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Quarante-cinq après, retour à Dien Bien Phu

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Carnet de route 

 

Dimanche 20 septembre :

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Aéroport Roissy Charles de Gaulle, Terminal 1, cinq hommes procèdent aux  formalités d’embarquement sur le vol AF à destination d’Hanoi via Bankok.

Ils ne sont plus tout jeunes; ils ont été marqués par une vie que l’on devine aventureuse; ils ne se connaissent vraiment que depuis quelques heures mais échangent comme de vieux camarades; leur français parfois hésitant est teinté d’allemand et d’italien, pour autant ils se comprennent; la boutonnière de leur veste est ornée de rubans flatteurs; dans leur regard se lit la même détermination qu’il y a cinquante ans. Ce sont cinq anciens légionnaires, en route pour Dien Bien Phu.

Trois autre personnes sont du voyage: l’épouse d’un ancien, votre serviteur qui, pour la circonstance cumule la triple fonction de porte-drapeau de la FSALE, de « gentil organisateur » et de rédacteur potentiel d’un article destiné à K.B. et « last but not least », notre bienfaiteur Jean Busnot, que nous appelons avec déférence « mon adjudant-chef ».

Lundi 21 septembre :

Après douze heures de vol, mais une heure trente de retard, premiers pas …au sprint, en terre asiatique, dans le vaste aéroport de Bankok, non pour se dégourdir les jambes, certes un peu raides, mais pour attraper un vol pour Hanoi que l’on nous annonce, réacteurs en route… C’est fait, in extremis.

hotel drapeau

 

Vers 10heures, nous arrivons à bon port et prenons possession de nos chambres dans le luxueux Hotel Sofitel Métropole. Situé en plein cœur de ce qui était la ville coloniale à l’époque de l’Indochine française il a été restauré à l’identique après les bombardements de la guerre du vietnam. L’Opéra et le Petit Lac qui jouxtent l’hôtel semblent eux aussi sortis d’un album photos des années 50. Souci du détail et de la rétrospective: même quelques Citroën 15 stationnent sur le parking de l’hôtel…

En revanche le reste de Hanoi est méconnaissable. Le célèbre Pont Doumer (Long-Bien aujourd’hui) qui franchit le Fleuve Rouge est désormais encadré par 4 ponts de bonne facture à 4 et 6 voies.

Quant à la circulation urbaine……démentielle avec ses 1,5 millions de vélomoteurs dont les chargements défient toutes les lois de l’équilibre. Il faut vraiment avoir une pulsion suicidaire pour tenter de traverser, à pieds, une artère hors des clous .

A l’évidence Hanoi n’est plus « la paisible sous-préfecture » que nos anciens se plaisaient à décrire il y a soixante ans de cela.

Mardi 22 septembre :

Après quatre heures de route en car climatisé nous atteignons le Golfe du Tonkin et la Baie d’Along. Le classement par l’UNESCO de ce site, hors du commun, au patrimoine mondial de l’humanité est tout sauf usurpé. Un bateau de croisière nous y attend pour un embarquement de trente six heures qui nous permettra de découvrir tour à tour, grottes et criques, villages de pêcheurs élevage d’huîtres perlières. Nous sommes émerveillés par la beauté du site. Mais au fur et à mesure que le temps passe nous discernons chez nos anciens, un je ne sais quoi qui se traduit par une moindre présence. Sans être réellement absents, ils sont déjà ailleurs. Ils sont déjà à « Dien » comme ils disent. Ils sont en 1954, ils ont vingt ans, ils sont légionnaires, ils s’apprêtent à livrer un combat qui sera celui de leur vie.

Mercredi 23 septembre :

Déception. Les trois avions de la Vietnam Airline qui assurent le vol à destination de Dien Bien Phu sont en panne. Il faut dire qu’ils ne sont plus de la première jeunesse. Après avoir patienté quatre heures durant, il faut se rendre à l’évidence : ce sera pour demain. Le seul mérite de ce retard est de nous permettre d’assimiler phonétiquement quelques phrases de vietnamien, exercice que nous estimons indispensable pour nous permettre de mieux communiquer. A l’usage il s’avère que notre « sabir » est incompréhensible de l’homme de la rue qui au demeurant s’exprime très bien dans la langue de Shakespeare…..

Jeudi 24 septembre :

A la verticale de la cuvette de Dien Bien Phu, à quelques minutes du poser, nous scrutons avec émotion le sol dans l’espoir de déceler les vestiges des centres de résistance d’il y a cinquante ans dont les noms sont entrées pour toujours dans l’Histoire. C’était sans compter sur l’effet du temps, de la nature et des hommes. Dien Bien Phu est, aujourd’hui, une ville de 40 000 habitants avec allées arborées et maisons traditionnelles et les traces des combats d’hier sont rares. Après avoir atterri sur ce qui était le terrain d’aviation d’alors, poumon et cœur du camp retranché, qu’elle n’est pas notre surprise à la vue des trois taxis qui nous attendent : le premier est bleu, le deuxième blanc et le troisième ….. rouge. Un clin d’œil du Ciel. Un signe de bienvenue.

 

salut monument

 

Revêtus de notre tenue d’ancien légionnaire, béret vert et décorations pendantes nous nous rendons au monument construit par l’ex sergent-chef de Légion Rolf Rodel, en hommage à ses camarades de combat disparus et inauguré en mars 1999. Après avoir déposé une gerbe de fleurs aux couleurs de la Légion, c’est alignés sur un rang, drapeau de la Fsale déployé, que nous écoutons l’allocution prononcée par Monsieur Jean Busnot rappelant le courage collectif et l’héroïsme des combattants de Dien Bien Phu. L’émotion est palpable. Elle est à son comble lorsqu’il entonne la Marseillaise « a capela » pour rompre la minute de silence. Le gardien du site et les quelques touristes vietnamiens de passage, bien que ne comprenant pas un traître mot de français, partagent notre émotion. Avant de nous éloigner, dans un silence quasi religieux, Jean Busnot sort de sa veste le béret amarante que lui avait confié en son temps un vieil ami, ancien de DBP, aujourd’hui disparu et dit : « je te l’avais promis, tu es revenu».

«Tombés sur cette terre, par leur sang versé, ils sont entrés debout dans l’Histoire», c’est par ces quelques mots suivis de nos signatures sur le livre d’or du site que nous prenons congé du gardien vietnamien, employé par l’ ambassade de France. Nous le remercions chaleureusement pour son accueil et son action.

Nos pas nous conduisent ensuite vers le PC du Général de Castries, conservé dans l’état où il était le 7 mai 1954 au soir lors de la chute du camp retranché, et vers quelques vestiges des combats, carcasses de chars, armement rouillé, munitions diverses réunis comme autant de témoins de l’âpreté des combats. Alors que la visite du musée dédié à la bataille s’achève pour notre groupe, des touristes vietnamiens qui attendent leur tour nous applaudissent spontanément. S’apercevant de notre surprise, ils nous expliquent, en anglais, qu’à leurs yeux tous ceux qui ont participé à cette bataille sont des héros. Ils ont été informés de notre identité d’anciens légionnaires ayant combattus à Dien Bien Phu et de la raison de notre présence, honorer la mémoire de nos morts. Aussi tiennent-ils à nous témoigner leur profond respect et toute leur considération.

Dans l’avion de retour, le silence est toujours aussi pesant, les yeux des anciens sont perdus vers on ne sait quel horizon.


Vendredi 25 Septembre :

Dernière journée à Hanoi, consacrée à une ultime visite de la ville, à la consommation de quelques bières(chassons le naturel, il revient au galop), à l’évocation des souvenirs lointains que ce voyage a ravivés, à l’achat de quelques babioles.
Dimanche 27 Septembre :

C’est l’aube blême. Alors que nous venons de prendre un dernier« jus » dans un bistrot de la rue Cler, à un jet de pierre du siège de la FSALE nous sommes abordés par un « joggeur » matinal qui, après nous avoir salués, m’interpelle « Eh Stocker, n’oublie pas l’article pour KB ! ». C’est le Général Rideau. Ma « tranquillité » est finie……


PS : Un magnifique objet-souvenir, en verre poli, symbolisant par sa forme le monument de Dien Bien Phu fut offert par Monsieur Busnot à chacun des participants du voyage.

Ils étaient du voyage 

 

tout le monde

Les Ancien :Gniewek Francizek (matricule 27032). Sergent-chef, chef de
peloton d’élèves gradés du 3/13° DBLE à Dien Bien Phu. Porteur de la main du Capitaine Danjou,(Camerone 2004). Membre de l’Amicale des anciens légionnaires de Paris.

Laubscher Manfred ( matricule 80143) Légionnaire au 1°BEP à Dien Bien Phu. Membre de l’Amicale des anciens légionnaires de Mannheim et de l’Amicale des anciens légionnaires parachutistes.

Ragnoli Giovanni (matricule 75224) Légionnaire de 1° classe au 2° BEP à Dien Bien Phu. Accompagnateur du porteur de la main du Capitaine Danjou( Camerone 2004). Membre de l’Amicale des anciens légionnaires d’Italie( ANIEL) et de l’Amicale des anciens légionnaires parachutistes.

Schneider Rudolf (matricule 70679) Légionnaire au 3°REI à Dien Bien Phu. Membre de l’Amicale des anciens légionnaires de Mannheim.

Ulmer Paul ( matricule 87495) Légionnaire au 3/13°DBLE à Hoa- Bin et Nasan. Membre de l’Amicale des Anciens légionnaires de Paris

Les accompagnateurs : Madame F. Gniewek : épouse, Sergent-chef( ER) Stöcker Rolf (matricule148357) Chargé de mission à  la FSALE Membre de l’Amicale des Anciens légionnaires de Paris. 

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Mr Jean Busnot

A l’âge de 10 ans Jean Busnot, vit comme un drame personnel la chute de la garnison de Dien Bien Phu d’où sa décision d’être soldat. En 1962, au sortir de l’ESOA, les armes se sont tus. Pour notre armé , c’est désormais la garde face à l’Est.

jean busnot
En dépit d’ un début de carrière brillant et prometteur, Jean Busnot décide de quitter l’uniforme et de rejoindre le monde de l’entreprise. Son parcours y est exceptionnel. Il devient un « capitaine d’industrie », ouvert à l’international dont les talents professionnels, la contribution à de grande causes publiques ou privées, sont unanimement reconnus. Avec son épouse il crée une fondation plus particulièrement dédiée à l’enfance. Il est officier de la Légion d’honneur et officier dans l’Ordre national du mérite.

Pour autant, sa fidélité à l’institution demeure intacte. Son engagement assidu dans la Réserve, en dépit d’un agenda professionnel particulièrement chargé, lui permet d’accéder au grade d ‘Adjudant-chef.

C’est en mai dernier, lors d’une rencontre avec le Général Rideau, à l’initiative de Madame de Montignac(la fille du Général Vaillant), qu’il fait part de son intention d’effectuer un voyage de mémoire à Dien Bien Phu, non pas à titre privé, ce qui à ses yeux n’aurait que peu de sens, mais accompagné de quelques anciens légionnaires, vétérans de cette bataille. Pour la circonstance ils seront ses invités.

Merci, mon Adjudant-chef, pour un geste d’une exceptionnelle générosité. Au delà de ceux qui étaient du voyage, c’est toute la communauté légionnaire fière de son passé qui a été honorée.

Traduction

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