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Légionnaire toujours...

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Réception du Professeur Bernard DEBRE, Ancien Ministre, Député de Paris

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12/10/2010

 

Réception du Professeur Bernard DEBRE,
Ancien Ministre, Député de Paris

à l’Académie des Sciences d’outre-mer

Discours prononcé le 8 octobre 2010

Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Chères consoeurs, chers confrères,
Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,

Monsieur le Président, Cher Yves GUENA, je souhaite vous remercier pour les paroles si aimables que vous avez bien voulu m'adresser.
Vous m'avez connu tout enfant, nos familles étaient si liées, si proches.
Je conserve en mémoire un souvenir illustrant à merveille cette amitié : je défendais mon budget au Sénat, vous présidiez alors la Séance, et plus qu'une complicité, une sincère et profonde amitié nous rassemblait.
Je tiens à saluer tout particulièrement, parmi nos confrères, Messieurs Olivier STIRN et Jacques TOUBON, anciens ministres, qui m'ont fait l'amitié de m'entourer en ce jour solennel.

Depuis que vous m’avez fait le grand honneur de m’accueillir parmi vous, la fierté que j’éprouve ne s’est pas atténuée.

 


Votre académie, depuis sa création, a toujours pris grand soin de diversifier son annuaire et c'est en qualité à la fois de professeur de médecine, d'ancien ministre de la coopération, et d'acteur des questions humanitaires en Afrique, vous l'avez dit, Cher Yves, soucieux d’apporter mon expérience au service de l’institution, que je me présente devant vous.

Ce fauteuil me rappelle également que notre académie, en plus des scientifiques, écrivains et historiens qui l’ont côtoyée, s’est enrichie d’hommes politiques, parlementaires ou ministres.
A cet égard je suis heureux et honoré de faire ici l’éloge de Pierre MESSMER qui occupa ce fauteuil avant moi.
Mon père, Michel, fut un de ses proches amis et serait sans aucun doute ému de me voir lui succéder.

J’ai rencontré Pierre MESSMER lorsqu’il était ministre des Armées, nommé par mon père en 1960.
Il a aimé la France, lui dont la famille alsacienne avait opté pour elle en 1871.
Il ne cessa jamais de la servir.

Quittant sa terre alsacienne en 1870, le grand-père de Pierre MESSMER se réfugie à Paris pour échapper à la vague prussienne.
Il a parcouru le même chemin que mes propres ancêtres, eux aussi Alsaciens.
Son petit-fils, né le 20 mars 1916 à Vincennes, est éduqué par ses parents qui, dès son plus jeune âge, apprennent à leur enfant à ne rien accepter qu’il ne puisse pas rendre. Éduqué rigoureusement, il trouve de la joie dans les difficultés surmontées, le plaisir facile lui laissant un goût amer.
Tout au long de sa vie, de la Légion Étrangère jusqu’à Matignon, il ne renonça jamais et surmonta les épreuves toujours avec honneur et fidélité.

Alors qu’il termine son service militaire, sous-lieutenant au 12ème régiment de tirailleurs sénégalais, Pierre MESSMER est maintenu sous les drapeaux au début du second conflit mondial.
Il était loin d’imaginer qu’il resterait dans l’armée si longtemps.

Dès le 17 juin 1940 révolté par le discours du Maréchal PETAIN, il met tout en œuvre pour continuer le combat.
Avec son ami Jean SIMON, lui aussi lieutenant, il rejoint le Sud de la France en moto et embarque à Marseille sur le Capo Olmo donnant à sa vie un autre sens en mettant le cap sur Gibraltar, avec l’appui du commandant Vuillemin.
L’objectif est clair : il faut rejoindre Londres où le combat continue.
La guerre n’est pas finie, la France humiliée doit être relevée.
Avec Jean SIMON, sans même avoir entendu l’appel du Général de GAULLE à Londres le 18 juin, ils se décident avec détermination et abnégation à poursuivre la lutte, alors que beaucoup ayant entendu ce discours n'ont pas encore osé suivre le Général.

Ce jeune homme de vingt-trois ans, tout juste diplômé de l’Ecole nationale de la France d’Outre-Mer et de l’Ecole des Langues orientales allait rejoindre le cours de l’Histoire pour changer la sienne.

Arrivé à Londres, il rencontre pour la première fois le Général de GAULLE.
Grand, avare en paroles, cet homme l’intimide.
Cela ne l’empêche pas, à vingt trois ans, le caractère bien trempé, de rejoindre au sein des Forces Françaises libres ceux qu’Etienne de MONTETY appelle « les hommes irréguliers ».
Anciens franquistes, anciens communistes espagnols, polonais, hongrois, tchèques, tous composaient la Légion Étrangère, troupe mythique aux accents étrangers, ensemble hétéroclite qui fascine non sans parfois inspirer la crainte et que seul le code d’honneur du légionnaire relie.
Pierre MESSMER rejoint ainsi la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère qui, six mois plutôt, commandée par le Général MONCLAR, avait battu les troupes allemandes à Narvik.
Quand on lui demande pourquoi il avait choisi la Légion, Pierre MESSMER répondait, amusé : « Pour faire la guerre avec des gens sérieux ».
Il restera fidèle à cette institution toute sa vie, cette troupe romanesque qui a accueilli tout aussi bien repris de justice qu’écrivains, poètes ou princes.

Voilà donc Pierre MESSMER à la tête de vétérans de Narvik quand les garçons de son âge préparaient leur rentré universitaire.

Il connaît son premier feu lors de la campagne d’Erythrée.
Fougueux, audacieux, Pierre MESSMER se distingue dès l’année 1941.
Dans la nuit du 13 au 14 mars, à la tête de ses légionnaires, il s’empare des pentes du Sud du Grand Willy.
Le 8 avril, à Massaoua, il enlève à la mitraillette et à la grenade, deux fortins puissamment armés et fait prisonnier trois officiers et soixante dix marins.

Ces premiers combats, au cours desquels il est cité à deux reprises, valent à Pierre MESSMER d’être décoré de la Croix de la Libération par le Général de GAULLE lui-même le 26 mai 1941 au camp de Qastina en Palestine.
A la fin de la même année, il est promu capitaine.

Avec la Légion étrangère, Pierre MESSMER va alors connaître son « Camerone ». Loin du Mexique, la Légion participe à la campagne de Lybie et croise le fer avec ROMMEL, le maître de l’arme blindée cavalerie.
Menées par le général KOENIG, les légionnaires de la 13ème DBLE vont vivre l’enfer. 
Depuis février 1941, Bir Hakeim, situé à 60 kilomètres des mers, est devenu un petit fortin, dans cet endroit des plus chauds de la planète, les légionnaires de la 13ème DBLE ont une mission, harceler l'Akrifa Korps de ROMMEL.
Bir Hakeim étant la plaque tournante de l'Egypte, les Français doivent contrecarrer les plans du « Renard du désert » qui veut rejoindre Tobrouk, et donc protéger ce point d'appui.
Sur un périmètre de 17 kilomètres, le fortin sera protégé : barbelés et plus de 50 000 mines retiendront l'ennemi.
Au Nord du fortin arabe, quelques trois kilomètres plus loin, de vieilles citernes ensablées, représentent deux monticules qui seront appelés "les mamelles".
Les hommes à l'intérieur du fortin s'enterrent, les sacs de sable consolident les tranchées. 
3500 hommes commandés par le Général KOENIG : deux bataillons de la 13ème DBLE, sous les ordres du Lieutenant-Colonel AMILAKVARI, le 2/13 défendra la position Est, le 3/13 sera en réserve.
Une demie-brigade de la coloniale, un bataillon de fusiliers-marins, un bataillon d'infanterie coloniale et un régiment d'artillerie coloniale constitueront le reste de la force française.
Pierre MESSMER, dont la compagnie sera particulièrement éprouvée, se tient prêt.
Harcelé par ROMMEL qui veut les contraindre à se rendre, l’état-major du Général KOENIG fera parvenir un message clair à toutes les unités engagées: "Le Général ROMMEL nous a demandé de capituler en nous menaçant d'extermination, le Général KOENIG a refusé, faites votre devoir."
Au cours du siège, Pierre MESSMER, qui commande une compagnie du 3ème bataillon de la Légion étrangère, relève dans des conditions difficiles et au contact de l’ennemi, une autre compagnie particulièrement éprouvée.
Il parvient à maintenir la position malgré les assauts furieux de l’ennemi.
La mission est accomplie, le code d’honneur du légionnaire respecté.
Lorsque j'étais jeune, le Général KOENIG venait souvent voir mon père et je me souviens que nous allions déjeuner avec lui, mon frère Jean-Louis et moi, dans le 16ème arrondissement, près de la rue Spontini où nous résidions alors.
J'ai toujours été frappé par son oreille « cassée », blessure d'une de ses nombreuses campagnes.

Une autre bataille attend Pierre MESSMER, toujours dans le désert, à El-Alamein, où les légionnaires, en soutien des forces britanniques, tinrent tête aux redoutables chars de l’Afrika Korps.
Sans radio, peu nombreux, les légionnaires atteignent le sommet du massif de l’Himeimat.
Coupé de ses arrières, pressé par l’ennemi, Pierre MESSMER est contraint de décrocher. Beaucoup de légionnaires périront cette fois aussi rejoignant le cortège de ces « Français par le sang versé ».
En juillet 1943, Pierre MESSMER est de retour en Angleterre pour effectuer un stage parachutiste.
Alors qu’il pensait participer au débarquement, le Général KOENIG qui avait souligné la bravoure du jeune capitaine au cours du siège de Bir-Hakeim, l’appelle à ses côtés à l’état-major à Londres.
Une fois encore ses talents d’administrateur sont appréciés.
Le capitaine MESSMER débarque finalement en Normandie en août 1944.
Il dirige vers Paris le convoi d’Etat-major et entre dans la capitale le 25 août, en même temps que la 2ème DB du Général LECLERC.
Son expérience de soldat se terminera en 1945 lorsque parachuté au Tonkin il est fait prisonnier par le Viet-Minh.
D’une abnégation rare, il parvient à s’évader dans des conditions particulièrement éprouvantes et rejoint les Forces françaises libres.
La Légion étrangère continue aujourd’hui encore à rendre hommage au capitaine Pierre MESSMER.


A la fin de la guerre, Pierre MESSMER réintègre son corps d’origine.
On se souvient qu’il avait choisi l’administration d’outre-mer et le travail ne manque pas, vont suivre l’Indochine et l’Algérie mêlant passions et déchirements.
Celui qui quelques années plutôt avait choisi de s’engager dans l’armée pour défendre la France troque son képi contre un costume d’administrateur d’outre-mer.
Légionnaire, idéaliste, il croit en la richesse des nombreuses colonies.
Ainsi il sera successivement nommé administrateur de l’Adrar mauritanien, gouverneur de la Mauritanie, de la Côte d’Ivoire et du Gabon (sa photo illustrait récemment le salon du Président Omar BONGO).
Il connaît l’Afrique pour y avoir combattu.
Sensible aux besoins des populations, connaissant leurs coutumes, il est apprécié partout où il passe.
Pierre MESSMER a la lourde tâche de concilier les volontés d’indépendance de ces pays qui ont payé un lourd tribut pendant la guerre, et la celle de la France d’assurer une transition calme et démocratique de ces territoires.
Sa mission est une fois encore effectuée avec succès comme en témoignent le portrait qu’en dresse Félix HOUPHOUET-BOIGNY, ancien président de la Côte d’Ivoire après avoir été ministre de mon père.
Connaissant bien le président ivoirien dont je fus en outre le dernier médecin, j’ai pu vérifier moi-même à plusieurs reprises, lorsque j’étais Ministre de la Coopération, l’amitié qui les liait.
Le peuple ivoirien, orphelin de son président, admira toujours Pierre MESSMER.


L’Afrique est en pleine mutation et Pierre MESSMER, tout juste nommé directeur de cabinet de Gaston DEFFERRE, conçoit une importante loi-cadre permettant d’associer davantage les Africains au pouvoir exécutif.
Accompagnant le Général de GAULLE dans sa tournée africaine de 1958, Pierre MESSMER réalise avec tristesse que la relation passionnelle qui unissait jusqu’alors la France à l’Afrique périclite.
Le cycle se termine, la page se tourne, il lui revient alors de rendre le processus aussi doux que possible.
Sous l'autorité de mon père, alors Premier ministre, ils organisent les Indépendances africaines.
Lorsqu’il évoque sa vie, Pierre MESSMER se reconnaît trois métiers : soldat, administrateur de la France d’outre-mer et ministre.
Il dit que le second était son choix, que ce métier l’a « quitté pour cause de décolonisation » et il ajoute que le Général de GAULLE a décidé du troisième. 
Cette mission qui lui revient, il l’effectue en laissant de côté sentiment et romantisme, gardant en tête le seul intérêt de l’Etat et sa fidélité au Général de GAULLE qu’il côtoie désormais quotidiennement. 
Le colonel Pierre MESSMER du 8ème Régiment parachutiste d’infanterie de marine entre à l’Elysée.
Les Barricades ont fait peser sur l’Algérie la crainte d’une nouvelle guerre.
La cicatrice de Dien Bien Phu n’est pas encore totalement refermée et, comme tous les officiers de sa génération, Pierre MESSMER souhaite éviter à l’armée un nouvel abandon.

Lorsqu' en 1960, il est nommé Ministre des Armées dans le gouvernement de Michel DEBRE, mon père, alors Premier ministre, il ne s'agit pas d'un choix politique.
Une guerre veille, il faut un soldat pour la mener.
DE GAULLE, MESSMER, voici donc deux soldats confrontés à ce nouvel évènement qui fait aujourd’hui encore l’actualité.
La relation qui unit ces deux hommes est difficilement perceptible et est essentiellement faite d’admiration réciproque.
Pierre MESSMER restera fidèle à l’homme qu’il avait rencontré à Londres et qui l’avait invité à continuer le combat.
Cette fidélité ne l’empêchera pas, on le verra, de garder pour lui son honneur qui l’obligea parfois à refuser d’obéir.
Dans de telles situations, le Général de GAULLE, sans lui en tenir rigueur, s’adressait à quelqu’un d’autre ou, prêtant une oreille attentive au ministre des Armées, renonçait.
Lorsqu’en avril 1961 le « Quarteron de généraux » prend la ville d'Alger, le Général de GAULLE, furieux, voulant réagir avec une extrême fermeté face à cette désobéissance, demande à Pierre MESSMER la dissolution de la Légion étrangère.
On imagine le désarroi de celui-ci, obligé de mettre fin à cette armée d’élite, mise sur pied par Louis-Philippe, à laquelle il a appartenu.
Ne pouvant obéir à un tel ordre, préférant son honneur, il refusa et s’adressa au général de GAULLE dans ses termes : « Je ne le ferai pas, parce que je ne peux pas le faire.
Pour moi, c’est une question d’honneur. ».
Le président n’insiste pas, seul le 1er Régiment étranger de parachutiste, commandé par le chef de bataillon Hélie DENOIX de SAINT-MARC sera dissous au camp de Zéralda.
Tout le monde se souviendra de cette dissolution, et de ces légionnaires entonnant la fameuse chanson d’Edith PIAF « Je ne regrette rien ».
Pierre MESSMER avait gardé son honneur sain et sauf, du ressentiment il avait certainement du en avoir.
Pierre MESSMER qui avait effectué de nombreuses « tournées de popote » en Algérie, rencontré tous les soldats engagés de 1958 à 1961, doit également subir les négociations qui aboutissent en 1962 sur les accords d’Evian.

Un autre drame survient alors.
Des populations qui avaient refusé la montée au pouvoir du FLN et qui étaient restées fidèles à la France sont abandonnées.
Sur les 200 000 hommes engagés au côté des unités régulières de l’armée française, seulement 40 000 d’entre eux purent rentrer en France avec leur famille, souvent grâce à des initiatives personnelles d’officiers français qui avaient enfreints les ordres.
Les autres, restés en Algérie, furent désarmés par les troupes et livrés à leurs bourreaux, victimes des pires tortures.
Pierre MESSMER eut la lourde tâche de veiller au sort des Harkis et de leurs familles.
On ne peut imaginer que lui, soucieux de la dignité de l’homme, resta inactif devant un tel drame.
Comme avant, dans les colonies où il était gouverneur, il met en œuvre ses qualités d’administrateur pour régler le sort de ces compagnons d’infortune.
On ne peut évoquer cette période sans précaution.
On imagine les sentiments contradictoires qui ont alors animé Pierre MESSMER.
Soldat devenu homme politique, il avait toujours servi l’Etat sans jamais désobéir.
Ici encore, il se plia à la rigueur de l'Etat en laissant de côté ses états d’âmes.
Pierre MESSMER a alors le devoir d’incarner l’Etat.
Plutôt que chercher à plaire, il cherchait où était l’intérêt général, lui pour qui la France était le seul bien de ceux qui n’ont rien, France qu'il aimait profondément, France pour laquelle il avait failli verser son sang et offrir sa vie dans le désert.
Il fallait appliquer la loi coûte que coûte, sans s’en détourner jamais.
C’est à mon sens ce que signifie le courage en politique.
Napoléon BONAPARTE, alors Premier Consul disait : « Le courage ne se contrefait pas, c’est une vertu qui échappe à l’hypocrisie ».
Du courage, Pierre MESSMER n’en manqua pas.
Soucieux du bien commun, il a toujours refusé la « langue de bois », préférant dire aux Français la vérité, si pénible soit-elle.

Nommé Premier ministre par le président Georges POMPIDOU, il prit des mesures, parfois contre l’avis de tous, sans se soucier de démagogie surtout quand, en 1973, la France est durement touchée par le premier choc pétrolier.
Né en 1916, combattant en 1941, il connaissait la difficulté et ne cherchait jamais à la maquiller.
Il fut Premier ministre jusqu’en 1974 et affirmera par la suite ne pas avoir aimé cette fonction ni ces deux années, années difficiles, marquées par des difficultés politiques et le début de la crise économique.
éanmoins, la majorité qu'il conduit comme Premier ministre gagne les élections législatives de 1973.
Le charisme de cet ancien soldat, son sens du devoir rassurent et lui donnent alors une aura inattendue.
Face au choc pétrolier, Pierre MESSMER accélère le programme, qu'avait décidé mon père, portant sur la construction de treize centrales nucléaires, engageant la France dans le "tout nucléaire" afin d'assurer son indépendance énergétique sur laquelle nous vivons encore.
A la mort de Georges POMPIDOU en 1974, le Premier ministre, qui assume seul la conduite de l’Etat, se déclare prêt à se présenter à la présidence de la République.
Mais face aux manœuvres politiciennes, celui qui refusa toujours de mettre son honneur en balance renonça.
Il faut admettre qu'il a beaucoup hésité.
Je lui en avais parlé plus tard.
Il conserva encore ses mandats de député et de maire de Sarrebourg respectivement jusqu’en 1988 et 1989.
Héritier du gaullisme social, il prend même la présidence du groupe RPR à l’Assemblée nationale de 1986 à 1988, j'étais alors moi-même, déjà député.
Respecté, écouté, Pierre MESSMER est reconnu et élu à l’Académie française ; à l’Académie des sciences morales et politiques et bien sûr, en qualité d’administrateur de l’outre-mer, vous lui réserviez un fauteuil très tôt, dès 1976.
Pendant cette période de 1986 à 2007, je le voyais fréquemment soit à l'Académie soit aux Invalides.
Lorsqu’il meurt le 29 août 2007 à l'Hôpital militaire du Val-de-Grâce, la France n’a pas seulement perdu un homme politique qui, de la République, avait exercé toutes les fonctions, elle a également perdu un de ses plus fervents défenseurs.
Cet homme, qui avait traversé le siècle sans jamais faire de compromis, faisait presque figure de père dans le cœur de chaque Français.
Inhumé à Saint Gildas de Rhuys dans le Morbihan proche des siens et toujours dans cette sobriété qui le caractérisait, il continue aujourd’hui à être un exemple, lui qui avait fait don de sa vie à la France, comme ses compagnons de Bir-Hakeim.

Comme Pierre MESSMER, je suis un amoureux de l’Afrique.
J'y ai combattu, non pas des armées comme mon illustre prédécesseur au sein de notre académie, mais des épidémies, la souffrance, la maladie.
Ce continent souvent caricaturé, laissé en marge de la mondialisation, constitue depuis des décennies la préoccupation majeure des dirigeants de ce monde.
Les Africains que je connais bien pour les avoir souvent soignés, continuent de porter un amour particulier à la France. Soucieux de sortir les populations du sous-développement, nombreux sont les Chefs d'Etat africains qui tournent leurs regards vers la France.
Mais ne nous-y trompons pas, je ne parle pas ici d’assistanat.
Ce terme est désuet et ne recouvre aucune réalité.
A ce vocable, je préfère celui de partenariat.
C’est dans un rapport d’égalité, conscients de leurs richesses respectives que Français et Africains doivent coopérer.
Cette relation, j’ai toujours veillé à la garder intacte et à la soutenir lorsque j’étais Ministre de la coopération en 1994 et 1995.
Professeur de médecine, j’ai souhaité que des médecins de mon service partent opérer dans les différents continents, qu’il s’agisse de l’Afrique ou de l’Asie où je suis chef de service à l’East Hospital de Shanghaï.
C’est en se confrontant à d’autres cultures, en partageant des expériences différentes que la France pourra venir véritablement en aide aux pays en développement.
Plutôt que d’injecter de l’argent, il faut replacer l’homme au cœur de ce dialogue entre la France et l’outre-mer.
La confiance que vous m’accordez en m’accueillant parmi vous me touche profondément et soyez assurés que j’aurai à cœur, à travers nos différents travaux, de continuer à consolider les liens que Richelieu en son temps avait commencé à tisser.


Professeur Bernard Debré
Ancien Ministre 
Député de Paris


Traduction

aa
 

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