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Légionnaire toujours...

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2016

La Newsletter 16/14 de l'AALEME

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La Newsletter 16/14 de l'AALEME

Chants et chansons d'hier...

Chants et chansons des soldats de France. 1902.

L’expédition de Madagascar a également inspiré les chansonniers militaires, On sait qu'au début de la campagne un régiment de marche, dénommé « régiment d'Algérie », fut formé avec des éléments pris dans la légion étrangère et les tirailleurs algériens ; ces braves allèrent s'embarquer en répétant ce refrain de circonstance :

La Légion et les tirailleurs,
En avant, marchons tous sans peur !
Le sac, ma foi, toujours au dos,
Nous culbuterons les moricauds,
Et dans six mois, nom d'un pétard.
Nous serons maîtres à Madagascar !

Et si l'on demandait aux: turcos pourquoi on les envoyait là-bas, les naïfs enfants du désert vous répondaient invariablement : « — Nous partir parce que Madame Gaspard il est en guerre avec Madame Poublique... »

A citer encore cet impromptu composé à Tamatave.
Les denrées étaient devenues hors de prix dans cette ville ; les œufs, les poulets, les fruits, se payaient vingt ou trente fois plus cher qu'au début des opérations. Mais nos soldats s'en consolaient en chantant ces couplets d'une saveur toute malgache :

Les pauvres bœufs qu'on voit passer
Ne trouvant plus rien à manger,
Ni chou ni rave !

Se promènent bien tristement
Et maigrissent publiquement
A Tamatave !...

Ils vont paître près du r'ova,
Demeure antique du Hova,
Humide cave !

D'où des officiers biscornus
S'élançaient sur les revenus
De Tamatave!..

Enfin, la dernière de nos expéditions coloniales, celle d'Igli, dans le Sud-Oranais, a donné naissance à diverses chansons de marche assez pittoresques. La suivante, intitulée Au Sahara, se chantait sur l'air du Père La Viçtoire :

I
C'était en l'année dix-neuf cent;
Le Ministre de la guerre
Avait ordonné d' faire,
Sous l' command'ment
Pu Père Bertrand,
Dans le Sud Oranais
Une colonne au grand complet.
L'on vit alors toute l'armée d'Afrique
Parcourant toutes les routes,
Vidant une dernière goutte
Et criant tous : « Vive la République !
Pour elle, sans coup férir
Il nous faut vaincre ou mourir ! »

REFRAIN
Plan, rataplan, rataplan, rataplan,
Tambours battants, clairons sonnants
Nous quittâmes Aïn-Sefra
Pour avancer dans le désert.
Nous marchions en vrais soldats
Le cœur content, l'allure guerrière,
Nos officiers
Soldats décidés.
Au cœur rempli de vaillance
Crièrent : « Vive la France !
Il faut là-bas
Vaincre au Sahara ! »

II
Après huit jours de grande fatigue
L'on, entra tout guilleret
Au ksour de Duveyrier
Précédé des chasseurs d'Afrique,
D' la valeureuse Légion
Et d' l'intrépide Bataillon.
L'on lit flotter dans l'air nos trois couleurs
Et l' colonel Bertrand
Parcourant tous les rangs.
Montrant à tous le chemin de l'honneur,
Nous dit : « Mes braves enfants,
Mettons-nous à l’œuvre maintenant ! »

REFRAIN
Plan, rataplan, rataplan, rataplan,
Joyeusement, le cœur content,
L'on reprit aussitôt
La brousse et les longues étapes ;
Et quelquefois les Tringlots
Durent soulager bien dos malades.
Mais, malgré ça.
Nous sommes soldats,
Et après beaucoup de souffrances
Nous eûmes l’espérance
Une après-midi
D'apercevoir Igli.

III
Mais, hélas ! ô désillusion !
En place de coups d' flingots
D'embuscades et d'assauts,
Tranquillement nous primes position
Sous les murs du ksar
Où l'on devait entrer plus tard
Nos officiers avaient jugé prudent
De rentrer dans Igli
Sans tirer d' coups d' fusil
L'on vit alors, sous un soleil ardent
La Légion et le Bat d'Af
S'unir pour construire des casemates.

REFRAIN
Plan, rataplan, rataplan, rataplan,
C'était à ce bruit, mes enfants,
Que bien des braves soldats
Décimés, tués par la fièvre.
Sont morts en héros là-bas,
Bien loin du lieu qui les vit naître.
Mais en leur cœur
Brillait une lueur
Car au milieu de leur souffrance
Ils eurent l'espérance
De voir flotter
Le drapeau des Français.

IV
Maintenant la France, au Sahara,
Règne au Tidikelt
Ainsi qu' chez les Touareg,
L' colonel d'Eu au Gourara,
Ménestrel au Timmimoun
Mirent les Touareg en déroute,
Gloire et honneur au Bataillon d'Afrique,
Aux Zouaves et Légionnaires,
Tous de vieux militaires.
Saluons aussi ces braves Chasseurs d'Afrique,
Ainsi qu' les Tirailleurs
Les Spahis et les Artilleurs.

Refrain
Plan, rataplan, rataplan, rataplan.
Honneur au colonel Bertrand
Au brave Ménestrel,
Au vainqueur d'In-Salah, d'In-Rhar ;
Votre gloire est immortelle.
Je vous salue, vaillants soldats!
Dans le désert
Vous avez souffert.
Mais, admirant votre vaillance,
Le peuple de France
Vous acclamera
Vainqueurs du Sahara !

Cet impromptu fut composé le 10 juillet 1900 à Ain-Sefra, par W Smeets, soldat au 2e régiment étranger.

A citer encore, du même auteur, Le Refrain du Légionnaire, curieuse chanson de marche sur l'air du Bat' d'Af :

I
Mon vieux frangin, j't écris de d'sous la tente
Sur l'lit d'alfa, installé en plein air,
Oui. en plein air... .
Il fait frio et la terre n'est pas tendre
Car nous campons au milieu du désert
Oui, du désert!

Refrain
V'ià les Légionnaires
A l'allure fière
Vivent les Pantinois,
Les Italiens, les Bruxellois,
Enfants d'Allemagne,
Hidalgos d'Espagne !
On les retrouvera
Sur la route, sur la route,
On les retrouvera
Sur la route de Saïda !

II
Depuis que j'sers cette bonne République
J'ai assouvi une sacrée passion,
Sacrée passion...
A la Légion règne un système pratique :
Quand y a quat' sous, on boit un vieux bidon
Un vieux bidon '

III
Dans not' métier, c'est là notre apanage.
Il faut marcher sans jamais s' fatiguer,
Se fatiguer...
Car la Légion ne boude pas à l'ouvrage :
Quand arrive l'heure, ils savent se distinguer
Se distinguer !

IV
Je termine ma lettre et j' profite de l'occas'
Pour t'envoyer des nouvelles d'Igli,
Nouvelles d'Igli...
L'on y s'rait bien si y avait pas tant d' sable
Et moins d' sirocco dans ce sacré pays,
Sacré pays !

V
Donne bien le bonjour à ma p'tit' Titine,
Ainsi qu'aux vieux et à tous les parents.
Tous les parents...
Dis-leur à tous que j' n'ai pas un centime.
Que j' compte sur eux pour fêter 1' Nouvel An,
Le Nouvel An !

VI
Adieu, mon vieux, car je suis dans la brousse,
Mais dans qué'ques mois j' termine mes cinq ans,
Oui, mes cinq ans.
Bientôt j' pourrai t' rapporter d' la couscouss,
Des figues, des dattes et des bastos d'Oran,
Bastos d'Oran !

Ces couplets furent chantés pour la première fois le 17 mai 1901, à Saïda.

*

**

La Légion étrangère présente un singulier mélange. Il y a là des hommes de toutes les races, de tous les pays, de tous les coins du monde.
Les uns sortent on ne sait d'où ; ils ont mené une vie d'aventures, erré comme le Juif errant. Les autres, bien nés, bien élevés, mais mauvaises têtes, ayant commis toutes les folies — parfois même tous les crimes — sont venus, sous un nom supposé, demander au drapeau de la France protection et appui contre eux-mêmes. D'autres enfin, les Alsaciens-Lorrains, ont quitté le sol natal pour ne pas servir dans l'armée allemande.

Soldats de la Légion
D' la Légion étrangère,
N'ayant plus de nation,
La France est notre mère !

Toutes les classes de la société se coudoient à la légion, il n'est pas rare de trouver dans la même compagnie, à côté d'un prince roumain, proscrit à la suite d'un meurtre, un réfugié nihiliste, un officier italien, chassé de son régiment pour tricherie au jeu, et un prêtre espagnol interdit.
En son réalisme un peu brutal, la chanson suivante donne une idée exacte de cette tour de Babel :

Quand on a bouffé son pognon,
Et brisé, par un tour de cochon,
Toute sa carrière,
On prend ses souliers sur son dos,
Et l'on file au fond d'un paquebot.
Aux Légionnaires. .

Y en a de Vienne et de Montretout,
L'on y trouve des copains de partout
Pas ordinaires,
Des aristos et des marlous,
Qui se sont donné rendez-vous
Aux Légionnaires.

Y a des avocats, des médecins,
Des ducs, des marquis, des roussins,
D'anciens notaires.
Même des curés, qui, sans façon,
Baptisent le bon Dieu d'Sacré Nom !
Aux Légionnaires.

Nous habitons le bled de bicots,
Ousqu'il y a que des bourricots,
Et de vieill's mouquères;
Mais en France on fait trop de pétard,
Et le bourgeois a peur du cafard
Des Légionnaires.

Chez nous l'on n'est pas proprio.
Faut trop traîner ses godillots
Par toute la terre.
Mais mieux vaut la brouss' du Tonkin
Que la caserne du colo biffin,
Pour le Légionnaire.

Nous avons d'autres passions,
Qu' les biffins qui montent la faction
Devant 1' Ministère :
L'Pernod, les femmes et l'assaut,
Dam!... nous sommes pas très comme il faut,
Nous Légionnaires !

Puis l'on va se faire casser le cou,
Et personne ne vient sur not' trou,
Faire des prières.
Mais le chacal qui nous gratte les os,
Se dit : « Ils ont rudement de poil dans le dos,
« Les Légionnaires ! »

A citer, dans le même ordre d'idées, le Deuxième Étranger, chanson composée à Saïda, le 21 mai 1900, par P. Smeets, le poète légionnaire dont nous avons déjà signalé l'originalité et la verve ; cela se chante sur l'air Les ministres en voyage :

I
Il existe un vrai régiment
Épatant
Connu sous le nom de Légion
Étrangère ;
Il est composé d'Allemands,
De Flamands,
De Suisses et de gens d'Angleterre...
On y rencontre aussi
lies enfants de Paris,
Des nègres, des Italiens,
Des Russes, des Autrichiens,
Des hidalgos d'Espagne
Quittant leurs montagnes
Pour en Afrique faire campagne.

Refrain
Regardez-les donc défiler
Tambour battant, musique en tête,
Ils ont l'air de rudes guerriers...
Pour se battre à la baïonnette,
Au Mexique ainsi qu'en Grimée,
Au Tonkin, à Madagascar,
Ils ont partout su triompher,
Vaincre ou mourir on vrais lascars...

II
Y en a de toutes les conditions.
Des barons,
Des artistes lyriques, des maçons,
Des notaires,
D'anciens officiers étrangers,
Des rentiers,
Des avocats et des vicaires,
Y a même des acrobates,
Des marquis d' la bourse plate,
Des peintres et des roussins,
Des académiciens,
Venus de toute la terre.
Conquérir à la guerre
Le glorieux titre de Légionnaire.,.

III
On les a vus en Algérie,
A Igli,
Porter crânement l'sac au dos
Par les routes,
Sous le soleil meurtrier ,
De Duveyrier ;
Construisant partout des redoutes,
Toujours prêts à marcher
Sans jamais s' fatiguer.
N' dédaignant pas, somme toute,
De boire une bonne goutte ;
Et quand arrive l'heure,
Il faut les voir sans peur
Vaincre ou mourir au poste d'honneur.

IV
Si, parfois, sur votre chemin,
Citoyens,
Vous rencontrez un d' ces soldats,
La mine fière.
Aux traits creusés, au teint bronzé.
Saluez !
Ces braves et vaillants Légionnaires,
Pour avoir ces rubans.
Ils ont versé leur sang
Dans les combats lointains :
Et. sur r sol africain.
Beaucoup d' ces vétérans
Sont morts au premier rang
Pour le drapeau du régiment !

L'auteur de ces couplets a raison: l'histoire de la Légion fourmille d'actes héroïques, de traits de bravoure prodigieux. Quel volume on pourrait écrire avec les faits et gestes de cette troupe d'élite !

Tout le monde connaît l'air de marche de la Légion — le Boudin — bruyant et martial :

Tiens, voilà du boudin,
Voilà du boudin (bis).
Pour les Alsaciens, les Suisses et les Lorrains...
Pour les Belges, il n'y en a plus,
C'est tous des tireurs au...

De même la romance d'Erkmann-Chatrian, que répètent, le soir, avec un serrement de cœur, les pauvres légionnaires venus des provinces annexées :

Dis-moi quel est ton pays ?
Est-ce la France ? Est-ce l'Allemagne ?
C'est un pays de plaine et de montagne,
Une terre où les blonds épis
En été, couvrent la campagne,
Où l'étranger voit tout surpris
Les grands houblons en longues lignes
Pousser, joyeux, au pied des vignes
Qui couvrent les coteaux gris.
La terre où vit la forte race
Qui regarde toujours en face,
C'est la vieille et loyale Alsace !

Dis-moi quel est ton pays ?
Est-ce la France? Est-ce l'Allemagne?
C'est un pays de plaine et de montagne,
Que les vieux Gaulois ont conquis
Deux mille ans avant Charlemagne,
Et que l'étranger nous a pris !
C'est la vieille terre française
De Kléber, de la Marseillaise ;
La terre des soldats hardis,
A l'intrépide et froide audace,
Qui regardent la mort en face.
C'est la vieille et loyale Alsace !

Mais on ignore généralement les chansons des légionnaires étrangers. Un très grand nombre de soldats de la Légion sont Autrichiens, Bavarois, Badois, Mecklembourgeois ou même Prussiens ; aussi chante-t-on, à la Légion, beaucoup de chansons allemandes. Voici la traduction littérale d'une des plus en vogue .

I
Youck haï ! que vois-je briller
Aux clairs rayons du soleil ?
Ce sont les braves légionnaires.
Ils passent sur le Rhin.

Refrain
Trou ri alla!
Nous sommes les gais légionnaires !
Trou ri alla ! Haï !
Nous sommes gais, oui !

II
Le drapeau est au milieu,
Il fait de gais battements.
Et nous marchons bien,
Comme si c'était à la parade.

III
Le capitaine est en tête,
Il chevauche son bon cheval ;
Et nous, braves légionnaires,
Nous suivons son épée.

IV
Quand nous sommes au bivouac
Sous les clairs rayons de la lune,
Nous chantons pour notre plaisir
Une gaie petite chanson.

Cette chanson se chante en marche, sur un mode scandé, avec des répétitions de phrases musicales terminées par un air de danse lent.

Mais le refrain préféré des légionnaires d'origine allemande est la Chanson des Pionniers, tres populaire, paraît-il, de l'autre côté du Rhin ;

I
Le matin, au lever du jour, Youpaïdi ! Youpaïda !
On fait d'abord le café, Ypupaïdi ! Youpaïda! et on va d'un pas énergique
Vers la place d'exercices, Youpaïdi ! Youpaïda ! tra ra la la!

REFRAIN
Youpaïdi ! Youpaïdi ! Aïda ! Raou ! Raou ! Raou !
Ah ! a ! a ! a ! a ! ' Ygupaïdi ! Youpaïdi ! Aïda !

II
L'exercice avec le fusil, Youpaïdi ! Youpaïda !
Est un jeu pour le légionnaire, Youpaïdi ! Youpaïda !
La flexion des genoux et l'assouplissement des chevilles
Réjouit la vie du soldat. Youpaïdi ! Youpaïda ! tra ra la la

Refrain.

III
Notre lieutenant est bon aussi, Youpaïdi ! Youpaïda !
Quand il monte sa Lisette, Youpaïdi ! Youpaïda !
Mais quel spectacle lorsqu'il doit aller à pied! Youpaïdi ! Youpaïda ! tra ra la la !

Refrain.

M. Georges d'Esparbès, qui cite ces deux chansons exotiques dans son intéressant ouvrage sur la Légion étrangère ajoute : « Il existe vingt autres chants dont quelques-uns plus guerriers, où le cri jaillit en coup de gong, s'énerve et grince comme un froissement de cymbales. Ils ont le même caractère : le couplet caresse; c'est toujours un sentiment simple, naïf, noté en trois mots. Puis le refrain s'évade, s'arrache du couplet comme une bande d'oiseaux féroces. A les voir et à les entendre, au loin, sur une roule, on a l'impression d'enfants qui fredonnent, jouent, s'impatientent, et puis finissent par torturer des chais. »

Les Petits chanteurs de Nogent et la légion étrangère sur scène

08 Avril 2016

Illustration. Les Petits chanteurs de Nogent et la musique de la Légion étrangère ont déjà chanté ensemble à l’église parisienne Saint-Eustache. (DR.)

Après le succès de leur concert en mai dernier à Paris, les Petits chanteurs de Nogent, les Petits chanteurs de France et la musique de la Légion étrangère sont de nouveau réunis pour un concert exceptionnel, ce dimanche, à 16 heures, à la Scène Watteau de Nogent.

Dirigés par le lieutenant-colonel Émile Lardeux, les jeunes choristes revisiteront de grands classiques de la chanson française, des chants célèbres de la Légion étrangère et des extraits de comédies musicales. Ce concert unique est donné au profit de l’institution des invalides de la Légion étrangère.

Ce dimanche, à la Scène Watteau, place du Théâtre à Nogent. Tarifs : 25 €, 20 € en prévente, 10 € (moins 16 ans). Tél. 06.51.46.95.17.

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Une double exposition pour le peintre Hans Hartung

LaProvence.com

Jeudi 07/04/2016

61 œuvres sont présentées aux Pénitents noirs et au musée de la Légion étrangère

Une double exposition pour le peintre Hans Hartung
Cécile Degos, scénographe, et Fabrice Hergott, commissaire de l'exposition, s'assurent de la mise en place des tableaux. Photo DR

Du 16 avril au 28 août, Aubagne accueille l'exposition "Beau geste, Hans Hartung, peintre et légionnaire", au Centre d'art des Pénitents noirs et au musée de la Légion étrangère. L'exposition, née de la collaboration entre la Légion étrangère, la Ville d'Aubagne et la fondation Hartung-Bergman, met en lumière deux périodes stylistiques de Hans Hartung. D'abord "La désolation de la guerre", qui se tient au musée de la Légion étrangère, retrace l'oeuvre du peintre pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle rassemble 45 pièces réalisées à la mine de plomb, au pastel, au fusain, à l'encre, à l'huile ou encore à la tempera. Certaines n'ont jamais été montrées au public. Ensuite, l'expo "Les sublimations du Sud", au Centre d'art des Pénitents noirs, réunit 17 acryliques sur toiles créées entre le 11 et le 16 juillet 1989.

Les deux périodes exposées sont significatives dans la vie du peintre. Né en Allemagne, il s'installe à Paris pour fuir le nazisme et s'engage par deux fois dans la Légion étrangère. Son engagement au front ne l'empêche pas de développer son style pictural : il oscille entre figuratif et abstrait. Mais l'événement qui marquera autant sa vie que son oeuvre est sa blessure en 1944, qui mènera à une amputation de la jambe droite. Il s'agit alors pour l'artiste de surmonter le handicap pour continuer de peindre, lui qui est l'un des précurseurs de l'Action painting. Installé dans sa villa à Antibes, il met en place un mécanisme de création avec une sulfateuse projetant de la peinture sur la toile. Ses travaux deviennent alors un moyen de se libérer.

"Je trouve fascinant de voir cet homme, considérablement diminué physiquement, marqué par cette terrible blessure de guerre, envisager son oeuvre comme une libération du geste au-delà de ses limites physiques", déclare Fabrice Hergott, directeur du musée d'art moderne de la ville de Paris et commissaire de l'exposition. Il ajoute : "Son art est, de bout en bout, un art de la libération : libération physique, psychologique et mentale, libération de la couleur et du dessin." En quatre jours, entre le 11 et le 16 juillet 1989 et alors qu'il est âgé de 85 ans, Hans Hartung réalise des toiles monumentales, dont certaines mesurant 5 mètres sur 3.

Cette exposition témoigne donc de l'engagement militaire de Hans Hartung et de ses conséquences. En deux périodes et en deux lieux, elle trouve une véritable cohérence, comme le souligne Fabrice Hergott : "En venant combattre en France en 1944, Hartung était convaincu qu'il allait mourir. Je crois que l'oeuvre de cette époque portait déjà la dimension testamentaire qu'ont ses dernières toiles." Et c'est à la scénographie de conserver cette cohérence : "Le visiteur va découvrir des petits formats à la Légion étrangère et des grands formats aux Pénitents. Mais d'un point de vue esthétique, la scénographie essaye de montrer au visiteur que c'est la même personne", explique Cécile Degos, scénographe de l'exposition. Son souhait est que le visiteur ne se sente pas oppressé et qu'il puisse avoir le recul pour profiter des oeuvres de Hartung.

L'artiste aimant travailler en musique, un programme culturel est décliné tout au long de la manifestation, avec du théâtre, de la danse, des concerts et des intermèdes musicaux assurés par les élèves du conservatoire de musique et de danse d'Aubagne. Des visites guidées de chaque lieu ainsi qu'une visite couplée des deux expositions sont proposées au public.


Du 16 avril au 28 août :

Centre d'art des Pénitents noirs :

Les aires Saint-Michel. 04 42 18 17 26.

Musée de la Légion étrangère :

Chemin de la Thuilière. 04 42 18 10 99.

Horaires communs :

Du mardi au dimanche, 10 h-12 h et 14 h-18 h.

Visites guidées, du mardi au dimanche :

Musée de la Légion étrangère : 11 h.

Centre d'art des Pénitents noirs : 16 h.

Visite couplée des deux lieux : mercredi 15 h-17 h (rendez-vous au musée de la Légion étrangère).

Entrée libre et gratuite.

autour des expositions :

Vendredi 22 avril, 20 h 30, MJC-l'Escale : L'Affaire Dussaert, pièce de Jacques Mougenot.

Mercredi 27 avril, 15 h 15, Pénitents noirs : Musique au présent : le cor.

Vendredi 29 avril, 18 h 30, Pénitents noirs : Danse contemporaine inspirée par l'oeuvre de Hans Hartung, par les élèves du conservatoire.

Vendredi 29 avril, 19 h 30, Pénitents noirs : Lectures sur l'art contemporain.

Samedi 30 avril, 15 h, Pénitents noirs : La musique informelle.

http://hans-hartung.legion-etrangere.com/

Nina SIMONNEAU

TÉMOIGNAGE poignant pour aujourd'hui ...

Posté le vendredi 08 avril 2016

La semaine dernière, dans une des belles villes du Midi, ont eu lieu, sobres et discrètes, les funérailles d’un officier.

 

Cet homme avait passé les 90 ans, beaucoup de ses amis ne sont plus et sa famille, dispersée dans toute la France, n’était pas venue au complet. Dans la cathédrale très claire où était célébrée la messe, on repérait trois personnes– comment dit-on dans le sabir politiquement correct ? « Issues de la diversité » ? –, un couple âgé et un jeune homme. Ces trois là venaient de Lorraine et comme les proches du défunt les remerciaient d’avoir fait ce long voyage, Mokrane, le chef de famille, a dit qu’il n’aurait manqué la cérémonie pour rien au monde. « C’était mon père », a-t-il ajouté.

 

Mokrane a été un harki. Fils d’un cultivateur de Kabylie, jeune marié et jeune père, il s’est engagé avec des dizaines d’autres dans la compagnie que commandait l’officier, alors capitaine, au sud de Bougie.

Peu après les accords d’Évian de mars 1962, son père et son frère ont été égorgés. Il savait qu’il serait tué s’il restait en Algérie et il a demandé à partir, avec les siens, en même temps que les militaires rapatriés en métropole. Il n’était pas le seul. Selon les historiens, il y a eu pendant la guerre entre 200 000 et 400 000 Algériens enrôlés ou engagés comme supplétifs. Mais les accords d’Évian ne prévoyaient pas de les faire venir en France.

Un article des accords posait juste qu’il n’y aurait pas de représailles contre ceux qui n’avaient pas pris le parti des vainqueurs. On sait ce qu’il en fut, comment cet engagement fut bafoué et ce qu’il en coûta aux Algériens qui s’étaient opposés au FLN.

Les officiers français ne se faisaient aucune illusion sur le sort qui allait être celui des harkis – les exécutions avaient commencé dès avril. Mais ils avaient interdiction d’embarquer les supplétifs sur les bateaux partant pour la France.

 

Certains enfreignirent les ordres.

L’officier dont on célébrait l’enterrement la semaine dernière fut de ceux-là. Il fit monter d’autorité une soixantaine de harkis dont plusieurs avec leur famille à bord du bateau sur lequel lui-même embarqua. Mokrane, sa femme et leurs deux petits enfants étaient du nombre. De tous ceux-ci, aucun ne passa ensuite par un des camps en France où de nombreux harkis survécurent et furent oubliés dans des conditions indignes.

Je ne connais pas les soixante périples de ces soixante Algériens mais je sais que l’officier mobilisa ses amis, sa famille, toutes ses relations pour leur trouver du travail.

Pour ce qui concerne Mokrane, il avait 26 ans quand il arriva à Marseille. Il commença par travailler dans une exploitation agricole à côté d’Aix. Mais on gagnait mieux sa vie dans les mines du Nord : il traversa la France et s’y fit embaucher. Il n’y resta que quelques mois. Il y avait dans la même entreprise des Algériens pro-FLN. Tous les jours, Mokrane était menacé de mort. Un soir, quatre de ceux qui lui faisaient la vie dure le suivirent jusque chez lui. Sur son seuil, ils l’attaquèrent, le blessèrent. Mokrane leur échappa, rentra chez lui, en ressortit avec son fusil, tua l’un des agresseurs et en blessa un autre. Puis il alla à la gendarmerie avouer les faits.

Il fut incarcéré, traduit en cours d’assises. Au procès, l’officier qu’il appelle « son père » vint témoigner en sa faveur, en grand uniforme.

Mokrane fut acquitté : on lui reconnut la légitime défense. Il quitta le Nord et partit s’installer avec sa famille dans un village lorrain où il travailla comme manœuvre  dans l’industrie – il y vit encore.

 

Il avait alors trois enfants. Sa femme et lui en eurent dix autres.

À ces dix-là, Mokrane et Lilla donnèrent des prénoms français : Louis, le prénom de l’officier, puis Alix, le prénom de sa femme ; puis Robert, Jean, Christine, Claude…Aujourd’hui, les treize enfants sont adultes. Ils ont tous un emploi. L’un d’eux est professeur de français – il a écrit un livre sur ses parents –, un autre moniteur d’équitation, une des filles est hôtesse de l’air. Dans le village où ils ont grandi, une dame, veuve, une voisine leur a apporté un soutien scolaire, comme on ne disait pas à l’époque. Leur mère ne lit ni n’écrit le français.

 

Après plusieurs tentatives vaines, Mokrane est retourné en Kabylie. Les champs de son père n’ont pas été attribués à des tiers. Ils sont en friche, avec encore des orangers et tous les vieux oliviers. Les cousins de Mokrane n’ont pas été longs à lui dire – un peu à la légère –qu’il avait fait le bon choix et qu’ils aimeraient être à sa place.

 

Les Français n’ont pas tous abandonné les harkis. Les harkis et leurs enfants ne se posent pas tous en victimes. Les témoignages de première main ont souvent l’intérêt de contredire les simplifications de l’histoire.

Laurence COSSÉ

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Tiens, voilà de nouveaux légionnaires

Centre Presse Aveyron

Le 06 avril

( José A. Torres )

 

Impressionnante cérémonie de remise de képis blancs que celle qui s’est déroulée, mardi après-midi, dans la cour de la préfecture de l’Aveyron. En déclamant en chœur leur honneur et leur fidélité à la France, les 47 légionnaires ont impressionné aussi bien les élus et autorités militaires présentes, que les Ruthénois qui passaient par là.

Issus de 29 nationalités différentes (dont beaucoup de Népalais et d’Ukrainiens), ils ont rejoint la Légion il y a quelques semaines. Et cette cérémonie officie en quelque sorte leur intégration. État d’urgence oblige, c’est dans un lieu «fermé» que celle-ci s’est déroulée.

«En temps normal, c’est en public» précise l’officier de communication Bazin. «Pour qu’ils rencontrent ceux pour qui ils vont servir ». Avant d’arriver à Rodez, ils ont d’ailleurs effectué 50 kilomètres de marche en deux jours, depuis Saint-Beauzély.

Quelques-uns rejoindront le camp du Larzac

Cette cérémonie n’a pas de véritables liens avec l’arrivée de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère dans le camp du Larzac. Ces recrues sont actuellement incorporées au sein du 4e Régiment étranger de Castelnaudary.

Là-bas, ces recrues suivent une formation intensive destinée à leur inculquer «les valeurs de la Légion» et à leur enseigner le français. «Ils sont en formation depuis trois semaines, ont acquis une centaine de mots. Ils devraient en acquérir 500 au terme de leurs 4 mois de formation», explique l’officier de communication. Après quoi, ils rejoindront leur nouvelle affectation, qui sera le camp du Larzac pour quelques-uns d’entre eux.

Après la cérémonie, dans les salons de la préfecture, où les légionnaires ont entonné le traditionnel «Tiens, voilà du boudin», le colonel Dufour a rappelé l’importance que revêt ce moment. «Ils rejoignent leur nouvelle patrie, la Légion, prêts si nécessaire à se sacrifier pour la France. Et je vous demande juste, si un jour vous en croisez, d’avoir une pensée au fond de vous pour l’engagement de ces hommes».

Ravi de recevoir la Légion étrangère, le préfet Louis Laugier a souligné pour sa part que tout serait fait pour le bon accueil des légionnaires sur le Larzac. «Et j’espère que Rodez restera gravé dans votre mémoire comme la ville où vous avez reçu votre képi» leur a-t-il lancé.

le légionnaire veut déloger les "squatteurs" de sa maison

Midi Libre

Publié le 04/04/2016

Biterrois : le légionnaire veut déloger les
Jean Aubèle est toujours sans logement fixe. PIERRE SALIBA

Le militaire de 76 ans ne peut plus entrer chez lui. Celui avec qui il avait signé un compromis s'est installé sans que l'acte de vente ne soit jamais signé.

À 76 ans, le légionnaire Jean Aubèle a souvent connu des situations critiques tout au long de sa carrière dans des contrées lointaines. Mais c'est pour son domicile de Puissergier que le militaire livre une de ses plus étranges batailles, une guerre des nerfs. D'usure aussi. Après des années passées au Cambodge, il fait face aujourd'hui à une situation ubuesque : sa maison est occupée depuis 6 ans par une personne qui avait prétendu acheter ce bien. En 2009, Jean Aubèle signe un compromis de vente en viager pour sa villa et son verger de 2 000 m2.

L'opération devait prendre la forme d'une avance de 5 000€, un bouquet de 45 000€ et un loyer de 144 mensualités de 480 €. Le vendeur avait autorisé l'acheteur à intégrer le logement après le versement de l'avance mais avant la signature de l'acte authentique : "Profitant de ma gentillesse et du fait que j'étais pressé de partir au Cambodge".

Manière forte ou diplomatie

Or, la vente ne s'est jamais concrétisée car l'acheteur n'a pas obtenu son prêt en 2010. Depuis, la maison est occupée et Jean Aubèle crie à l'injustice. À l'heure de son retour définitif, le septuagénaire ne sait où déposer son conteneur d'effets personnels. Il tempête : "Il faut que je récupère ma maison. Sinon, comment je fais, j'appelle les anciens de la Légion ? Depuis 6 ans, quand je me réveille, je me dis que je ne suis pas encore chez moi. Aujourd'hui, il y a trois familles dans ma maison qui devient un taudis. Comment voulez-vous que je les fasse sortir autrement qu'à la kalachnikov."

Avant d'en arriver à de telles extrémités, le militaire interpelle le procureur de la République "pour être accompagné des forces de l'ordre public afin d'accéder sans menace ni heurts de la part des occupants qui ont vandalisé le verger..." La diplomatie pourrait porter ses fruits. D'ici là, le légionnaire Jean Aubèle est toujours sans logement fixe. Son conteneur doit être livré le 20 avril... à bon port ?

Villeneuve-d’Ascq: André Charlet, figure de la guerre, est décédé

La Voix du Nord

Publié le 01/04/2016

C’est une figure de la commune qui vient de s’éteindre. André Charlet est décédé à 93 ans. Une longévité inéspérée pour cet ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale.

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Quand le conflit éclate, André a une vingtaine d’années. Son atelier étant mobilisé, il devient facteur auxiliaire. Lorsque les Allemands arrivent en 1940, il croise leur route à proximité d’une boîte aux lettres, à Flers. Les soldats roulent dans une flaque à ses pieds. Vexé, André leur adresse un bras d’honneur humide en retour. « Un homme a assisté à la scène et m’a dit : Alors, on n’aime pas les Allemands ? » C’est par ces mots que le Villeneuvois entre dans la Résistance. Il doit glisser au pied de la boîte aux lettres des informations sur les réseaux téléphoniques et l’arrivée de pièces d’artillerie aérienne.

En 1941, repéré, il quitte la France. Pendant quatre ans, « Andy Tcharlette » combat dans la légion étrangère aux côtés des troupes américaines. Le chef des mortiers traverse cinq campagnes, dont deux débarquements. Fait prisonnier à trois reprises, il s’échappe autant de fois.

Ses actes de bravoure ont été récompensés en mai dernier à Villeneuve-d’Ascq.

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Bataillon de la Légion étrangère du 1er Régiment de Marche d'Afrique.

Journal officiel de la République française du 09/10/1917.

FOURRAGÈRE AUX COULEURS DU RUBAN DE LA CROIX DE GUERRE.


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RMLE Indochine .... 1905

Journal militaire - Année 1905 - 1er semestre.

Décret relatif au groupement des bataillons de Légion étrangère stationnés en Indo-Chine du 24 mars 1905.

La cerise sur le gâteau...

Journal officiel de la République française. Lois et décrets - 16/03/1900


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Camerone 2016 de l'AALEME.

Le dimanche 17 avril 2016 à Castelnau le Lez.

11h00 : regroupement devant l'espace rencontre.
11h15 : accueil des autorités.

Déplacement  en cortège vers le monument au morts.

Couleurs.
Lecture du récit.
Dépôt de gerbes.

 

Repas.

Restaurant Les Châtaigniers, route départementale 613, 34740 Vendargues.

Menu :

Kir d'accueil et amuses queules.

Carpaccio de saumon,

Souris d'agneau au four piquet d'ail,

Légumes assortis,

Plateau de fromages,

Omelette Norvégienne,

Vin et café compris.

Prix : 30€. A régler auprès de notre trésorier, avant le jeudi 13 avril 2016, 12H00.

A l'adresse suivante : Trésorier AALEME, Espace les Chênes, 8 chemin des chênes, 34170 Castelnau le Lez.

Portable : 06 37 54 97 08

Camerone de l'AALESSE 2016.

Le samedi 9 avril 2016, au monument aux morts de la ville de Sète, parc Simone Veil.

09 H 45 : Ouverture du parking à l’arrière du monument aux morts.

Mise en place et accueil des autorités au parc Simone Veil.

10 H00 : Arrivée du piquet d'honneur cadres et militaires en provenance du 4°RE (sous réserve

situation sécuritaire)

 

10 H 30 : Mise en place et accueil des autorités civiles, militaires et religieuses au monument

aux morts

11 H : Début de la cérémonie

Camerone 2016 de l'AALESSE

Carnet de chants du 3e REI à Mascara - Années 1958 - 1959

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Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... suite et FIN.

Oui, il y a bien eut un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900 - 1901.

Le Livre d'Or de la Légion étrangère est succinct, dans ses pages, sur la Campagne de Madagascar, alors qu'elle est si riche en actions et en événements.

Par contre, dans son chapitre : Les Colonels de la Légion, il reconnait bien l'existence de RMLE à Madagascar et en Indo-Chine.

Pour Madagascar, il en cite deux :

Le 1er, n'est pas comme c'est écrit : le Régiment de Marche d'Afrique, qui verra le jour le 1er février 1915, mais le Régiment d'Algérie.

Le Régiment d'Algérie peut difficilement être considéré comme un régiment de Marche de la Légion étrangère.

Le 2e, commandé par le le Lieutenant-Colonel Cussac du 1er et non du 2e étranger, n'a existé que de 1900 à 1901, avant de laisser la place au Bataillon étranger de Diégo-Suarez.

Contrairement à ce qu'avancent nos camarades YG et HM, ce n'est pas une décision locale.

Pourquoi ?

La décision de mise hors cadres des deux Chefs de Corps est parue au Journal Officiel de la République Française dans la rubrique Ministère de la Guerre et non dans Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances et le Bulletin officiel de l'Indochine française.

Journal officiel de la République Française du 24/10/1900.

Pourquoi une mise hors cadres ?

Les deux Chefs de Corps étaient affectés respectivement au 1er et au 2e étranger.

Pour des raisons administratives évidentes, affectés dans un régiment, ils ne peuvent en commander un autre.

Journal officiel de la République Française du 02/07/1901.

Fin du RMLE de Madagascar et naissance du Bataillon étranger de Diégo-Suarez.

 

Pour que l’oublie ne se creuse au long

des tombes closes, pour qu’ils ne soient

pas morts, pour une chose morte.

Mort du Capitaine Flayelle et du lieutenant Montagnole.

LA MORT DU LIEUTENANT DE PIERREBOURG

Mort du capitaine de Chàteauneuf-Randon du Tournel, commandant la 7e Compagnie du Régiment d'Algérie.

 

Pour en savoir plus :

Le premier régiment de la légion étrangère (1905)

LA LÉGION ÉTRANGÈRE Récits militaires par M. ROGER DE BEAUVOIR. Illustrations de M. DOLDIER. 1888

Les premières années de Diego Suarez : 1899-1900 : Mise en place du « Point d’appui de la Flotte » 1ère partie

Journal de route du Bas-Manambovo à Tuléar

Du Boéni à Fort-Dauphin.

Le 5ème Régiment du Génie dans la campagne de Madagascar (1895)

La Légion étrangère à Madagascar.

Historique des Unités de la Légion étrangère de sa création à 1964.

Pages de gloire de la Légion étrangère: Madagascar 1895 - 1905

De Tsinjoarivo à Ambohimilanja par la vallée de l'Andranomena

Six semaines dans le Sud-Ouest - G. de Thuy Cne de la Légion étrangère

La Légion étrangère pendant la campagne de Madagascar 1895 - 1896

Historique du 1er régiment de marche d'Afrique

La pacification de Madagascar, 1896- 1898 (1928)

Lettres du Tonkin et de Madagascar (1894-1899) T1 (1920)

Lettres du Tonkin et de Madagascar (1894-1899) T2 (1920)

Les Hauts faits de l'armée coloniale - 1912

Souvenirs de campagne - 1910

Neuf ans à Madagascar par le général Gallieni (1908)

Revue de Madagascar

Annuaire de Madagascar 1905

Au Pays de la fièvre, impressions de la campagne de Madagascar. 1904.

Annuaire de Madagascar 1904

L’œuvre de la France à Madagascar - la conquête - l'organisation - le général Galliéni - 1903

Annuaire de Madagascar 1903

Presse 1902

Dans le sud de Madagascar : pénétration militaire, situation politique et économique, 1900-1902 (1902)

Conquête de Madagascar (1895-1896) - 1902

Annuaire de Madagascar 1902

Presse 1901

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances 1901

Voyage du général Gallieni (Cinq mois autour de Madagascar) (1901)

Presse 1900

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances 1900

Colonies et Pays de Protectorats - 1900

Souvenirs de Madagascar (1895) , par le lieutenant Langlois,.... 1900.

Du rôle colonial de l'armée (1900)

La pacification de Madagascar : (opérations d'octobre 1896 à mars 1899) (1900)

Notes, reconnaissances et explorations - 1900

Annuaire de Madagascar 1900

Presse 1899

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances 1899

Expédition de Madagascar: carnet de campagne 1899

Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar, octobre 1896 à mars 1899 (1899)

Guide de l'immigrant à Madagascar T3 - 1899.

Guide de l'immigrant à Madagascar T2 - 1899.

Guide de l'immigrant à Madagascar T1 - 1899.

Notes, reconnaissances et explorations - 1899

Annuaire de Madagascar et dépendances - 1899

Presse 1898

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances 1898

Un Parisien à Madagascar (1898)

Notes, reconnaissances et explorations - 2 - 1898

Notes, reconnaissances et explorations - 1 - 1898

Annuaire général de Madagascar et dépendances - 1898

Presse 1897

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances 1897

L'expédition de Madagascar, journal de campagne - 1897

Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l'expédition - 1897

La guerre de Madagascar - 1897

Notes, reconnaissances et explorations - 2 - 1897

Notes, reconnaissances et explorations - 1 - 1897

Presse 1896

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances 1896

L'expédition de Madagascar : rapport d'ensemble fait au ministre de la Guerre le 25 avril 1896

Presse 1895

Presse 1894

Ces recherches ont atteint leur but.

Trouver pourquoi il y avait des inscriptions RMLE sur des pierres tombales à Diégo-Suarez, datés de 1900.

Prouver l'existence officielle d'un RMLE à Diégo-Suarez. Et implicitement, l'existence d'un RMLE en Indo-Chine.

Rectifier les erreurs ou approximations du Livre d'Or. En espérant que ce travail aidera les rédacteurs, correcteurs, de l'édition du Livre d'Or du Bicentenaire.

Le but atteint, les recherches continues pour enrichir la Mémoire.

Historique des recherches :

Sacré RMLE !‏ ... suite...

Sacré RMLE !‏

Pour revenir sur cette photo paru dans KB N° 129 de Janvier 1958... suite.

Pour revenir sur cette photo paru dans KB N° 129 de Janvier 1958...

Je recherche...

Pourquoi un cimetière militaire Français à Nosy Komba...

Régiment de Marche de Madagascar.

RMLE... suite, Indochine... 1903... suite...

RMLE... suite, Indochine... 1900...

RMLE... suite, Indochine... 1902...

RMLE... suite, Indochine... 1903...

RMLE... suite, Indochine... 1905...

RMLE... suite, Indochine... 1904...

Mort du capitaine de Chàteauneuf-Randon du Tournel, commandant la 7e Compagnie du Régiment d'Algérie.

Mort du Capitaine Flayelle et du lieutenant Montagnole.

Émile OUDRI

La filiation des Régiments étrangers...

Un peu d'histoire... suite...

Un peu d'histoire...

LA MORT DU LIEUTENANT DE PIERREBOURG

De Tsinjoarivo à Ambohimilanja par la vallée de l'Andranomena

RMLE, à Madagascar, 1900, nouvelle suite...

RMLE, à Madagascar, 1900.‏

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... (1897) 2

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... (1896)

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... (1897)

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... (1902)

L’équipage du Floréal réhabilite des tombes de militaires français à Madagascar

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... (1901)

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... (1898)

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... (1899)

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... (1900)

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900... suite 1

Un R.M.L.E. à Madagascar dans les années 1900...

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EN FAVEUR DES LÉGIONNAIRES

Les Annales Coloniales du 6 août 1937.

M. Louis Thomas, qui fut durant la guerre, constamment volontaire, et dans des corps d'élite, que nous connûmes au Maroc lieutenant au 1er bataillon du 2e étranger, consacre aux souvenirs du prince Aage de Danemark, chef de bataillon de la Légion étrangère, un article passionné. Un article utile.

Nous voudrions que cet appel soit entendu.

Certaines naturalisations, pas fournées, sont moins heureuses, moins dignes, moins méritées, que celles sollicitées par deux témoins de qualité :

«J'ai réservé écrit le prince Aage, pour la placer à la fin de mes souvenirs, une note qui résonne faux dans la marche franche de la Légion ».

« Je l'adresse, avec une requête particulière, à qui de droit, espérant que justice sera rendue ».

« Voici ; notre corps d'élite, inutile de le dire, n'est pas composé que d'anges purs, il se recrute en partie parmi des étrangers, — souvent de famille très honorable — vivant en France, et qui partent pour le bled afin d'y effacer quelques « erreurs de jeunesse ».

« Aux bureaux d'enrôlement, on promet aux « expulsés » une amnistie et un pardon pour la fin de leur temps de service ».

« Confiants, ils s'engagent. Confiants, ils reviennent, cinq ans après dans la métropole... pour être rudement appréhendés, emprisonnes de nouveau, puis boutés hors des frontières ».

« Quelle amère déception, infligée à des hommes qui vécurent une existence difficile, souvent héroïque sous les plis du drapeau tricolore. Je citerai, entre autres, le cas d'un Tchécoslovaque qui passa huit années à la Légion, qui participa à de multiples expéditions dans le Rift, gagna quatre décorations, dont la croix de guerre des T. 0. E. (Théâtre des Opérations Extérieures). Il avait épousé une Française et était père de deux,enfants. Eh bien, ce bon soldat subit à son retour à Paris la peine de l'expulsion ».

« Pourquoi tromper ceux qui vont se rallier sous la flamme de la grenade ! En vérité, ce qui signe sa feuille, d'enrôlement ne mérite-t-il pas le pardon total de la France qu'il va servir et qu'il veut revoir ? ». La plainte du prince Aage est parfaitement justifiée.

Nous la transmettons au capitaine d'infanterie de la guerre, Edouard DaJadier, ministre de la Guerre, aujourd'hui.

Le Cri du Jour a été plus loin que le prince Aage; il y a beaucoup à faire pour les légionnaires, dans un pays qui ne fait pas assez d'enfants et qui a grand besoin de nouveaux citoyen. Quel meilleur apprentissage de la France que des années passées à risquer sa vie pour elle : La naturalisation devrait être acquise d'office à tout ancien légionnaire.

La Solidaire 2016.

Mon général, mesdames, messieurs, chers amis,

Pour la septième année consécutive, le 4e Régiment étranger, régiment d’instruction et de formations des légionnaires, organisera du 14 au 17 juin 2016 « la Solidaire Légion étrangère ».

Cette activité caritative a pour but de récolter des fonds, afin de venir en aide aux anciens légionnaires à l’Institution des Invalides de la Légion Etrangère (I.I.L.E) située à Puyloubier (13). Ceux-ci ont servi la France avec honneur et fidélité. L’attention de la Légion d’active envers ses anciens est donc un juste retour des choses.

Portée depuis sa création par Monsieur Bernard Thévenet, double vainqueur du Tour de France 1975-1977, la Solidaire de cette année sera également parrainée par monsieur Charles Villeneuve, première classe d’honneur de la Légion étrangère, grand journaliste particulièrement apprécié des Français.

Une fois encore, la course sera l’occasion pour chacun d’affirmer, ou de réaffirmer son attachement et son soutien à la Légion étrangère, qui n’abandonne jamais les siens.

C’est donc avec beaucoup de plaisir et d’enthousiasme que je vous propose de vous associer à ce projet dont l’intégralité des dons sera reversée à l’I.I.L.E. Vous trouverez dans le document joint tous les détails pratiques sur l’épreuve et sur vos possibilités de soutien à cette belle aventure.

Le 4 espère pouvoir compter sur votre aide et votre générosité et vous assure dès à présent assuré de ma plus sincère reconnaissance.

Votre aide peut réellement faire la différence pour nos anciens !

Soyez, par avance, assuré de notre gratitude.


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Mort du Capitaine Flayelle et du lieutenant Montagnole.

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 12/04/1898

ORDRE GÉNÉRAL 239

Notre extension méthodique dans la province de Tulléar et dans l'ouest du cercle des ayant été, à diverses reprises, entravée par les incursions à main armée d'une bande réfugiée dans le massif boisé du Vohinghezo, sis à l'Est du confluent du Mangoka et du Malio, M. le capitaine Flayelle, commandant les troupes de la province de Tulléar, fut chargé de chasser cette bande de son repaire.

Il idisposait,pour l'opération projetée:

D'un détachement de la 1re compagnie de Légion sous les ordres de M. le lieutenant Montagnole.

De quelques hommes de la 11e compagnie du 13e régiment d'infanterie de marine.

D'une pièce de la 6e batterie de montagne (lieutenant Defer).

D'un détachement de la 6e compagnie du 1er malgache.

D'un détachement de la 8e compagnie du 2e malgache (sous-lieutenant Garenne).

D'un détachement de la milice de Tulléar (M. l'inspecteur Charles).

Ce groupe  quitta le poste de Soaserana le 11 mars dans l'après-midi, passa le Malio et, après un repos de quelques heures, se remit en route à 11 heures du soir. Il se heurta, à 4h45 du matin à des escarpements boisés occupés par les rebelles, qui accueillirent la tête
de colonne par un feu très nourri.

Aux premiers coups de feu, MM. le capitaine Flayelle et le lieutenant Montagnolle qui marchaient à l'avant-garde, tombaient mortellement blessés.

M. le lieutenant Defer prenait alors le commandement et donnait ses ordres pour l'enlèvement de la position, qui fut aussitôt effectué, grâce à un mouvement tournant vigoureusement conduit par M. le sous-lieutenant Garenne et malgré les énormes difficultés du terrain et la résistance déployée parles rebelles abrités derrière les retranchements qu'ils avaient organisés et derrière lesquels ils laissèrent de nombreux cadavres.

Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances cite à l'ordre du Corps d'occupation :

M. le capitaine Flayelle, commandant la 1re compagnie du bataillon étranger et les troupes de la province de Tulléar :
«A été mortellement blessé, le 12 mars au matin, dans la forêt du Vohingheso, en marchant, avec sa bravoure habituelle, à la tête d'avant-garde».

M. le lieutenant Montagnole, de la 1re compagnie du bataillon étranger :
« A fait preuve de beaucoup de bravoure, le 12 mars 1898, dans le commandement de la pointe d'avant-garde, jusqu'au moment où il est tombé mortellement blessé ».

Durlach, N° Mle 20929, soldat de 2e classe à la même compagnie :
« A montré la plus grande bravoure à l'assaut des retranchements où s'étaient embusqués les rebelles, assaut au cours duquel il a été mortellement blessé ».

Griseur, N° Mle 21921, soldat de 1re classe à la même compagnie, ordonnance de M. le capitaine Flayelle :
« Se trouvant en dehors de la ligne de feu, est allé sous les balles ramasser le corps de son capitaine mortellement frappé, est revenu ensuite chercher le corps du lieutenant Montagnole, puis est retourné au feu ».

Vonoch,N° MleÎ481, soldat de 1re classe a la même compagnie :
« A fait preuve d'une grande bravoure dans l'assaut des retranchements du Vohinghezo, assaut au cours duquel il a été blessé à l’aine »,

Mangalli, N° Mle18220, soldat de 2e classe à la même compagnie :
« S'est élancé avec impétuosité à l'assaut des retranchements du Vohinghezo et y est arrivé en même temps que l'officier qui commandait l'attaque ».

Laos, N° Mle 16063, soldat de 2e classe à la même compagnie :
« Etant blessé au coude, est resté à sa place de combat jusqu'à la fin de l'action ».

Pugin, N° Mle 14810, soldat de 2e classe à la même compagnie :
«Etant à la pointe d'avant-garde et se trouvant immédiatement derrière le lieutenant Montagnole, qui venait d'être blessé, a continué à tirer et a eu son fusil brisé par une balle ».

Schmider, N° Mle 14921, soldat de 2e classe à la même compagnie :
« S'est conduit brillamment pendant l'attaque du Vohinghezo, au cours de laquelle il a été légèrement blessé ».

Courvoisier, N° Mle B 1429, 2e canonnier, conducteur à la 6e batterie de montagne :
« A aidé avec beaucoup de sang-froid à la mise en batterie de la pièce et l'a pointée avec calme à moins de 100 mètres des retranchements ennemis ».

Ramanarany, N° Mle 5729, tirailleur de 1re classe à la 8e compagnie du 2e régiment malgache :
« A été mortellement blessé en s'élançant avec bravoure à l'assaut de la position du Vohinghezo ».

Le Général adresse en outre ses félicitations:

A M. le lieutenant Defer, de la 6e batterie de montagne :
«« Pour le sang-froid dont il a fait preuve en prensnt,le 12 mars 1898, le commandement de la colonne du Vohinghezo après la mise hors de combat de M. le capitaine Flayelle, et dans des conditions particulièrement difficiles, et en n'hésitant pas, après les pertes cruelles qu'avait subies la colonne dès le début de l'action, à ordonner une vigoureuse offensive contre l'ennemie ».

A M. le sous-lieutenant Garenne, de la 8e compagnie du 2e régiment malgache :
« Pour avoir commandé avec beaucoup de bravoure, le 12 mars, la troupe d'assaut qui enleva, a la baïonnette, les retranchements du Vohinghezo et être arrivé le premier sur la position ».

Au sergent rengagé Lelièvre, N° Mle 9394, de la 1re compagnie du bataillon étranger :
« Pour avoir fait preuve du plus grand sang-froid lorsque la tête de colonne fut assaillie par une grêle de balles et avoir rallié ses hommes sans précipitation ».

Au maréchal-des-logis Grenot,N" Mle B 30853, de la 6e batterie d'artillerie de montagne :
« Pour avoir mis sa pièce en batterie sous le feu de l'ennemi et conduit le tir pendant toute l'action avec le plus grand calme ».

Au soldat de 2e classe Kiener, N"M18 20991, de la 1re compagnie du bataillon étranger :
« Pour avoir, bien que blessé au mollet, aidé à transporter, sous les balles, en arrière de la ligne de feu son Capitaine mortellement blessé».

Au 1er canonnier servant Revel, N° Mle B 38486, de la 6e batterie de montagne :
« A organisé, sous le feu de l'ennemi, une ambulance pour panser les blessés, auxquels il a prodigué ses soins ».

Au soldat de 2e classe Satta, N° Mle 13604, de la 1re compagnie du bataillon étranger :
« Pour avoir aidé, avec beaucoup de sang-froid et de dévouement, l'infirmier Revel dans les soins donnés aux blessés ».

Au soldat de 2e classe Py, de la 11e compagnie du 13e régiment d'infanterie de marine :
« Pour avoir aidé à mettre la pièce en batterie sous le feu de l'ennemi ».

Le Général commandant en chef adresse en même temps ses félicitations aux détachements des compagnies de milice de Fianarantsoa et Tulléar pour le concours dévoué qu'ils ont apporté à la colonne commandée par M. le capitaine Flayelle. Il félicite particulièrement :

M. l'inspecteur de 2e classe Charles, commandant la compagnie de milice de Tulléar :
« pour son énergique attitude pendant toute l'action et les mesures judicieuses qu'il prit pour empêcher la droite d'être débordée par les rebelles. »

M. le garde de 4e classe Morel, de la compagnie de Fianarantsoa :
« pour le sang-froid qu'il a montré dans la garde du convoi et de l'ambulance, attaquée à plusieurs reprises par l'ennenii.».

Le caporal de milice Razafy, N° Mle 399, les miliciens Randratsirava, N° Mle 239, Raizanaka, N° Mie 298, Raimitsiry, N° Mle 358, de la compagnie de Fianarantsoa :
« pour s'être particulièrement distingués dans la défense du convoi de la colonne ».

Le Général décide, en outre, que les postes d'Ankazoabo, Soaserana, Vorondreoet Manera, porteront, à compter de ce jour, les noms de : poste Flayèlle, poste Montagnole, poste Durlàch, poste Ramanarany.

Un exemplaire du présent ordre sera.remis àchacun des officiers et hommes de troupe qui y sont dénommés ou envoyé à leur famille.

Tananarive, le 10 Avril 1898.
Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances, GALLIENI.

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Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 16/04/1898

NÉCROLOGIE

Le Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances a le regret de porter à la connaissance de la colonie la nouvelle de la mort de MM. le capitaine Flayelle et le lieutenant Montagnole, tués à l'ennemi le 12 mars 1898.

Né le 23 septembre 1858 à Saint-Nabord (Vosges), M.le capitaine Flayelle était entré à Saint-Cyr le 29 octobre 1878; il était affecté, à sa sortie de l'école, au 91e de ligne. Nommé lieutenant le 29 juillet 1885, il était classé au 21e régiment de la même arme.
Plein de vigueur, d'entrain et recherchant, dès le début de sa carrière, l'occasion de se distinguer et de faire campagne, il demandait et obtenait de servir en Algérie, où il était placé au 1er régiment de tirailleurs.
Promu capitaine le 2 octobre 1891, il était affecté au 131e régiment de ligne, à Orléans. Passé au 2e régiment de la légion étrangère, il fut promu chevalier de la Légion d'honneur le 11juillet 1896; l'année suivante, il était désigné pour servir a Madagascar. Parti de Marseille le 10 août 1896, en même temps que le Général Gallieni, il débarquait à Tamatave le 5 septembre suivant. Il faisait, à la tête de la 1re compagnie de légion, toute la campagne contre l'insurrection hova et prit une a large part à plusieurs opérations importantes. Il se distingua, en particulier, à la prise du village fortifié Nosibé ; à cette occasion, il méritait d'être cité à l'ordre du Corps d'occupation le 21 février 1897, pour : « Avoir montré une bravoure et un sang-froid dignes des plus grands éloges, le 6 février 1897, en dirigeant, sous un feu très vif, l'escalade d'une des portes du village forlilié de Nosibé, avoir ensuite très habilement dirigé la poursuite des rebelles dans la vallée de l'Ikopa et provoqué ainsi près de 3.000 soumissions en deux jours ».
Au mois d'octobre 1897, dès que la tentative de révolte des Sakalaves de la Tsiribihina fut conue à Tananarive, le capitaine Flayelle, envoyé dans le Ménabé, se portait en toute hâte au secours d'Ambiky, où il arrivait le 17 novembre Il méritait, à cette occasion, d'être cité de nouveau à l'ordre du Corps d'occupation pour: « Avoir fait preuve de beaucoup de bravoure et de sang-froid dans le commandement des deux compagnies de renfort qu'il a conduites, du 14 au 17 novembre 1897, de Bemena à Ambiky, à travers une région boisée infestée par des bandes rebelles. A constamment marché de sa personne avec la tête d'avant-garde ».
Quelques semaines plus tard, M. le capitaine Flayelle prenait le commandement des troupes de la province de Tulléar. Notre extension méthodique dans cette province ayant été, à diverses reprises, entravée par les incursions à main armée d'une bande réfugiée dans le massif boisé du Vohinghezo, il se mettait à sa poursuite. C'est au cours de cette opération, couronnée de succès, que M. le capitaine Flayelle, qui marchait avec son intrépidité accoutumée à la tête d'avant-garde, est tombé mortellement frappé sous le feu de l'ennemi, méritant d'être cité encore une fois à l'ordre du Corps d'occupation.
M. !e capitaine Flayelle était un officier du plus grand mérite; à ses remarquables qualités militaires, à une bravoure à toute épreuve, il joignait une instruction étendue, un esprit fin et lettré qui donnait le plus grand charme à ses relations. Ses chefs l'avaient en haute estime et il était aimé de ses hommes, qu'il traitait avec justice et bonté. On se rappelle qu'au mois de novembre 1896, il n'avait pas craint d'exposer sa vie pour sauver un de ses légionnaires sur le point de se noyer dans l'Ikopa; il avait été cité une première fois à l'ordre du Corps d'occupation pour ce bel acte de courage et de dévouement.
La mort de ce brillant et valeureux officier sera déplorée par tous ceux qui l'ont connu.
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Né le 31juillet 1869 a la Ravoire (Haute-Savoie), M. le lieutenant Montagnole entrait à Saint- Maixent le 1er mars 1891. Affecté, à sa sortie de l'école, au 1er régiment de légion étrangère, il faisait campagne au Soudan, du 23 février 1894 au 27 janvier 1895, et y faisait preuve de solides qualités militaires. Il était promu lieutenant le 1er avril 1895.
Désigné pour servir à Madagascar, il s'embarquait à Marseille le 10 octobre 1897 ; arrivé le 4 novembre à Tamatave, il montait à Tananarive avec un détachement qu'il conduisait peu après dans le sud, à Ihosy.
Tout dernièrement, il fut classé à la compagnie de M. le capitaine Flayelle et prit part, avec elle, à l'opération dirigée contre les rebelles du Vohinghezo.
Il marchait à la pointe de l'avant-garde, dont il avait le commandement, lorsqu'il tomba mortellement frappé à côté de son capitaine.

Le Corps d'occupation perd, en la personne de M. le lieutenant Montagnole, un officier de valeur et d'avenir, qui sera vivement regretté de ses chefs et de ses camarades.

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La Mort d'un Héros.

Le Journal 30/04/1898

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La mort du soldat.

Le Figaro 25/05/1898.

 

Je viens d'assister, à Saint-Philippe du Roule, au service célébré pour le. repos de l'âme du capitaine Louis Flayelle, de la légion étrangère, chevalier de la Légion d'honneur, tué au combat de Vohingezo (Madagascar), le 12 mars, avec le lieutenant Montagnole, des tirailleurs algériens, et trois hommes de troupe. Une heure plus tard, dans la même église, une messe était dite à la mémoire du lieutenant d'infanterie Gallet, tué à la prise de Sikasso, avec le lieutenant Soury, de l'infanterie de marine.

Le capitaine Flayelle était l'un de mes meilleurs, l'un de mes plus chers camarades de Madagascar. Nous nous étions embarqués ensemble sur le Yang-Tsé, pour cette terre lointaine d'où il ne devait pas revenir. Nous avons vécu longtemps dans l'intimité d'une existence de plein air, où chaque jour m'a fait apprécié davantage la noblesse de son cœur et l'élévation de son esprit, délicat, généreux et cultivé.

Bien souvent, depuis lors, je pensais à la joie de' retrouver, à sa rentrée en France, riche du souvenir des belles actions, cet admirable soldat que, durant une campagne ininterrompue de plus d'un an et demi, la confiance des chefs et l'entraînement passionné du devoir militaire avaient conduit à travers les aventures les plus émouvantes et les plus diverses; j'attendais impatiemment la voix affectueuse, au parler pittoresque, qui me dirait ces pages inédites de l'épopée coloniale, si exaltante pour la jeune âme héroïque d'un Flayelle, soutenu contre les fatigues et les découragements par la noblesse et l'utilité de l’œuvre patriotique à laquelle il collaborait avec tant d'autres vaillants obscurs ou couverts de gloire, les champions de la mère patrie au Tonkin, au Soudan, à Madagascar, partout où progresse le drapeau d'une France qui se réveille aux grands espoirs.

Ce n'est pas de sa bouche, maintenant, que j'entendrai le récit de tant de belles choses réalisées loin de la gloriole boulevardière assurément, il ne fallait point attendre de lui, si modeste, l'énumération des actions d'éclat accomplies au premier rang de ses légionnaires, seuls témoins de son intrépidité; et chacun dans l'armée sait ce qu'il vaut, ce témoignage, en matière de bravoure, une vertu qui dispense de toute autre les cerveaux brûlés de la légion; •̃ Les coups terribles, portés et reçus dans cette guerre aux barbares, ce n'est pas de cela, j'en suis bien sûr, qu'il aurait eu plaisir à me parler, cet. homme de grand cœur, aussi pitoyable à la détresse des populations fanatisées qu'il était paternel à ses braves troupiers, ménager de leur existence et soucieux dé leur bien-être. Mais avec quelle fierté, j'ensuis certain, il m'aurait fait connaître dans leurs moindres circonstances les ruses qu'il s'ingéniait à trouver pour prendre, sans coup férir, le contact avec les rebelles auxquels il parvint souvent à imposer l'autorité du nom français par des paroles de confiance qui assuraient plus vite et plus définitivement que les balles Lebel la prise de possession d'une région soulevée !

Une mission pacifique de ce genre, je vous l'assure, est rude à réaliser en présence des Sakalaves qui n'ont rien des mœurs courtoises dont Fontenoy nous a laissé la tradition chevaleresque embusqués parmi les rochers ou cachés derrière les arbres (c'est dans une forêt que Flayelle a trouvé la mort, comme les héros du Yen-Té), ces guerriers vous tirent à brûle-pourpoint d'innombrables coups de fusil, à quoi, bien souvent, on réplique seulement par des charges à la baïonnette; c'est le meilleur moyen de les mettre en déroute.

Le capitaine Flayelle avait pour le tir si souvent inoffensif de ces Malgaches un mépris tout spécial et dont je trouve la piquante expression dans une lettre écrite, avec sa bonne humeur coutumière, presque à la veille du jour où il allait tomber sous le feu d'un ennemi si souvent abordé avec cette témérité dédaigneuse

« La bande des Baribés, écrivait-il, a fêté notre arrivée par l'exécution de son répertoire le plus varié sur l'ancive (trompe guerrière). Quelques virtuoses du snyder se sont exercés, sans succès, à tirer sur des oiseaux invisibles qui planaient à vingt mètres au-dessus de nos têtes. Les mêmes artistes nous ont accompagnés, le 24 au matin, pendant cinq ou six kilomètres, en faisant beaucoup de bruit et aucun mal. »

Quelle que fût la longanimité du capitaine, il fallait parfois cependant en venir aux mains; on y allait carrément, mais le sang-froid du chef ne se démentait jamais dans le feu de l'action et, l'affaire terminée, son premier soin était de soustraire les vaincus aux cruautés inutiles des troupiers excités par la griserie du combat.

Parmi les diverses citations à l'ordre du jour dont il a été honoré, je relève celle du mois d'avril 1897, « pour la bravoure et le sang-froid dignes des plus grands éloges dont il avait fait preuve, le 6 février 1897, eh dirigeant sous un feu très vif l'escalade du village fortifié de Nossi-Bé, en dirigeant ensuite la poursuite des rebelles et en provoquant ainsi plus de 3,000 soumissions en deux jours M.

Et la première en date félicitait le capitaine de s'être jeté tout équipé dans une rivière torrentielle,, pour sauver un de ses légionnaires; on l'en retira lui même inanimé ce fut peu de temps après que je lui serrai la main pour la dernière fois.

Il a été tué le 12 mars dans la forêt de Vohingezo, contre laquelle il marchait à la tête d'une colonne de tirailleurs malgaches, avec une pièce d'artillerie de montagne appuyé seulement d'un détachement 'de légionnaires qu'il conduisait pour la première fois le délabrement et le dénuement de ceux de sa compagnie n'avaient pas permis de les mettre en marche et le capitaine n'avait emmené que son ordonnance, le soldat Griseur, dont la conduite a été au dessus de tout éloge dans ce combat si dramatique.

Après une marche forcée, à la faveur de la lune jetant une clarté douteuse sur la brousse inexplorée, la colonne atteignait vers onze heures du soir la lisière d'une forêt où se cachait l'ennemi. Ici je laisse la parole à l'officier qui, dans une lettre profondément touchante par la simplicité du récit et l'émotion sincère, a pieusement transmis à la famille quelques détails sur les derniers moments du capitaine Flayelle

Bientôt on a la certitude que les rebelles sont avertis leurs sentinelles fuient devant les éclaireurs, et des feux s'allument sur la montagne en face. On arrive devant un bois qui paraît impénétrable, tant l'obscurité est devenue profonde. La colonne arrêtée, l'avant garde se déploie.

Le capitaine veut attendre le jour avant d'attaquer, mais le lieutenant Montagnole s'est engagé au milieu des abatis avec deux éclaireurs. C'est le signal d'une décharge générale et que l'on évalue à 200 coups de fusil. Le capitaine lance les légionnaires sur les traces du lieutenant. Il traverse avec eux les abatis, mais il est difficile de pousser de l'avant, car on ignore absolument le terrain; on ne voit que les coups de feu qui vous aveuglent, et la fusillade à bout portant est tellement intense que les hommes n'entendent rien. On ne sait pas ce -qu'est devenu le lieutenant. Une voix dans le fourré crie  « En arrière l » Mais le capitaine, avec un geste superbe, et de toutes ses forces « Mais non pas en arrière En avant!» » A ce moment, il tombe frappé de deux balles, l'une au poumon, l'autre à l'abdomen. Il tombe à la renverse en disant à son ordonnance, qui, quittant le convoi, s'était portée à ses côtés dés les premiers coups de feu: «. Griseur, je suis mort L'ordonnance s'est agenouillée près de lui: « Où ça ? Au côté; » répond le malheureux blessé. « Attendez, je vais vous transporter en arrière pour vous faire panser; ce n'est peut-être pas si grave que cela. » Il appelle des légionnaires à l'aide et, à trois, ils le transportent à travers les abatis, malgré la demande du capitaine qui veut être laissé sur place. La colonne n'a pas de médecin; deux infirmiers, aidés de Griseur, le pansent de leur mieux. Cela ne va pas sans quelque, douleur. « Vous me faites souffrir, dit-il, laissez-moi mourir ». A l'ordonnance qui parlait à voix basse a No parlez pas à voix basse, ce n'est pas la peine, j'entends tout ce que vous ditès. » Au lieutenant Defer qui vient lui demander comment il va.: « Laissez-moi mourir ! » dit-il encore. Blessé à cinq heures, le capitaine s'éteignait doucement à sept heures quarante, après trois ou quatre contractions de la bouche.

S'il avait peu parlé, il avait paru conserver sa pleine lucidité. Son regard était resté clair jusqu'au dernier moment. Les deux balles étaient mortelles la première, entrée dans la région du cœur, restée dans la plaie et déterminant une hémorragie la seconde, perforant le foie et sortant par le dos. On avait (Griseur) apporté vers cinq heures et demie le corps du lieutenant Montagnole, déjà froid. Il avait reçu sept balles.

Cependant, la bande avait été mise en fuite et poursuivie, mais sans grands résultats. Vers dix heures et demie, la colonne si cruellement mutilée 2 officiers et 1 légionnaire morts,,2 tirailleurs tués sur le coup et 4 légionnaires blessés, reprenait le chemin de Soaserana. Le corps du capitaine, que l'ordonnance avait recouvert d'un drapeau, était porté sur un brancard.

A six heures et demie du soir on arrivait au poste. Griseur s'occupe aussitôt de faire la toilette du cher mort. Le corps soigneusement lavé, il le revêt de ses meilleurs effets et, l'installant sous la tente, surélève le brancard. Une sentinelle veille à côté. La figure du capitaine était restée très belle, les traits reposés « On aurait juré qu'il dormait. » Le 13 au matin, on inhumait ces morts glorieux avec tous les honneurs militaires, dans le poste même de Soaserana.

Le capitaine Flayelle aura, dans le recueillement de nos pensées, la première place. Une croix en bois du pays,' sculptée par le sergent Staber, a été envoyée à Soaserana pour être placée sur sa tombe. Nous vous en adressons le dessin.

Telle fut la fin de cet admirable soldat, tout jeune encore, aussi beau garçon que brave homme et que vaillant cœur, de l'esprit le plus orné et d'un goût d'élégance raffinée que la rude existence dans la brousse mit tout d'abord à de rudes épreuves. En d'autres temps, j'aurais dit que c'était un intellectuel. Le mot ne lui conviendrait plus.

Il me suffira de noter que ce fut un Français de la belle race il en avait les vertus, comme il en montrait les agréments. Né à Remiremont, dans le meil- leur terroir vosgien, Flayelle avait beau- coup vécu à Paris, où il s'était fait de profondes amitiés dans le monde des artistes, et Mme Séverine a consacré un éloquent article à son souvenir.

« Il était de ceux qui sont d'autant mieux à leur place que la destinée les porte plus haut, a dit un de ses anciens chefs, le général Varloud. Et il n'était pas moins hautement apprécié par ses subordonnés: « C'était un vrai et magnifique soldat, plein de sang-froid dans le danger, montrant l'exemple et payant largement de sa personne, malgré sa haute taille qui le désignait aux coups. Hélas Dieu n'a pas voulu qu'il nous revint sain et sauf. Il est mort sans que l'un de nous fût près de lui, et ce nous a été un grand chagrin. »

Ainsi se termine la lettre adressée par les lieutenants qui servaient sous ses ordres au frère du capitaine Flayelle, ce frère désespéré à qui l'affreuse nouvelle est parvenue quelques jours après l'enterrement de leur mère.

Combien enviable, cependant, aux yeux de tant d'autres, le sort de cette vieille mère que la mort, franchissant de tels espaces, réunit à son enfant l Combien préférable cette mort à ce que la vie impose à d'autres mères de soldats, au deuil effroyable de Mme de Châteauneuf-Raidon, dont le fils était le frère d'armes de Flayelle, capitaine au même bataillon de la légion et parti le même jour avec nous pour Madagascar; brave et charmant garçon qui, sur le pont du navire' en partance, prenait à tache de rassurer la famille de Flayelle, éplorée d'un horrible pressentiment: «Rassurez-vous, disait-il, je prendrai bien soin de lui s'il est malade ou blessé! » Il s'en est allé le premier, tordu par un accès de fièvre, sans que l'ami fût là pour lui fermer les yeux.

Et mon pauvre camarade, le lieutenant Rocheron, qui, après notre exploration chez les Sakalaves du Manambolo, s'est misérablement noyé à l'embouchure de de fleuve; alors que deux fois déjà, depuis mon retour, la nouvelle de sa mort, dans des rencontres avec les Sakalaves, avait été répandue et que, par deux fois, j'avais eu la mission bien douce de faire savoir à sa mère qu'il était encore vivant! Le voilà mort, lui aussi. Son corps a été retrouvé sur le rivage et enterré à Benjavilo, sous une petite croix d'ébène. Pauvre mère déchirée, dont il était toute la famille et l'unique appui, ce grand fils, tout jeune officier, plein d'avenir, sorti brillamment de Saint-Cyr et signalé déjà par d'éclatants faits d'armes Pauvre mère bretonne, abîmée dans.sa désolation, dont l'écho vient 4 chaque instant jusqu'ici me bouleverser sa dernière lettre annonçait un voyage à Paris, entrepris dans le seul espoir de m'entendre parler encore de son enfant. Pauvres mères de soldats l pauvres mères qui' survivent !

Vieilles mères au front saignant sous une» auréole de gloire, plus déchirante que la couronne du Christ, mais d'un non moins sublime symbolisme l'immolation des êtres d'élite qui versent leur jeune sang pour la sainte communauté nationale, comme celui du Sauveur a coulé sur l'Humanité tout entière.

Grosclaude.

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Le monde illustré du 25 juin 1898

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Nous sommes, Dieu merci! un peuple brave par essence et, quoi qu'en pensent MM. les intellectuels, ces eunuques du cœur, petit bonhomme vit encore.

Pour en être certain, il n'y a qu'à lire les admirables ordres du jour du général Galliéni et à songer à la mort héroïque du capitaine Flayelle et du lieutenant Montagnole.

J'extrais des citations à l'ordre, relatives à l'affaire où succombèrent ces deux enfants de France, six lignes seulement :

« GRISEUR, soldat de première classe, ordonnance de M. le capitaine Flayelle : « se trouvant en dehors de la ligne du feu est allé sous les balles ramasser le corps de son capitaine mortellement frappé, est revenu ensuite chercher le corps du lieutenant Montagnole, puis est retourné au feu. »

Relisez bien ces six lignes.

Vous presseriez toute l'oeuvre de tel romancier, tous les discours de tel rhéteur, qu'il n'en sortirait pas une phrase où il y ait autant d'honneur et de gloire que dans la moindre virgule de ces six lignes-là.

LIEUTENANT Z.

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Le 11 mars 1898 – L’attaque de Vohinghezo

AU FIL DES MOTS ET DE L'HISTOIRE

14 mars 2013

Le 11 mars 1898 - L’attaque de Vohinghezo dans EPHEMERIDE MILITAIRE le-capitaine-flayelle-150x150

L’attaque de Vohinghezo (Madagascar)

D’après « Les Hauts faits de l’armée coloniale, ses héros » – F. Bertout de Solières – 1912

Notre extension méthodique dans la province de Tulléar et dans l’ouest du cercle des Baras ayant été, à diverses reprises, entravée par les incursions à main armée d’une bande réfugiée dans le massif boisé du Vohinghezo, sis à l’est du confluent du Mongoka et du Malio, M. le capitaine Flayelle, commandant les troupes de la province de Tulléar, fut chargé de chasser cette bande de son repaire.

Il disposait, pour l’opération projetée :
- d’un détachement de la 1ère compagnie de la légion, sous les ordres de M. le lieutenant Montagnole ;
- de quelques hommes de la 11e compagnie du 13e régiment d’infanterie de marine ;
- d’une pièce de la 6e batterie de montagne (lieutenant Defert) ;
- d’un détachement de la 6e compagnie du 1er Malgaches ;
- d’un détachement de la 8e compagnie du 2e Malgaches (sous-lieutenant Garenne) ;
- d’un détachement de la milice de Tulléar (M. l’Inspecteur Charles) ;
- d’un détachement de la compagnie de Fianarantsoa (M. le garde Morel).

Ce groupe quitta le poste de Soaserana le 11 mars dans l’après-midi, passa le Malio, et, après un repos de quelques heures, se remit en route à onze heures du soir.

Voici le récit du combat, fait par un des survivants :

Un clair de lune suffisant permet de marcher assez vite dans une région inconnue. Bientôt, on a la certitude que les rebelles sont avertis. Leurs sentinelles fuient devant les éclaireurs et des feux s’allument dans la montagne en face. On arrive devant un bois qui paraît impénétrable tant l’obscurité est devenue profonde. Le capitaine veut attendre le jour pour attaquer, mais le lieutenant Montagnole s’est engagé au milieu des abatis avec deux éclaireurs.

C’est le signal d’une décharge générale et qu’on évalue à deux cents coups de fusils. Le capitaine lance alors les légionnaires sur les traces du lieutenant. Il traverse avec eux les abatis, mais il est difficile de pousser de l’avant car on ignore absolument le terrain. On ne voit que les coups de feu qui aveuglent et la fusillade, à bout portant, est tellement intense que les hommes n’entendent rien.

C’est alors que le lieutenant X., s’approchant dans les fourrés, crie : « En arrière ! ». Mais le capitaine, dans un geste superbe et de toutes ses forces : « Mais non ! Pas en arrière ! En avant ! ».

A ce moment, un coup de feu le frappe de deux balles, l’une au cœur, l’autre à l’abdomen, le capitaine tombe à la renverse !

Il dit à son ordonnance qui, quittant le convoi, s’était portée à ses côtés dès les premiers coups de feu : « Griseur, je suis mort ! ».

L’ordonnance s’est agenouillée près de lui : « Où ça ? »
« Au côté », répond le malheureux blessé.
« Attendez, je vais vous transporter en arrière pour vous faire panser. Ce n’est peut-être pas si grave que cela ».

Il appelle des légionnaires à l’aide et, à trois, ils le transportent à travers les abatis, malgré la demande du capitaine qui veut être laissé sur place. La colonne n’a pas de médecin. Deux infirmiers, aidés de Griseur, le pansent de leur mieux. Cela ne va pas sans quelque douleur.

« Vous me faites souffrir, dit-il, laissez-moi mourir ».

A l’ordonnance, qui parlait à voix basse : « Ne parlez pas à voix basse, ce n’est pas la peine, j’entends tout ce que vous dites ».

Au lieutenant Defert, qui vient lui demander comment il va : « Laissez-moi mourir ! » dit-il encore.

Blessé à cinq heures, le capitaine s’éteignait doucement à sept heures quarante, après trois ou quatre contractions de la bouche.

S’il avait peu parlé, il avait pu conserver sa pleine lucidité. Son regard était resté clair jusqu’au dernier moment. Les deux balles étaient mortelles : la première, entrée dans la région du cœur, restée dans la plaie et déterminant une hémorragie ; la seconde, perforant le foie et sortant par le dos. On avait (Griseur) apporté, vers cinq heures et demie, le corps du lieutenant Montagnole, déjà froid. Il avait reçu sept balles.

La bande mise en fuite, la colonne revint à Soaserana, d’où elle était partie et les deux officiers furent inhumés avec trois soldats tués dans le même combat.

Le général Galliéni décida, à la suite de cette affaire, que les postes d’Ankazoabo, Soaserana, Vorondreo et Manena, porteront les noms de poste Flayelle, poste Montagnole, poste Durlach, poste Ramanarany.

Une rue de Remiremont (Vosges) porte le nom du capitaine Flayelle.

Première sortie officielle des légionnaires nouvellement arrivés au camp du Larzac

Accueil Midi-Pyrénées

Par Michel Pech Publié le 17/03/2016


Une cérémonie militaire officielle s'est déroulée mercredi dans le village de la Cavalerie près du camp du Larzac. Étaient présents pour cette prise d'armes une partie des militaires de la légion étrangère déjà en poste sur le camp.

Première sortie officielle © Mathilde de Flamesnil    France 3

© Mathilde de Flamesnil France 3 - Première sortie officielle

Première sortie officielle pour la toute nouvelle unité de la légion étrangère sur le Larzac. Mercredi soir à la Cavalerie, 120 militaires ont été rassemblés devant les remparts de la cité templière pour la cérémonie de prise de commandement.
En pleine installation depuis janvier sur le camp du Larzac, cette 13ème demi-brigade retrouve donc le territoire national qu'elle avait quitté à sa création en 1940.

Un régiment interarmé voué à des missions diverses
Ces militaires peuvent être engagés en opérationsur le territoire national dans le cadre de la mission "sentinelle", dès cet  été.
Ils peuvent aussi, bien sur, être appellés à intervenir en opérations extérieures.
La légion étrangère devrait ici compter jusqu'à 1200 hommes. Elle sera au complet d'ici 2018.

Une présence militaire parfois critiquée
Cette augmentation des effectifs militaires dans le camp du larzac entraine une certaine inquiétude chez ceux qui pensent que ces militaires vont à l'avenir franchir un peu trop facilement les limites du camp; ceux-là craignent que le Larzac ne devienne un vaste espace d'entrainement.
D'autres, au contraire, trouvent bénéfiques cette présence. L'arrivée de ces centaines de militaires et de leur famille devraient en effet entrainer un renouveau économique dans toute la région.

Vidéo : le reportage de Mathilde de Flamesnil et Régis Dequeker

Camerone 2016

Ainsi va le monde !

jeudi 17 mars 2016

Ce sont le capitaine (ER) MILESIE et le major JORAND (ER) qui accompagneront le général GROSJEAN, porteur de la main du capitaine Danjou, le 30 avril prochain à Aubagne. Cet officier à titre étranger et ce sous-officier (2e compagnie du 2e REP) sont intervenus, le 4 février 1976 à Djibouti, lors de la prise d'otages de Loyada, qui a eu lieu la veille. 31 enfants, le conducteur, un appelé et une assistante sociale sont retenus par des rebelles somaliens dans un no man's land entre Djibouti et la Somalie. Bilan, deux fillettes tuées ainsi que les 7 preneurs d'otages, 5 enfants, l'assistante sociale, le conducteur et un chef de section sont blessés.
Derrière le porteur prendra place le sergent-chef Muno DA SILVA BRAGA (2e REP) qui, lui, représentera la Légion d'active.

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LES RAPATRIÉS

Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 081195

Pendant que la Chambre des députés occupe ses loisirs â entendre discourir l'éloquent M. Jaurès sur la grève de Carmaux et donne une fois encore des preuves manifestes ' de son intention de reléguer au second plan les plus sérieuses discussions, — l'interpellation sur Madagascar, par exemple, — le rapatriement, de nos troupes de guerre et de marine continue à s'effectuer dans des conditions déplorables.

Ces jours-ci, l'affrété Canton, venant de Majunga, entrait en rade d'Alger. Pendant la traversée il avait eu 64 décès, soit 31 de moins que le précédent affrété. Ce chiffre de 64 donne les plus sérieuses inquiétudes pour les rapatriements successifs qui vont avoir-lieu et partiront pour la France du 20 novembre au 10 décembre prochain.

Avec tous les pères de famille, nous ne cesserons de répéter que l'administration militaire fait preuve d'une bien fâcheuse incurie en ne prenant pas plus de soins des vaillants soldats qui dans la grande île africaine, au prix de tant d'efforts, ont assuré le succès de nos armes. Il est incontestable, en effet, pour tout esprit réfléchi, qu'avec un peu de prévoyance et d'intelligente sollicitude, une grande partie de ces décès eût été évitée.

Nous ne saurions trop engager le nouveau Ministre de la Guerre à donner des ordres rigoureux pour que les prochains transports de rapatriement se fassent dans des conditions moins mauvaises. De toute nécessité, il faut diminuer le nombre des convalescents qui sont embarqués sur les paquebots et ne plus mettre mille hommes, parmi lesquels trois cents alités sur un navire où ne tiendraient peut-être pas à l'aise cinquante passagers ordinaires...

Avons-nous tort de faire appel aux sentiments d'humanité de M. le Ministre de la Guerre ? Nous ne le croyons pas, et avons même la conviction que cet honorable membre du gouvernement comprendra que l'unanimité des Français a les yeux tournés vers Madagascar, que les pères et mères de famille ne songent qu'à leurs enfants et que seule une infime minorité de politiciens s'intéresse aux discussions plus ou moins stériles qui ont lieu actuellement à la Chambre.

M. F,

La filiation des Régiments étrangers...

Difficile de rendre synthétique et simple la représentation de la filiation des régiments étrangers

Mais intéressons nous à ce premier siècle

Et plus particulièrement à la période 1841 - 1905

Pour simplifier...

Les régiments de Marche de la Légion étrangère

Le Livre d'Or de la Légion étrangère n'en parle pas dans ses pages... sauf dans le chapitre : Les chefs de corps de la Légion, avec plus ou moins d'exactitude...

 


 

AFFECTATION DES OFFICIERS D’INFANTERIE RAPATRIÉS DE MADAGASCAR.

– Par décision ministérielle insérée au Journal officiel le 28 décembre, les officiers d’infanterie du corps expéditionnaire dont les noms suivent seront placés, à dater du 1er janvier 1896, à la suite des corps de troupe ci-après indiqués, auxquels ils appartenaient avant la campagne, savoir :

Régiment d’Algérie (1er bataillon) :

Les capitaines : MM. Devaux, Perret, Courtois, Mure, au 1er rég. étrang. ; Bulot, Sardi (titre étranger), Brundsaux, Farail, au 2e rég. étrang.

Les lieutenants : MM. Écochard, Beynet (titre étranger), Ayné, Rouanet (titre étranger), Gueilhers, Grégory, Dufoulon, au 1er rég. étrang. ; Burchard, Simon, Motte, Jolivet (titre étranger), Martin, au 2e rég. étranger.

Le Colonel Oudri, nommé général de brigade le 30 mars 1896, ne tarde pas à rentrer en action pour mettre fin à des mouvements insurrectionnels dans le sud-est de l’île. Il est félicité par la voie de l’ordre général du 7 mai 1896, « pour la fermeté, la modération et la sagesse avec lesquelles il a conduit les opérations contre le mouvement insurrectionnel du sud-est d’avril dernier qui, après avoir coûté la vie à Manarintsoa, à trois de nos compatriotes, menaçait de prendre assez d’extension pour inquiéter nos communications et arrêter l’expansion coloniale. Par sa fermeté, M. le général Oudri a chassé les bandes armées et fait rentrer dans le devoir les habitants égarés. » Il quitte à son tour Madagascar le 19 juillet et revient en France le 9 août.
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En juillet 1896, Gallieni soigne ses fièvres dans la petite station de Siradan, lorsque le ministre des colonies, André Lebon, le supplie d’interrompre son congé pour sauver Madagascar, occupé depuis un an à peine par les hommes du général Duchesne. Voici le récit du ministre lui-même :

«Si vous refusez d’aller pacifier notre grande colonie africaine, elle est perdue pour nous.

— J’y vais, décide le colonel.

— « Général », lui annonce le ministre, vous réunirez en vos mains tous les pouvoirs civils et militaires. Quelles troupes voulez-vous amener en sus du corps d’occupation ?

Je ne demande qu’un bataillon de la Légion, afin de finir proprement s’il fallait succomber là-bas.»

 

Le monde illustré

2 juillet 1898

Mercredi a eu lieu dans la cour des Invalides la remise du drapeau du régiment d'Algérie au Musée de l'armée. C'était en quelque sorte, sinon l'inauguration, qui a déjà eu lieu, du moins la consécration officielle de l'existence du Musée.

Les titres d'honneur du régiment d'Algérie sont dans toutes les mémoires françaises. On sait qu'il comprenait trois bataillons: le premier, formé par parties égales au moyen d'éléments empruntés au 1er et au 2e régiment de la légion étrangère; le second, formé de même par les 1er et 2e tirailleurs; le 3e, tiré tout entier du 3e tirailleurs.

Composé d'hommes faits et de soldats éprouvés, le régiment d'Algérie ne tarda pas à apparaître dans une évidente supériorité militaire par rapport aux jeunes troupes de la colonne expéditionnaire; il marchait à l'avant-garde de la colonne volante et figurait le premier devant Tananarive.

Ces éminents services, dit notre confrère du Temp, ont été rappelés en quelques mots par le général de division Chicoyneau de la Valette, qui commandait l'ensemble des troupes réunies dans la cour d'honneur des Invalides.

Le drapeau apporté d'Algérie par une délégation spéciale de deux officiers et de deux sous-officiers avait été déposé, pour la nuit, dans l'hôtel du ministre de la guerre; ce malin, le général de Torcy, chef du cabinet, le remettait de nouveau à l'officier porte-étendard et
marchait lui-même devant l'escorte qui prenait, musique en tête, le chemin de l'hôtel des Invalides.

Les drapeaux des corps de troupe de la garnison avaient été rassemblés dans la cour d'honneur, sur la ligne qui va du portail à la statue de l'empereur; ils faisaient face au Musée de l'armée; les colonels, ainsi qu'un officier de chaque régiment, se tenaient à cheval derrière la ligne des drapeaux. Les soldats invalides, le dos tourné au Musée de l'armée, complétaient ce dispositif.

Après la sonnerie au drapeau et la présentation des armes, après les paroles prononcées par le général de la Valette, le drapeau a passé des mains du général de Torcy, représentant du ministre de la guerre, aux mains du général Arnoux, gouverneur de l'Hôtel des Invalides.

Un défilé en musique, contrarié un peu par les échos de la vieille cour, a fait passer devant lui les troupes d'escorte et s'incliner l'un après l'autre les drapeaux emportés dans ce défilé solennel. Les invalides formant alors la haie, le drapeau entre au Musée de l'armée, où le conservateur, l'adjoint du génie Amman, le place aussitôt dans la grande salle du rez-de-chaussée, vis-à-vis d'un drapeau du premier Empire, celui des grenadiers à pied de la garde royale (garde italienne).

Ce n'est là que sa place provisoire; le drapeau d'Algérie figurera plus tard dans la salle des Campagnes, laquelle rattachera les souvenirs de l'Empire à ceux de nos récentes expéditions coloniales, en passant par les campagnes d'Algérie, de Crimée, d'Italie, de Chine et par les tristes épisodes de 1870. Cette salle, presque entièrement organisée, n'attend que quelques inscriptions pour être ouverte définitivement au public.

Nous aurons ensuite, dans la salle Louvois, l'installation d'une galerie relative à l'histoire des régiments d'infanterie; la salle d'Hautpoul deviendra la salle de cavalerie: l'artillerie, le génie et les différents services techniques occuperont la salle de la Tour d'Auvergne; enfin, la salle d'Assas contiendra les souvenirs des anciennes gardes et des corps d'élite.

En attendant la fin de ces arrangements, ce n'est pas un acte dépourvu de sens, croyons-nous, que celui par lequel le jeune étendard du régiment d'Algérie vient séjourner dans la salle de l'Empire et s'y frotter de vieille gloire; il indique que rien n'est rompu de nos belles traditions conquérantes et qu'il y a seulement déplacement vers les entreprises coloniales de cet esprit guerrier auquel les guerres d'Europe offraient jadis un si large emploi.

Le régiment d'Algérie peut difficilement être considéré comme un régiment de Marche de la Légion étrangère.

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Régiment de Marche de la Légion étrangère

Le Progrès de Bel-Abbès du 21 mars 1900.

CHRONIQUE LOCALE

Pour Madagascar

C'est irrévocablement demain, jeudi, à 9 heures 1/4. que nos braves légionnaires quitteront Bel-Abbès, par train spécial, pour s'embarquer à Oran, à bord de l'Urugay, à destination de Diégo-Suarez.

Nous croyons être agréable à nos lecteurs en donnant ci-après, la composition exacte du bataillon partant:

MM. Hoerter, chef de bataillon ; Audan, capitaine adjudant-major ; Boutmy, lieutenant, officier d'approvisionnement ; l'Hérault, lieutenant, officier des détails ; Cultin et Hotchkis, médecins-major de 2e classe.

13e compagnie. — MM. Bourdieu, capitaine; Guinard, Yonett et Selchauhansen, lieutenants ; Massart, adjudant et Heyberger, sergent-major.

14e compagnie. — MM. Guilleminot, capitaine ; Beynet, Dauzel d'Aumont et Landais, lieutenants ; Lavenu, adjudant et Gangel, sergent-major.

15e compagnie.— MM. Solmon, capitaine ; Real, de Metz et Ducimetière Alias Monod. lieutenants ; Heymann, adjudant et Bernanos, sergent-major.

16e compagnie. — MM. Canton, capitaine; De Marquessac. Bablon lieutenants ; Duboy, sous-lieutenant ; Levesque, adjudant et Leygrisse, sergent-major.

Ajoutons que M. le Lieutenant-Colonel Cussac, récemment promu au 1er Etranger, nous quitte également, et prendra à Oran, où ils doivent se réunir, le commandement des deux bataillons du 1er et 2e Étranger détachés à Madagascar.

A tous, officiers et soldats, nous souhaitons un excellent voyage et un prompt retour parmi nous.

 

CHRONIQUE LOCALE

Le départ des légionnaires

Comme nous l'avions annoncé, le départ du bataillon de la Légion pour Madagascar a eu lieu jeudi dernier.
-Dès 8 1/2, après le salut au drapeau dans la cour du quartier, le bataillon quitte la caserne, précédé d'un escadron de spahis suivi par la musique de la Légion : viennent ensuite M. le Lieutenant-colonel Cussac, son état major, les compagnies partantes, les légionnaires restants en garnison, M. le Colonel Billet, l'état-major et le 2° Régiment de Spahis.
Sur tout le parcours que devait effectuer nos braves légionnaires, se trouvait massée la population, désireuse de manifester une fois de plus sa sympathie à l'égard des magnifiques régiments qui composent la garnison.
Sur les quais de la gare se trouvaient réunies les autorités civiles et militaires, de nombreux officiers, les membres de la presse, etc.
Les dames de France, ayant à leur tête leur dévouée présidente Mme Peret, ont distribué aux militaires partants des cigares et des cigarettes. De magnifiques bouquets ont été offerts aux officiers.

A 9 h. 1/4, le train spécial comprenant 36 voitures s'ébranlait au milieu des acclamations des assistants, tandis que la musique jouait la marche du régiment.
Après avoir fait séjour à Oran, le bataillon s'embarquera demain, dimanche, sur le transport Urugay, directement pour Madagascar.
Nos meilleurs vœux les accompagnent.


Le Progrès de Bel-Abbès du 31/03/1900

Départ des Légionnaires pour Madagascar.

Au moment de mettre sous presse nous recevons un télégramme d'Oran nous informant que le bataillon de la Légion, qui attendait depuis huit jours dans cette ville un ordre de départ, s'embarquera ce soir, sur l'Uruguay à destination de Diego Suarez.
I! est permis. — comme on l'a fait d'ailleurs à défaut de renseignements précis. — d'établir un rapprochement entre cet ordre de départ, et la nouvelle parvenue hier, du succès de la colonne militaire opérant vers Igli.
Quoiqu'il en soit, contentons-nous de renouveler à nos légionnaires nos souhaits de bonne santé, et bon retour.

 

Le Progrès de Bel-Abbès du 28 avril 1900.

La Légion à Madagascar

On nous communique un télégramme annonçant que le bataillon du 1er Etranger qui a quitté notre ville le 22 mars dernier, est arrivé à Diego-Suarez, le 19 avril.
L'état sanitaire du bataillon est excellent, nos braves légionnaires n'ont point été trop éprouvés- par la traversée qu'ils viennent d'effectuer.

 

Le Progrès de Bel-Abbès du 02/05/1900

Échos et Nouvelles

Le canal de Suez a été le théâtre d'un incident. Sur l'Urugay, paquebot affrété par le gouvernement français, pour transporter des troupes et du matériel de guerre à Madagascar, se trouvait un détachement de la Légion étrangère.

Une soixantaine d'hommes profitèrent du passage dans le canal pour se laisser glisser la nuit le long des bordages des navires et rejoindre la berge. Mais les autorités Égyptiennes, prévenues de l'évasion, les firent arrêter par les gardes-côtes, avant qu'ils aient eu le temps de gagner l'intérieur de l’Égypte. Seulement ces hommes, dont 38 Allemands, 5 Italiens, 2 Autrichiens, 2 Belges et le reste de diverses nationalités, se réclamèrent de leurs consulats respectifs auxquels ils furent remis.
« Ce n'est pas la première fois, ajoute le Sémaphore de Marseille, à qui nous empruntons ces renseignements, que de pareils faits se produisent en raison de la facilité qu'offre, pour une évasion, ce passage dans le canal, une surveillance très active devrait être faite, surtout quand il s'agit de troupes contenant des éléments aussi disparates, réunis autour d'un drapeau qui n'est pas le leur, par le faible lien d'un engagement volontaire.»
CHRONIQUE LOCALE
Pour Madagascar

Une dépêche officielle du Ministère de la Guerre parvenue hier à Oran fait connaître que l'embarquement des effectifs du 2e Étranger devant se rendre à Madagascar aura lieu le 12 courant à bord du Britannia.
Ce paquebot arrivera de Marseille dans ce port le 10 courant; il embarquera 1,000 hommes, 20 officiers, 45 sous-officiers, 170 tonnes d'orge et 21 tonnes de matériel de guerre.

 

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 02/05/1900

CABLOGUAMMES DE PARIS

(Agence Havas)
Paris, 28 avril, 6 h. 40 soir.
Le paquebot Vasconia a quitté Marseillé, à destination de Tamatave, avec des munitions et du matériel de guerre. Il prendra à Tunis un bataillon de légion.

 

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 18/07/1900

ORDRE GÉNÉRAL 325

Le Général commandant en chef le Corps d’occupation et Gouverneur Général P.I., de Madagascar porte à la connaissance des troupes du Corps d'occupation que, par décret en date du 20 avril 1900, le conseil de guerre de Tamatave, créé par décret du 27 février 1899, est supprimé et qu'il est établi à Diego Suarez un conseil de guerre permanent.

La composition du conseil de guerre de Diego-Suarez sera la suivante:
MM. Cussac, lieutenant-colonel de la légion étrangère, président,
Gillet, chef de bataillon d'infanterie de marine,
Cherny, capitaine d'artillerie de marine,
Guinard, lieutenant de la légion étrangère,
Randon, adjudant d'artillerie de marine,
juges
Cresp, capitaine de la légion étrangère,
commissaire-rapporteur,
Richard, adjudant de la légion étrangère,
greffier.

Les membres de ce conseil prendront leurs fonctions à compter du 1er juillet 1900.
Fait à Tananarive,le 28 Juin 1900. PENNEQUIN.

 

Le Progrès de Bel-Abbès du 22/08/1900

LETTRE DE MADAGASCAR

Le 19 Juin 1900

MONSIEUR LE DIRECTEUR,

Malgré les entraves apportées par nos conservateurs, le bataillon du 1er Étranger qui, depuis le mois de décembre dernier devait être dirigé sur Dégourdissage est enfin arrivé à destination. Cela ne fut pas sans peine, car si jamais un bataillon fût berné, ce fut bien- celui-là. Si encore les motifs invoqués pour justifier les retards apportés dans l'envoi immédiat du dit bataillon étaient reconnus fondés, il n'y aurait qu'à louer l'Autorité de ses prévenances, mais il n'en est rien, car nos braves militaires ont pu constater à leur arrivée à Diégo-Suarez et dans les postes limitrophes, que les charmants baraquements que l'on avait (soi-disant) préparés, n'étaient en partie qu'ébauchés dans les bureaux du "Génie constructeur ". Les tonnes de matériaux destinées à la construction de ces cases étaient en partie sur les quais, voir même non débarquées. Voilà où en étaient les travaux lors dé l'arrivée du bataillon à Madagascar.

Aux désillusions produites par ces constatations amères, avait précédé un contre-temps non moins fâcheux, le fameux séjour au Camp du Ravin Blanc à Oran, où arrivé lé 22 mars avec l'idée bien arrêtée d'embarquer le 25 du dit, il reçut quelques heures avant le moment fixé pour le départ, l'ordre de surseoir à tout mouvement.

Ce fût une déception générale qui ne laissait entrevoir à nos troupiers que la probabilité d'être dirigés sur Igli, voyage qui n'était pas du tout en harmonie avec les projets élaborés jusque-là, par la majeure partie des postulants pour la grande île africaine. Enfin, le 1er avril (jour choisi sans doute), le commandement résolut de leur faire continuer leur route, et le 20 dû même mois après une traversée aussi belle que rapide, ils arrivaient devant Diégo-Suarez. Le même jour deux compagnies débarquaient à Antsirane et prenaient possession des casernements mis à leur disposition. Le lendemain 21, les deux autres compagnies débarquaient à leur tour et rejoignaient leurs postes respectifs, la 15e compagnie, au Sakaramy, poste intermédiaire entre Antsirane et la Montagne d'Ambre, la 16e compagnie allait s'installer à Oranjéa, poste situé au nord de l'île et qui commande la passe de la baie de Diégo-Suarez. Le 25 mai, cette dernière compagnie quittait ce poste pour rallier Antsirane où elle restait jusqu'au 12 juin.

Nous croyons devoir entretenir un instant nos lecteurs du genre d'exercice que faisait nos légionnaires à leur arrivée dans la Colonie et cela dans le but de les acclimater sans doute.

Aussitôt arrivés, les légionnaires durent se transformer : 1er en conducteurs de plates formes Decauville système de locomotion en usage à Madagascar pour le transport des matériaux dans les différents chantiers où l'on construit des baraquements, (la mise en mouvement de ces voitures se fait à l'aide de mulets) ; 2e en serres-freins, auxiliaires indispensables au bon fonctionnement des voitures ci-dessus précitées ; 3e en hommes de peine de foutes catégories ; 4e en charpentiers, charrons, mécaniciens, ajusteurs, dessinateurs, secrétaires, etc.

Le travail commençait à 5h. 1/2 du matin et se terminait vers 9h. 1/2 ou 10 heurs, le soir de 2h. 1/2 à 5h. 1/2 ou 6 heures. Bon nombre d'hommes étaient assujettis à travailler dans l'eau jusqu'aux aisselles pendant toute la durée du travail. C'est à ce moment seulement que les constructions entrèrent dans la période active ; la Légion fournissait en moyenne 300 travailleurs par jour pendant le premier mois qui suivit notre arrivée. Aussi, il y a aujourd'hui à Antsirane: environ 12 cases, pouvant loger 70 hommes chacune, qui sont complètement terminées, à cela ajoutez tout le matériel nécessaire au montage de 36 cases qui doivent être construites au camp de la montagne d'ambre, cela vous donnera une idée du travail exécuté en majeure partie par nos mauvaises têtes.

Le 2e Etranger venant d'arriver (arrivé le 5 juin par le « Britania » ) va également prendre part à ce genre d'exercice et soulagera un peu ses camarades du 1er qui ne demandent qu'à être aidés.

Par suite de la nouvelle organisation de ces 2 bataillons, en un seul Régiment, le bataillon du 1er Étranger prend le titre suivant : Régiment de marche de la Légion étrangère ; le bataillon du 1er Régiment devient 1er bataillon et celui du 2e Étranger, 2e bataillon;

Les Compagnies du 1er bataillon sont numérotées de 1 à 4 et celles du 2e bataillon, de 5 à 8 inclus.

De ce fait nous avons : 1re compagnie, capitaine Bourdieu ; 2e compagnie, capitaine Guilleminot ; 3e compagnie, capitaine Sotmon ; 4e compagnie, capitaine Canton.

Depuis le 13 juin une fraction de la 4e compagnie occupe le poste de Mahatsinjoafivo, une autre fraction est actuellement au Sakaramy et une 3e fraction est encore à Antsirane. On compte que vers la fin du mois elles se rendront au camp de la montagne d'Ambre où M. le Lieutenant-Colonel Cussac est installé depuis bientôt 15 jours.

Avec les troupes qui doivent incessamment se rendre à Diégo-Suarez, cela portera les effectifs dé la garnison à 5000 hommes de troupe. Il faut cela pour donner un peu d'importance à Diego, car c'est réellement une toute petite ville qui ne compte guère que des militaires et des fonctionnaires. Peut-être que le nombre assez important de troupes qui s'y trouveront réunies d'ici un mois amènera le commerce qui manque totalement, à cette ville.

 

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 17/10/1900

 

EXTRAITS

Par arrêtés du 1er octobre,

M. le lieutenant de Marquessac, de la 4e compagnie du régiment de marche étranger, est nommé commandant du secteur des Zanndrianambo [district d'Andovoranto], en remplacement de M. le capitaine hors-cadres Haillot, rapatrié.

Par arrêtés du 5 octobre,

M. Bosson, caporal de la légion étrangère, mis en congé renouvelable par l'autorité militaire est nommé commis auxiliaire des postes aux appointements de 2400 par an, pour compter du 23 septembre 1900, et affecté au bureau de Mahanoro.

A la date du 31 août 1900,

M.le Ministre de la Guerre fait connaître que le soldat Lobreaux, du bataillon étranger, est inscrit d'office au tableau de concours pour la médaille militaire, pour sa brillante conduite à l'attaque de Masindra et à l'assaut des villages rebelles antandroy de Vohitra.

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 26/06/1901

NOMINATIONS, MUTATIONS, TABLEAU D'AVANCEMENT

ARMÉE

Promotions

Par décret en date du 16 mai 1901, a été nommé
Au grade de chef de bataillon [choix] : M. Solmon, capitaine d'infanterie hors cadres (bataillon étranger de Madagascar).

 

Visite du Général commandant en chef du Corps d'occupation et Gouverneur Général de Madagascar dans la région de Diego-Suarez

Dans l'après-midi du 9, le Général et les officiers qui l'accompagnaient ont visité les travaux d'une route que construit en ce moment le lieutenant Landais, du bataillon étranger de Diego-Suarez. Cette route, partant du camp d'Ambre, pénètre dans le massif forestier et sera dirigée, plus tard, dès qu'elle aura atteint le versant sud, d'une part, sur Vohemar, de l'autre sur le cercle de la Grande-Terre. Elle permettra le ravitaillement facile des troupes de Diego-Suarez et présentera aussi cet avantage considérable de constituer une excellente voie commerciale entre le port de Diego et les régions fertiles et peuplées du sud. On sait combien est difficile actuellement la circulation sur les chemins qui suivent le littoral et se dirigent, soit sur la Grande-Terre, soit sur Vohemar.

C'est cette voie que le lieutenant Landais a été chargé de construire,à partir du camp d'Ambre.

Les travaux, commencés le 24 octobre dernier, ont permis d'établir déjà, à ce jour, 17 kilomètres de piste muletière. Enfin, pour faire apprécier la salubrité de la montagne, on ne saurait trop mettre en lumière que les travaux sont complémentent exécutés par des soldats européen du bataillon étranger, dont l'effectif a varié, aux différentes périodes, de 60 à 110 hommes. A part une interruption motivée par la saison des pluies, du 24 mars au 14 mai, les travaux se sont poursuivis sans interruption et l'état sanitaire des hommes n'a cessé d'être  excellent. Il faut signaler aussi qu'en aucun point, les pentes de la route ne dépassent 8%, que le tracé permettra la transformation ultérieure en route praticable aux voitures légères et qu'enfin, on n'a pas eu, jusqu'à présent, a effectuer de traversées de cours d'eau ou de ravins nécessitant la construction de ponts ou d'ouvrages d'art.

Le Général a aussi visité au camp d'Ambre les potagers militaires des troupes d'infanterie coloniale et de la légion étrangère, qui sont tous deux fort bien tenus. Celui du bataillon étranger, établi dans la partie élargie d'un ravin situé à l'ouest du camp et sur une superficie de 3 hectares environ, a été fort intelligemment installé par M. le capitaine Martin. Il n'a cessé de donner les meilleurs résultats depuis sa création, et a permis, par des fournitures journalières de légumes, d'améliorer considérablement les ordinaires de la troupe, Le jardin est pourvu d'une canalisation d'eau qui permet d'en irriguer toutes les parties et d'y faire pousser indistinctement tous les légumes d'Europe.

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 03/07/1901

AG 2016 de l'AALE de Puyloubier.


La Newsletter 16/09 de l'AALEME

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La Newsletter 16/09 de l'AALEME

Respectueuse du souvenir des 535 soldats Français morts après ce « cessez-le-feu »


Un peu d'histoire...

La lettre d'Un survivant du combat de Camerone, parle de la 3e compagnie du 2e étranger qui s'est illustrée au combat de Camerone.

Pourquoi ?

Par mesure d'économie, le 1er régiment étranger fut licencié le 14 décembre 1861, et le 2e prit le nom de "Régiment étranger". Le 18 janvier 1863, deux de ces bataillons furent désignés pour faire partie du Corps expéditionnaire du Mexique ; au commencement de l'année suivante, ils y furent rejoints par les autres unités. Au cours de la campagne, le nombre des bataillons du régiment étranger fut porté à 8 ; au retour en France, en 1867, il fut ramené à 3, puis de nouveau porté à 4 au cours de l'année 1867.

Source :

Larousse mensuel illustré N° 87 mai 1914

Noël au Maroc - 1913

Le Petit Journal Illustré. 28/12/1913.

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Ce qui est en ligne depuis la dernière Newsletter...

LE BOURGMESTRE LÉGIONNAIRE

M. Paul Tromel, bourgmestre d'Usedom, soldat de 2e classe à la légion (2e rég. étranger).

Le cas de ce bourgmestre allemand qui, il y a quelques semaines, s'engagea dans notre légion étrangère, a déjà fait couler beaucoup d'encre. Les journaux quotidiens ont raconté comment M. Paul Tromel, bourgmestre d'Usedom, après avoir assisté, le 28 mars dernier, à une séance du conseil d'arrondissement de Swinemunde, se rendit à Berlin, d'où il écrivit à son adjoint d'Usedom de vouloir bien se charger des affaires courantes. Puis, il quitta l'Allemagne et l'on perdit sa trace jusqu'au jour où l'on apprit que, sous le nom de Funze, M. Tromel avait contracté un engagement dans la légion étrangère. Là-dessus, les feuilles allemandes ne manquèrent point cette occasion de renouveler leurs coutumières attaques contre notre légion, et le cas de M. Tromel donna lieu aux plus fantaisistes versions.

On affirmait, notamment, que le bourgmestre d'Usedom avait été «racolé» à Paris et dirigé sur la légion en même temps qu'un autre Allemand originaire de Tilsitt. Celui-ci se serait évadé à Marseille, mais Tromel n'aurait pas osé suivre cet exemple. Cependant, il aurait prié le déserteur d'agir pour lui en Allemagne. Et là-dessus, toute la presse pangermaniste de mener grand train.

Or, il est résulté des premières informations précises reçues de Saïda, où tient actuellement garnison le soldat de 2e classe du 2e étranger Paul Tromel, que ce dernier, non seulement s'était engagé à la légion dans toute la lucidité de son esprit, mais encore qu'il assurait s'y trouver parfaitement bien et ne demandait qu'à continuer la vie qu'il s'y était faite. Ce qui était confirmé par une déclaration écrite dudit Paul Tromel, déclaration datée du 16 mai dernier, et dont nous reproduisons plus bas le fac-similé. Enfin, ces derniers jours, les journaux allemands voulaient bien annoncer eux-mêmes que l'adjoint d'Usedom venait de recevoir de Tromel une carte postale illustrée portant ces mots:

«Je vous adresse en signe de vie mes salutations. Je supporte très bien le service. Je pense souvent à vous. Mille choses pour vous et votre famille. De votre: Paul Tromel.

Donc, il apparaît bien que l'incident est clos. Le nom du bourgmestre d'Usedom allonge simplement la liste de ceux de ses compatriotes qui ont voulu, comme lui, changer leur destinée et vivre, dans notre légion, la vie militaire française, dont, apparemment, on ne leur avait point dit que du mal.

Autographe de la déclaration écrite et signée, à Saïda, le 16 mai dernier, par M. Paul Tromel.


Un légionnaire libéré

Vendredi, 11 Mars 2016 04:20

Le Figaro 26 novembre 1913

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NOTRE ACTION AU MAROC

 

Un légionnaire lit les prières funèbres devant les cercueils des morts de Nekhila.--Phot. Georges Ancelm.

Les dépêches fréquemment publiées par les quotidiens, en ces derniers temps, ont donné l'impression qu'il se produisait, au Maroc, une recrudescence d'activité guerrière. Et, en effet, les soldats qui ont charge d'assurer la tranquillité à ceux qui veulent poursuivre une besogne pacifique ont eu, avec les tribus turbulentes, la tâche rude. Nous nous sommes appliqués à résumer ici les diverses phases des opérations qui leur ont été confiées.

DANS LA RÉGION DE LA MOULOUYA

Le travail de jonction de l'Algérie au Maroc par Taza se poursuivait lentement et sans bruit depuis quelques mois, d'après la méthode favorite du général Lyautey, --la fameuse méthode de la «tache d'huile». Selon l'expression imagée de M. Ladreit de La Charrière, on sapait doucement la falaise de part et d'autre, à l'occident et à l'orient, jusqu'à ce qu'elle fût prête à tomber. Quelques craquements du côté de la Moulouya viennent de révéler cette prudente besogne. Tandis que, par l'ouest, le général Gouraud, aussi sagace négociateur, quand il convient, qu'il se montre, en d'autres circonstances, prestigieux entraîneur d'hommes, installait sans incident, sans avoir tiré un seul coup de fusil, un poste à Souk el Arba de Tissa, chez les Hya'ma, les choses, au contraire, se sont passées moins doucement dans la région de la Moulouya.

Au commencement de février, progressant de quelques kilomètres, une partie des troupes composant la garnison de Taourirt s'établissaient à Merada constituées en «groupe mobile» sous les ordres du général Girardot, avec la mission, précisée par le général Alix, commandant le Maroc oriental, de maintenir et de consolider les résultats acquis au cours des opérations de mai et juin 1912--dont nous avons rendu compte en leur temps--de s'avancer autant que possible sur la rive gauche de la Moulouya, afin de préparer une marche éventuelle sur la casbah M'Soun, étape importante de la pénétration vers Taza, qui ne s'accomplira que l'heure bien sonnée, enfin de protéger les travaux du chemin de fer à voie étroite qui gagne peu à peu vers Guercif (la première locomotive est arrivée au milieu du mois dernier à Taourirt).

Sitôt installé à Merada, le groupe mobile se mit à l'oeuvre, rayonnant incessamment dans la plaine de Tafrata, repassant par tous les points qui furent, l'an dernier, le théâtre de pénibles combats. Grâce à l'appoint en hommes que fournirent les garnisons de Debdou et de Guercif, des postes furent mis à l'oued Cefla, à Sidi Yousef, à Maharidja et Safsafat. Entre temps, on reconnaissait la plaine de Djel, parcourant les territoires des Haouara et des Beni bou Yahi, et on atteignait, comme M. Etienne le pouvait déclarer à la Chambre, les environs de la casbah M'Soun, sans avoir tiré un coup de feu.

Le 9 avril, confiant en cette tranquillité, le général Girardot, avec son groupe, partait pour aller établir un poste nouveau à Nekhila, sur l'oued Bou Redim, affluent de la Moulouya, au pied du massif du Guilliz, l'un des premiers contreforts de la chaîne du Rif. La route fut calme. Mais à peine arrivait-on au camp, vers une heure de l'après-midi, qu'une attaque se produisit. Une fusillade éclata sur les crêtes montagneuses du Zag, au nord. On était engagé, et il fallut se battre pendant cinq heures pour repousser l'ennemi, qui laissa dix morts sur le terrain. Nous avions seulement six blessés.

On n'eut qu'un court répit: à 9 heures du soir, les Béni bou Yahi, auxquels on avait affaire, livraient un nouvel assaut plus furieux. Ils arrivaient presque aux tranchées: un tirailleur, Saïd Sahar, fut tué à bout portant. Le combat, violent, mouvementé, ne prit fin qu'à une heure du matin.

Nos troupes avaient à peine eu le temps de souffler un peu et de se remettre de ces alertes, quand, dans l'après-midi du 10, vers 2 heures, des coups de feu, de nouveau, partirent d'une crête. Le capitaine Doreau, à la tête d'un détachement de la 2e compagnie du 1er étranger, fut envoyé pour occuper cette position. Les Béni bou Yahi lentement reculèrent vers le Guilliz, poursuivis par les légionnaires. Mais cette retraite cachait une embuscade.

Tout à coup, la petite troupe se vit entourée, cernée de toutes parts, accablée par une horde sept à huit fois supérieure en nombre. Le capitaine Doreau, en vain, voulut ramener ses hommes; c'était bien tard, et le cercle se resserrait.

Dès le premier moment, le lieutenant Grosjean, qui transmettait l'ordre du capitaine, était frappé d'une balle sous l'omoplate. Le feu des nôtres ne parvint pas à arrêter l'élan de l'ennemi, qui continuait à progresser. Alors, le capitaine donna l'ordre suprême: «En avant! à la baïonnette!» Ce fut sa dernière parole: une balle en pleine tête le foudroyait.

Carte de la région voisine de la Moulouya où opèrent nos troupes du Maroc oriental.
Sur les rives de la Moulouya: au premier plan, ruines de la casbah de Merada; au centre, les montagnes du Guilliz, et, tout à l'arrière-plan, le moyen Atlas.--Phot. Georges Ancelm.
NOS PROGRÈS DANS LE MAROC ORIENTAL.--Sur les bords de l'oued Mellélou, à Safsafat, notre poste le plus avancé dans la direction de Taza, au sud de la casbah M'Soun.-- Phot. du lieut. Durdilly.
Colonel Mangin. Devant la casbah de Mechra en Nefad en feu: le colonel Mangin, son état-major et, à côté de son fanion, le fanion de ralliement abandonné par Moha ou Saïd.
A LA CONQUÊTE DE L'ATLAS MAROCAIN.--La casbah Tadla sur l'oued Oum er Rbia. Vue prise le 7 avril, jour où le colonel Mangin, ayant bousculé la harka de Moha ou Saïd, se jeta rapidement sur le seul pont permettant sa fuite. Phot. du lieut. Bourgoin.
Carte des régions du Maroc occidental où opèrent les colonnes Mangin et Henrys.

Bientôt se produisait un corps à corps épique. Les cadavres, des deux côtés jonchaient le sol.

«La retraite est forcée, écrit un des acteurs de ce combat farouche. Le lieutenant Grosjean, qui, bien que blessé, se traînant, assume le commandement, l'a ordonnée lui-même. Les Béni bou Yahi, ivres de sang et de carnage, se précipitent, armés de formidables poignards. Les poitrines halètent. On entend le ronronnement des balles de gros calibre, mêlé aux sifflements des projectiles Lebel. Avec des cris démoniaques, les Marocains essaient d'achever les blessés, s'acharnent même sur les morts. Le corps du capitaine Doreau est frappé de trois coups dans la poitrine; le caporal Schwartz, inerte, a la tête tranchée, que dis-je? hachée! Le lieutenant Grosjean essaie de se relever, mais ses forces le trahissent, et, dans un cri, il retombe épuisé: «A moi, la Légion!»

«Cet appel du chef a été entendu. Les légionnaires qui se repliaient font volte-face et foncent sur l'ennemi, baïonnette au canon. Le fer rougi de sang défonce les poitrines. C'est un spectacle poignant que celui de cette poignée d'hommes disciplinés, et vaillante plus qu'on ne saurait le dire, se frayant un passage au milieu de cette tourbe hurlante et grimaçante. Ils arrivent auprès de leur lieutenant, le saisissent à bras le corps, le relèvent, l'emportent, glorieux otage. Une pluie de balles s'abat sur eux. Le sergent Panter, qui soutient le lieutenant Grosjean, a le pouce enlevé. Le lieutenant lui-même a la main droite traversée. Plusieurs légionnaires tombent à leur tour. Alors, des luttes désespérées s'engagent, car il s'agit de ne pas laisser les blessés aux mains de ces sauvages, et chaque groupe, protégeant et entraînant un frère d'armes hors de combat, n'est, pour les fusils marocains, qu'une trop belle cible...

«Enfin, des goumiers en patrouille ont entendu la fusillade. Ils arrivent à la rescousse. Le camp est prévenu: c'est pour les Beni bou Yahi la débâcle. Mais de quel prix ce succès est acheté: nous avons sept morts, dont le capitaine Doreau et deux caporaux, et neuf blessés, tout cela sur trente-sept combattants: car ils n'étaient que quarante engagés en cette affaire si rude!

«Deux jours plus tard, le 12 avril, à 7 heures du matin, un très simple et très émouvant cortège se dirigeait du camp vers le cimetière de Merada. Précédées de la section de mitrailleuses du 6e bataillon, sept arabas ornées de lauriers, de feuillages, de tentures tricolores de fortune, portaient à leur dernière demeure les dépouilles des braves de Nekhila. Toute la garnison assistait à cette triste cérémonie, et, après un discours du commandant Quirin, un légionnaire, tête nue, la figure grave, dit la prière des morts,--en latin. C'est, disaient les hommes, un ancien «curé». Qui sait quelles épaves recèle la légion, si brave, si noble?» Au moins, nous demeurions sur nos positions: le 16 avril, le général Girardot inaugurait officiellement le poste. Pour la première fois, le pavillon tricolore flottait sur la «redoute Doreau».

Sans doute aura-t-elle encore à subir plus d'une attaque, car les tribus ne peuvent se résigner facilement à une occupation qui nous livre l'unique point d'eau de la région. Elles ont, d'autre part, trop de facilités à nous harceler en raison du voisinage de la zone espagnole où, après chaque défaite, elles peuvent se réfugier: le 10 avril, en déroute, c'est là qu'elles se repliaient par El Kheneg, une gorge qui les dérobait vite à notre poursuite. Toujours est-il 'que le poste est là, assez fort pour se défendre: le général Girardot, en jugeant ainsi, regagnait, le 17 avril, Merada avec le gros de ses forces, et se remettait à la disposition du général Alix pour de nouvelles opérations.

Le commandant en chef du Maroc oriental préparait aussitôt, pour la marche vers la casbah M'Soun, une colonne formée du groupe mobile du général Girardot et du groupe de réserve du général Trumelet-Faber, dont il devait prendre le haut commandement. Et quelques jours d'un repos bien mérité étaient accordés aux combattants de Nekhila. Mais les Beni bou Yahi allaient contrecarrer ce projet.

Le 19, le général Alix était prévenu qu'ils se disposaient, au nombre de plusieurs milliers, avec le concours des Mtalsa, à attaquer de nouveau, le lendemain matin, le poste de Nekhila, la «redoute Doreau» défendue seulement par 500 hommes.

A 8 heures du soir, l'ordre de départ était donné. Deux heures et demie plus tard, mis en route de trois quarts d'heure en trois quarts d'heure, trois groupes, comprenant en tout 4.500 hommes, cheminaient dans les ténèbres. Ils marchèrent toute la nuit, surprirent au petit jour l'ennemi, installé au pied du djebel Guilliz, et, sans prendre un instant de repos, engagèrent l'action.

Voir plus haut, à la page 441, la carte de la région de la Moulouya.

Un moment désemparés par la brusquerie de cette attaque, les Beni bou Yahi se ressaisirent assez vite. Ils résistèrent opiniâtrement jusqu'à une heure de l'après-midi. Alors, brusquement, accablés à la fin par les feux de l'artillerie et de l'infanterie, ils se débandèrent, s'enfuirent dans leurs montagnes, vers la zone espagnole, toujours, abandonnant leur camp qui fut anéanti. Nous avions cinq morts et vingt et un blessés, qu'on ramena vers Merada.

Il y eut encore, dans la nuit du 22 au 23, une nouvelle alerte, une attaque contre le même poste, si vive, que plusieurs piquets du réseau de fil de fer furent arrachés et que les assaillants parvinrent à jeter dans le camp des engins, d'ailleurs inoffensifs, des bombes confectionnées avec de vieilles boîtes de conserves: la garnison se tira d'affaire seule et repoussa cette agression.

Depuis lors, le calme règne à Nekhila. Le général Alix y demeure avec sa colonne, recueillant des renseignements sur les dispositions des tribus dont il surveille l'attitude, prêt à s'élancer vers M'Soun dès qu'il aura la certitude qu'il peut, dans de bonnes conditions, faire ce nouveau bond en avant.

a l'assaut de l'atlas marocain

La brusque occupation par le colonel Charles Mangin, plus que jamais plein «d'allant», d'un point sur l'oued Zem, affluent de l'Oum er Rbia, occupation affirmée par l'installation d'un poste, a déterminé dans la région occupée par les Zaïanes une certaine effervescence, à laquelle il a fallu faire face vigoureusement. De là, toute une série d'opérations qui se poursuivent encore à l'heure actuelle, et que couronnera, très vraisemblablement, une action d'ensemble, annoncée, puis démentie, à laquelle prendraient part cinq colonnes convergeant vers le pays zaïane et son hypothétique capitale Khenifra.

En attendant le déclenchement décisif, deux colonnes, sous le commandement des colonels Charles Mangin et Henrys, font d'énergique besogne, l'une remontant progressivement vers les Zaïanes, l'autre descendant vers le sud dans la région de Meknès.

Menacé d'une attaque de Moha ou Hamou el Zaïani, notre irréconciliable ennemi, qui s'est rapproché jusqu'à Betmat Aïssaoua, d'où il commande aux Smaala, Beni Khirane et Beni Zemmour, le colonel Mangin se décide à prendre les devants.

«Il quitte, nous écrit un des officiers de la colonne, l'oued Zem le 25 mars à minuit et tombe, à 9 heures du matin, sur le campement de notre vieil adversaire, qui ne dut son salut qu'à une fuite rapide. L'audace du colonel déconcerte les contingents que poussait le Zaïani et qui se sentent abandonnés de lui. Les Beni Zemmour, Smaala, Beni Khirane commencent à comprendre l'inutilité d'une plus grande résistance et ils viennent, les uns après les autres, offrir leur soumission au colonel. Pour les hâter, celui-ci se porte à la rencontre d'un détachement de sortie, venu de Zailiga, qui pourrait, le cas échéant, prendre les tribus par derrière.»

C'était le premier avantage remporté sur des tribus qu'aucun sultan n'a dominées depuis Moulai Ismaïl, le contemporain du Roi-Soleil. C'était le point de départ d'une campagne de première importance.

«Restaient, continue notre correspondant, les contingents du Sud. Les Chleuh, chassés de leurs montagnes par la neige, s'étaient groupés sous les ordres de Moha ou Saïd sur les deux rives de l'Oum er Rbia. Cet autre adversaire avait, en outre, entraîné dans son sillage les Aït Roboa.

«Le colonel Mangin songe à réduire ces contingents. Il part subitement, le 6 avril dans l'après-midi, de la dechra Brakne où il avait reçu la soumission des tribus du Nord, et vient coucher à Boujad, qu'il quitte au milieu de la nuit pour chercher à atteindre Moha ou Saïd; mais des guetteurs nous éventent et les campements sont levés précipitamment et dirigés vers l'oued. Les pluies des derniers jours et la fonte des neiges ont grossi le cours d'eau au point que bon nombre de gués sont impraticables et que la majeure partie des hommes et des animaux devra gagner l'unique pont de la casbah Tadla: c'est l'objectif du colonel Mangin. Il l'atteint vers 10 heures du matin et y trouve un désordre indescriptible. Cavaliers et piétons se bousculent pour franchir l'étroit passage, alors que plus de dix mille moutons, qui n'ont pas encore eu le temps de passer, nous sont abandonnés.

«Mais Moha ou Saïd nous avait échappé. Il s'était retiré chez lui, à Mechra en Nefad, au pied de la montagne, à 12 kilomètres de la casbah Tadla. A 2 heures, la colonne se remet en marche et se dirige vers le repaire de notre ennemi, qui se reposait tranquillement des fatigues de la matinée. Et c'est une nouvelle fuite de notre adversaire, un départ tellement rapide, que le chef si prestigieux nous abandonne son étendard de satin blanc.

«Un foyer d'agitation existe encore à Beni Mellal, où sont groupés environ quatre mille guerriers. De même que les précédents, le colonel Mangin va le réduire à néant. Partie de la casbah Tadla le 10 avril à 11 heures du matin, la colonne vient camper à Zidania, malgré de belles attaques de Marocains qui cherchent à l'accrocher en arrière.

«Un orage dans la soirée fait craindre des difficultés pour le lendemain, mais qu'importe? les admirables troupes pressentent la victoire, et il est peu d'obstacles pour les arrêter. A midi, la résistance était brisée, les innombrables défenseurs de la casbah Béni Mellal et des jardins qui l'entouraient avaient dû nous céder le terrain.»

Ayant frappé ce coup énergique, le colonel Mangin continua pendant quelques jours à parcourir le pays, recueillant force soumissions,--mais quelle sincérité faut-il attendre de ces gens à qui, confiants, on donne l'aman, et qu'on retrouve huit jours après devant soi, le fusil à la main?

Le 19 avril, enfin, la colonne Mangin atteignait l'oued el Abid à Dar Caïd Embarek, où elle devait donner la main au lieutenant-colonel Savy, venu de Marakech. La violence du courant de l'oued ne permit qu'aux cavaliers du lieutenant-colonel Savy de passer sur la rive droite, mais la jonction était faite et l'impression produite sur les indigènes considérable. Ils comprenaient que, désormais, toute tentative de rébellion serait rapidement réprimée, que, soit de Marakech, soit d'El Borouj, soit de l'oued Zem, des colonnes pouvaient se porter sur le moindre foyer d'agitation.

A quelques jours de là, le 25 avril, le colonel Mangin revenait à El Borouj pour y accueillir le général Lyautey, qui avait tenu à se rendre compte de la situation au Tadla. Le résident général reçut les caïds récemment soumis, et, très certainement, sut trouver les mots convaincants pour les affermir dans leurs résolutions pacifiques et leur démontrer que leur intérêt bien entendu même les engage à vivre avec nous en bonne intelligence.

Après le départ du général Lyautey, le colonel Mangin reprenait ses troupes à Dar ould Zidouh et les ramenait à la casbah Tadla.

Le 26 avril, il était de nouveau en route, marchant sur Aïn Zerga. Près de ce point, son arrière-garde fut en butte à une attaque de la part des contingents Aïb Attala et Aïb Bouzem. Toute la colonne dut être engagée, tant l'agresseur devenait mordant. Repoussé, enfin, et poursuivi par toute la cavalerie et l'artillerie montée, l'ennemi subit des pertes nombreuses. De notre côté, 4 tués et 27 blessés, parmi lesquels le colonel Mangin lui-même, atteint légèrement à la jambe.

Dans la nuit même, la colonne continuait sa marche vers Sidi Ali ben Brahim, où était groupée une harka de Chleuh. Le terrain qu'elle traversa était jonché encore de cadavres de Marocains tombés la veille.

L'ennemi guettait les nôtres, embusqué dans un bois d'oliviers, en avant de Sidi Ali. Le combat fut un des plus meurtriers que nous ayons livrés, puisque nous eûmes 18 morts et 41 blessés. La harka était nombreuse et acharnée. Elle tint bon jusqu'à 8 heures du soir, puis alors se débanda à bout d'effort, se dispersa dans toutes les directions. Elle se reformait un peu plus tard et, à distance respectueuse, observait notre attitude. Le colonel Mangin, pour en finir, recourut à une ruse classique: il feignit de se replier. Son mouvement fut suivi par l'ennemi. Alors, se retournant brusquement, dans une vigoureuse contre-attaque, il infligea aux Chleuh des pertes considérables. La colonne passa la nuit à Sidi Ali et n'en repartit que le lendemain,--sans avoir été de nouveau inquiétée. Le 2 mai, elle rentrait à la casbah Zidania.

Plus au nord, le colonel Henrys de son côté a déployé une activité égale et a eu à faire face à des groupes non moins ardents, Zemmour, Beni M'Tir, Beni M'Guild, Guerouane.

Parti d'El Hajeb au commencement d'avril, son action devait se développer vers le sud. Le 2 avril, en un raid rapide, il surprenait un campement hostile et lui enlevait ses troupeaux; le lendemain, il occupait la casbah des mêmes dissidents. Des négociations s'ouvraient immédiatement. Un premier douar zemmour de 60 tentes faisait sa soumission, et, en quelques jours, 200 tentes guerouanes sollicitaient et obtenaient l'aman.

Ces négociations furent à maintes reprises interrompues; quelque effervescence se produisait qui obligeait le colonel Henrys à porter un coup rapide, toujours suivi de soumissions nouvelles.

L'un de ses succès les plus remarquables fut, le 23 avril, la prise et la destruction de la casbah Ifran. Pour l'atteindre, il avait fallu à ses vaillantes troupes traverser la forêt de Jaba, passer le mont Koudiat, à 1.700 mètres d'altitude, dans le brouillard, le froid, la neige.

Le 24, le colonel Henrys prenait contact avec la colonne Comte, venue de Fez sans qu'on ait signalé, dans sa marche, aucun incident.

Les dissidents, en revanche, ne devaient pas laisser au colonel Henrys grand répit.

Bientôt, il était avisé qu'ils allaient attaquer son camp de Dar Caïd Itto (sur la position exacte duquel on n'est pas encore exactement fixés). Sans attendre cette attaque, le colonel décidait de prendre l'offensive et de se porter sur Azrou où les dissidents étaient installés. Mais eux-mêmes, avertis, se retirèrent sur les hauteurs boisées qui dominent le sud de la ville. Celle-ci fut occupée après une courte résistance. Le colonel y trouva des approvisionnements de bois considérables, qui serviront à la construction de redoutes fortifiées.

Les Marocains firent pourtant un retour offensif. Ils furent repoussés.

Le colonel Henrys regagna le camp de Dar Caïd Itto, en détruisant sur sa route quatre casbahs appartenant à la tribu des Beni M'Guild, dans la vallée de l'oued Tigrira.

Passage de l'Oum er Rbia par l'artillerie de 75, à la casbah Zidania. -- Phot. du vétérinaire militaire Wagner.

La légion étrangère et le droit international.

 

Un intéressant travail sur la Légion étrangère et le droit international nous est présenté par M. Charles Poimiro sous la forme d'une thèse de doctorat (Berger-Levrault, 5 fr.). Cette substantielle étude qui passe au crible les critiques et les sophismes allemands doit être signalée à notre publie qui y trouvera un utile complément juridique à l'article que nous avons consacré à l'organisation de la légion dans notre avant-dernier numéro.

Le thème favori des attaques allemandes est que le fait de l'existence de notre légion étrangère constitue une inconvenante et permanente provocation à l'égard des autres nations. M. Poimiro réfute, avec un calme et clair bon sens, ces critiques.

La France, remarque-t-il, est le pays de l'Europe le plus hospitalier aux étrangers qui abandonnent leurs foyers soit pour des raisons politiques, soit par convenance personnelle, soit encore simplement pour tenter la fortune. Ignorant notre langue et nos traditions, brusquement déracinés de leur pays d'origine et transplantés au milieu d'un peuple dont ils ne connaissent ni les usages, ni les mœurs, ni les coutumes, ni le genre particulier, ils risquent, s'ils ne trouvent pas rapidement leur voie, de constituer chez nous un élément dissolvant et perturbateur. Il est bien évident que l'État français ne peut s'intéresser à ces immigrants d'une façon particulière et leur accorder, en plus du droit d'asile, l'aide et l'assistance qu'il ne peut même pas assurer à ses nationaux.

La légion donne donc une solution à ce double problème d'humanité et d'ordre intérieur en utilisant les éléments étrangers au mieux de leurs intérêts, de l'intérêt français et même de l'intérêt international.

Il est puéril, en effet, de soutenir que la légion constitue une prime à la désertion. Les déserteurs réfugiés en France ont quitté bien souvent un pays moins exigeant quant au service militaire. Les engagements à la légion sont souscrits pour une durée de cinq années, et le service militaire obligatoire d'aucune nation n'astreint les jeunes gens à une présence aussi prolongée sous les drapeaux. Et, si les légionnaires sont traités de même manière que les Français, ils ne touchent aucune prime d'engagement. Il serait donc difficile de pousser plus loin la correction. On peut même se demander s'il n'y a point quelque excès dans ce scrupule, car il serait tout à fait juste qu'on assimilât, quant à la prime, les légionnaires aux soldats de notre infanterie coloniale.

Enfin, comme l'a fait justement remarquer M. L. Rolland, dans la Revue algérienne et tunisienne de législation et jurisprudence, «les déserteurs ne seraient sans doute ni plus ni moins nombreux si la légion n'existait pas. Il y aurait simplement un peu plus de vagabonds et de gens sans aveu.»

Relevons aussi, dans le livre de M. Poimiro, des chiffres intéressants sur la composition ethnique de nos régiments étrangers:

Au 1er janvier 1913, le 2e régiment comprenait: 2.169 Français, 985 Allemands, 354 Alsaciens-Lorrains, 39 Belges, 327 Suisses, 255 Italiens, 128 Espagnols, 87 Tunisiens, Algériens, Marocains, 61 Russes, 11 Luxembourgeois, etc., sur un total de 5.133 hommes.

En janvier 1912, sur les 5.300 hommes du 1er régiment étranger, il y avait 50% de Français, 18% d'Allemands, 7% d'Alsaciens-Lorrains, 7% de Belges. 6% de Suisses, 3% d'Italiens.

Ces contingents sont assurés à l'aide d'enrôlements volontaires, dont le nombre oscille chaque année autour de 2.000. En 1907, ils étaient de 1.704; en 1908, de 2.595; en 1909, de 2.397; en 1910, de 2.118. Cela représente une moyenne de 1.200 engagements étrangers par année et nous accordons à peu près 280 naturalisations dans le même laps de temps, ce qui est une très jolie proportion. Ajoutons que, si les candidats à la légion sont toujours aussi nombreux, l'autorité militaire se montre de plus en plus difficile pour les conditions physiques exigées des futurs légionnaires.


La Newsletter 16/08 de l'AALEME

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La Newsletter 16/08 de l'AALEME

Un survivant du combat de Camerone.

<Mercredi, 09 Mars 2016 13:02

Le Petit Journal. 19/05/1902.

Le voyage de M. Louvet

Le petit parisien. 19/04/1903.

Un des Héros d'El - Moungar

A propos du combat d'El Moungar. 1904

Ce qui est en ligne depuis la dernière Newsletter...

La grande muette frappe fort

 

La grande muette retrouverait-elle une partie de sa voix ?

On peut le croire quand on lit la lettre adressée par trois généraux au président de la République. Nous connaissions déjà l’aventure de Christian Piquemal, interpellé le 6 février par les forces de l’ordre alors qu’il manifestait, presque par hasard en écoutant ses dires, aux côtés du mouvement PEGIDA France. Placé en garde à vue immédiatement (normal, il n’est pas « No Border »), il est dans l’attente de son procès le 12 mai. Devant le silence de ses frères d’armes adorateurs de Ponce Pilate, notamment les présidents de l’UNP (Union nationale parachutiste) et de l’Amicale légionnaire, on pensait que l’affaire s’arrêterait là.

C’était sans compter sur la réactivité de certains anciens chefs de l’armée française. C’est ce que nous révèle Le Figaro. Trois généraux ont adressé, ce vendredi, à l’Élysée, une lettre au président de la République sur sa « responsabilité » face à cette « zone de non-droit » qu’est devenue Calais. Comme le général Piquemal, ce sont des généraux de 2e section (2s). Il s’agit du général de corps d’armée Pierre Coursier, ancien gouverneur militaire de Lille, et des généraux Antoine Martinez et Jean du Verdier, tous deux aviateurs.

« Le président de la République française, en vertu de l’article V de la Constitution de 1958, est le garant de l’intégrité du territoire. » Ainsi commence la lettre.

« Sa responsabilité est donc engagée dès lors que des migrants illégaux entrent massivement en France, avec des points de fixation comme Calais et le Calaisis. »

Ne mâchant pas leurs mots, ils expliquent : « Cette partie du territoire est abandonnée de facto par les autorités de la République. » Puis déclarent : « Vous ne pouvez pas vous dérober à vos devoirs. » Et s’indignent de « la situation existentielle désastreuse qui est faite aux habitants de cette région, qui vivent dans la terreur des bandes mafieuses ». Ces hauts gradés estiment que le chef de l’État doit « négocier avec Londres et Bruxelles des modifications » aux traités du Touquet et de Schengen.

Ils n’oublient pas de dire un mot sur l’arrestation du général Piquemal, indiquant « qu’il s’est rendu pacifiquement sur place pour constater cette capitulation de l’État » et que « par une ironie blessante, il a été arrêté au nom de l’ordre public alors que les migrants illégaux demeurent libres de leurs faits et gestes pendant ce temps ». Ils demandent au Président de « prendre la mesure de l’indignation que ce paradoxe provoque dans le cœur de beaucoup de Français ».

Enfin, pour terminer (cerise sur le gâteau), ils donnent une leçon de logique et de savoir agir au locataire de l’Élysée : « Il convient, au lieu de s’acharner sur un soldat, fût-il général et patriote, de rétablir l’ordre public à Calais, ce qui suppose l’éradication de la “jungle” (une “jungle” peut-elle exister en République ?). Et le renvoi de tous les clandestins dans leurs pays d’origine. » Oui, vous avez bien lu !

D’après le quotidien, de nombreux autres gradés ont encouragé et approuvent cette apostrophe au chef de l’État, sans pour l’instant l’avoir signée. Nicolas Stoquer, secrétaire de l’association Conférence France Armée, à l’origine de cette lettre, souligne : « C’est l’urgence et la situation de crise qui les ont poussés à s’exprimer de manière décomplexée. »

J’espère et propose que d’autres généraux, officiers et sous-officiers se joignent à ce mouvement courageux de défense des Français.

Va-t-on entrevoir dans quelques mois la « colère des légions » ?

L’avenir nous le dira.

Un chômeur "mendie du travail" au bord de la route

Vendredi, 04 Mars 2016 14:19CANAL TOGO

Mars 03, 2016 in International

Un chômeur

Pour tenter de s'en sortir, le quinquagénaire affiche son message, suivi de son numéro de portable, en bord de route à la sortie de Nancy, révèle l'Est républicain.

Gilles Latraye débute très jeune sa vie professionnelle, enchaînant les petits boulots, avant de s'engager durant cinq ans dans la Légion étrangère.

"Je veux travailler. 06.59.07.83.51".

Depuis lundi, tous les matins, il se poste sur le bord de la route, à la sortie de Nancy, direction les Vosges. En 2013, son employeur le licencie pour "inaptitude au travail". " J'ai tout fait", admet-il lui-même. A son retour dans la vie civile, l'ex-soldat occupe un emploi industriel, mais subit un licenciement économique en 1998. Après une période dans le bâtiment, il retrouve un emploi fixe dans une miroiterie près de Nancy, en 2007.

Trois ans plus tard, il est victime d'un accident de travail.

"Je réponds à toutes les offres d'emploi et de formation, mais nous sommes tellement nombreux à postuler que ça ne marche jamais". Jusqu'ici, aucune offre ne lui a encore été faite. En 2010, un ancien caporal de l'armée de l'Air, devenu SDF, avait distribué son CV dans le métro parisien.

Tout ce qu'il ne faut pas dire


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LA MORT DU LIEUTENANT DE PIERREBOURG


Journal officiel de Madagascar et dépendances du 01/09/1898

NÉCROLOGIE

Le Général commandant en chef du Corps occupation et Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances a le regret de porter à la connaissance de la colonie la nouvelle de la mort de M. le lieutenant Harty de Pierre- bourg, de la légion étrangère, tué à l'ennemi le 15 août 1898.

Né le 23 septembre 1867 à Saint-Lubin (Loir et Cher), porté par ses aspirations et les traditions d'une famille militaire vers la carrière des armes, M. de Pierrebourg entrait à Saint-Cyr en 1888 et en sortait avec le grade de sous- lieutenant le 1eroctobre 1890.

Affecté au 95e régiment d'infanterie, il y était promu lieutenant le 1er octobre 1892.

Peu après, son activité et ses aptitudes pour la topographie lui valaient d'être désigné pour faire partie des brigades chargées du levé de la carte en Tunisie et en Algérie; il y accomplissait coup sur coup trois campagnes de 1894 à1897.

Plein d'ardeur, il sollicitait et obtenait bientôt d'être envoyé à Madagascar et était affecté, par décision du 2 mai 1897, à l’État-major du Corps d'occupation.

Les qualités de travail et d'intelligence qu'il y déploya dans des fonctions particulièrement délicates lui valaient l'inscription au tableau d'avancement pour le grade de capitaine.

Lorsque survinrent les incidents du Ménabé, le lieutenant de Pierrebourg fut réintégré, sur sa demande, à l'une des compagnies de la légion étrangère qui étaient destinées à engager les opérations les plus actives contre ces rebelles et à rétablir dans cette contrée l'ordre et la tranquillité. Après s'être fait remarquer au cours de cette période par son zèle et son entrain, il était dernièrement chargé de la création du poste d'Antsoa.

La campagne venait de nous assurer la basse Tsiribihina et l'occupation d'Antsoa, qui couvre flanc Sud de cette ligne de communication importante, avait été effectuée avec habileté par M. de Pierrebourg, sans coup férir et par le simple moyen de la confiance qu'il avait su inspirer aux indigènes.

Une telle réussite dans l'exécution des instructions du Général en chef lui valait, d'ailleurs, de la part de ce dernier, un témoignage de Satisfaction.

Malheureusement, au cours des travaux d'installation du poste, un petit groupe de rebelles, trompant la surveillance des sentinelles, réussit à s'embusquer à portée de fusil et deux balles frappèrent le malheureux officier au moment où il sortait de sa tente. Il était mortellement atteint.

Intelligent, sérieux et instruit, le lieutenant de Pierrebourg avait su acquérir l'estime de ses chefs. Son caractère simple, aimable, et ses qualités de cœur et d'esprit lui avaient gagné l’amitié de tous ses camarades. Sa mort de soldat met en deuil, non seulement une famille dont il continuait les traditions d'abnégation et de dévouement à la patrie, mais le Corps d'occupation tout entier.

La lettre du Capitaine Deleuze, commandant la 2e compagnie du bataillon de marche de la Légion étrangère, au père du LTN de Pierrebourg...

Camerone 2016, le général Grosjean porteur de la main


Ainsi va le monde !

lundi 29 février 2016

Il sait tout ou presque de la Légion. De cette Légion étrangère qui combattit en Indochine puis en Algérie. De cette Légion post Seconde Guerre mondiale. Mais aussi des hommes qui la servirent et se battirent avec lui. Le général René Grosjean, qui a été choisi pour porter le 30 avril la main du capitaine Danjou, incarne cette "Légion au combat" qui sera célébrée en 2016, à l'occasion du 153ème anniversaire du combat de Camerone. Dans la dernière livraison de Képi blanc, le général Maurin, commandant la Légion étrangère, insistait sur ce "poids du sang".
"Il est considérable : la Légion a perdu en Indochine près de 12 000 des siens lors de ce con­flit, soit en moyenne 4 morts par jour pendant huit ans. En Algérie, ce sont près de 2 000 légionnaires de tous grades qui ont laissé leur vie, soit en moyenne 4 morts par semaine pendant huit ans. Depuis, les guerres passées ont laissé la place à des engagements bien moins meurtriers. Ces 40 dernières années, la Légion a perdu 70 des siens en opérations, et un peu plus de 90 des siens à l’entrainement, en service aérien commandé ou en service commandé, soit une moyenne de 4 morts par an. Des deuils douloureux nous ont marqués : je ne peux tous les citer, mais Hol-Hol, le Mont Garbi, et aujourd’hui la Maurienne, marqueront des générations de légionnaires pour encore longtemps".

Né en 1928, René Grosjean s'est engagé en 1947 au titre du Centre de perfectionnement de l’infanterie de l’Ecole militaire préparatoire d’Autun.
Après l’Ecole spéciale militaire interarmes, l’Ecole d’application de l’infanterie de Saint-Maixent, le sous- lieutenant Grosjean est ensuite affecté au 35e Régiment d’infanterie à Belfort. En 1953, il rejoint la Légion en Indochine où il sert au 2ème régiment étranger d'infanterie. Deux ans plus tard, direction l'Algérie où il est fait chevalier de la Légion d'honneur. Il a 31 ans. A l’issue de la guerre, le capitaine Grosjean commande la Compagnie de transit du Détachement de la Légion étrangère de Marseille. En 1963, il retrouve l’Algérie indépendante et le 2e REI, à Colomb-Béchar. Suivent le Centre de regroupement de la Légion de Strasbourg, le commandement du Détachement de la Légion de Bonifacio, la direction du Service du moral et du foyer d’entraide, à Aubagne puis d'autres commandements, le Groupement d’instruction et le Détachement du 1er Régiment étranger, en Corse. En 1975, le lieutenant-colonel Grosjean devient chef de corps du 3e Régiment étranger d’infanterie (Kourou, Guyane). D'autres affectations suivront jusqu'en 1985. Commandeur de la Légion d'honneur, le général Grosjean totalise 21 années de service à la Légion étrangère.

Les anciens légionnaires affirment leur solidarité

Ouest-France, toute l’actualité locale et internationale

Publié le 27/02/2016

Les rencontres et animations permettent de tisser les liens entre les anciens de la Légion étrangère.

Les rencontres et animations permettent de tisser les liens entre les anciens de la Légion étrangère. |

Une fois l'an, les anciens légionnaires, regroupés au sein de l'Aadale (Amicale des anciens de la Légion étrangère de la Vendée), se retrouvent en assemblée générale. Lors de leur rencontre, samedi dernier, au restaurant des Chasseurs de Fougeré, les adhérents ont dressé un bilan de leurs activités 2015 et présenté les animations 2016.

Forte de 83 adhérents, l'association recrute chaque année de nouveaux adeptes. Ainsi, neuf membres viennent de rejoindre le groupe. Les adhérents apprécient la convivialité et le soutien qu'ils peuvent trouver auprès des anciens légionnaires de l'association.

« Notre association a pour but de resserrer les liens de camaraderie et de solidarité qui unissent les anciens de la Légion étrangère, explique l'adjudant Roger Denis, président de l'association. L'association est aussi un soutien matériel pour les légionnaires et leur famille, éventuellement elle peut aider à retrouver un emploi. Parmi nos missions, nous rendons hommage à ceux qui sont tombés au champ d'honneur en participant aux cérémonies patriotiques. » Les portes de l'association sont ouvertes aux nouveaux adhérents, qu'ils soient anciens légionnaires ayant posé leurs valises en Vendée ou sympathisants.

Roger Denis rappelle que « la Légion étrangère recrute en permanence. Pour rejoindre ses rangs, il faut avoir entre 17 ans et demi et 40 ans. Après différents tests de sélection, et une formation initiale de quatre mois, les candidats s'engagent pour cinq ans. »

La prochaine manifestation sera la commémoration de Camerone, à Treize-Septiers, le samedi 30 avril.Elle aura lieu en présence de nombreuses personnalités du département. Dans la région, le poste de recrutement de la Légion est situé à Nantes. Renseignements au 02 28 24 20 70.

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Lettre d'ailleurs nº 157

La Plume et le Képi

Publié le 18 février 2016par légionnaires-officiers

Pour comprendre le coup de gueule de notre ami Antoine, il est intéressant de prendre connaissance de ce qu'écrit le général Bachelet sur ce qu'il appelle: "Une fois de plus, l'affaire Piquemal"...

« Une fois de plus, « l’affaire Piquemal » illustre qu’en matière éthique, un comportement, avant d’être moralement condamnable, est stupide et contre-productif. Un rassemblement d’ampleur modeste, des objectifs flous, la présence annoncée de néo-nazis allemands, qu’allait faire un général de corps d’armée en deuxième section, de surcroît paré du titre d’ancien « père de la légion », dans cette galère ?Ce que, de prime abord et avant d’aller plus loin, on peut qualifier de défaut de jugement n’étonnera que ceux qui pourraient imaginer que c’est pourtant là le fait de quelqu’un que l’on pourrait qualifier d’ancien « grand chef » de l’armée française, et même, pour reprendre une expression journalistique lue et entendue ici et là, de « grand soldat ».

La réalité est plus modeste.

De la promotion « Vercors » (60-62), donc post Algérie, le général Piquemal a, de fait, connu une honnête carrière « d’apparatchik » militaire de cette génération, sans plus.

Un positionnement, comme colonel, en adjoint « terre » du chef de cabinet militaire des premiers ministres Cresson puis Beregovoy, le place sur une trajectoire haute.

Ceux qui l’ont connu à l’époque n’ont alors identifié, ni un sens politique affirmé, ni quelque sensibilité que ce soit en ce domaine. Ils ont même pu s’étonner d’un tel positionnement, que certains n’ont pas hésité à expliquer comme la mise sur trajectoire d’un poulain de la Légion, à toutes fins utiles, de la part d’éminents représentants, alors, de cette subdivision d’arme dans les postes clés de la gestion des personnels.

La « vitesse initiale » ainsi acquise en fera quasi « mécaniquement » un général et, pour finir, un 4 étoiles. Remarquons toutefois que cette étape ultime est atteinte dans son dernier poste de Commandant de la Légion Etrangère (COMLE), qui n’est en rien « stratégique »…

Voilà pour les réalités au-delà des apparences.

Ce n’est qu’en deuxième section, en tous cas dans la dernière période, que le général Piquemal fait entendre sa voix – pour le moins discrète lorsqu’il était en activité- pour faire part de ses inquiétudes quant à l’avenir de la France, son identité, sa cohésion, les périls qui menacent celles-ci.

Sur les réalités complexes que nous vivons, il projette alors, comme d’autres, quelques idées simples qui viennent conforter tous ceux qui considèrent qu’il n’est pas de tâche plus urgente que de relever « une France éternelle » à restaurer de toute nécessité. Il en résulte une certaine popularité dans ce microcosme, via des textes qui circulent sur le web.

On peut penser que c’est ce qui le conduit à Calais.

Tout cela serait resté insignifiant si, à la faveur de cet épisode, des esprits non moins simples ne croyaient pouvoir identifier la présence au sein du monde militaire, d’active et de réserve, d’un « fascisme » latent et la possibilité d’occurrence de quelque nouveau « putsch des généraux ».

Or, la réalité est bien connue et ce, depuis des décennies.

Sur fond d’inculture politique, voire d’inculture tout court, c’est la permanence, au sein de ces armées, d’une famille d’esprit bien typée : l’armée, considérée résolument étrangère à un monde politique jugé sulfureux, y est vécue comme le conservatoire des valeurs nationales qui seraient oubliées, voire trahies, dans la société civile, monde politique, éducation, médias, conjuguant pour cela leur œuvre de sape, sur fond d’immigration massive incontrôlée.

Ce n’est pas le fascisme qui est à l’œuvre, c’est la rémanence de l’état d’esprit de « l’armée d’armistice » des années noires. C’est l’armée de Weygand et de Giraud.

Derrière se cache « une certaine idée de la France ».

On proclame alors hautement que l’on « sert la France ». On ajoute rarement « pas la République », mais on le pense. D’ailleurs, en ce temps-là, il n’y a plus de République.

Ce thème – quelle France sert-on ?- est plus que jamais actuel et la formation donnée en la matière au sein des armées reste une ardente obligation, sur la base des fondamentaux rappelés à l’aube de la professionnalisation.

Dans ce paysage, l’orchestration de l’arrestation du général Piquemal est fantasmagorique.

Fantasmagorique de la part de tous ceux qui voient là une occasion de nourrir la défiance vis-à-vis des armées et qui pensent ainsi être confortés dans leur volonté de réduire le « pouvoir militaire » à la portion congrue.

Fantasmagorique au sein des armées, notamment de la part de jeunes officiers – et de moins jeunes- qui croient devoir prendre fait et cause pour leur ancien érigé en figure de proue…

Les uns et les autres prennent ainsi le risque de faire de cet incident dérisoire l’aliment d’un malaise délétère pour les armées et leur place dans l’appareil d’Etat. »

Signé Bachelet.


Le crétin des Alpes

La gent politique en général et celle qui nous gouverne en particulier, nous avait habitués au triste et désolant spectacle de la boueuse médiocrité dans laquelle ils se battent et se débattent. Voilà que le monde militaire semble marcher sur les mêmes brisées. En tout cas un certain monde militaire…

Grâce à Jean-Dominique Merchet animateur d'un blog de « potins de la commère à tendance militaro-politique» qui s’est fait un « devoir » de publier le billet rance arrogant et suffisant trempé dans un acide délétère, d’un général « qu’il a connu et qu’il apprécie… » qui se comporte comme un chiffonnier ! J’ai pu alors constater comment un général d’armée, français, a atteint la plus vile bassesse par une sorte de descente vertigineuse vers les abimes de la médisance crétine. D’emblée je l’ai méprisé !

Il s’appelle Bachelet, l’élégant moraliste des alpages ! Ce triste sire, toute honte bue, se comporte comme une vulgaire poissonnière à l’endroit d’un autre général, saint-cyrien comme lui et de surcroît son ancien ! Cet obscur personnage qui a produit un livre vert, travaillé à un livre blanc et aussi inventé un code du soldat, largement inspiré du code d’honneur du légionnaire, a l’outrecuidance, dans un billet jeté en pâture publique, de qualifier une action de son ancien de « stupide et non-productive ». Il poursuit sa malfaisante diatribe en résumant, en deux lignes, la carrière de la cible de ses aigreurs le comparant à un apparatchik du système qui, placé au grade de colonel dans le cabinet de plusieurs premiers ministres, grâce à la connivence de gestionnaires du personnel haut et bien placés (sic) (comprendre : les directeurs de la DPMAT de l’époque, fonction exercée successivement par trois généraux légionnaires dont un est décédé), qui l’auraient mis sur une trajectoire propice à la Légion étrangère que le général alpin confond avec une subdivision d’Arme, ce qui est un peu léger pour un ancien inspecteur des Armées ! Donc après avoir accusé ces « gestionnaires haut et bien placés » de forfaiture et ayant retrempé sa plume dans le fiel, il continue de descendre son « camarade » en flammes. Pour M. Bachelet, le général qu’il agonit de sottises, est en fait un planqué ayant poussé son audace jusqu’à se faire élever au rang et appellation de général de corps d’armée dans un commandement qui n’a rien de stratégique… après il élargit son propos et, convoquant les années noires de notre histoire contemporaine, compare l’esprit de notre armée actuelle – évidemment repliée sur elle-même et ses valeurs obsolètes – à l’armée d’armistice qu’il place sottement entre guillemets conspuant au passage Weygand et Giraud…

Sous certains aspects, ce général qui me semble mûr pour aller donner à manger aux pigeons dans les squares d’Annecy, scie la branche sur laquelle il est assis !

Les missions de la subdivision alpine à l’époque où notre pisse-vinaigre des alpages exerçait son métier sur le terrain, concernaient surtout la marche en montagne, l’exercice du ski - alpin et de fond (qui n’a pas connu la peau de phoque ?) - et la varappe. Le bronzage hivernal était néanmoins un marqueur d'aptitude sérieux…

Issu de la promotion Centenaire de Camerone (pas de chance), c’est-à-dire deux promotions après celle de celui qu’il attaque avec bassesse (Vercors), il est encore plus post Algérie que sa « tête de turc »… Ce général, rat d’état-major, ne porte pas dans son cœur ni la Légion ni ses chefs, qui, bien et hautement placés, affectent leur « poulain Légion » qui peut toujours être utile (sic) dans les ministères… Cela sent le soufre de vieilles querelles et le feu non éteint de jalousies anciennes...

Et lui qu’elle carrière a-t-il eue ? Capitaine instructeur à l’EMHM il commande,lieutenant-colonel, un bataillon au 1er RI avant de commander le 27e BCA. Plus tard, général de brigade authentiquement républicain, il commande à Sarajevo dans le cadre de la Forpronu en 1995, tant et si bien qu’il est relevé de son commandement par ordre du Président Jacques Chirac. Maintenant divisionnaire il prend la tête de la très glorieuse (!) 7e Division blindée à Besançon. Tel Lyautey au Maroc, il pacifie alors la Bourgogne et la Franche- Comté. Ce n'est pas rien!

Evidemment on comprend comment on peut mal aimer les troupes légères, souples, félines dans ce désert des tartares aux marches de l’est chez les « culs de plomb » jaloux de notre sort. Mais arrêtons-nous un instant à Sarajevo. Le brillant officier général en charge du secteur a un comportement tellement sensé qu’il se lâche devant les journalistes et critique sévèrement les accords de Dayton. Il est immédiatement convoqué à Paris et relevé de son commandement par ordre du président Jacques Chirac ! Fallait-il être stupide et grotesquement ingénu et imprudent ; quelle impudence alors de traiter son ancien de « stupide contre-productif ».

Dans la sphère militaire nous savons que la carrière d’un officier supérieur ou d’un officier général relevé de son commandement opérationnel suite à une faute grave personnelle, est mise en voie de garage et en tout cas bien retardée et celui qui nous occupe a cruellement manqué de jugement ! Alors pour franchir les étapes et recevoir les 5 étoiles qui guérissent définitivement le prurit stellaire dont certains sont atteints aux avant-bras, il faut « pour un poulain alpin » dans le cas d’espèce, être drôlement protégé par des gens haut et bien placés pour dérouler une telle carrière dont le seul fait d'en imaginer les méandres salit l’âme d’un soldat.

Que l’échine courbée a dû lui être douloureuse. Quels hommes politiques flattés ? Quelles rangers astiquées ?

Général Bachelet, je vous méprise. Je vous méprise, non pas pour votre position politique, diamétralement opposée à celle de la victime de vos griefs sulfureux. Je vous méprise pour votre attitude de dénonciation d’un officier général comme vous, d’un saint-cyrien comme vous, d’un soldat comme vous mais auquel vous n’êtes pas supérieur. Je méprise votre vulgarité, votre jalousie de la chose légionnaire, votre hargne contre l’armée de métier. L’armée de 40 que vous conspuez devait compter nombre de gens de votre acabit... Vous auriez pu conclure votre fielleuse prose par un : « Je suis un bon Français monsieur l’officier ...» !

Vous vous croyez aigle et n’êtes que corbeau !

Je vous chasse de ma mémoire.

Antoine Marquet
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BEAU GESTE - Hans Hartung, peintre et légionnaire

DANS LE RETRO. 24 février 1991, les troupes occidentales entrent au Koweït

24 Févr. 2016

LES ARCHIVES DU PARISIEN. Il y a 25 ans jour pour jour débutait l’assaut terrestre de l’opération «Tempête du désert» au Koweït pour repousser l’armée irakienne. Récit de la première journée de la Guerre du Golfe sur le terrain.

Des soldats français de la Légion étrangère à l'entraînement en Arabie Saoudite en octobre 1990.
Des soldats français de la Légion étrangère à l'entraînement en Arabie Saoudite en octobre 1990. (AFP/Pascal Guyot.)

Des chars d’assaut américains, français et britannique dans le désert du Koweït. C’était il y a 25 ans jour pour jour. Le 24 février 1991 débutait l’opération « Tempête du désert ».

L’objectif : repousser les armées irakiennes de Saddam Hussein, qui occupaient le petit émirat depuis plus de six mois. Près de trente pays, un million d’hommes mobilisés et plusieurs dizaines de milliers de morts – en majorité dans les rangs irakiens. En à peine quelques jours, la première Guerre du Golfe est devenue l’un des conflits les plus vastes et les plus meurtriers depuis 1945. Les archives de notre journal racontent la première journée au sol du conflit.

L’origine du conflit remonte à juillet 1990. L’Irak accuse le Koweït de se servir dans ses nappes de pétrole depuis des stations de pompage situées à la frontière entre les deux pays. Le 2 août, les troupes irakiennes envahissent l’émirat, balayent son armée et occupent le territoire, déclaré « annexé » par Bagdad. La communauté internationale, Etats-Unis en tête, s’insurge. L’Irak réplique avec la fermeture de ses frontières, prenant en otage plusieurs milliers de ressortissants occidentaux. Le 16 janvier 1991, au lendemain de l’échéance d’un premier ultimatum des Nations unies, réclamant le retrait des troupes irakiennes du Koweït, l’aviation d’une coalition internationale de 27 pays lance les bombardements. Saddam Hussein ne plie pas, malgré une tentative de médiation de l’URSS de Gorbatchev. Le 22 février, les Etats-Unis lancent un nouvel ultimatum : si l’évacuation du Koweït n’est pas entamée dans les 24 heures, la coalition lancera l’offensive au sol.

«Le Parisien» du 24 février 1991.

Le délai expire sans réponse satisfaisante de Bagdad. «Nous regrettons que Saddam Hussein n’ai pris aucune mesure avant l’expiration de l’ultimatum. L’action militaire se poursuit selon le calendrier et les plans prévus», lance le président américain George Bush. Le 24 février, à 2h30 heure française, un demi-million d’hommes, dont 450 000 Américains, massés jusque-là en Arabie Saoudite, ouvrent les hostilités avec l’armée irakienne.
«Le Parisien» du 25 février 1991.

L’avancée des forces de la coalition est décisive. En à peine quinze heures, elles capturent 5 500 soldats irakiens et atteignent les faubourgs de Koweït City, la capitale de l’émirat. Sur les télévisions du monde entier, les images des chars d’assaut et des hélicoptères en formation serrée inondent les écrans. A Bagdad, les médias diffusent l’appel à l’aide du régime : « nous appelons tous les pays arabes à attaquer, partout où ils se trouvent, les Américains et leurs complices ». L’état-major américain de son côté prépare l’assaut sur Koweït City : « Nous sommes confiants. La ville est parfaitement dessinée, les avenues sont larges et rectilignes et nous pouvons entrer avec nos blindés pour nettoyer la place. »

«Le Parisien» du 25 février 1991.

L’armée irakienne recule en incendiant les puits de pétrole et en semant la mort parmi les civils. «Rafles, tortures, exécutions, incendies : avant de devoir abandonner le Koweït, les troupes irakiennes s’y livrent à une campagne de terreur», écrit «Le Parisien», reprenant les propos du général Neal, porte-parole de l’armée américaine. «Les Irakiens arrêtent des gens dans la rue, les torturent et enfin les exécutent pour faire disparaître les témoins gênants. La routine paraît-il pour les soldats de Saddam Hussein.» Un représentant du Koweït à l’ONU fait état d’un millier de mort depuis l’annexion du pays par l’Irak. Au total, près de 5 000 civils seront tuées au cours du conflit - dont plus de 3 500 en Irak. «Si un jour je peux retourner au Koweït, je ne reconnaîtrai pas mon pays, lance Salwa, une enseignante réfugiée en France. Pour moi, c’est le plus beau des pays et ils sont en train d’en faire un tas de ruine.»

Sur le terrain, 9 000 soldats français sont mobilisés. La «Division Daguet», du nom de l’opération française, n’entre pas au Koweït. Sa cible, c’est l’Irak et la base aérienne irakienne d’As Salman, à 150 km au cœur du territoire irakien, pour couper la route à une éventuelle contre-offensive lancée depuis Bagdad vers le Koweït. En quelques heures, les Français parcourent un tiers de la distance, appuyés par 4 000 hommes de la 82e division aéroportée américaine. Positionné à la frontière irakienne, un journaliste du «Parisien» raconte la prise d’une colline dans les premières minutes de l’assaut : «A trente à l’heure, véhicules français et américains partent à l’assaut, dans un nuage de poussière. Pas de coup de feu, pas de résistance. Rien qu’un fortin vide. Le point Nachez, de son nom de code, est conquis sans dommage.»

«Le Parisien» du 25 février 1991.

Cette facilité apparente laisse perplexe. «La mauvaise surprise serait que tout le monde (parmi les troupes irakiennes, ndlr) se soit regroupé sur les deuxième et troisième échelons, c’est là que le plus gros de la bataille devrait avoir lieu », prévient le Général Buis dans les colonnes du Parisien. La peur des occidentaux : les armes chimiques. Saddam Hussein disposerait d’éléments chimiques, notamment de gaz moutarde. Une procédure d’alerte est instituée. A la moindre alerte, les hommes n’ont que quelques secondes pour s’équiper de leur masque à gaz.
«Le Parisien» du 25 février 1991.

A 4 500 kilomètres du théâtre des opérations, la France se réveille en pensant à ses soldats. « On s’y attendait tous mais c’est très dur, témoigne Martine, dont le mari, Bruno, fait partie de l’opération Daguet. Je ne sais pas où il est. Je sais seulement qu’il doit faire son métier à fond.» «Cette offensive, je savais que c’était pour cette nuit. Une intuition, confirme Suzanne à Toulouse. C’est dur d’avoir peur et de ne rien pouvoir faire.» A Paris, l’ambiance est partagée entre la fatalité, la résignation mais aussi une certaine forme de soulagement que la situation évolue enfin après plusieurs mois d’attente. «J’ai l’impression que les gens sont presque soulagés qu’on crève l’abcès», peut-on entendre dans un bistrot parisien.
«Le Parisien» du 25 février 1991.

Deux militaires français tombent au combat pendant les huit jours d’opération. Le sergent Yves Schmitt et le caporal-chef Eric Cordier, tous deux membres du 1er régiment de parachutiste et d’infanterie de marine, sont tués le 26 février au cours d’un affrontement sur la base aérienne d’As Salman. La veille, la presse irakienne avait relayé un ordre supposé de Saddam Hussein d’évacuer le Koweït. «Nous ne savons rien à ce propos, la guerre continue», répond Washington, qui voit la manœuvre comme une stratégie de Bagdad pour gagner du temps. «Tempête du désert» s’achève officiellement le 28 février au terme de violents combats qui laisseront une marque indélébile chez les soldats. «Le Koweït est libéré, l’armée irakienne est défaite», lance George Bush. Il ne sait pas encore que, douze ans plus tard, les Américains reviendront en Irak pour s’y embourber durablement.
«Le Parisien» du 1er mars 1991.

La Newsletter 16/06 de l'AALEME

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La Newsletter 16/06 de l'AALEME

Régiment de Marche de Madagascar.

Jeudi, 25 Février 2016 01:57

Les chefs de corps du Livre d'Or.

Régiment de Marche d'Afrique

Certainement une erreur, le régiment de marche d'Afrique a été créé par dépêche ministérielle du 1er février 1915. 2 bataillons de zouaves et le Bataillon de Marche d'Orient des 1er et 2e Régiments étrangers.

Il s'agissait du régiment d'Algérie.

1895 1 Bat (CBA Barre) à 4 Cies (CNE Perrot - CNE Courtois - CNE Bulot - CNE Sardi) au sein du régiment d'Algérie (COL Oudri 2e étranger) Départ le 04/04 arrivé à Majunga le 23/04. 09/08 le CBA Rabot prend le commandement du 1er Bataillon en remplacement du LCL Barre. 23/08 décès du LCL Barre. Retour du bataillon en Algérie le 03/12.


L'expédition de Madagascar : rapport d'ensemble fait au ministre de la Guerre le 25 avril 1896

La Légion étrangère à Madagascar.

Souvenirs de Madagascar (1895) , par le lieutenant Langlois,.... 1900.

Souvenirs de campagne - 1910

L'expédition de Madagascar, journal de campagne - 1897

Conquête de Madagascar (1895-1896) - 1902

Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l'expédition - 1897

Au Pays de la fièvre, impressions de la campagne de Madagascar. 1904.

 

Régiment d'Algérie.

État-major du régiment : colonel, M. Oudri, du 2e étranger; lieutenant- colonel,M. Pognard, breveté, du 2e tirailleurs; capitaine adjoint au chef de corps, M. Boé, du 2e étranger; officier porte drapeau, M. Vigarosy, lieutenant au 1er tirailleurs.

1er BATAILLON

État-major: chef de bataillon, M. Barre, breveté, du 1er étranger; capitaine adjudant-major, M. Devaux, du 1er étranger; officier payeur, M. Beynet, lieutenant (au titre étranger) au 1er étranger; officier d'approvisionnement, M. Ecochard, lieutenant au 1er étranger.

1re compagnie: MM. Perrot, capitaine; les lieutenants Ayné, Rouane (au titre étranger) et Mure, du 1er étranger.

2e compagnie: MM. Courtois, capitaine; les lieutenants Gueilhers et Grégory; le sous-lieutenant Dufoulon, du 1er étranger.

3e compagnie: MM. Bulot, capitaine; les lieutenants Farail et Burchard; le sous-lieutenant Langlois, du 2e étranger.

4e compagnie:MM. Sardi, capitaine (au titre étranger); les lieutenants Simon, Motte, Jolivet (au titre étranger), du 2e étranger.

Médecins: MM. Debrie, médecin-major de 2e classe, et Ioingeard, médecin aide-major de 1re classe.


Bulletin du Comité de Madagascar - 2e ANNÉE – N° 2 – Février 1896

Le Journal officiel du 17 juillet promulgue une loi en date du 18, portant délivrance d’une médaille commémorative de l’expédition de Madagascar en 1895 :

Art. 1er. – Les militaires et marins ayant pris part à l’expédition de Madagascar, à partir du 8 décembre 1894 jusqu’au 31 décembre 1895, ainsi que les auxiliaires sénégalais et les kabyles qui ont accompagné le corps expéditionnaire de Madagascar durant la même période, recevront une médaille commémorative.

Art. 2. – Cette médaille sera conforme, pour le métal et le module, à la médaille de Madagascar instituée par la loi du 31 juillet 18861.

Le verso portera des attributs rappelant la collaboration des troupes de la guerre et de la marine. Le ruban sera conforme, pour les couleurs et leur disposition, au ruban de la médaille de Madagascar, instituée par la loi du 31 juillet 1886, et auquel une agrafe portant le millésime « 1895 » sera adaptée.

Art. 3. – La médaille sera accordée par le Président de la République, sur la proposition du ministre, duquel dépend le corps ou le service auquel ils auront été attachés, à tous les militaires ou marins ayant pris part à l’expédition.

Art. 4. – Les crédits ordinaires pour la fabrication de cette médaille seront prélevés sur les crédits déjà votés pour l’expédition.

Art. 5. – En cas de décès de l’ayant droit, la médaille sera remise sur leur demande, à titre de souvenir, aux parents du défunt ci-dessous désignés et dans l’ordre suivant : Le fils aîné, la veuve, le père, la mère, le plus âgé des frères ou, à défaut d’un frère, la plus âgée des sœurs.

Décision relative aux éléments rapatriés du corps expéditionnaire de Madagascar.

Certains corps de troupe ou unités doivent prochainement rentrer en France. Le ministre de la guerre prend, à leur sujet, les décisions suivantes :

1° Seront dissous, lors de leur rentrée en France ou en Algérie, à des dates aussi rapprochées que possible de leur débarquement :

Le bataillon de la légion étrangère (1er bataillon du rég. d’Algérie) ;

 

AFFECTATION DES OFFICIERS D’INFANTERIE RAPATRIÉS DE MADAGASCAR.

– Par décision ministérielle insérée au Journal officiel le 28 décembre, les officiers d’infanterie du corps expéditionnaire dont les noms suivent seront placés, à dater du 1er janvier 1896, à la suite des corps de troupe ci-après indiqués, auxquels ils appartenaient avant la campagne, savoir :

Régiment d’Algérie (1er bataillon) :

Les capitaines : MM. Devaux, Perret, Courtois, Mure, au 1er rég. étrang. ; Bulot, Sardi (titre étranger), Brundsaux, Farail, au 2e rég. étrang.

Les lieutenants : MM. Écochard, Beynet (titre étranger), Ayné, Rouanet (titre étranger), Gueilhers, Grégory, Dufoulon, au 1er rég. étrang. ; Burchard, Simon, Motte, Jolivet (titre étranger), Martin, au 2e rég. étranger.


La pacification de Madagascar, 1896-1899 (1928)

En juillet 1896, Gallieni soigne ses fièvres dans la petite station de Siradan, lorsque le ministre des colonies, André Lebon, le supplie d’interrompre son congé pour sauver Madagascar, occupé depuis un an à peine par les hommes du général Duchesne. Voici le récit du ministre lui-même :

«Si vous refusez d’aller pacifier notre grande colonie africaine, elle est perdue pour nous.

— J’y vais, décide le colonel.

— « Général », lui annonce le ministre, vous réunirez en vos mains tous les pouvoirs civils et militaires. Quelles troupes voulez-vous amener en sus du corps d’occupation ?

Je ne demande qu’un bataillon de la Légion, afin de finir proprement s’il fallait succomber là-bas.»


Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 09/10/1896

DÉCISION No. 63.

Le Général Commandant Supérieur des troupes et des territoires militaires à Madagascar,

Vu l'arrivée à Madagascar d'un Bataillon de marche tiré des deux régiments étrangers de l'armée de terre;

Vu les avantages qu'il y aurait à grouper en un seul régiment, au point de vue du commandement, de la police intérieure, de la discipline et de l'instruction, les 3 Bataillons de l'armée de terre actuellement présents à Madagascar,

Sous réserve de l'approbation de M. M. les Ministres de la Guerre et des Colonies,

DECIDE :

1.-Le Régiment d'Algérie, actuellement constitué à 2 bataillons, comprendra désormais 3 bataillons, savoir; 2 bataillons de tirailleurs algériens, 1 bataillon provenant des régiment étrangers.

2.—L'autorité de M. le Lieutenant-Colonel Commandant le Régiment d'Algérie s'étendra à toutes les parties du service, l'administration exceptée, et s'exercera selon les règles fixées par le décret du 20 Octobre 1892 sur le services intérieur.

3.- Chaque bataillon du Régiment d'Algérie continuera à s'administrer dans les conditions actuelles.

4. —La présente décision entrera en vigueur le 1er Octobre 1896.

Tananarive le 25 Septembre 1896. Le Général Commandant Supérieur des troupes et des territoires militaires, (Signé) : GALLIENI.

LA SITUATION

Sur la route d'étapes, il ne s'est produit d'attaques contre les convois que dans la partie de la forêt comprise entre Moramanga et Analarnazoatra. Ce dernier village a été en partie brûlé dans la nuit du 24 au 25 Septembre.

Une des compagnies de la légion étrangère qui montaient à Tananarive a été laissée dans la vallée du Mangoro pour poursuivre les petites bandes de malfaiteurs auxquelles étaient dues ces attaques.


La remise du drapeau du régiment d'Algérie au Musée de l'armée.

Le monde illustré

2 juillet 1898

Mercredi a eu lieu dans la cour des Invalides la remise du drapeau du régiment d'Algérie au Musée de l'armée. C'était en quelque sorte, sinon l'inauguration, qui a déjà eu lieu, du moins la consécration officielle de l'existence du Musée.

Les titres d'honneur du régiment d'Algérie sont dans toutes les mémoires françaises. On sait qu'il comprenait trois bataillons: le premier, formé par parties égales au moyen d'éléments empruntés au 1er et au 2e régiment de la légion étrangère; le second, formé de même par les 1er et 2e tirailleurs; le 3e, tiré tout entier du 3e tirailleurs.

Composé d'hommes faits et de soldats éprouvés, le régiment d'Algérie ne tarda pas à apparaître dans une évidente supériorité militaire par rapport aux jeunes troupes de la colonne expéditionnaire; il marchait à l'avant-garde de la colonne volante et figurait le premier devant Tananarive.

Ces éminents services, dit notre confrère du Temp, ont été rappelés en quelques mots par le général de division Chicoyneau de la Valette, qui commandait l'ensemble des troupes réunies dans la cour d'honneur des Invalides.

Le drapeau apporté d'Algérie par une délégation spéciale de deux officiers et de deux sous-officiers avait été déposé, pour la nuit, dans l'hôtel du ministre de la guerre; ce malin, le général de Torcy, chef du cabinet, le remettait de nouveau à l'officier porte-étendard et
marchait lui-même devant l'escorte qui prenait, musique en tête, le chemin de l'hôtel des Invalides.

Les drapeaux des corps de troupe de la garnison avaient été rassemblés dans la cour d'honneur, sur la ligne qui va du portail à la statue de l'empereur; ils faisaient face au Musée de l'armée; les colonels, ainsi qu'un officier de chaque régiment, se tenaient à cheval derrière la ligne des drapeaux. Les soldats invalides, le dos tourné au Musée de l'armée, complétaient ce dispositif.

Après la sonnerie au drapeau et la présentation des armes, après les paroles prononcées par le général de la Valette, le drapeau a passé des mains du général de Torcy, représentant du ministre de la guerre, aux mains du général Arnoux, gouverneur de l'Hôtel des Invalides.

Un défilé en musique, contrarié un peu par les échos de la vieille cour, a fait passer devant lui les troupes d'escorte et s'incliner l'un après l'autre les drapeaux emportés dans ce défilé solennel. Les invalides formant alors la haie, le drapeau entre au Musée de l'armée, où le conservateur, l'adjoint du génie Amman, le place aussitôt dans la grande salle du rez-de-chaussée, vis-à-vis d'un drapeau du premier Empire, celui des grenadiers à pied de la garde royale (garde italienne).

Ce n'est là que sa place provisoire; le drapeau d'Algérie figurera plus tard dans la salle des Campagnes, laquelle rattachera les souvenirs de l'Empire à ceux de nos récentes expéditions coloniales, en passant par les campagnes d'Algérie, de Crimée, d'Italie, de Chine et par les tristes épisodes de 1870. Cette salle, presque entièrement organisée, n'attend que quelques inscriptions pour être ouverte définitivement au public.

Nous aurons ensuite, dans la salle Louvois, l'installation d'une galerie relative à l'histoire des régiments d'infanterie; la salle d'Hautpoul deviendra la salle de cavalerie: l'artillerie, le génie et les différents services techniques occuperont la salle de la Tour d'Auvergne; enfin, la salle d'Assas contiendra les souvenirs des anciennes gardes et des corps d'élite.

En attendant la fin de ces arrangements, ce n'est pas un acte dépourvu de sens, croyons-nous, que celui par lequel le jeune étendard du régiment d'Algérie vient séjourner dans la salle de l'Empire et s'y frotter de vieille gloire; il indique que rien n'est rompu de nos belles traditions conquérantes et qu'il y a seulement déplacement vers les entreprises coloniales de cet esprit guerrier auquel les guerres d'Europe offraient jadis un si large emploi.

Le régiment d'Algérie peut difficilement être considéré comme un régiment de Marche de la Légion étrangère.


Régiment de Marche de la Légion étrangère

 

Le Progrès de Bel-Abbès du 21 mars 1900.

 

CHRONIQUE LOCALE

Pour Madagascar


C'est irrévocablement demain, jeudi, à 9 heures 1/4. que nos braves légionnaires quitteront Bel-Abbès, par train spécial, pour s'embarquer à Oran, à bord de l'Urugay, à destination de Diégo-Suarez.

Nous croyons être agréable à nos lecteurs en donnant ci-après, la composition exacte du bataillon partant:

MM. Hoerter, chef de bataillon ; Audan, capitaine adjudant-major ; Boutmy, lieutenant, officier d'approvisionnement ; l'Hérault, lieutenant, officier des détails ; Cultin et Hotchkis, médecins-major de 2° classe.

13e compagnie. — MM. Bourdieu, capitaine; Guinard, Yonett et Selchauhansen, lieutenants ; Massart, adjudant et Heyberger, sergent-major.

14e compagnie. — MM. Guilleminot, capitaine ; Beynet, Dauzel d'Aumont et Landais, lieutenants ; Lavenu, adjudant et Gangel, sergent-major.

15e compagnie.— MM. Solmon, capitaine ; Real, de Metz et Ducimetière Alias Monod. lieutenants ; Heymann, adjudant et Bernanos, sergent-major.

16e compagnie. — MM. Canton, capitaine; De Marquessac. Bablon lieutenants ; Duboy, sous-lieutenant ; Levesque, adjudant et Leygrisse, sergent-major.

Ajoutons que M. le Lieutenant-Colonel Cussac, récemment promu au 1er Etranger, nous quitte également, et prendra à Oran, où ils doivent se réunir, le commandement des deux bataillons du 1er et 2e Étranger détachés à Madagascar.

A tous, officiers et soldats, nous souhaitons un excellent voyage et un prompt retour parmi nous.

 

CHRONIQUE LOCALE


Le départ des légionnaires

Comme nous l'avions annoncé, le départ du bataillon de la Légion pour Madagascar a eu lieu jeudi dernier.
-Dès 8 1/2, après le salut au drapeau dans la cour du quartier, le bataillon quitte la caserne, précédé d'un escadron de spahis suivi par la musique de la Légion : viennent ensuite M. le Lieutenant-colonel Cussac, son état major, les compagnies partantes, les légionnaires restants en garnison, M. le Colonel Billet, l'état-major et le 2° Régiment de Spahis.
Sur tout le parcours que devait effectuer nos braves légionnaires, se trouvait massée la population, désireuse de manifester une fois de plus sa sympathie à l'égard des magnifiques régiments qui composent la garnison.
Sur les quais de la gare se trouvaient réunies les autorités civiles et militaires, de nombreux officiers, les membres de la presse, etc.
Les dames de France, ayant à leur tête leur dévouée présidente Mme Peret, ont distribué aux militaires partants des cigares et des cigarettes. De magnifiques bouquets ont été offerts aux officiers.

A 9 h. 1/4, le train spécial comprenant 36 voitures s'ébranlait au milieu des acclamations des assistants, tandis que la musique jouait la marche du régiment.
Après avoir fait séjour à Oran, le bataillon s'embarquera demain, dimanche, sur le transport Urugay, directement pour Madagascar.

Nos meilleurs vœux les accompagnent.


Le Progrès de Bel-Abbès du 31/03/1900

Départ des Légionnaires pour Madagascar.


Au moment de mettre sous presse nous recevons un télégramme d'Oran nous informant que le bataillon de la Légion, qui attendait depuis huit jours dans cette ville un ordre de départ, s'embarquera ce soir, sur l'Uruguay à destination de Diego Suarez.
I! est permis. — comme on l'a fait d'ailleurs à défaut de renseignements précis. — d'établir un rapprochement entre cet ordre de départ, et la nouvelle parvenue hier, du succès de la colonne militaire opérant vers Igli.
Quoiqu'il en soit, contentons-nous de renouveler à nos légionnaires nos souhaits de bonne santé, et bon retour.

 

Le Progrès de Bel-Abbès du 28 avril 1900.

La Légion à Madagascar

On nous communique un télégramme annonçant que le bataillon du 1er Etranger qui a quitté notre ville le 22 mars dernier, est arrivé à Diego-Suarez, le 19 avril.
L'état sanitaire du bataillon est excellent, nos braves légionnaires n'ont point été trop éprouvés- par la traversée qu'ils viennent d'effectuer.

 

Le Progrès de Bel-Abbès du 02/05/1900

Échos et Nouvelles

Le canal de Suez a été le théâtre d'un incident. Sur l'Urugay, paquebot affrété par le gouvernement français, pour transporter des troupes et du matériel de guerre à Madagascar, se trouvait un détachement de la Légion étrangère.

Une soixantaine d'hommes profitèrent du passage dans le canal pour se laisser glisser la nuit le long des bordages des navires et rejoindre la berge. Mais les autorités Égyptiennes, prévenues de l'évasion, les firent arrêter par les gardes-côtes, avant qu'ils aient eu le temps de gagner l'intérieur de l’Égypte. Seulement ces hommes, dont 38 Allemands, 5 Italiens, 2 Autrichiens, 2 Belges et le reste de diverses nationalités, se réclamèrent de leurs consulats respectifs auxquels ils furent remis.
« Ce n'est pas la première fois, ajoute le Sémaphore de Marseille, à qui nous empruntons ces renseignements, que de pareils faits se produisent en raison de la facilité qu'offre, pour une évasion, ce passage dans le canal, une surveillance très active devrait être faite, surtout quand il s'agit de troupes contenant des éléments aussi disparates, réunis autour d'un drapeau qui n'est pas le leur, par le faible lien d'un engagement volontaire.»
CHRONIQUE LOCALE
Pour Madagascar

Une dépêche officielle du Ministère de la Guerre parvenue hier à Oran fait connaître que l'embarquement des effectifs du 2e Étranger devant se rendre à Madagascar aura lieu le 12 courant à bord du Britannia.
Ce paquebot arrivera de Marseille dans ce port le 10 courant; il embarquera 1,000 hommes, 20 officiers, 45 sous-officiers, 170 tonnes d'orge et 21 tonnes de matériel de guerre.

 

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 02/05/1900

CABLOGUAMMES DE PARIS

(Agence Havas)
Paris, 28 avril, 6 h. 40 soir.
Le paquebot Vasconia a quitté Marseillé, à destination de Tamatave, avec des munitions et du matériel de guerre. Il prendra à Tunis un bataillon de légion.

 

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 18/07/1900

 

ORDRE GÉNÉRAL 325


Le Général commandant en chef le Corps d’occupation et Gouverneur Général P.I., de Madagascar porte à la connaissance des troupes du Corps d'occupation que, par décret en date du 20 avril 1900, le conseil de guerre de Tamatave, créé par décret du 27 février 1899, est supprimé et qu'il est établi à Diego Suarez un conseil de guerre permanent.

La composition du conseil de guerre de Diego-Suarez sera la suivante:
MM. Cussac, lieutenant-colonel de la légion étrangère, président,
Gillet, chef de bataillon d'infanterie de marine,
Cherny, capitaine d'artillerie de marine,
Guinard, lieutenant de la légion étrangère,
Randon, adjudant d'artillerie de marine,
juges
Cresp, capitaine de la légion étrangère,
commissaire-rapporteur,
Richard, adjudant de la légion étrangère,
greffier.

Les membres de ce conseil prendront leurs fonctions à compter du 1er juillet 1900.
Fait à Tananarive,le 28 Juin 1900. PENNEQUIN.

 

Le Progrès de Bel-Abbès du 22/08/1900

 

LETTRE DE MADAGASCAR

Le 19 Juin 1900

MONSIEUR LE DIRECTEUR,

Malgré les entraves apportées par nos conservateurs, le bataillon du 1er Étranger qui, depuis le mois de décembre dernier devait être dirigé sur Dégourdissage est enfin arrivé à destination. Cela ne fut pas sans peine, car si jamais un bataillon fût berné, ce fut bien- celui-là. Si encore les motifs invoqués pour justifier les retards apportés dans l'envoi immédiat du dit bataillon étaient reconnus fondés, il n'y aurait qu'à louer l'Autorité de ses prévenances, mais il n'en est rien, car nos braves militaires ont pu constater à leur arrivée à Diégo-Suarez et dans les postes limitrophes, que les charmants baraquements que l'on avait (soi-disant) préparés, n'étaient en partie qu'ébauchés dans les bureaux du "Génie constructeur ". Les tonnes de matériaux destinées à la construction de ces cases étaient en partie sur les quais, voir même non débarquées. Voilà où en étaient les travaux lors dé l'arrivée du bataillon à Madagascar.

Aux désillusions produites par ces constatations amères, avait précédé un contre-temps non moins fâcheux, le fameux séjour au Camp du Ravin Blanc à Oran, où arrivé lé 22 mars avec l'idée bien arrêtée d'embarquer le 25 du dit, il reçut quelques heures avant le moment fixé pour le départ, l'ordre de surseoir à tout mouvement.

Ce fût une déception générale qui ne laissait entrevoir à nos troupiers que la probabilité d'être dirigés sur Igli, voyage qui n'était pas du tout en harmonie avec les projets élaborés jusque-là, par la majeure partie des postulants pour la grande île africaine. Enfin, le 1er avril (jour choisi sans doute), le commandement résolut de leur faire continuer leur route, et le 20 dû même mois après une traversée aussi belle que rapide, ils arrivaient devant Diégo-Suarez. Le même jour deux compagnies débarquaient à Antsirane et prenaient possession des casernements mis à leur disposition. Le lendemain 21, les deux autres compagnies débarquaient à leur tour et rejoignaient leurs postes respectifs, la 15e compagnie, au Sakaramy, poste intermédiaire entre Antsirane et la Montagne d'Ambre, la 16e compagnie allait s'installer à Oranjéa, poste situé au nord de l'île et qui commande la passe de la baie de Diégo-Suarez. Le 25 mai, cette dernière compagnie quittait ce poste pour rallier Antsirane où elle restait jusqu'au 12 juin.

Nous croyons devoir entretenir un instant nos lecteurs du genre d'exercice que faisait nos légionnaires à leur arrivée dans la Colonie et cela dans le but de les acclimater sans doute.

Aussitôt arrivés, les légionnaires durent se transformer : 1er en conducteurs de plates formes Decauville système de locomotion en usage à Madagascar pour le transport des matériaux dans les différents chantiers où l'on construit des baraquements, (la mise en mouvement de ces voitures se fait à l'aide de mulets) ; 2e en serres-freins, auxiliaires indispensables au bon fonctionnement des voitures ci-dessus précitées ; 3e en hommes de peine de foutes catégories ; 4e en charpentiers, charrons, mécaniciens, ajusteurs, dessinateurs, secrétaires, etc.

Le travail commençait à 5h. 1/2 du matin et se terminait vers 9h. 1/2 ou 10 heurs, le soir de 2h. 1/2 à 5h. 1/2 ou 6 heures. Bon nombre d'hommes étaient assujettis à travailler dans l'eau jusqu'aux aisselles pendant toute la durée du travail. C'est à ce moment seulement que les constructions entrèrent dans la période active ; la Légion fournissait en moyenne 300 travailleurs par jour pendant le premier mois qui suivit notre arrivée. Aussi, il y a aujourd'hui à Antsirane: environ 12 cases, pouvant loger 70 hommes chacune, qui sont complètement terminées, à cela ajoutez tout le matériel nécessaire au montage de 36 cases qui doivent être construites au camp de la montagne d'ambre, cela vous donnera une idée du travail exécuté en majeure partie par nos mauvaises têtes.

Le 2e Etranger venant d'arriver (arrivé le 5 juin par le « Britania » ) va également prendre part à ce genre d'exercice et soulagera un peu ses camarades du 1er qui ne demandent qu'à être aidés.

Par suite de la nouvelle organisation de ces 2 bataillons, en un seul Régiment, le bataillon du 1er Étranger prend le titre suivant : Régiment de marche de la Légion étrangère ; le bataillon du 1er Régiment devient 1er bataillon et celui du 2e Étranger, 2e bataillon;

Les Compagnies du 1er bataillon sont numérotées de 1 à 4 et celles du 2e bataillon, de 5 à 8 inclus.

De ce fait nous avons : 1re compagnie, capitaine Bourdieu ; 2e compagnie, capitaine Guilleminot ; 3e compagnie, capitaine Sotmon ; 4e compagnie, capitaine Canton.

Depuis le 13 juin une fraction de la 4e compagnie occupe le poste de Mahatsinjoafivo, une autre fraction est actuellement au Sakaramy et une 3e fraction est encore à Antsirane. On compte que vers la fin du mois elles se rendront au camp de la montagne d'Ambre où M. le Lieutenant-Colonel Cussac est installé depuis bientôt 15 jours.

Avec les troupes qui doivent incessamment se rendre à Diégo-Suarez, cela portera les effectifs dé la garnison à 5000 hommes de troupe. Il faut cela pour donner un peu d'importance à Diego, car c'est réellement une toute petite ville qui ne compte guère que des militaires et des fonctionnaires. Peut-être que le nombre assez important de troupes qui s'y trouveront réunies d'ici un mois amènera le commerce qui manque totalement, à cette ville.

 

Les premières années de Diego Suarez : 1899-1900 : Mise en place du « Point d’appui de la Flotte » 1ère partie

31 décembre 2015

La rade de Diego Suarez

L’installation à Diego Suarez du « Point d’Appui de l’Océan Indien » et l’arrivée du colonel Joffre chargé des énormes travaux nécessaires à cette installation va transformer du tout au tout la petite ville d’Antsirane qui, en moins de cinq ans va prendre à peu de choses près l’allure générale que nous lui connaissons encore aujourd’hui

La nomination du colonel Joffre

Le 5 janvier 1900 à 6h55 du soir un câblogramme est envoyé au Gouverneur général de Madagascar pour l’informer que le colonel Joffre est envoyé à Diego Suarez. Joffre, colonel du génie du 5ème régiment de Versailles vient d’être mis à la disposition du Ministre des colonies pour diriger les travaux de mise en place du Point d’Appui. C’est le Général Gallieni qui avait proposé la nomination du colonel Joffre comme commandant du Point d’Appui de Diego Suarez. Joffre, ancien professeur à l’Ecole de Fontainebleau, avait servi en Extrême-Orient, au Sénégal où il avait entamé l’installation du chemin de fer et au Soudan où il avait dirigé la défense de Tombouctou.
Cependant, l’inorganisation qui semble régner au plus haut niveau va retarder son départ. Le Figaro du 26 janvier nous informe que son départ – qui devait avoir lieu le 25 – a été différé parce que « les diverses mesures que comporte la mise en défense de Diego Suarez ne sont pas complètement arrêtées ». Le 1er février Le Figaro précise que le colonel Joffre, dont le départ avait été retardé en raison d’un problème d’effectifs « s’embarquera par le prochain paquebot partant de Marseille pour Diego Suarez » et que « le colonel, qui réunit la compétence d’un ingénieur militaire, l’autorité d’un commandant de troupes et l’expérience d’un officier colonial » est l’homme idéal pour ce poste.
Un poste que l’on ne se dispute pas !

Le manque d’enthousiasme des militaires
"
Sinai, paquebot poste des messageries maritimes

En effet, les souvenirs de la terrible campagne militaire de 1895 et de toutes les morts dues au paludisme font hésiter les militaires qui renâclent devant leur affectation à Madagascar. Une séance houleuse à l’Assemblée Nationale se déroule d’ailleurs à ce sujet le 21 février. Le débat porte sur « la nécessité d’augmenter de 6 000 hommes nos effectifs à Madagascar et à Diego Suarez » mais ce problème technique devient un problème politique : l’opposition s’élève contre le fait que l’on envoie à Diego Suarez des soldats insuffisamment aguerris (des « engagés ») et demande que l’on envoie des « rengagés », c’est-à-dire des soldats ayant déjà été sous les drapeaux. D’ailleurs, le représentant de l’opposition estime que l’on aurait dû envoyer des soudanais (considérés comme plus solides) plutôt que la légion ou l’infanterie de marine. Et un député va jusqu’à dire que « les jeunes gens de moins de vingt-quatre ans qu’on envoie à Diego Suarez sont envoyés à la mort » !
En réalité, ce sera surtout la Légion qui partira pour Diego Suarez, sans enthousiasme… En effet, des statistiques, établies par le journal Le Petit Parisien évoquent les nombreuses désertions qui se produisent, notamment au passage du canal de Suez : « C’est le canal de Suez que choisissent de préférence les soldats comme lieu d’évasion. Ainsi, au mois d’avril dernier 51 légionnaires embarqués à Oran à destination de Diego Suarez sur l’ Uruguay, désertèrent ensemble pendant la traversée du canal. Il en est de même à chaque transport. Au cours de la traversée du canal, le pont étant toujours encombré, la surveillance est plus difficile ; aussi les déserteurs en profitent pour se jeter à l’eau et gagner à la nage Port-Saïd ». Et le journal ajoute que l’on songe à faire suivre les transports par un canot à vapeur pendant la durée de la traversée du canal pour repêcher les déserteurs ! Il faut dire, à la décharge des légionnaires, que tout avait été fait pour leur faire détester leur nouvelle affectation comme on peut le lire dans Le Progrès de Bel-Abbès du 22 août 1900 : « Le bataillon du 1er Étranger qui, depuis le mois de décembre dernier devait être dirigé sur Diego Suarez est enfin arrivé à destination. Cela ne fut pas sans peine car si jamais un bataillon fut berné, ce fut bien celui-là » et le journal d’Algérie énumère les désagréments qu’ont eu à subir les légionnaires, le premier étant l’incertitude sur leur destination finale et les retards de leur mise en route. De plus, à leur arrivée les baraquements qui leur étaient destinés n’étaient pas prêts et, souvent, les matériaux destinés à les construire n’étaient pas débarqués. Il leur fallut donc se transformer en ouvriers dans des conditions difficiles d’après le journal : « Aussitôt arrivés, les légionnaires durent se transformer :
1° en conducteurs de plate-formes Decauville servant au transport des matériaux,
2° en auxiliaires indispensables au bon fonctionnement de ces voitures,
3° en hommes de peine de toutes catégories,
4° en charpentiers, charrons, mécaniciens, ajusteurs, dessinateurs, secrétaires, etc. »
Les horaires de travail sont également harassants : Le travail commençait à 5h et demi du matin et se terminait vers 9h et demi ou 10h ; le soir, de 2h et demi à 5h et demi ou 6 heures. Bon nombre d’hommes étaient assujettis à travailler dans l’eau jusqu’aux aisselles pendant toute la durée du travail. L’Histoire a montré que les légionnaires effrayés par Diego Suarez ne tarderont pas à changer d’avis !

Des problèmes de logistique…

Mais qu’est- ce que 51 déserteurs à côté des milliers de militaires qui vont, en quelques mois débarquer à Diego Suarez ! En effet des dizaines de bateaux vont amener à Diego Suarez, en rotation serrées, des légionnaires, des troupes d’infanterie, des disciplinaires etc. Et énormément de matériel. Qu’on en juge, d’après les journaux de l’époque : le 6 février le Figaro annonce un envoi de canons : « L’école d’artillerie de Valence vient d’expédier à Marseille un premier envoi de canons destinés à Madagascar et particulièrement à Diego Suarez. Ce sont 6 pièces de 80mm, modèle 1878, avec leurs affûts, leurs fourgons de munitions ; leurs charrettes fourragères et leurs chariots de parc ». Ces canons doivent partir, le 10 février par l’Alexandre II avec leurs projectiles : « des obus ordinaires, à forme cylindro-ogivales et des obus à mitrailles, modèle 1880. » Le numéro du 6 février annonce également, le départ, en fin de mois, du steamer Ville-de-Belfort, chargé de 1 000 tonnes de matériel du génie « destiné à la construction de baraquements pour le camp retranché de Diego Suarez ». Le mardi 27 février, c’est le départ de L’Adour qui est annoncé pour le vendredi suivant avec 1 500 tonnes de matériel et de provisions. Le Journal Officiel de Madagascar indique, le 17 mars : « Une batterie d’artillerie est partie de Nîmes à destination de Diego Suarez. A Marseille, trois paquebots ont été affrétés pour transporter en avril à Diego Suarez 2 000 hommes de la Légion étrangère ainsi que du matériel. »
Pour débarquer tout le matériel qui afflue sur les bateaux qui encombrent le port non encore aménagé, et pour construire les baraquements nécessaires pour loger les soldats la main d’œuvre militaire ne suffit pas et la main d’œuvre locale est trop peu nombreuse. Aussi, va-t-on faire appel à des « coolies » chinois qui débarqueront en juin : « le vapeur Sinaï venant de Haïphong a débarqué à Diego Suarez 540 coolies chinois. Ils seront employés à la construction de la route de 15 km qui reliera Antsirane à la montagne d’Ambre, où doivent être construites les nouvelles casernes.» (Le Petit Parisien du 16 juin 1900)
Il faut imaginer la baie de Diego Suarez, sans installation portuaire, avec des dizaines de bateaux (73 pour le 1er trimestre 1900 !), des milliers de soldats parcourant les deux rues que compte la ville, des dockers, des coolies etc. Et tout ceci dans le plus grand désordre…
Mais, bientôt, Diego Suarez devenant Territoire militaire, et sous l’impulsion de Joffre, le nouveau Point d’Appui va se doter d’une solide organisation.

Diego Suarez, Territoire militaire
Vue sur le quartier militaire Camp d'Ambre
Vue sur le quartier militaire Camp d'Ambre
Dès le mois de mars 1900, une série d’arrêtés va fixer l’organisation du Territoire. Le Journal Officiel de Madagascar publie un arrêté en ce sens, en date du 13 mars :
« Vu les instructions ministérielles des 2 et 3 février 1900 […]
Arrête :
Article 1er : La province et la commune de Diego Suarez sont constitués en Territoire militaire.
Article II : M. le colonel Joffre, commandant supérieur de la défense de Diego Suarez et désigné par M. le Ministre des Colonies pour prendre le commandement du Territoire, relèvera directement à ce titre, du Gouverneur Général.»
Par cet arrêté, le colonel Joffre devient vraiment le chef suprême puisque tout le personnel civil lui sera subordonné : « Il aura sous son autorité tout le personnel civil employé à l’administration de l’ancienne province de Diego Suarez et de la commune, qui conservera son autonomie municipale ». Les articles suivants donnent à Joffre la haute main sur tous les services administratifs et les services de santé et placent le Maire sous son commandement. Ces prérogatives ne cesseront d’être renforcées. L’arrêté du 12 juillet 1900 va placer « les divers services de Diego Suarez sous les ordres du colonel commandant supérieur de la défense » à qui le Gouverneur Général délègue ses pouvoirs pour « l’approbation des projets de travaux, des marchés, demandes et cessions ». Ces travaux étant exécutés par le chef du génie qui « dirigera la construction et l’entretien des fortifications, du casernement et des établissements militaires à l’exception des établissements du service de l’artillerie ».
De nouvelles décisions, échelonnées sur l’année 1900, nommeront d’autres responsables militaires. Les travaux publics seront placés sous le commandement du Chef d’escadron d’artillerie de marine Fourcade – les travaux communaux étant exécutés par le service de la voierie urbaine – (Décision du 12 juillet). Le port sera aussi sous l’autorité militaire (Décision 1266) du 10 juillet 1900. « Considérant que les transports par eau exécutés à Diego Suarez par les divers services doivent être subordonnés aux intérêts de la défense […] - Le matériel naval destiné à pourvoir, à Diego Suarez, aux divers services publics et dépendant actuellement, soit des services administratifs, soit du service local, soit de la direction d’artillerie, est placé sous l’autorité directe du colonel commandant le territoire de Diego Suarez, qui l’utilise au mieux des différents services à assurer en rade de Diego Suarez. »
On est loin de l’époque où le civil Froger dirigeait la province d’une main de fer !
A suivre...
■ Suzanne Reutt

 

Le Journal Officiel de Madagascar et Dépendances du 17/10/1900

 

EXTRAITS

Par arrêtés du 1er octobre,

M. le lieutenant de Marquessac, de la 4e compagnie du régiment de marche étranger, est nommé commandant du secteur des Zanndrianambo [district d'Andovoranto], en remplacement de M. le capitaine hors-cadres Haillot, rapatrié.

 

Par arrêtés du 5 octobre,

M. Bosson, caporal de la légion étrangère, mis en congé renouvelable par l'autorité militaire est nommé commis auxiliaire des postes aux appointements de 2400 par an, pour compter du 23 septembre 1900, et affecté au bureau de Mahanoro.

 

A la date du 31 août 1900,

M.le Ministre de la Guerre fait connaître que le soldat Lobreaux, du bataillon étranger, est inscrit d'office au tableau de concours pour la médaille militaire, pour sa brillante conduite à l'attaque de Masindra et à l'assaut des villages rebelles antandroy de Vohitra.

 

Le Progrès de Bel-Abbès du 27 octobre 1900.

Donc 1900 - 1901

Ce qui est en ligne depuis la dernière Newsletter...

Point de départ de ces recherches...toujours pas terminées...

Les photos de pierres tombales ci-dessous, peuvent être celles de personnels ayant appartenu au Régiment de Marche de la Légion étrangère de Madagascar.

Leg Jean Mousseigne 1er RMLE 08/07/1900
Leg Nicolas Schummer RMLE 09/07/1900
Leg Bathan Levy RMLE 31/07/1900
Leg Jean-Baptiste Heyes RMLE 12/08/1900

Cette photo, parue dans KB N° 129 de janvier 1958, montre une pierre tombale qui ne peut être que celle d'un personnel du Régiment de Marche de la Légion étrangère d'Indo-Chine, enterré à Diégo-Suarez.

Sergent Henri Joseph Paulus Wexler RMLE 24/08/1905

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Obsèques de Simone Batut.


Le mercredi 24 février 2016 à 10H30 à Grammont.

Tenue de l'Amicale sans décorations.

Pas de drapeau.


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