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Point presse du Ministère de la Défense du 11 mars 2010

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- Intervention du colonel Benoît Durieux, commandant le GTIA Surobi d'août à janvier 2010.

Je suis le colonel Benoît DURIEUX, j’ai commandé le GTIA Surobi, le bataillon déployé en Surobi entre le mois de juillet dernier et le mois de janvier.

Très rapidement, le bataillon que je commandais était formé à partir d’une ossature fournie par le 2e régiment étranger d’infanterie qui est stationné à Nîmes. On était à peu près huit cent vingt dans le bataillon (90 % de légionnaires donc qui représentaient à peu près quatre-vingts nationalités. On avait    trois compagnies d’infanterie à 150 personnes, un escadron sur véhicules blindés légers, un escadron de reconnaissance, une petite compagnie de génie avec deux sections et puis une batterie d’artillerie avec des mortiers de 120 mm et des canons César de 155 mm.

Nous avons commencé notre mission dans le cadre de la région capitale (RCC) qui était commandée à ce moment-là par la France, par le général Stollsteiner puis par le général Druart.

Cette région était sous la responsabilité tripartite des Italiens, des Turcs et des Français. Nous nous occupions la partie nord (donc le district de Surobi à l’Est et puis le Nord de Kaboul).

Puis, à partir du 1er novembre, il y a eu la réarticulation du dispositif français et donc le bataillon s’est concentré dans la région de Surobi et dans le sud de la Tagab. Et on est resté sous les ordres du général Druart, qui avait changé de fonction puisqu’il est devenu commandant de la brigade française (la Task Force La Fayette), avec le bataillon français Kapisa au Nord en Kapisa et nous au Sud en Surobi.

Alors, un petit focus sur le district de Surobi. C’est un district qui regroupe environ 140 000 habitants (c’est une estimation, il est difficile d’avoir des chiffres exacts). Il y a un bataillon de l’armée nationale afghane (ANA) avec environ 300 militaires, et quelques centaines de policiers afghans. C’est un district qui comprend plusieurs vallées : au Sud, les vallées de Tizin et de Jagdalay, au Nord, la vallée d’Uzbeen. Au centre, la ville de Surobi qui est une ville qui a été créée dans les années 1960 autour des barrages hydroélectriques créés initialement par les Russes mais avant l’invasion soviétique. « on parle beaucoup de contre-insurrection (…) la situation était radicalement différente » Pour revenir sur la mission qu’on a remplie et la façon dont on essaie de la remplir, on parle beaucoup de contre-insurrection et quand on parle de contre-insurrection en Afghanistan, il y a des images qui reviennent et, immédiatement, on a un peu l’impression qu’on rejoue la guerre du Viêt-nam, la guerre d’Indochine ou la guerre d’Algérie et ce n’est pas du tout le cas. La situation était radicalement différente.

Je voudrais mettre l’accent sur trois traits majeurs, à mon sens, de cette mission en Afghanistan qui permettent peut-être d’éclairer l’action que peuvent mener aujourd'hui les forces françaises, mais plus largement les forces occidentales, en Afghanistan. D’abord, il faut bien voir qu’il n’y a pas un mouvement taliban aussi bien structuré que pouvait l’être le Vietminh ou le Vietcong dans les conflits auxquels je faisais allusion. Il y a des insurgés qui sont réunis par groupuscules et qui ont chacun leurs intérêts, leur agenda, leur chef et qui n’obéissent, en réalité, à personne. Ils acceptent bien l’argent que peuvent leur donner des instances talibanes extérieures mais sinon ils obéissent difficilement. Et ils ont surtout des motivations, en réalité, économiques. Ce sont des mini seigneurs de la guerre locaux. Des minis parce que souvent, ils contrôlent dix, quinze, vingt combattants.

Le deuxième point, c’est que c’est une société très pudique et très différente de la nôtre. La population, c’est un enjeu central. Mais il ne faut pas être tout le temps sur le dos de la population. C’est une population qui a besoin de vivre de manière autonome. C’est une société très ancienne qui vit avec des règles bien établies. Il faut donc être très actif mais aussi avoir une grande forme de discrétion vis-à-vis de cette population.

Et puis, dernier point, c’est un peu une formule, mais libérer les cœurs et les esprits plutôt que les conquérir. Je crois qu’ils vivent très bien sans nous de toute façon. Et en revanche, ils ont besoin qu’on les aide. Et libérer les cœurs et les esprits, cela veut dire quoi ? Pour prendre un exemple, avec l’armée afghane, on a des rapports d’estime, de confiance très importants mais ce qui est très important aussi, même au niveau local – et c’est ce qu’on a essayé de faire – c’était de leur laisser le maximum de liberté, de leur donner tous les moyens d’initier des missions et ensuite de les remplir sans nous. Et le jour où nous aurons réussi à ce qu’ils remplissent parfaitement les missions sans nous, évidemment, nous aurons gagné.

S’appuyer sur les équilibres existants, le jeu du mikado .

L’Afghanistan, c’est un pays extrêmement divers et, certainement, vous aurez d’autres sons de cloche par d’autres responsables dans d’autres régions d’Afghanistan. Mais la société, en Surobi en tout cas, est une société complexe. Il n’y a pas d’un côté – pour reprendre des expressions anglo-saxonnes – les good guys et puis les bad guys [les bons et les méchants]. Il y a une société avec, d’un côté, c’est vrai, des talibans ou au moins des insurgés très fondamentalistes puis à l’autre extrémité du spectre, les partisans très loyaux du gouvernement. Mais entre les deux, il n’y a jamais de coupure, il y a un réseau continu de liens ethniques, de liens familiaux, de liens tribaux, de souvenirs communs, de projets, d’antagonismes, d’intérêts partagés. Ce qui fait qu’au final, il faut repousser au maximum la limite qui sépare ceux qui sont d’accord pour travailler à la stabilisation de la situation de ceux qui, au contraire, cherchent à envenimer les choses.

Ce dont il s’agit, c'est donc de bien utiliser la force militaire en vue d’un objectif politique local. Là aussi, il y a trois piliers à notre action. D’abord, comprendre avant d’agir. Ça paraît une évidence mais il faut vraiment ne pas taper dans la fourmilière, donc il faut essayer de voir ce qui se passe, de comprendre. Deuxième point, il y a des zones où cela se passe bien, où il faut que cela continue et essayer d’en faire des vitrines en essayant de développer les contacts les plus étroits possibles avec des gens que l’on voit régulièrement. Et donc essayer d’étendre les zones les plus stables possibles. Et, dernier point, s’appuyer sur les équilibres existants.

Cela fait référence au jeu du mikado, ce jeu où il faut ranger les petites baguettes sans les faire bouger. Pour jouer au mikado, d’abord, il faut bien saisir comment se présente l’équilibre des différentes petites baguettes entre elles. Là, c’est exactement la même chose. Si on fait un geste de travers, on risque de tout faire tomber et de perdre. Mais en même temps, parfois, un seul joli coup et on peut régler la situation de manière durable, on peut gagner assez vite. Cela fait peut-être finalement la différence avec une analogie fréquemment employée, celle de la tâche d’huile, qui est aussi valable puisque c’est quand même quelqu’un qui avait certains crédits en la matière, le maréchal Lyautey. Mais là il y a cette notion d’instabilité qui me paraît très importante.

Petit focus sur la vallée d’Uzbeen dans notre zone, parce qu’elle a pris une valeur symbolique. La situation s’est, à mon sens, bien améliorée et je crois que tous les gens qui sont sur place le disent et en sont conscients. [sur la carte à l’écran] La zone en bleu clair ne marque pas une zone qu’on serait censés contrôler parce que ce n’est pas du tout notre mission de contrôler l’Afghanistan, bien évidemment. En revanche, c’est la zone où, globalement, on se déplace sans difficulté, sans craindre des IED ou bien des attaques à chaque fois. Là, c’était en septembre 2008. Ensuite il y a eu le 3ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine qui, en quelques mois, a vraiment bien avancé dans cette vallée, est allé même plus au Nord. On peut considérer que lorsqu’ils partent, la situation s’est bien améliorée, notamment au sud de la vallée d’Uzbeen.

Ensuite il y a eu le 1er régiment d’infanterie qui a permis – et c’est très notable – au mois d’avril [2009], de mettre en place un combat outpost (un poste de combat avancé) [au centre de la vallée d’Uzbeen] avec, dans un premier temps, l’armée afghane qui s’est installée.

Enfin, nous sommes arrivés. On s’est installés dans ce même poste à partir du mois d’août 2009. Voilà donc quelques données assez factuelles sur la situation en Surobi, sur la mission telle que peut la percevoir et essayer de la remplir, aujourd'hui, un bataillon pendant six mois.

Traduction

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