible « manque d’épaisseur stratégique » qui les caractérise aujourd’hui.

La France est, et se veut, à juste titre, une grande nation, ce qui suppose des capacités d’action, militaires en particulier. En nous montrant clairement à la fois ce que sait faire notre appareil militaire et ses évidentes limites, 2013 nous réveille et nous rappelle que le premier devoir du stratège est de proportionner l’enjeu et les moyens.

Vincent DESPORTES

Les TE au CHALE

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Une habitude se transforme en tradition quand l’évènement se produit plusieurs fois, ainsi les retrouvailles des légionnaires-officiers, anciens et jeunes, avaient lieu au CHALE de la Ciotat pour la célébration de la Saint Antoine, Saint patron de la Légion, Antoine le Grand.

Journée placée sous le soleil de l’amitié contrariée par une pluie incessante qui déversait  à flots violents  son eau célestre. Déluge inhabituel qui annoncait son identité de catastrophe naturelle en dévastant une des plus belles régions françaises. Débutant avec une réunion discussion, un recueillement était ordonné à la mémoire de nos camarades disparus. Un constat s’imposait comme chaque année avec le  nombre des participants , certains ne pouvant participer affichant un lointain ailleurs ou pour d’autres manquant de disponibilité pour des raisons de service ou diverses…

Saint patron de tous les légionnaires sans exclusivité: “une nouvelle année est comme une mer inconnue, nous souhaitons à tous de la traverser sereinement vers le prochain horizon en espérant que les vents soient favorables”.

Rendez-vous est pris pour le 17 janvier prochain.


LOS UNIFORMES DE LA LEGIÓN EXTRANJERA FRANCESA ( OBRA INEDITA ) ,por Jose Mº BUENO

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CAMERONE à CAMARÓN

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Lettre à des camarades lointains.

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17. janv., 2014


Mes chers camarades, mes chers amis,

vous voilà réunis en grand nombre  ce 17 janvier, à l’instar des années précédentes, pour célébrer entre officiers anciens "képi blanc"  notre saint patron, Antoine le Grand. Celui-ci après avoir distribué ses biens aux pauvres, gardez-vous en bien ( !),  se retire dans le désert pour vivre en ermite sur la route de la Mer Rouge qui nous est maintenant barrée, depuis le départ de ce qui reste de la 13è DBLE vers d’autres déserts; il devient ainsi un anachorète qui est tout le contraire d’un cénobite. Hélas, malgré cet éloignement on ne lui fiche pas la paix et il est obligé d’effectuer de nombreux déménagements, non remboursés par le commissariat de l’armée, pour fuir les fâcheux. Il a des tentations le brave saint Antoine, mais elles sont représentées par des animaux et non par ce  à quoi vous pensez !...  Il semble être vrai qu’à partir du XIVè siècle on l’affuble d’un cochon… mais c’est bien ultérieur à son existence, donc n’y voyez pas une quelconque tendance libidineuse…

Tout cela pour vous dire que je regrette bien de ne pouvoir, encore une fois, assister  à ces retrouvailles sous l'égide de cet Antoine-là.  Mon impossibilité n’est pas à proprement dire volontaire mais conjoncturelle. Je  ne participerai pas à vos agapes tout simplement parce que je me suis rapproché d’un autre saint Antoine, celui de Padoue qui en fait est de Lisbonne, où il est né, et où je me trouve depuis quelque temps.

Né aussi dans une capitale, je m’accommodais  bien peu de la provinciale vie de retraité dans ma prison-dorée de Vaucluse où est située ma maison. J’ai bien trahi saint Antoine en faisant le pèlerinage de saint Jacques de Compostelle… J’y ai gagné quelques ampoules et quelques satisfactions très temporaires… mais surtout  la certitude de revenir au train-train quotidien. C’est pourquoi, un beau jour, j’ai « largué les amarres », mais pas toutes.  Ici, au contraire de là-bas, les journées ne me suffisent pas pour mener à bien tous mes projets. Je voyage, je visite, je peins, je ne rate pas une expo  ni un spectacle qui vaille la peine, bref je fais une foule de choses plus conformes à mon caractère. Je me rends deux fois l’an en France, hélas, jamais en janvier…

Mais je ne suis pas le seul à m’être un peu éloigné de notre belle France… Krésimir vit heureux sur son île  paradisiaque en Adriatique, notre camarade Tatarchouk, le cavalier,    a  quitté pour quelque temps la mer océane et autres rivages exotiques pour aborder les côtes de Méditerranée et poser son sac, marin. Mais c’est une situation que je crois tout à fait   provisoire. En quelques années il a parcouru presque tous les océans du globe ; je pense qu’il ne lui manque que l’Arctique, car il a même effleuré l’Antarctique.  Vivant discrètement, il aime cette vie solitaire, et comme il le dit « son appétence marine ne peut se satisfaire longtemps d’observer les amarres qui se tendent sous l’effet de la houle. Comme un cheval ne peut se contenter de rester dans son écurie, j’ai besoin de sentir le souffle des embruns dans le visage et le vent dans les voiles ».   

Quand  on a chevauché les vagues de l’immensité marine, eu le visage fouetté par les embruns au goût de sel, vu s’éloigner devant  l'étrave  l’horizon fuyant et s’évanouir dans le sillage la dernière escale, je ne pense pas que l’on résiste  longtemps. Comme l’appel de la forêt ou de la savane pour les grands fauves, le fracas des vagues, le hurlement du vent, le claquement de la voile que l’on affale ou l’on borde aura tôt fait de se transformer en appel du large…

Sans doute, certains  autres de nos camarades ne se joindront pas à vous parce que vivant  dans de lointains ailleurs, ou manquant de disponibilité pour des raisons diverses, quelques autres pris par le service et  enfin   ceux enfermés dans leur cerveau étriqué qui pensent probablement ne pas être reconnus à leur juste valeur…

Mais voilà que je me suis bien égaré des chemins de saint Antoine, qui était Egyptien, lui.

Je termine cette petite lettre évocatrice du saint patron de tous les légionnaires sans exclusive, en vous disant, pour continuer de filer la métaphore marine, qu’une nouvelle année est comme une mer inconnue… (expression subtilisée à un ami)  je vous souhaite de la traverser, vers le prochain horizon, avec bonheur, que les vents vous soient favorables ou contraires… et à l’inverse de saint Antoine le Grand et de Tatarchouk, ne soyez pas anachorètes, soyez cénobites, pour continuer à vous réunir au moins une fois l’an!

Si je peux  me permettre un conseil récurrent, buvez un « bon coup » mais n’abusez pas de boissons à base de seigle, du Genièvre par exemple, car vous risqueriez d’être atteints d’ergotisme appelé aussi le « Mal ardent » ou le « feu de  saint Antoine » !

Et par saint Antoine, vive la Légion.

Antoine Marquet


La Légion Etrangère en Extrême-Orient (1939 - 1945)

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La Légion étrangère

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Euthanasie d'un blog

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Vendredi 27 décembre 2013


Ite, missa est.

Derniers mots pour un blog euthanasié

J’ai la   mission de vous annoncer la mise en coma artificiel du blog www.kb-legionnaires.fr. Il n’aura pas duré « ce que durent les roses » mais deux ans. Nous l’euthanasions (c’est à la mode) de notre propre chef sans aucune contrainte extérieure.  Nous avons souhaité mettre sur ce blog des billets occasionnels, comme des causeries abordées puis rédigées au gré des circonstances dans un style où se cache, ou non,  parfois, une teinte d’ironie. Nous avons tenté, à notre manière, de combattre l’attitude quelque peu ingénue, mais profondément dangereuse, de l’homme “de masse”, celui qui a définitivement perdu toute faculté de croire et de penser, mais pas celle  de se complaire dans son inconscience, sa présomption, son absence de modestie, de scrupules, de sens moral.

Des pans entiers de population vivent aujourd’hui dans un état d’apathie permanente, n’éprouvent plus ni joie de vivre, ni amour. C’est un nouveau mode d’existence qui nous oppresse et nous modifie à un tel point que nous préférerions presque nous retirer de la vie publique. L’existence telle qu’on la conçoit  actuellement, valorise excessivement chaque minute qui passe, chaque seconde  écoulée, alors la domination de la vitesse détruit. La capacité que nous avons de profiter des joies modestes de l’existence doit aller de pair avec une conduite mesurée.

En ce moment de Noël, j’ai une pensée pour ces Noëls fraternels et exceptionnels passés à la Légion. Quand on s’engage, on n’est pas obligatoirement dans les conditions d’un simple chercheur d’emploi, aussi, le soir du réveillon, quand on reçoit un cadeau individuel et qu’on se retrouve  à table avec ses chefs et ses camarades, on se sent  réellement intégré dans cette grande famille légionnaire. Comment serait-il possible de laisser un légionnaire seul cette nuit-là, isolé au quartier sous la seule responsabilité d’un service de semaine…Antoine l’a vécu, seul dans sa chambre du service déserté d’un hôpital militaire.    Je sais que lorsque les portes des quartiers s’ouvrent à l’issue du repas et de la veillée de Noël, on a l’impression d’assister au départ d’un grand prix de formule 1, mais aucun de ces cadres, à part quelques exceptions, n’a l’idée d’inviter ce légionnaire seul au sein de sa propre famille ou de son cercle d’amis.

Heureusement et contrairement à ce que peuvent croire ou écrire certains « intellectuels bien-pensants »,  cela représente une minorité ; le légionnaire lui et beaucoup de ses cadres, restent encore pour continuer la fête...

Dans ce blog certains commentaires  ont pu nous gêner plus que de raison… nous avons, tels des hommes du monde répondu poliment ; croyez bien que nous avons fait montre d’un exemplaire contrôle au prix d’un effort qui  a pu nous laisser particulièrement frustrés.

Nous avons utilisé le blog des “légionnaires officiers” pour faire part sur le net de nos “états d’âme”, de nos contrariétés. C’est d’autant plus vrai qu’en ce qui concerne les débats, les journaux suffisent et certains de ceux qui visitent le blog n’y viennent pas pour y trouver des billets d’humeur sur la politique du moment bien qu’il y ait peu de sujets qui n’aboutissent pas, peu ou prou, à une situation politique. De quoi parler alors? Raconter nos campagnes, nos petites misères, parler du temps qu’il fait aujourd’hui, de la pluie à venir demain?

De surcroît, le constat est sans appel, seuls deux anciens “képi blanc»,   ne détenant aucune vérité  - qui la détient en ce bas monde ? - n’étant les vestales gardiennes d’un quelconque temple,   selon certaines rodomontades lues ici, connaissant à peine le milieu dans lequel ils ont passé le plus clair de leur vie d’homme et qui, contrairement aux ordinateurs, ne font pas de mise à jour automatique de leur logiciel, écrivent. De ce fait, il est hors de question que leurs écrits puissent passer pour être la parole de notre communauté d’anciens légionnaires. Ils n’ont jamais eu une telle présomption.

Mais surtout, et c’est là le motif principal qui nous fait prendre notre décision, nous n’avons aucune envie de mettre en difficulté notre chère Légion étrangère par des propos d’anciens officiers qui pourraient, mal interprétés, lui faire ombrage face à la difficulté d’exister actuelle.

Merci à tous ceux qui nous ont apporté leur amitié et  d’autres… leur considération distinguée.

Antoine et moi migrons vers un blog qui nous appartient en propre et dans lequel nous écrirons nos bonnes et nos mauvaises humeurs sans qu’il y ait une référence pouvant paraître ambiguë de notre passé de légionnaires.

Au revoir peut-être, dans le nouveau blog!  

 

www.hommes-sans-nom1.fr

Christian Morisot

  photo MRT CH


Soumission, conformisme et autocensure

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Mercredi 25 décembre 2013

Les Bourgeois de Calais (Auguste Rodin)

 

La décision de stopper ce blog a été prise récemment par ses deux  principaux animateurs.  Il ne manquera à personne dans la mesure où l’on peut très bien vivre sans internet, blogs,   ordinateurs personnels et… notre prose !

Ce n’est pas la difficulté d’écrire, jour après jour, mois après mois, qui conditionne notre décision, en aucune manière. Mais il nous semble que certaines voix qui  malheureusement ne s’expriment pas publiquement, ont trouvé ou trouvent que nos écrits sont par trop politiques, parfois iconoclastes et donc, pas ou peu intéressants pour les uns, trop osés pour d’autres. Les soixante-huitards prétendaient que tout est politique… je n’en suis pas totalement convaincu ; reste néanmoins que la plupart de nos actions sont guidées par une forme ou une autre d’une politique. Jules Renard disait à ce sujet et en substance que  « si on ne s’occupe pas de politique c’est comme si l’on disait que l’on ne s’occupe pas de la vie ». Par ailleurs, en dehors des billets à caractère philosophique et ceux qui évoquent l’actualité, de manière légère mais sans légèreté – plus ou moins politique – sur quoi écririons-nous ? Sur la pluie qui tombe aujourd’hui et le froid qu’il fera demain ? Sur nos passés militaires et ceux de nos camarades, au risque de tomber dans le cercle des poètes disparus genre « ancien combattant qui raconte ses campagnes », vous savez du type de celui qui vous « gonfle » à la kermesse de Camerone avec ses guerres moult fois répétées et que vous écoutez poliment, bien que d’une oreille distraite, par respect envers cet ancien que l’on reçoit. Certain même, nous est apparu assez enflé de lui-même, prétendant nous donner des leçons de « légionnarité » comme si nous ignorions que le légionnaire à un instant « t » reflète ce qu’est la société, dont il est issu, au même moment.

Il faut donc essayer de traiter de sujets de portée générale  qui seront peut-être lus par des gens qui ne consultent pas les journaux tous les jours ou qui reçoivent l’information formatée par les chaînes de télévision qui la modèlent  comme le boulanger sa pâte. Mais cela déplaît à d’aucuns qui, sans le dire franchement, s’arrangent pour le faire savoir et c’est là qu’intervient la notion de soumission, de conformisme, d’autocensure  auxquels nous nous plions. Pourquoi ?

C’est d’abord une soumission librement consentie. Il ne s’agit pas de cette soumission à l’autorité que beaucoup connaissent et qui a été largement décrite par l’expérience de Milgram qui consiste à appliquer une sorte de torture qui va crescendo, à un sujet (joué par un comédien, fait ignoré de l’individu soumis à l’autorité scientifique, dans ce cas précis, et qui va infliger, malgré le poids de sa  conscience et les remords éprouvés, une souffrance à un inconnu, pour obéir aux ordres reçus) ; vient ensuite le conformisme qui consiste à se soumettre à des opinions, règles, modèles, normes constituant un système de valeurs d’un tout, auquel on adhère, soit pour éviter un conflit, soit pour ne pas être rejeté. C’est un suivisme de complaisance… Mais cela ne se résume pas à ceci. Cette notion est largement plus complexe et ce conformisme peut se rencontrer dans divers types de corps, d’institutions, de corporations. Cet état est parfaitement décrit dans le « Discours de la servitude volontaire » d’Etienne de la Boétie (XVIè siècle).

Il s’agit donc d’une autocensure qui  est à mettre en parallèle avec le conformisme. Celle-là devance ce qui est perçu comme une menace ou pouvant atteindre les intérêts de tiers auxquels l’individu qui la pratique s’identifie. C’est la mise en œuvre, sans intervention explicite de l’extérieur, d’une censure (menace réelle ou supposée)   par une autorité morale ou institutionnelle. C’est le politiquement correct. Cette autocensure est une fuite qui permet aux individus et aux institutions d’éviter une situation de conflit, d’explosion…   par la non-énonciation d’une vérité qui ne plairait pas au plus grand nombre.

Parfois, et encore récemment, j’ai effleuré le sacré. Un prête estimé, en retraite (mais l’est-on jamais quand on est un vicaire du Christ ?), une famille peinée par la mort de l’un des siens, ont, par la voix du premier protesté auprès de Christian. Que ne l’ont-ils pas fait à mon adresse ? Mais à l’instar de Jean-Paul II et plus « laïquement » de Mandela, doit-on crier « santo subito » ?  Je ne le crois pas, car d’autres voix peuvent s'élever et se poser légitimement des questions. Mais n’a-t-on pas dit à notre camarade Christian comme si l’on s’adressait à moi : « Une telle position, surtout de la part d’officiers képi blanc ?". Du singulier on passait au pluriel : « de la part d’officiers… ». A contrario, alors que nous avons dû, toute notre vie prouver que nous étions raisonnablement bons, sans droit à l’erreur, puisque enfantés par le ventre légionnaire lui-même,   un autre nous dit et à juste titre, que nous ne sommes pas gardiens du temple et ne détenons pas la vérité – qui l’est ? qui la détient ? La flamme Légion qui nous marque au fer rouge et vert   a toujours fait espérer de nous l’excellence vers laquelle nous avons toujours essayé, et nos jeunes camarades essayent – je le crois - de tendre. En tout cas l’empreinte Légion n’a jamais servi de blason sur nos cartes de visite...

Il m’a toujours semblé que notre chère Légion a, de tous temps, adopté cette sorte d’attitude qui tend à bien remplir la mission mais sans faire de bruit, de vagues, de vent… comme si les légionnaires devaient s’excuser en permanence d’être! Exister en tant que tels les obligeant à assumer une éternelle dette. Sur ce blog, quelques billets qui pouvaient mettre   en cause la compétence du gouvernement actuel de notre pays, ont pu susciter des commentaires parlés tels que : « la gauche nous a à la bonne ce n’est pas le moment de les fâcher… ». Mais qu’ont les légionnaires à craindre de la gauche ou de la droite ? Ne sont-ils pas une partie prenante individuelle et collective importante de ce qui nous reste d’armée ? Dans l’état où est rendue cette institution pourrait l’Etat se passer de la vieille Légion dont les membres en mourant épargnent des vies françaises ? C’est la soumission, le conformisme des institutions qui est ici en cause. Un « foulard cadavérique » pourrait-il faire trembler le monument de Bel-Abbès, la mémoire de nos presque 36 000 morts ?

Hormis un billet d’au revoir de notre camarade Christian, nous n’écrirons plus désormais sous le timbre  « kb-officiers », ne voulant en aucune façon porter un quelconque préjudice à l’Institution « que la gauche a à la bonne ». Nous le ferons sous une autre appellation, libres de toute contrainte, conformisme ou soumission.

On dit que les oiseaux se cachent pour mourir.

Les légionnaires devront-ils aussi  un jour, pour ne pas heurter,  se cacher pour mourir pour la France ?

Joyeux Noël

Antoine Marquet

 Antoine Haute Savoie

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