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Pauvreté: Ils dînent presque tous les soirs aux Restos

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Créé le 29/11/2012

Distribution de repas chauds à l'antenne des Restos du coeur du 1er arrondissement, Paris le 28 novembre 2012

Aurélie Delmas/20 Minutes

 

SOCIÉTÉ - Dans le 1er arrondissement de Paris, les locaux des Restos du coeur accueillent tous les soirs les personnes les plus fragiles pour leur offrir un repas chaud. Qui sont-elles? «20Minutes» est allé à leur rencontre...

Ni faim, ni froid, pendant quelques heures. A 19h30, tout est en place rue Saint Roch, dans le 1er arrondissement de Paris. Les portes s’ouvrent pour accueillir les «bénéficiaires». Le nombre de places est limité, alors ici, on accueille seulement les plus fragiles: les personnes âgées, les femmes, les personnes handicapées.

Au menu ce mercredi: soupe, saucisse, purée, banane, café chaud et céréales.

Table 1: Jean-Pascal, l’intellectuel lucide et solitaire

Jean-Pascal, 58 ans, est le premier arrivé. Avant de se servir, il prend le temps de discuter avec Emilie, 32 ans, la responsable du site. Il la connaît depuis deux ans.

«Ici, c’est un point de chute» où il viendra quasiment tous les soirs de la semaine «s’il fait un coup de froid».

«Je suis quelqu’un de structuré», explique-t-il posément. Et le passage aux Restos fait partie de son «ordre». Après son repas, il rentrera lire dans la chambre d’hôtel d’Argenteuil (Val-d’Oise) qui lui coûte 600 euros chaque mois. Revenu global: 750 euros.

Jean-Pascal, ancien attaché de presse, a beaucoup voyagé. Il cite Montaigne, se présente comme le fils d’un homme politique très influent, mais il a toujours été un peu à part dans sa famille. Considéré comme le «marginal», il a coupé les ponts depuis longtemps avec ses sœurs qui sont restées «dans le moule».

Jean-Pascal estime que, s’il s’en sort, c’est parce qu’il est «lucide». Ca l’empêche d’être trop pessimiste. Après avoir été agent de surveillance et manutentionnaire, il a perdu son emploi sans espoir d’en retrouver un. A un moment de sa vie, les Restos «ça a été une nécessité vitale».

Souriant et sociable, Jean-Pascal mange pourtant seul. Il salue de loin ceux qu’il a déjà croisés avant de partir sans trop traîner à la fin du repas.

Table 2: René, ancien militaire toujours combatif

Les Restos, «ça ne devrait pas exister, mais c’est bien». Assis un peu plus loin sur la même table, René, 62 ans est venu manger avec son ami Germain qu’il connaît depuis 2010. L’homme au béret vient aussi «pour ne pas perdre les repères, et pour le côté social». Ce grand bavard lorrain aux yeux bleus revient volontiers sur les épisodes qui ont jalonné sa vie tumultueuse.

Après son service militaire à Berlin, il s’engage dans l’armée, puis dans la Légion étrangère. «Je voulais retrouver un semblant de famille. Mais cinq ans ça m’a suffi.» Il quitte l’armée, sac au dos, pour faire le tour du monde. A son retour en France, il bosse dans l’hôtellerie puis devient cadre commercial. Il se marie. Deux fois. «Ma première femme s’est pendue, la seconde est morte d’un cancer en 2002. Je n’ai pas pu racheter l’appartement que le propriétaire voulait vendre.» Alors sa vie bascule. Il explique à demi-mots que «psychologiquement», c’est difficile de tenir. Après avoir connu la rue, il a retrouvé un appartement en 2010.

«Je ne me considère pas comme un SDF, je suis un type normal», se défend-il presque. «Toujours dispo pour les petits boulots.» Sans concession, René n’est pas du genre à pleurer sur son sort «si on est là, c’est aussi un peu notre faute, faut pas se mentir. Aujourd’hui, je ne demande rien, c’est à moi de résoudre mes problèmes.»

Table 3: Germain, le père de famille taiseux

Face à lui, Germain, son «bon ami». Ils se retrouvent au moins deux fois par semaine aux restos, parfois pour partager un verre de vin. L’avantage de ce lieu fermé, c’est aussi qu’on prend le temps d’ y échanger les bons plans pour dormir, trouver les épiceries solidaires ou acheter des vêtements, rappelle Germain. Lui vit en HLM avec son épouse. Il a trois enfants.

 A 68 ans, il touche une «toute petite retraite» après avoir été «routier international». S’il vient aux Restos, c’est avant tout «pour des raisons économiques». Plutôt silencieux, il écoute les histoires des autres sans les commenter, en enchaînant les cafés au lait. Pas franchement pressé de partir.

Ce mercredi soir, il y avait du rab. Et tout le monde en a repris. Provision de bananes pour Jean-Paul, Germain met de côté du pain pour ses fringales nocturnes. René récupère des restes «pour donner à ceux qui ne viennent pas».

Aurélie Delmas

Traduction

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